Sing mit mir ! |PV : Weiss|

A la fin des cours, Léandre rattrapa Edelweiss. Il n’allait tout de même pas lui demander ça en plein cours et il ne se voyait pas frapper à la porte de sa chambre pour lui demander ce service. Bien que le fait de demander un service ne l’enchantait absolument pas ! Se connaissant, il se sentira redevable jusqu’à s’acquitter de sa dette, et les dettes, il en avait horreur !

_Edelweiss !

La jeune fille se retourna en même temps qu’il arriva à sa hauteur. C’était affreusement gênant, mais il n’avait pas vraiment le choix s’il voulait réussir cet exercice. Le jeune homme attendit que les quelques élèves les dépasse pour poser son regard bicolore dans les yeux de pluie de sa partenaire.

_Aurais-tu du temps à me consacrer ? J’aurais besoin de ton aide.

Il ne savait pas pourquoi, mais il regrettait déjà …
Surtout lorsqu’elle se mit à lui sourire aimablement, comme heureuse qu’il lui offre de l’intérêt. Il l’avait cherchait en même temps. Il savait qu’il se comportait comme une girouette, tantôt il se montrait totalement insignifiant, tantôt il lui montrait de l’intérêt et du soutient. Il serait bon de lui expliquer sa méfiance envers les autres, mais même se confier lui semblait insurmontable.

_J’ai un devoir de spécialité. Mon professeur veut que j’apprenne une chanson …

Le jeune homme s’arrêta un instant. Il avait l’impression que ça allait être très compliqué de demander cette faveur, parce qu’en plus de demander de l’aide, il affichait clairement son incompétence. Heureusement pour lui, il savait mettre sa fierté de coté.

_En allemand.

Léandre plongeant une main dans son sac, sortit une feuille qu’il avait soigneusement mit dans son cahier pour ne pas l’abimer et la tendit à la demoiselle pour qu’elle constate par elle-même que sa demande n’était pas un mensonge. Il y avait des annotations pour souligner les tonalités de la chanson et le jeune homme avait prit soin de noté une traduction en finnois en bas de la page. Mais cela lui était totalement inutile puisse qu’il n’avait absolument pas l’accent allemande et ne savait même pas comment se lisait les mots.

_Je ne sais absolument pas lire cette langue. Mais, je ne voudrais pas abuser de ton temps. Il n'y a pas de mal si tu es occupée.

Le jeune homme réfléchit un instant. Il ne s’attendait pas spécialement à un refus de la part de sa partenaire, mais il n’attendait pas non plus à ce qu’elle accepte aussi vite.

_Il n’y a personne dans la salle de musique à cette heure-ci.

Le jeune homme fit un signe de tête à Edelweiss avant d’ouvrir la marche vers sa salle favorite. Il se disait que jouer du piano en même temps l’aiderait à apprendre les paroles, le rythme était toujours d’une grande aide. Evidemment, cela le ferait certainement utiliser ses pouvoirs puisse que la jeune femme sera à ses cotés. Mais s’il n’y a personne à « envouter » alors son pouvoir sera totalement inactif.

_Ton aide est apprécié. Je te remercie.

Cela était très formel mais il restait courtois. Léandre craignait que lui dire de simples mots comme « c’est gentille de m’aider, merci beaucoup » entrainerait un élan, trop grand, de sa partenaire à son égard.

Léandre accompagna sa camarade jusqu’à la salle de musique. Il la laissa découvrir la pièce avant d’aller s’asseoir sur un piano, invitant Edelweiss à faire de même.

_ Y a-t-il un passage en particulier qui te pose problème ou est-ce tout le texte en général ? Arrives-tu à lire certaines phrases ?

Léandre la regarda dans les yeux pendant un instant, avant de venir pincer la feuille où se trouvaient les paroles et attendit poliment que la jeune femme lâche le papier pour le prendre dans ses mains.
Puis, le jeune homme se mit à lire les paroles avec tantôt un accent français, tantôt un accent finnois. Mais le résultat était le même : lamentable.
Il ne savait pas lire un seul mot en allemand.
Evidemment, il ne termina pas la chanson, s’arrêtant au premier couplet, se disant qu’il avait assez bien détruit les oreilles délicate de sa partenaire. Il releva ses yeux vers ceux d’Edelweiss.

_Tu as le droit de te moquer.

Se sachant parfaitement minable, Léandre esquissa un sourire discret.  S’il était à la place de sa partenaire, il ne pourrait pas cacher son amusement face à … ça.

_Nous n'avancerons pas si je m'étends en moquerie … Et puis c'est normal, l'allemand n'est pas une langue facile lorsque l'on n'a pas l'habitude. Aurais-tu un stylo de plusieurs couleurs ? Ce sera sûrement plus simple pour les annotations.

