Dorian ferma les yeux. La rentrée scolaire était plus compliquée que la précédente. Les événements causés par Egon avaient créé en ville un chaos qui se répercutait dans son école. À leur retour des vacances d'été, les élèves n'étaient pas tous sereins... et il avait vu le regard que certains d'entre eux lui réservaient. Esper avait fait des dégâts.
- Mr MacKenzie ? - Hm ? - Je euh... J'ai interrompu une altercation devant une salle de classe et...
Il releva les yeux. La surveillante semblait inquiète, ce qui était une première pour elle. Mauvais signe.
- Qu'y a-t-il ? - Des élèves de quatrième année s'en prenaient à un plus jeune. Pas physiquement mais... il a l'air mal en point et il ne veut pas me dire ce qui lui est arrivé... - Faites-le venir.
La jeune femme hocha la tête et quitta son bureau tandis que Dorian se passait une main sur le visage. Si ces élèves plus âgés ne s'en étaient pas pris à lui physiquement, c'est que quelqu'un d'autre l'avait fait... mais qui ? Et quand ? Ce n'était que le premier jour de l'année... Il faisait confiance à cette femme. Elle ne s'angoissait jamais sans raison pour les élèves, il y avait donc matière à s'inquiéter. Il ne savait juste pas à quel point.
Je le mérite, non... ? C'est comme ça que ça se passe, n'est-ce-pas ? Je suppose que c'est pour mon bien. Ils ne veulent que mon bonheur et c'est le seul moyen existant qui pourra me permettre de guérir de cette maladie qui modifie ce que je suis censé être.
Ce sont les mots que je n'arrête pas de me répéter alors que je m'avance lentement dans les couloirs de l'école pour la reprise des cours. Une jambe relevée vers l'arrière, douloureuse et immobile dans cette posture, je me tiens au bâton qui est un des signes de ma corruption pour m'aider dans ma marche presque macabre. Parfois, je marque une pause et voilà que je m'immobilise devant les escaliers que je vais devoir grimper... seul... comme toujours...
A cet instant précis, un groupe d'étudiant semble s'attarder sur quelqu'un en le couvrant de moqueries en tous genres, chose à laquelle je ne prête pas grande attention jusqu'à ce que je comprenne que j'en suis la victime. Seulement, je ne dis rien... comme toujours... et je me contente simplement de baisser la tête pour éviter de malencontreusement croiser leur regard, l'expression aussi inexpressive qu'elle en devient inquiétante. Je ne parviens même plus à visuellement transmettre la douleur de cette jambe dont j'ai désormais perdu l'usage.
Puis, une femme s'approche de moi. Elle m'invite à la suivre dans le bureau du directeur. Je n'en ai pas envie. Mais je suppose que je n'ai pas vraiment le choix...
La surveillante qui était venue lui parler méritait le titre de reine des euphémismes. Avec ces paroles, il ne s'attendait pas à trouver l'élève en question dans un tel état, et son cœur se serra. Depuis avril, l'attachement qu'il ressentait déjà envers ses lèvres n'avait fait que s'accentuer, et son empathie quand il les voyait aller mal aussi. Et le garçon qui boitillait sur sa canne avec une jambe amochée était clairement dans un état suffisamment catastrophique pour lui serrer la gorge. Après l'avoir laissé s'asseoir, Dorian écouta la surveillante chuchoter son nom à son oreille et chercha rapidement son dossier histoire de se renseigner sur sa race et son pouvoir et avoir un semblant d'indice. Mais ça ne l'aida pas vraiment, à part à savoir qu'il ne pouvait pas le regarder dans les yeux. Ça risquait de compliquer un peu les choses. Préférant éviter de le brusquer, il ne ferma pas la porte et s'appuya contre le bureau, laissant une légère distance entre eux.
- Céleste ?
L'adolescent semblait renfermé, pas le genre qui allait se confier... et Dorian avait quelques scrupules à profiter de l'effet de son pouvoir sur lui. Mais il ne pouvait pas laisser la situation telle quelle ! Le garçon n'avait pas pu s'infliger ça lui-même et quel que soit le responsable, il était hors de question de lui permettre de continuer.
J'entre dans cette pièce froide et me retrouve, en plus de la femme m'ayant ramassé dans les couloirs, en présence du directeur lui-même. Dorian MacKenzie, il me semble. Un homme... adulte... ayant un statut supérieur au mien et ayant du pouvoir... c'est tout ce qu'il me faut pour me permettre de me méfier de lui.
