Peine, Larmes, Souffrances

J’ai essayé de la rassurer, de lui trouver une solution pour qu’elle fasse ce qu’elle veut sans culpabiliser mais plus je la regarde, plus je me demande si mes paroles sont efficaces. Je crois que je la fais encore plus douter. Mais...nooooooooon. Elle ne doit pas douter. Je voulais juste qu’elle sache que quoi qu’il se passe, je serai avec elle et la soutiendrai. Je ne veux pas l’abandonner et encore moins qu’elle m’abandonne.

Je me suis juste permise de lui faire un bisou sur la joue. Un geste amical dans le but de lui prouver que je resterai avec elle – en maudissant toujours Naomi – et parce que sur la joue ce n’est pas grave. Personne ne peut m’interdire de l’embrasser là. Je ne m’attendais cependant pas au reste. Edelweiss ma kidnappée le visage entre ses mains. Littéralement. Je n’y oppose aucune résistance. J’aime bien ce contact même si j’ai un petit peu l’impression d’avoir une tronche de hamster raplapla.

Elle me fixe sans rien dire au début, je garde le silence aussi sans la quitter du regard. Je suis curieuse de savoir ce qu’elle a en tête. En vérité je me doute un petit peu de ce qui peut bien lui traverser l’esprit mais moi et mon imagination...voilà. Nos visages se rapprochent lentement mais sûrement. Euh...Weiss ? Oui ? Non ? T’es pas censée choisir Naomi ? Je comprends plus rien bordel ! Pleure pas ! Ognon y a la petite larmichette ! Je ne peux pas laisser passer ça. Ma main passe doucement sur la joue pour essuyer cette larme fuyarde pendant que ma colocataire me pose sa question.

- Euh…

Attends, quoi ? Elle veut m’embrasser pour m’abandonner ? Elle ne veut plus être...ah si. J’ai eu peur qu’elle mette fin à notre relation tout court. Laissez-moi garder ma mascotte en amie à défaut de pouvoir l’avoir pour moi seule ! C’est la seule demande égoïste que je peux faire. Par pitié.

- Oui on pourra rester amies.

Je restera là pour elle. Je répondrai présente à toute heure du jour ou de la nuit si elle me le demande. Je continuerai mes efforts pour tolérer l’autre chieuse de service tant qu’elle ne fait pas souffrir mon amie. Je resterai celle qu’Edelweiss veut que je sois. Tout ce que je veux, c’est la voir sourire. La voir s’épanouir. La voir obtenir ce que moi je n’aurai jamais.

- J’ai pas l’intention de te laisser tomber contrairement à ces sentiments bizarres. J’resterai ton ami quoi qu’il arrive.

Rester amies. Oui. C’est le mieux à faire dans notre situation. Si elle laisse Naomi de côté, je serai heureuse mais Edelweiss non. Si elle me laisse tomber, je serai dévastée. Si pour la garder auprès de moi je dois virer ces sentiments étranges, je le ferai. Ce n’est pas la première fois que je détruis un sentiment. Je l’ai déjà fait pour m’éviter d’avoir trop d’espoir envers mes géniteurs, envers des gens que je croyais être de mon côté. Je peux le refaire pour protéger ma colocataire.

Ma main essuie sa nouvelle larme tandis que je laisse mon amie me guider. Je n’ai rien contre un baiser mais je veux qu’elle le fasse par choix et non en s’y sentant obligée. Je l’ai déjà stoppée une fois, lui ai proposée une solution pour la seconde mais...si c’est pour dire adieu à notre relation tordue et tourner la page, ce ne sera pas un mal. Si ? Enfin si l’autre l’apprend – qu’elle compte pas sur moi – je pense que ce sera un mal mais si elle ne l’apprend pas, non. Ca ne fera plus souffrir Edelweiss en plus.

Je la laisse encore me guider puis un contact se fait sentir. Ce contact qui m’est étrangement familier. Un peu connu sans que je ne sache pourquoi mais en même temps inconnu. C’est doux. Agréable. Réconfortant. Je réponds à son baiser avec la même douceur. Il dure toutefois plus longtemps que ce que je m’étais imaginée. Je pensais que ça serait un genre de smack de cinq secondes à peine et hop fini. Pourtant les secondes se sont étalées.

