[Magical girl 2.0] Forêt invasive

Des plantes... Oui, des plantes. Attendez... DES PLANTES ?! Ce sont effectivement les ennemis auxquels nous faisons désormais face. Autant dire que tenter une déstabilisation avec mon pouvoir permettant de créer une véritable patinoire ne se résumerait qu'à une pure et simple perte de temps. Calme... tâchons de rester calme... Déjà qu'être en ville est quelque chose de déroutant, que me trouver entouré de personnes l'est encore plus, alors devoir se creuser la tête pour agir sans causer plus de dommages qu'il n'y en a déjà, c'est rajouté une couche qui n'était, mais alors absolument pas nécessaire.

Je reste là, mon expression neutre, voire insensible, peignant continuellement mon visage quand bien même mon estomac se trouve être noué dû à une dose de stress trop importante pour mon petit corps.

Après être arrivé auprès du groupe, tout en restant néanmoins quelque peu en retrait, une petite bestiole, sortie de nulle part, surgit dans ma direction afin de me saluer, me faisant ainsi tourner la tête vers elle, gonfler mes pupilles et légèrement tituber à reculons. Je reste un peu de marbre, ne sachant pas trop s'il est nécessaire de lui répondre, mais surtout hésitant à la façon de le faire. En étant égal à moi-même ? En se la jouant à la cool ? En faisant l'intéressé ? Les quelques mèches aux reflets bleutés tombant sur mon visage s'agitent en rythme avec le mouvement que ma tête impose, cherchant certainement à encore une fois chasser le trop plein de pensées qui parasitent mon esprit, me contentant donc de ne pas réellement lui répondre... par crainte, par angoisse et par manque d'idées.

Soudainement, une autre voix attire mon attention. Celle d'un homme à qui, il me semble, appartient cette... créature. D'après ce que j'entends, lui aussi fut saisi par la soudaineté de l'apparition ainsi que de la prise de parole de la petite chose, le rendant l'espace d'un instant un peu bougon. Je ne sais pas pourquoi, mais cette scène étire légèrement mes commissures. Peut-être parce que c'est drôle ? Peut-être parce que c'est touchant ? On a un peu l'impression de voir une maman avec son enfant au sein d'une famille... normale... Ou des frères et sœurs qui se chamaillent, loin d'une ambiance de haine et de tortures, de maltraitances et de rancœurs.

Je... Quelle est cette pointe qui naît en moi ? Un soupçon de jalousie ? Beaucoup d'envie... Certainement parce qu'il s'agit là de l'image que j'ai d'une vie parfaite, passée dans l'insouciance et le bonheur de pleinement vivre certaines situations sans craindre d'être battu, ignoré, mal aimé.

Mais cette voix, encore trop récente pour être reconnue et paradoxalement déjà assez familière pour que je centre à nouveau timidement mon regard sur le sien, me réveille et me sort de mon état pensif. Il... Il s'adresse à moi ? Il s'adresse à moi. Non pas pour me moquer ou pour me prévenir d'une violence m'étant dirigé. Il... s'excuse... Il s'excuse pour le comportement du petit animal, certainement trop enjoué par l'action, qui s'est imposé pour des salutations.

Psychologiquement, je me prépare à prendre, pour la première fois, la parole dans ce groupe afin de répondre au garçon dont le visage est illuminé par des dessins, mais il me devance en me demandant si tout va bien et en mettant précisément le doigt sur mon mal-être. Comment a-t-il su ? Quel est son secret pour l'avoir ainsi découvert aussi facilement ? Peut-être que je ne suis pas aussi impassible que je pense le paraître...

Au moment où je prononce cette phrase dans ma tête, je détourne quelque peu le regard de son visage, un peu trop intimidé par cet homme dont la perspicacité n'est plus à prouver pour tomber sur une jeune femme abeille. Mon expression ne change pas jusqu'à ce qu'elle m'octroie, elle aussi un sourire, des attentions auxquelles je ne suis pas habitué.

Un peu anxieux, mais surtout complètement déstabilisé par tant de nouveautés, je balbutie et marmonne presque ma réponse à l'égard du seul autre garçon de "l'équipe".

- Ça va, merci...

Comme à mon habitude, je mens. Je mens dans un espoir qu'on ne s'intéresse pas trop à moi alors que, dans le fond, je recherche cette attention. Par pudeur, par peur, j'ai toujours préféré me faire tout petit jusqu'à être oublié. Si d'un point de vue personnel, c'est une question de facilité, on m'a toujours demandé d'agir de la sorte. Alors je m'y colle et je me restreins à cette idée.

Je baisse un peu le regard, la tête aussi, n'écoutant que trop vaguement ce qui est dit autour de moi jusqu'à la femme abeille batte des ailes et se mette à décoller du sol pour s'élever dans le ciel. Les joues très discrètement saupoudrées de rose, je la suis avec les yeux avant d'immédiatement reprendre ma posture initiale, presque recroquevillé sur moi-même.

Sparkle est à mes pieds, il lève la tête avec une mine à la fois déconfite et perdue. Il ne comprend certainement pas pourquoi j'agis de la sorte au lieu de passer à l'action. Qui pourrait le comprendre, de toute façon ? Mais sa petite frimousse un peu trop pure me pousse à réagir, à ma façon, marmonnant une nouvelle fois, le plus discrètement possible, une possibilité me permettant peut-être de ne pas être inutile.

- Peut-être que... je pourrais essayer de totalement immobiliser les plantes avec mes pouvoirs ? Enfin... si c'est possible.

Je ne prends même pas la peine de relever le visage, souriant très finement au petit animal présent à mes pieds qui, une fois la parole donnée, hoche la tête en signe d'appréciation. C'est donc ça... faire plaisir aux autres... ?