Avec difficulté, je m'installe sur la chaise qui m'est destinée, le regard figé vers le sol, par crainte que mon pouvoir ne me blesse plus que je ne le suis déjà ou que mes pupilles, injectées par le sang de ma véritable race, ne viennent à trahir mes mensonges ou mon silence.
Des mots se chuchotent entre cette dame et le directeur que j'aperçois à peine du coin de l'œil. Puis, cette dernière quitte la pièce, me laissant seul avec cet homme. Presque instinctivement, je me rétracte et me braque. Heureusement pour moi, la porte est ouverte, mais vu mon état, il n'aura aucun mal à me maîtriser quelles que soient ses intentions toutes plus malveillantes les unes que les autres.
Mon prénom, sorti de ses lèvres, me donne la nausée alors que sa question demeure sans réponse. Si je parle... je perds tout, y compris la vie. Si je mens... je laisse peut-être s'évanouir une chance d'échapper à ce cauchemar ? Pour l'instant, seul le silence règne en maître au sein de cette pièce. Mais pour combien de temps... ? Et à quel prix ?
Seul le silence répondit à sa question. Tête baissée, probablement pour ne pas croiser son regard, Céleste restait désespérément muet et Dorian retint un soupir. Clairement, quelque chose n'allait pas, et il ne pouvait pas vraiment compter sur la parole - et donc pas sur son pouvoir - pour en apprendre plus.
- D'accord.
Sa voix était toujours aussi calme. Il considérait son silence comme un "non". Il ne pouvait ou ne voulait pas lui dire. Après un regard autour de la pièce, Dorian prit une chaise pour s'installer à une certaine distance. Vu comme il s'était replié sur lui-même, mieux valait éviter la proximité. Il lui restait une option pour essayer d'en savoir plus sans le brusquer ou le forcer à parler.
- C'est un ami ? Un camarade de classe ? Ton ou ta petit/e ami/e ?
À chaque possibilité, il observait son visage et ses réactions. Avant même d'obtenir son pouvoir, il avait toujours été très observateur et très doué pour lire les émotions, il comptait là-dessus pour avoir la réponse à sa question.
- Un enseignant ? Un employé ? Quelqu'un en ville ?
Sa voix restait douce et calme alors qu'il évoquait les possibilité, quand bien même l'idée le crispait intérieurement. Puis il baissa d'un ton en s'efforçant de rester audible malgré la distance, et la dernière question s'échappa comme un murmure.
- … Tes parents ?
Avait-il listé toutes les possibilités ? Probablement.
Un silence de mort, c'est tout ce que j'offre à cet homme et c'est tout ce que je m'octroie comme langage. Pourquoi irais-je me risquer à parler et potentiellement divulguer des informations qui doivent demeurer confidentielles ? C'est trop dangereux et c'est ma priorité. Comme à mon habitude, je dois me faire tout petit, le plus petit possible.
Le directeur continue de me parler, puis s'empare d'une chaise sur laquelle il trouve son confort, s'installant plus loin. La distance nous séparant m'apaise, mais la reprise de ses questions me force à garder ma protection levée.
Il ne va donc pas lâcher l'affaire aussi facilement...
L'absence de paroles flottant dans l'air se retrouve à nouveau brisée, Monsieur MacKenzie s'adonnant désormais à une série de questions uniquement formulées par des noms communs censés représenter la personne responsable de mon état.
Les yeux ensanglantés rivés sur mes mains, alors posées sur mes cuisses, je ne daigne pas afficher la moindre émotion sur mon visage. En tout cas, pour ce qui est des premières tentatives.
Arrivés à mes parents, un seul geste, que l'on pourrait croire anodin, finit par faire acte de présence sans que je ne puisse me contrôler ; je déglutis... lourdement et je finis par légèrement faire glisser mon regard du côté opposé au directeur qui, j'en suis sûr, m'analyse attentivement.
Sur le moment, je ne réalise pas que je viens, par pur réflexe, de laisser s'immiscer une pointe d'émotion que je m'étais pourtant interdit de montrer.
Le silence dans la pièce n'était troublé que par ses questions, un petit mot après l'autre, une possibilité puis la suivante. Le garçon n'affichait aucune réaction alors Dorian continua de lister petit à petit les différents choix, quand bien même plus il avançait, plus il se sentait crispé par les idées. Il commençait à se demander s'il allait vraiment voir une différence ou si l'adolescent face à lui était trop impassible. Et puis il y eut ce petit détail. Un petit mouvement du regard, une déglutition plus difficile, et Dorian sentit son cœur se serrer.
