[Event multimix] L'évasion

- Tu as pris ton temps.

Seule sa voix marchait encore. Son outil le plus précieux. Des mains le tirèrent du caisson, le portèrent, l'entraînèrent hors des souterrains. Un sourire lui apparaissait à travers le brouillard. Une chevelure noir corbeau, des yeux blancs, l'odeur familière qui l'avait empêché de devenir encore plus fou. La chaleur de sa peau. Il se laissa aller. Ferma les yeux.
Quand il les rouvrit, il se trouvait dans un lit, allongé sur la surface moelleuse d'un matelas, sous des draps de soie. Ses muscles refusaient de lui répondre. Il ouvrit la bouche.

- Ylivia...
- Je suis là. Tu es libre.
- Ils reviendront. Ils me retrouveront. Promets-m...
- Non. Je ne te promets rien.
- Non... tu as raison... pardon... Tu ne dois pas mourir.

Il voulut se redresser, mais son corps le lui refusait. Il serra les dents.

- Mais eux, oui.
- ...
- Combien d'années nous ont-ils séparés ? Combien de scalpels, de produits, de seringues ? Je n'en peux plus, Yli. De payer pour un pouvoir que je n'ai pas choisi. Pour un crime qui n'est pas mien. Je ne suis pas responsable de cette magie. De sa mort.
- Je sais.
- Alors ils paieront. Leur monde souffrira. Je connais bien mes pouvoirs, maintenant. Aide-moi à m'asseoir...

Les mains s'appuyèrent contre son dos et accédèrent à sa demande, sans une parole.

- En ce jour du... quel jour on est ?
- Le premier avril 2020.
- ... Bien. En ce jour du premier avril 2020, le conteur quitta sa geôle d'acier et de poison. Ceux qui l'avaient punis, ceux qui l'avaient torturé, ceux qui avaient eu plus de chance que lui... tous les êtres magiques de ce monde, en dehors de lui et sa dulcinée, se virent arracher leur race et leur pouvoir, mélangés sans contrôle ni logique. Et lorsqu'ils ouvrirent les yeux, tout avait changé. Les dés avaient été lancés à nouveau, redistribuant les chances.

Un sourire malsain se dessina sur ses lèvres tandis que les mots s'échappaient, remodelant le monde.

- Le conteur se releva, sa force retrouvée, prêt à observer la vengeance que le monde lui offrait enfin.

Il poussa un soupir de soulagement en sentant l'énergie revenir dans ses muscles, son corps se lever. Il observa le monde par la fenêtre en souriant.
L'histoire pouvait commencer.