Ian reste patient. Il pose la question mais n’attend pas spécialement de réponse. Tant qu’elle y réfléchit, ça lui convient. Il veut qu’elle réfléchisse à sa situation. Si elle se persuade qu’elle va bien, il doit lui montrer que ce n’est pas le cas. Il doit passer par là pour qu’elle aille vraiment mieux à l’avenir. Car, il faut reconnaitre ses soucis pour pouvoir les régler, non ? C’est un passage difficile, mais indispensable. Et le psychologue est surpris d’avoir une réponse. Et une réponse sincère qui plus est. Si elle laisse sortir…elle va se faire dévorer ? Il fronce légèrement les sourcils. Elle se trompe.
▬ Edelweiss, au contraire. Elle te dévore si tu la gardes en toi. Les problèmes ça te mange de l’intérieur. Mais si tu les fais sortir, ils ne peuvent plus t’atteindre, et tu te créeras des alliés externes, qui seront là pour t’aider à les vaincre.
Et il sera là. Il fera partie de ces alliés externes dont il parle. C’est son métier, il est là pour ça. Il n’aime pas laisser quelqu’un dans ses problèmes, surtout s’il sait qu’il peut faire quelque chose. Et il sait, il sent, qu’il peut faire quelque chose pour elle. Il voit déjà des choses, infimes certes, mais il voit des petits messages d’appel à l’aide émanant d’elle. Il les voit, et il y répondra sans hésiter. Il faut juste qu’elle les accepte aussi.
Le psychologue fait tout ce qu’il peut. Il a eu quelques indices mais le mystère reste entier. Il espère simplement qu’il a dit assez pour la faire réagir, qu’elle réfléchisse mais…ses larmes le laisse un peu hésitant. En avait-il trop dit ? Il ne sait pas, Edelweiss ne montre rien. Elle aurait pu se mettre en colère mais son silence reste entier, laissant Ian perplexe. Il a l’habitude de ce genre de situation, il espère simplement qu’il n’a pas malencontreusement empiré les choses… C’est quitte ou double.
Mais il se retrouve avec une adolescente encore plus silencieuse que tout à l’heure. Un signe qu’il faut arrêter la séance là ? Peut-être… Mais il n’abandonne pas encore, pas tout de suite. Peut-être qu’un miracle pourrait se produire, qui sait ? Peut-être qu’une envie soudaine de se confier pourrait faire face ! C’est tout ce qu’il espère. Mais il n’est pas serein. Il voit bien qu’elle va mal. C’est comme le nez au milieu de la figure. Elle baisse la tête et reste silencieuse. Ian s’en mord les doigts.
Après de longues minutes dans le silence, l’adulte finit par soupirer et lui sourire tendrement, regardant l'heure.
▬ Ok. Fini la torture. Tu peux partir…Si tu as besoin de te confier pour n’importe quoi. Pense à moi.
Il se lève de son fauteuil. 45 minutes d’entretien qu’il a fait seul. Pas mal quand même. Il se dirige vers la porte, gardant son sourire charmant sur les lèvres.