- Je vois...
Lentement, il se releva, laissant sa chaise derrière lui pour revenir à son bureau. La réaction ne laissait pas de doute quant à la réponse à sa question, et il devait lutter intérieurement contre la colère qui ne demandait qu'à bouillir dans ses veines. Les responsables n'étaient pas là, et s'énerver devant lui ne ferait que le mettre encore plus mal à l'aise.
- Tu n'es pas obligé de me parler mais… ce qui t'arrive n'est pas normal, Céleste. Ça peut s'arrêter. Et ça va s'arrêter.
Bien sûr, Dorian ne pouvait pas tout changer à l'instant sur une simple suspicion, d'autant plus qu'il n'avait eu aucune réponse formulée de sa part, mais il ne pouvait pas décemment le laisser dans cette situation. C'était contraire à toute décence humaine. Il baissa les yeux vers son téléphone. Il s'était promis de ne la contacter qu'en cas d'urgence... C'en était une.
Ai-je moi-même trahi mon langage non-verbal en y incorporant, malgré-moi, des émotions, des sentiments ? Je ne sais pas... Mais visiblement, Monsieur MacKenzie semble avoir compris quelque chose.
L'a-t-il deviné tout seul ? Ou est-ce complètement de ma faute ? L'observer ainsi, du coin de l'œil, se redresser et abandonner sa chaise pour retourner à son bureau en ne lâchant, au début, que quelques bribes de paroles n'augure absolument rien de bon.
Que se passe-t-il ? Que va-t-il faire ? Que va-t-il m'arriver ? Va-t-il en parler à mes parents ? Va-t-il organiser une rencontre ? J'espère que non. Je n'en ai pas envie. J'ai peur. Peur qu'il raconte tout, peur que cet été passé auprès de ma famille se transforme en une boucle sans fin, en une éternité. Mais pourtant... je l'ai mérité, non ? J'ai mérité ces blessures pour être devenu ce que je suis en arrivant dans cette école, n'est-ce pas ? Je n'étais pas digne... Je ne suis pas digne.
Les mots de l'homme adulte qui me fait fasse me compressent la poitrine et pourtant, je ne réagis pas plus, trop habitué à devoir faire face à toute sorte d'épreuves. Cependant, malgré la discipline de fer à laquelle j'ai eu droit, je ne peux m'empêcher de rebondir sur un mot, une expression en particulier, exprimant froidement mes idées les plus enfouies, mais les plus sincères.
- S'arrêter, oui... J'aimerais bien que cela s'arrête... Que tout s'arrête, pour moi.
Ⓒ Martel
Dorian MacKenzie
E |:| Directeur du lycée
Dorian MacKenzie
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Inscription le : 11/09/2019
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Sam 27 Fév - 3:08
Sauver ce qui peut l'être
Alors qu'il prenait son téléphone pour chercher dans son répertoire le numéro de la personne la plus à même de l'aider à régler cette situation, Dorian entendit pour la première fois la voix de l'adolescent s'élever dans la pièce, et il délaissa aussitôt l'écran pour poser son regard son lui. Son cœur déjà serré se comprima encore plus et il déglutit. L'état du garçon était bien plus préoccupant que s'il avait été simplement physique. Depuis combien de temps vivait-il ça ? Et pourquoi personne n'avait réagi avant ?
- Ça n'est pas la solution, Céleste...
Sa voix était douce et il l'avait réduit à un volume nettement inférieur à celui habituel. La dernière chose qu'il voulait, c'était lui faire croire qu'il lui faisait des reproches.
- Mais je te promets que ceux qui te font du mal vont arrêter. Tu n'auras jamais à les revoir.
À moins qu'il n'en fasse la demande explicite, bien entendue. Il n'avait pas besoin de le confronter à ses parents pour leur retirer toute possibilité de s'en prendre à lui. Simplement d'une enquête, et d'une honnêteté extirpée de force.
- Tu es en sécurité, ici. Je ne les laisserai plus te toucher.
Malgré la détermination de ses paroles, sa voix n'avait pas perdu sa douceur. Il regrettait simplement de ne pas pouvoir le regarder dans les yeux pour qu'il puisse y lire sa sincérité.