Ils venaient de sortir de cours, évidemment qu’il avait de quoi écrire. Le jeune homme agrippa son sac pour en sortir une simple trousse et un style à 4 couleurs qu’il tendit à sa partenaire. Egalement, il lui donna un cahier pour faire un support rigide, puise qu’il était assit près du piano et que la table la plus proche se trouvait au fond de la pièce.

Mécaniquement, Léandre tapota quelques notes de musiques. Ça l’aidait à se détendre et réfléchir. Les seules fois où il travaillait avec l’allemande étaient à ses cours d’adaptation raciale. Ça lui faisait bien étrange qu’elle se retrouver dans la salle de musique. Mais ce n’était pas désagréable.

Toujours en pianotant d’une main, regardant ce que notait la demoiselle, il demanda :

_Quelles genres d’annotations es-tu en train d’écrire ?

_ Je note les lettres allemandes et leur équivalent en prononciation française. Par exemple le -J se prononce comme un -Y français ou le -W comme un -V. Après il y a quelques petites exceptions moins ... naturelles disons. Par exemple le -Ch se prononce comme un -R s'il est après un -i, e, eu, ei ou un -äu mais comme un -K s'il est suivit d'un -S. Je vais tout noter et nous verrons les mots de la chanson ensemble.

Léandre eut un léger sourire au coin lorsqu’Edelweiss retourna à sa feuille pour terminer. Ça semblait compliqué, mais ça allait vraiment l’aider.
Heureusement, il avait la chance que pouvoir parler une langue commune avec sa partenaire. Evidemment, ils avaient l’anglais, mais le français, sa langue natale, lui était vraiment plus familier et évocateur.
Lorsque l’allemande lui tendit la feuille, il la prit doucement, n’aimant pas être brusque lorsqu’il prenait un objet à une personne, il trouvait ça très impolie. Un présent, même humble, restait un présent.
Le jeune homme parcourut les écrits de la demoiselle. Soignée. Edelweiss avait toujours une jolie écriture, arrondis et harmonieux comme une clé de sol.

Léandre posa sa main libre sur le piano et commença à jouer en lisant les paroles dans sa tête. Il n’avait pas besoin de regarder ni la partition, ni le piano pour jouer à la perfection, c’était l’avantage de sa race. Et il devait avouer qu’il aimait ça.
Une fois le texte lu une fois dans sa tête, il posa une main sur son menton pour réfléchir.

_Je vais essayer de le lire.

Et le jeune homme lu, sans chanter, sans mélodie, simplement lu. Il butait sur les mots, mais faisait moins honte à l’allemand. Il fit l’effort de lire la chanson complète en ajoutant un accent qu’il jugeait allemand, n’ayant pas peur du ridicule, au point où il en était.
Lorsqu’il termina sa torture, Léandre leva les yeux vers sa partenaire, et demanda, très neutre :

_Etait-ce mieux ?

Edelweiss proposa à Léandre de chanter quelques notes. Mais le jeune homme ne sentait pas vraiment très à l’aise. Il préférait faire honte à la langue allemande plutôt qu’à la musique. Chacun ses principes.

Léandre se tourna vers le piano, posa la feuille sur le pupitre, les doigts sur les touches de l'instrument, le dos droit, la tête légèrement penché sur le pupitre, se disant qu’il fallait se lancer.
Mais il se résigna, se tournant vers Edelweiss.

_Je suis désolé, je t’en demande beaucoup, mais tu ne voudrais pas chanter un peu, s’il te plait ? Juste pour que je comprenne bien l’accent.

Edelweiss se résigna. Léandre ne voulait pas la mettre mal à l’aise, loin de lui cette idée, mais il ne pourrait jamais apprendre s’il n’entendait pas ce qu’essayait de lui expliquer sa partenaire.

Léandre se remit en position, prenant une respiration lente, sereine.
Et il commença à jouer.
Comme convenu, Edelweiss commença à chanter. Et elle chantait bien, juste, une voix délicate.
Très vite, Léandre commençait à comprendre la langue, et l’accent qu’avait la demoiselle. Il se mit à sourire.

Alors, il suivit la demoiselle dans la chanson après le premier couplet. Lorsqu’il termina sa partie, il se tourna vers Edelweiss, continuant de jouer de ses doigts sur le clavier bicolore. Son sourire ne le quittait pas. Edelweiss ne se dégonfla pas et ne le repris pas dans sa prononciation.


Ainsi, le duo se mit à chanter toute la chanson, se laissant des couplets, chantant en cœur ses passages, se mariant pour le refrain. Léandre finit par se retourner sur le piano mais au lieu de lire les paroles, il ferma les yeux et s’imprégna de la mélodie qui berçait doucement son cœur. jusqu'à ce que la chanson soit terminée.

Il ouvrit doucement les yeux, perdant lentement son grand sourire jusqu'à ce qu'il ne soit qu'infime. Léandre se tourna de nouveau vers l'allemande.

_Excuse moi, je me suis emporté.