(HC) Et si tu m'avais suivi...? [ft. Nia Jones]

Pourquoi ai-je accepté de laisser Edelweiss s’en aller de l’appartement ? Même pour seulement quelques jours. Je m’ennuie sans ma colocataire. Avec qui j’évacue mon trop plein d’énergie ? Je ne vais quand même pas appeler Dave encore une fois. Il va finir par en avoir ras le bol à la longue. Certes il me supporte depuis notre naissance et est toujours là pour moi mais ça n’empêche pas qu’il peut en avoir marre quand je suis trop sur son dos. Et dernièrement, je le suis plus que d’habitude. En fait c’est déjà depuis le soir où mon amie m’a expliquée ce qu’est l’amour et qu’on a eu un baiser d’adieu.

Finalement, aujourd’hui encore j’ai passé la journée chez mon frère. Ca m’oblige à faire une pause dans mes révisions et me permet d’avoir de la compagnie. J’ai beau faire la fière, la fille forte et enjouée, ça ne change pas que j’ai beaucoup de mal à vivre seule. Une part de moi me souffle sans cesse de tout simplement séquestrer mon amie et une autre part me rappelle à l’ordre. Edelweiss m’en voudrait très certainement si je la kidnappais et l’empêchais de voir sa petite-amie – qui ne la mérite même pas en plus –.

Et quand on parle de la louve, elle donne de ses nouvelles. Ce n’est ni un message, ni un appel. Juste une localisation. Minute… Elle n’est pas censée être chez Naomi ? Si j’en crois le point de localisation sur la mini carte, elle n’est pas chez l’autre idiote là. Et ma colocataire ne m’enverrait jamais ça sans raison. Ce n’est pas son genre. Ca pue cette histoire. J’espère qu’elle ne s’apprête pas à refaire une bêtise, j’ai pas envie d’appeler ma rivale. Bon je verrai le moment venu. Je salue donc mon frère et quitte son appartement pour me rendre au lieu indiqué par le point sur la carte. Je me dépêche autant que possible, courant dans les rues pour rejoindre mon amie dans l’espoir que ce ne soit pas trop tard.

Lorsque je la trouve enfin, elle est recroquevillée sur elle-même. Quelque part c’est une bonne chose car elle est vivante mais ça veut aussi dire qu’il s’est passé un truc.

- Edelweiss !

Je m’approche de ma colocataire et m’assieds à ses côtés.

- Tu vas attraper la mort si tu restes assise là dans le froid.

Je retire mon manteau et le place sur les épaules d’Edelweiss. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est réellement là mais même si j’ai couru pour être présente rapidement, il fait déjà froid. Encore plus lorsqu’on est statique. Moi je m’en fiche de tomber malade si ça peut permettre de réchauffer mon amie.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

Je n’aime pas ce que la géolocalisation de ma colocataire signifie. Je n’aime pas du tout ça. La dernière fois qu’elle n’allait pas bien à ce point, elle a sauté du haut d’un toit et je n’ai même pas pu la sauver. Je ne veux pas que ça se reproduise. Je ne veux pas devoir encore compter sur la chieuse pour aider mon amie. Cette fois je dois arriver à temps pour l’empêcher de faire une bêtise. J’ai donc couru dans les rues de la ville aussi vite que j’ai pu pour rejoindre Edelweiss. La voir recroquevillée sur un trottoir m’a plus ou moins rassurée. À moins de croiser un véhicule, elle n’a aucun risque de mourir. Par contre elle va choper un beau rhume si elle reste assise sans bouger dans le froid.

Je me suis approchée d’elle et lui ai posée mon manteaux sur les épaules. Une couche n’est pas suffisante, il faut la renforcer. J’observe mon amie avec attention, essayant de déceler le moindre signe qui me donnerait la réponse à mes questions. Rien. Ou c’est trop subtile pour moi. Parfois j’aimerais bien être télépathe. Ce serait beaucoup plus simple pour savoir ce qu’il se passe dans la tête d’Edelweiss dans cette situation. Finalement elle prend enfin la parole pour me poser une question à laquelle je m’y attendais pas.

- Ben non, pourquoi j'ferais une chose pareille ?

Aucune hésitation dans ma réponse. Elle est sortie du tac-o-tac tant c’est une évidence pour moi. Pourquoi est-ce que je la repousserais alors qu’elle est l’amie la plus précieuse que j’ai ? Elle est même devenue plus que ça au fil du temps. Je n’ai aucune raison de la garder loin de moi. Bien au contraire, si je pouvais je la kidnapperais carrément à vie !

Je crois que ma réponse a suffi à la rassurer parce qu’elle se met enfin à se redresser légèrement et pas seulement relever la tête. La suite me surprend tout de même beaucoup. On l’a déjà fait notre baiser d’adieu. En plus elle est avec Naomi… Enfin elle l’était déjà la dernière fois aussi… Si l’autre andouille l’apprend, je sens déjà que je vais encore visiter un mur. Elle essaie de me flinguer depuis notre première rencontre juste parce que je relevais un défi avec sa sœur alors si elle apprend que ma colocataire m’a embrassée – deux fois en plus – je pense qu’elle s’acharnera. D’un autre côté si Edelweiss le fait, ça veut dire que quelque part je prends un peu plus de place que Naomi dans son coeur. Allez, quitte à crever plus tard, autant que je profite de cette petite victoire sur ma rivale.

