Se mettre à nue [ft. Melody Lawford]

Si le geste de ma colocataire avait été assez étonnant, sa réaction suivante fut d'autant plus surprenante. En effet, la jolie jeune femme semblait vraiment révoltée voire préoccupée par l'état de fait que je venais de lui communiquer. Un sentiment agréable pointa son nez dans mon cœur de part la déclaration de la demoiselle : j'étais honorée et heureuse. Elle m'aimait bien. Malgré le départ, somme toute désastreux que j'avais fait avec elle, il semblerait que tout ça soit derrière nous d'une certaine façon. J'hésitais sur une manière appropriée de lui témoigner ma reconnaissance. Pouvais-je vraiment? J’avais vraiment peur de bousculer l'équilibre et l'ambiance unique de cet instant alors que nos yeux venaient de se croiser et que nous nous étions enfin comprises, acceptées. Je finissais par céder à l'appel du cœur en m'approchant doucement d'elle pour déposer sur sa joue un petit bisou. Une manière enfantine et innocente de dire merci. Je lui adressais mon plus beau sourire en dégageant une mèche de cheveux qui encombrait ma vue avant de lui murmurer quelques mots.

-"Merci Edelweiss.. Moi j'aime beaucoup ma colocataire.. Surtout maintenant que j'apprends à la connaître.." fis-je avant de lui tendre la main.

Une invitation à prendre ma main et à oublier notre rencontre marquée par l'incompréhension et poser de nouvelles bases. Qu'elle accepte ou qu'elle refuse, elle mériterait de vivre à mes yeux,elle mériterait même le titre d'amie.

L'expression si mignonne de la jolie Edelweiss était parfaite et si attendrissante que je ne pouvais m'en détacher. Je dus cependant m'y résoudre lorsque les doigts fins de la demoiselle se saisirent des miens. C'était presque inespérée mais nous avions toutes deux fait des efforts considérables en une seule soirée - les mauvaises langues en profiteront sûrement - que nous ne pouvions pas vraiment nous fier à quoi que ce soit. Je glissais mes doigts entre les siens, lui adressant un nouveau sourire avant de refermer mes doigts sur les siens. Je devais sûrement avoir le sourire et ça ne devait pas manquer d'attirer l'attention des quelques personnes qui croisait le chemin de notre petit couple.

-"Si tu veux me lâcher tu peux hein?" lui dis-je, un peu inquiète.

Une fois encore, je n'apportais aucun intérêt aux regards curieux ou aux messes basses. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent mais.. Je savais que Edelweiss ne devait pas voir les choses de la même façon et si il m'aurait facile de reprendre mon masque de fille mutine je ne voulais pas encore lui fermer la fenêtre de mon âme. Je me contentais de serrer un peu plus fort ses doigts dans la mienne alors que notre chambre se profiler non loin.

Il ne fallut que quelques secondes pour que les doigts délicats de la petite Weiss n'échappe à l'emprise des miens. Au fond de moi, j'aurais aimé prolonger ce pacte d'amitié tangible mais je n'étais pas assez capricieuse ou stupide pour lui en vouloir. Je me tournais vers elle sans me départir de mon sourire alors que la demoiselle semblait s'excuser dans sa langue natale. Il allait vraiment falloir que j'apprenne un peu d'allemand à ce train-là : ce n'était pas nécessaire dans la situation actuelle mais si les événements venaient à se reproduire il me serait plus aisé de comprendre les paroles de ma colocataire. Bref.. laissons-ça de côté. Je m'approchais doucement d'elle avant de me pencher pour placer mon visage à la hauteur du sien sans pour autant franchir les distances de sécurité.

-"Ne t'excuse pas voyons.. Je sais bien que ce n'est pas facile pour toi et je le respecte jolie petite fleur ! " fis-je en lui adressant un clin d’œil et en tirant la langue avant de reprendre mon chemin pour rejoindre la porte et l'ouvrir avec mes clefs. "Tu viens cocotte?"

Les surnoms étaient peut-être de trop mais le principal était que le message passe : tu peux être comme tu es avec moi.

Je pénétrais dans la pièce à la suite la jeune fille dont les joues se rapprochaient de la couleur des pivoines.Elle est vraiment mignonne dans sa manière d'être. Si aux premier abords elle n'était pas son type, je pouvais clairement retirer cette remarque désormais. Elle avait clairement un charme frais et naturel auxquelles je n'étais pas insensible. Son expression gênée et sa question m'arrachèrent un sourire amusée tandis que je m'efforçais de répondre à la demoiselle.

-"Oui techniquement c'est ça mais disons plutôt que c'est un surnom affectif dans le cas présent. C'est juste que j'ai besoin de te montrer que je t'apprécie à ma manière.. Certains font des câlins mais je t'ai dis je ne veux pas te forcer.." fis-je en me jetant dans mon lit pour chercher dans mon tas de fringues une tenue plus adaptée pour dormir.

Je portais mon choix sur un débardeur bleu ciel et une culotte blanche : je préférais dormir légère. J'embarquais mes affaires dans la petite salle d'eau pour ne pas importuner ma colocataire en me changeant puis je revenais dans la pièce pour venir m’asseoir sur mon lit. J'observais Edelweiss avec un petit air rêveur en me demandant comment d'aussi éloignées, nous étions devenues aussi proches en l'espace d'une douche.