Il a suffi d'un mot, d'une parole pour que monsieur le Directeur en vienne à continuer la discussion. Je n'en ai pas envie. Je ne veux pas rester là. Je suis autant en danger que chez moi, ça n'est plus qu'une impression, c'est une certitude. Du coin de l'œil, toujours, je parviens à percevoir ses mouvements et à y lire ses intentions. Il tente de contacter quelqu'un ou est déjà en train de le faire.
Je dois l'en empêcher. Je ne lui fais pas confiance. Pas plus qu'à mes parents, pas plus que quiconque, en fin de compte. Alors, je déglutis une nouvelle fois, et me force d'aller à l'encontre de mes habitudes dans un espoir qu'il finisse par perdre le fil de ses pensées ainsi que de ses projets pour peut-être oublier ce qu'il était sur le point de faire.
Il prétend me promettre un arrêt pur et simple de ce que je suis en train de subir ? Il prétend incarner une personne inspirant la sécurité ? Trop de mensonges, trop d'incertitudes, pas assez de preuves.
- Je ne vous crois pas.
Aucun mépris, peu d'intonation, juste l'établissement d'un fait, d'une vérité accompagnatrice de mes pensées depuis toujours. Jamais, je ne serai en sécurité, nulle part. Et surtout pas avec un homme qui détient du pouvoir. Plus on est riche ou plus on est puissant, moins nous avons de principe, c'est inéluctable. Je ne me laisserai pas berner par la corruption d'un homme dont les mains sont certainement déjà plus sales que celles de mes parents.
Ⓒ Martel
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Lun 15 Mar - 16:50
Sauver ce qui peut l'être
"Je ne vous crois pas". Pouvait-il vraiment l'en blâmer ? Tout le monde n'avait pas, comme lui, la certitude que la personne en face d'eux disait la pure vérité et avec le peu qu'il savait de sa vie quotidienne, rien d'étonnant qu'il ait même l'état d'esprit inverse. Dorian releva donc les yeux, calmement, évitant avec soin son regard pour, à la place, poser le sien au niveau de son front. Inutile de prendre le risque d'aggraver les choses.
- C'est compréhensible. Et c'est ton droit. Mais je te dis la vérité.
Il observa son téléphone et finit par envoyer le message qu'il hésitait jusque là à faire parvenir à Malicia. Elle avait l'autorité suffisante pour accélérer les procédures et faire passer cela comme cas d'urgence, plutôt que de devoir mener une longue enquête pendant laquelle le garçon resterait à la merci de ses tourmenteurs. Il reposa l'appareil avec un petit soupir.
- C'est mon travail, de protéger les personnes vulnérables de ceux qui leur font du mal. Alors même si tu ne me crois pas, je vais faire en sorte qu'ils ne te blessent plus.
Qu'ils le veuillent ou non, ils cesseraient de lever la main sur lui. Même s'il devait envoyer tous ses tortionnaires dans les prisons souterraines lui-même.
Monsieur le Directeur continue de m'adresser la parole en tentant de jouer au faux diplomate ou au faux psychologue, qui croit comprendre ce que je pense. Tellement facile... C'est même trop gros pour y croire à 100%.
Lui qui prétend m'aider, pourquoi ne met-il pas un terme à toute cette histoire ici et maintenant ? Après-tout, mon existence lui importe peu. C'est tout ce que je demande, c'est la seule chose qui m'apportera la paix éternelle. Non, il s'obstine à contacter je ne sais qui, venant de je ne sais où pour passer par des méthodes plus conventionnelles.
Je le vois, tapoter sur l'écran de son téléphone portable avant de le reposer en soupirant. A cet instant précis, je déglutis une nouvelle fois, comprenant que le mécanisme est en route et qu'une fois de plus, je semble impuissant face à l'horreur qui m'est destinée. Que faire... Que faire ? Soudainement, je trouve la faille... celle qui a marqué les esprits.
- Et Egon Esper... l'avez-vous, vous aussi, protégé de ceux qui lui faisaient du mal ? Votre perfection dans votre défense contre les tortionnaires l'a-t-elle rendu aussi hargneux qu'il l'était en avril dernier ? Je doute.
Un silence est marqué entre inspiration et soupir, pour finalement reprendre là où je me suis arrêté.
- Et si vos contacts sont, eux aussi, faits de la même pâte que les responsables de son mal-être, sachez que vous perdez votre temps.