J’enlace mon amie dans mes bras en répondant à son baiser durant un petit moment. Je ne sais pas combien de temps est passé avant que je ne romps le contact de nos lèvres. Je garde toutefois mon étreinte autour de celle qui m’a donnée autant de joie que de frayeurs. Et puis j’observe aussi les alentours à la recherche de la miss complètement folle et dangereuse pour les autres. Personne à l’horizon. Maintenant que j’y pense, si elle était dans les parages j’aurais déjà fait la rencontre du mur derrière nous. Je pose alors ma tête plus sereinement sur l’épaule de mon amie et murmure quelques paroles à son oreille.

- J’te laisserai jamais tomber. J’resterai avec toi aussi longtemps que t’en auras envie.

Je resterai à ses côtés tant qu’elle en aura besoin même si pour ça je dois mettre ma vie en jeu. Elle est trop importante pour moi.

Croisons les doigts très fort pour que la blondasse ne passe pas dans les environs sinon Edelweiss et moi sommes mortes. Finalement Naomi a peut-être raison, je dois être une sale profiteuse. Après tout c’est ce que je suis là, tout de suite. Edelweiss est en couple et pourtant je réponds à son baiser en sachant très bien que ça risque de briser sa relation avec l’autre. Tout ça parce qu’elle m’a embrassée et que mon cerveau s’est dit que ce serait une bonne idée de la laisser faire et même d’en rajouter une couche. Un jour je finirai vraiment par crever à cause de lui et ce sera bien fait pour ma pomme.

J’ignore combien de temps est réellement passé avant que je ne romps le contact de nos lèvres. Je sais seulement que c’était nécessaire. Je jette un œil inquiet pour m’assurer que la foldingue n’est pas dans les parages avant de poser ma tête sur l’épaule de mon amie pour lui murmurer le fond de ma pensée. Peu importe si ma santé doit en pâtir, je ne compte pas abandonner ma colocataire et ferai tout ce que je peux pour qu’elle soit heureuse.

Elle finit par proposer de rentrer et j’accepte sans hésiter. Je commence à avoir froid sans ma veste et puis je serai aussi plus rassurée d’avoir mon amie à l’appartement plutôt que dehors, là où il y a tout et n’importe quoi qui lui permettrait de faire une bêtise fatale. Et puis ça évitera une éventuelle venue d’une personne indésirable. Enfin elle pourrait toujours se pointer mais on serait prévenues au moins.  Je me lève donc avec elle et rentre à l’appartement dans le silence. Ce n’est pas vraiment le silence pesant qu’on peut subir dans les moments gênants. C’est plutôt celui qui s’installe quand on n’a rien à dire parce que tout a déjà été dit.

Arrivées à destination, j’ai juste eu le temps de refermer la porte derrière nous avant d’être embarquée pour une scène pleine de sous-entendus. Okay alors là, Edelweiss ne se sent vraiment pas bien. D’habitude elle reste fidèle. Même lorsqu’elle m’avait embrassée la première fois….enfin plutôt la deuxième fois, elle n’était pas à l’aise avec cette idée. Et là, c’est comme si elle n’en avait plus rien à foutre de Naomi. Comme si la blonde n’existait même pas. Il s’est passé quoi avec sa petite-amie ? Je jure que si cette garce a fait le moindre mal à ma colocataire, je la dégomme.

Edelweiss accentue le côté compromettant mais je ne cherche pas à m’éloigner. Je n’en ai pas envie. Mes mains se placent contre le mur de chaque côté du visage de mon amie. Une idée me vient à l’esprit maintenant qu’elle est vraiment piégée. Je pourrais en profiter pour la questionner jusqu’à obtenir des réponses. Sauf que si je le fais, je risque surtout de la braquer et même si elle me répond, selon ce qu’elle me dit ça pourrait m’énerver. Je devrais peut-être attendre un peu avant de tenter l’interrogatoire. De plus elle a l’air bien plus motivée à faire autre chose là. Un truc que je n’ai jamais fait cela dit. Rah je fais quoi ? Je lui donne une chance de ne pas faire un truc qu’elle risque de regretter ou j’en profite pour… Ouais non en fait ce serait utiliser son état en ma faveur. Désolée ma petite Weissou, ça me frustre mais c’est pour ton bien…

- Raconte-moi d’abord ce qu’il s’est passé, Edelweiss.

Ensuite j’aviserai sur ce qu’il y a à faire. Gardant une main contre le mur, j’utilise la deuxième pour caresser la joue de celle qui est comparable à un trésor. Je viens embrasser le front de mon amie, puis le nez et pour finir les lèvres.

- Je ne pourrai pas t’aider si je ne sais pas ce qui t’a mise dans cet état.