Parmi ces zones se trouve celle de Londres. Située au nord de la capitale anglaise, elle a été, comme toutes les autres, murée au Moyen-Âge pour protéger les habitants de son influence présumée diabolique et malsaine, et est depuis tombée dans l'oubli. C'est en 1712 qu'elle a été redécouverte, par un orphelin qui a décidé d'escalader les murs et qui, pour la première fois depuis des siècles, a mis les pieds de l'autre côté. Cet orphelin, c'était Michael Connoway, fondateur du centre d'accueil qui est aujourd'hui devenu le lycée S'Indarë.

Mais quel est l'effet de la zone de Londres, alors ? Elle joue avec la génétique. Les scientifiques magiques l'étudient depuis des décénies et son effet semble être assez clair, malgré quelques bizarreries : quiconque y met les pieds verra son génome modifié pour perdre son humanité et devenir autre chose. Vampire, sylphes, créatures issues des folklores divers et variés ou encore jamais vues à ce jour, la zone ne semble avoir aucune limite autre que de garder une apparence plus ou moins humanoïde, ou de devenir un changeforme. Mais ce n'est pas la seule chose dont elle est capable. Le deuxième effet est... un peu moins compris. Car en plus de vous arracher votre humanité, la zone vous confère une autre capacité, indépendante de votre nouvelle espèce. Un pouvoir personnel, non-héréditaire, qui peut aller de la simple télépathie à la manipulation pure et simple des forces de la réalité. Comme pour les races, ce don semble n'avoir absolument aucune limite. Et c'est ce qui a commencé à poser problème.

Comment gérer des adolescents possédant des pouvoirs aussi puissants ? Ou pire, des pouvoirs mortels ? La magistrature magique a tenté de répondre maladroitement à cette question, mais sa solution devient de plus en plus controversée. Peut-on vraiment soutenir une organisation, un gouvernement qui enferme systématiquement toute personne développant un pouvoir létal, puis qui expérimente sans considération pour l'éthique dans le but de lui ôter ce pouvoir ? Les révélations d'un ancien prisonnier, évadé en avril 2020 des laboratoires, ont secoué la communauté magique et la relation de confiance silencieuse entre la magistrature et les non-humaines se rapproche chaque jour un peu plus de la rupture.

C'est dans ce contexte qu'évoluent les élèves, employés et anciens élèves de S'Indarë. À la fois lycée carcéral, centre de soin et école plus classique, il accueille ceux ayant besoin d'une seconde chance, d'un refuge ou d'une éducation de qualité sans distinction, même si les constrastes entre les élèves sont perceptibles dans chaque salle de classe. L'université, fondée dans la cité souterraine en 2019, suit à peu près le même principe. Personne ne doit être laissé de côté. Et même si les directeurs de chaque établissement sont loin de s'entendre, ils sont au moins d'accord sur ce point.

L'année 2021 a secoué encore davantage la communauté magique. Depuis les incidents qui ont plongé le fils de Dorian Mackenzie dans le coma, les relations entre le lycée et la magistrature sont tendues. Car la magie qui semble bouilloner dans le corps de l'adolescent effraie, terrifie même, la haute autorité magique. Nul ne sait d'où elle vient ni de quoi elle est capable... Mais quels sacrifices seriez-vous prêts à faire pour éviter un risque incertain ?