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Sam 3 Avr - 19:36
Sauver ce qui peut l'être
Ne pas tiquer aurait été difficile. Dorian tressaillit à la mention d'Egon comme si l'adolescent venait de le regarder dans les yeux, et il déglutit. Esper avait fait beaucoup de dégâts, autant dans la hiérarchie même du monde magique que dans la relation encore balbutiant du directeur avec son école. Il soupira.
- Egon avait tué quelqu'un. je n'ai fait que porter la voix de l'accusation pour homicide. Ce n'est pas moi qui ait ordonné qu'on l'enferme dans les laboratoire.
Il était cependant bien conscient d'avoir, à l'instant, contacté celle-là même qui avait pris cette décision. Les hautes sphères de la magistrature n'avaient jamais été sous son influence. Cependant, pour aussi injuste que soient la haine et les accusations que certains portaient à son égard, il pouvait les comprendre. Il avait été l'un des points de départ des actions de Malicia.
- Tu peux me détester si tu y tiens. Egon était dangereux, mais il ne méritait clairement pas les tortures qui lui ont été infligées. Mais je n'en suis pas responsable, et je n'en connaissais pas la teneur.
Les détails des actions des labos souterrains n'étaient pas connus de grand monde : leurs résultats intéressaient plus que leurs méthodes.
- Rien ne justifie de subit des tortures. Les tiennes n'y font pas exception.
Il ne changerait pas d'avis, même s'il devait utiliser Malicia pour atteindre son but.
Le détester... Ça serait bien trop simple... pour lui... pour moi... pour tout le monde. Je ne sais même pas dire si je le tiens pour entier responsable, ni ceux qui sont les complices et encore moins ceux qui sont les véritables instigateurs. Tout ce dont je suis certain, c'est que les aveux qu'il est en train de me faire ne font que confirmer que les personnes ayant du pouvoir sont inéluctablement pourries et corrompues.
A vrai dire, je n'écoute sa défense que de moitié, pas vraiment intéressé par sa tirade, ni même par lui laisser le bénéfice du doute. Après-tout, l'histoire d'Egon, je la connais certainement moins bien que l'homme qui me fait face et encore moins bien que l'intéressé, lui-même, qui doit bien être le seul à détenir la vérité concernant son propre vécu.
Un instant, je jette un regard sur ma jambe blessée, que je fais quelque peu pivoter, pour en voir le bandage mal réalisé par mes soins, encore taché de sang. C'est encore douloureux, mais j'y survivrai, c'est une certitude.
Lorsque le silence reprend ses droits au sein de la pièce dans laquelle nous nous trouvons, j'estime qu'il s'agit dès lors d'une conclusion à notre "discussion". Après quoi, je me redresse tant bien que mal en prenant appui sur mon bâton de mage blanc, tenant fébrilement sur un pied.
- Puis-je disposer, monsieur le directeur ?
Juste une question, la dernière. Malgré le désintérêt que j'éprouve à son égard, je n'en reste pas moins bien éduqué.
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Dim 18 Avr - 18:01
Sauver ce qui peut l'être
À quoi bon se justifier ou s'expliquer ? Il y avait fort à parier que la remarque sur Egon n'ait été qu'une petite pique, que ce soit pour le déstabiliser ou l'arrêter, comme il l'a vu des centaines de fois. mécanisme de défense basique. Pourtant il explique quand même et, comme il aurait pu s'y attendre, ça n'apporte pas grand chose. Céleste reste mortellement silencieux, taisant le moindre commentaire qui aurait pu lui permettre de connaître son honnête opinion. Peut-être qu'il le sait. Ou peut-être que ses parents lui ont fait perdre toute confiance dans les adultes.
À sa question, Dorian poussa un soupir. Malicia ne devrait pas tarder à le recontacter, de toute façon, et le reste ne dépendait plus vraiment du garçon qui se tenait face à lui. Les yeux du directeur se posèrent sur la jambe blessée de son élève et il ressentit un brusque pincement au coeur. Personne ne devrait subir ça, encore moins des mains d'un parent.
- Passe à l'infirmerie pour ta jambe avant de retourner en classe.
Il n'attendait pas de réponse, il savait qu'il avait peu de chances d'en avoir une. Il se contenta donc d'un petit signe de tête pour lui signifier qu'il pouvait, effectivement, disposer. Son téléphone sonna avant que la porte soit entièrement fermée.
- Bonjour, Malicia.
09/09/20 • Dorian • Céleste
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