La force des sentiments [Weiss et Melo]

La jolie petite allemande m'adresse un signe de la tête en guise de réponse. Une réponse lente, légère, douloureuse. Je ne peux m'empêcher d'avoir une pointe au cœur : sa douleur me rappelle que je ne peux rien faire, si ce n'est veiller sur elle. Si seulement mes pouvoirs étaient plus développés : je pourrais retourner le cours du temps et l'empêcher de commettre une telle connerie.. Je resserre mes doigts sur les siens lorsqu'elle fait de même comme pour lui rappeler ma présence à ses côtés. Je sais qu'elle aimerait me parler, je sais qu'elle aimerait me rassurer mais je ne désire qu'une chose : qu'elle se repose. Qu'elle guérisse.

-"Je reste là.. tu sais la nuit vient de commencer alors tu peux dormir encore un peu.. j'irais chercher Juwelen plus tard lorsque je serais épuisée.." fis-je en caressant d'un geste quasi maternelle sa joue.

C'est un mensonge. Un de plus. Je ne bougerais pas quitte à mourir d'épuisement sur ce lit. Il n'est pas tôt. Il est passé minuit depuis un moment et cela fait près de 10 heures que je veille auprès d'elle sans me soucier de moi ou du reste du monde mais.. est-ce bien nécessaire qu'elle le sache? qu'elle s'inquiète de mon état? Non, je me fiche du monde tant qu'elle se porte mieux. Après tout, mon monde réside désormais dans ce petit visage angélique.

Pardon. Ce mot résonne dans ma tête comme un écho à tout ce que je ressens. Pourquoi Edelweiss s'excuse t-elle? Ce n'est pas de sa faute.. Certes, dans un premier temps, j'étais furieuse qu'elle eusse pris un tel risque, payer un tel tribut pour un simple idiot qui n'avait pas su gérer sa classe mais le temps passant, l'évidence m'était apparut : c'était une des simples raisons pour laquelle mon cœur battait à tout rompre pour elle. Sa gentillesse.. Sa gentille avait percé ma façade comme une flèche touche une cible en y laissant sa marque et désormais elle avait laissé sa marque sur mon cœur. Mieux, il était sien. Je laissais un petit sourire s'inscrire sur mes lèvres avant de déposer de nouveau un baiser sur son front et lui murmurer quelques mots pour écarter les nuages de l'inquiétude du ciel de son esprit.

-"Edelweiss voyons.. dis pas de bêtises.. Tu n'as pas à t'excuser.. tu n'as rien fais de mal.. au contraire.. tu as fais ce qu'il fallait.. et puis si je m'inquiète c'est simplement parce que tu compte pour moi.."

Je dégageais un instant la couverture d'un revers de la main pour lui éviter de cuire sur place avant de lui offrir un petit sourire rassurant et entrelacer mes doigts aux siens.

-"Ne t'en fais pas pour moi.. je reste là.. Tout va bien.. Tu peux me croire.."

Tout irait bien car je ne la laisserais pas..

- Merci..

Ces mots m'arrachent un sourire en surface. Il en est tout autrement en mon sein. Mon cœur se serre. Je n'ai pas à être remerciée. Aurais-je agi de la sorte si l'étreinte douce et amer à la fois de l'amour n'avait pas épris mon âme? J'en doute. Je suis incapable de montrer ce que je ressens, de montrer de la compassion, incapable de lui expliquer la raison de ma présence, incapable de partager toute la lumière qui habite mon cœur à chaque contact de ses doigts sur les miens, chaque sourire de sa part. Cette façade de perfection m'en empêche. Je suis une égoïste : il n'y a qu'à voir ma manière d'agir avec Léandre.

-"Ne me remercie pas Edelweiss.. C'est parfaitement normal"

Je pose doucement mon bras sur le bord du lit et ma tête sur ce dernier avant de renchérir.

-"Je reste tout près de toi.."

A vrai dire, je meurs d'envie de venir la rejoindre dans ce lit et de l'enserrer dans mes bras dans un cocon de tendresse et de douceur, de lui transmettre toutes mes forces pour lutter, qu'elle sente ma présence comme une ancre dans ce monde-ci mais je dois m'en empêcher. Ce n'est pas normal. Elle aurait trop chaud.. Elle saurait.. Ces idées tournent dans ma tête comme une ritournelle aliénante alors que je glisse doucement vers le sommeil, exténuée, serrant sa main dans la mienne. Même cette promesse je ne la tiens pas.. Je suis vraiment une égoïste..