Je sens sa main qui caresse ma joue et j’ai l’impression que tout se réchauffe en moi. C’est ça que ça fait lorsque la solitude disparaît totalement ? Je ne veux pas perdre cette sensation. Je n’ai pourtant pas le choix. C’est nécessaire. Ce baiser est un adieu et non autre chose. C’est pour le bonheur de ma colocataire. Je finis par rompre le contact après de longues secondes et observe mon amie.

- Est-ce que j’ai quand même le droit de rester là cette nuit après ces adieux aux sentiments tordus ?

J’ai déjà dormi avec elle en toute amitié. Ca ne serait pas la première fois et je pense que même après ce qu’il vient de se passer, j’arriverai à dormir sagement. Mais elle ? Est-ce qu’elle veut encore dormir avec une amie dans le même lit après ce qu’on vient de faire ? Quelque part j’espère que oui. Je ne veux vraiment pas être seule. Je n’en ai pas le courage. Et puisque on enterre définitivement ce qu’on ressent d’étrange l’une pour l’autre, on peut bien se permettre de dormir une nuit ensemble. Ce n’est pas en dormant qu’on trompe qui que ce soit. De toute façon après son baiser je pense qu’on n’est plus à ça de près...

C’est bizarre ce qu’il se passe. Tout mon corps se réchauffe. C’est la première fois que j’ai cette sensation. Et tout ça suite à un simple baiser échangé avec ma meilleure amie, ma confidente, ma mascotte, mon trésor. Je suis encore perdue en ce qui concerne les sentiments mais j’ai eu une réponse qui m’a quand même aidée malgré tout. Je comprends mieux certaines choses bien que d’autres questions s’ajoutent à celles que je me posais. Des questions que je mets de côté pour ce soir parce que je préfère largement profiter de la tendresse de ma colocataire.

Il a fallu mettre fin au baiser même si c’est un peu à contre-coeur. Un cœur qui a décidé de changer de rythme pour devenir plus rapide. Un savant mélange entre l’incompréhension, la panique due à cette même incompréhension, le désir d’en apprendre plus et d’avoir ma colocataire pour moi plus longtemps. Plus proche. Elle est d’accord que je reste avec elle pour la nuit. On va dormir ensemble comme on l’a déjà fait plusieurs fois. Deux amies proches qui ont juste décidé de pioncer ensemble parce qu’elles en ont ressenti le besoin.

Lorsqu’elle s’est bien installée, j’en fais de même de mon côté. Je repose ma tête sur son buste, enlaçant tendrement mon amie. Je ferme doucement les yeux et me laisse bercer par les battements de cœur d’Edelweiss. Il a l’air d’être aussi en forme que le mien. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres en l’écoutant. Elle ne me laisse pas seule même pour ça. C’est vraiment la meilleure amie que je puisse avoir. Je serre un peu mon étreinte autour d’elle en m’endormant peu à peu.

- Bonne nuit ma p’tite mascotte.

Autant commencer à lui rappeler les surnoms amicaux. Ca l’aidera peut-être à se détendre. Et puisqu’on doit oublier certaines choses, autant faciliter le processus. Moi je l’accélère en retrouvant mes bonnes vieilles habitudes même si je pense que mes désirs possessifs ne disparaîtront plus. D’un autre côté, j’ai commencé à le devenir avant même d’être troublée par des émotions étranges alors j’imagine que ce comportement n’a rien à voir avec de l’amour. C’est vrai quoi ! Je ne veux juste pas qu’on me retire la seule personne qui compte pour moi, qui m’apaise, me canalise, me comprend...avec qui je me sens bien. On ne peut pas m’en vouloir d’être possessive envers Edelweiss quand j’ai de bonnes raisons. Et j’en ai ! Je me rendors finalement et cette fois le reste de ma nuit est bien plus paisible.