Pour un moment tranquille [ft Melody Lawford]

Une journée des plus longues et des moins stimulantes venait de toucher à sa fin pour mon plus grand plaisir. J'avais passé le plus clair de ma journée à écouter d'une oreille en gardant mon regard plongé dans le paysage que m'offrait ma place près de la fenêtre et l'autre partie à pianoter sur mon téléphone pour chasser l'ennui. Si une chose était nouvelle pour moi en dehors de mes pouvoirs et de mes écailles, c'était cette vie morne et sans rebondissement. Au revoir le planning chargé d'une mannequin et bonjour les heures à disserter sur le bonheur avec un prof' de philo peu convainquant. Si au moins il était beau garçon ou qu'il avait une voix à tomber mais même pas.. Enfin.. Certes, je maîtrise le temps alors il serait des plus simple, hypothétiquement, de raccourcir ces heures de tortures mais malheureusement je perdais beaucoup d'énergie à essayer d'avancer le temps. J'avais essayé aujourd'hui et j'étais lessivée. J'entrais dans ma chambre pour résoudre le souci par une petite sieste. Personne? Tant mieux. Je me jetais dans l'un des lits - je ne sais plus lequel est le mien - quand un mouvement et une sensation me fit comprendre que la chambre n'était peut-être pas si déserte.

La politesse et la logique voudrait que je descende de la demoiselle mais cette dernière ne semblait pas s'offusquer de ma présence. Peut-être qu'elle appréciait même que je vienne lui tenir compagnie? Je ne pouvais pas vraiment en juger. Hmmm coupons la poire en deux. Plutôt que de quitter le lit confortable ou de rester sur Edelweiss, je me laissais glisser près d'elle avant de jeter un regard à son visage. La pénombre m'empêchait d'être certaine de son état de sommeil : était-elle éveillée ou dormait-elle comme un loir?

-"Désolée.." glissais-je à voix basse sans pour autant me dérober aux draps.

J'avais prononcé ses excuses par pure politesse car je n'avais, du moins à mon avis, commis aucune chose qui mérite un pardon. Quitte à être dans cette situation, autant y mettre les formes. De toute manière, j'ai toujours fais de même avec ma sœur et cette dernière ne s'est jamais vraiment plainte d'être si proche de moi alors je ne vois pas où est le mal. Bon je ne dis pas que si la demoiselle se réveille ou que Nia entre, je resterais là. Il ne faudrait pas que les gens se méprennent sur mes intentions.

Deux certitudes venaient d'émerger des derniers instants : premièrement mon nouvel oreiller personnel venait de me faire part qu'il était éveillé, la seconde c'est que ce dernier ne semblait pas être offusqué de mon comportement. C'était un bon point. Offusquée ou pas, il y'avait de toute manière des chances que je ne me décroche pas de la demoiselle. Après tout, ce n'est pas juste : pourquoi son lit est plus confortable que le mien? C'est moi la princesse ici. Je crois même que j'ai déjà entendu Nia affirmer ce fait alors pourquoi dormirais-je sur un matelas moins moelleux? Je passais mes bras autour du cou de la demoiselle avant de me coller à celle-ci, mon front contre le sien. Weiss venait de passer du statut d'oreiller personnel à celui de doudou du jour. Une jolie promotion n'est-il pas? J'adressais un petit sourire tendre à ma colocataire avant de fermer les yeux.

-"Si ce n'est rien alors autant profiter de l'occasion non?"

Certes, l'attitude était cavalière d'autant plus en sachant que nous n'avions fait qu'échanger des banalités jusqu'alors mais si ce n'est rien.. ça a l'avantage de me rappeler un temps depuis longtemps révolu avec Naomi...

Je rouvrais les yeux en sentant la demoiselle se mettre en boule et prononcer quelques paroles désorganisées. Avais-je fait quelque chose de mal? Se pourrait-il que Weiss souffre de la température trop fraîche? Je ne pouvais voir que cette possibilité vu que la demoiselle m'avait donné, en quelque sorte, son consentement quelques instants plus tôt pour partager sa couche. J'écartais une mèche de cheveux du visage de ma colocataire avec un sourire. Plutôt jolie la demoiselle mais pas mon type.. Enfin là n'est pas la question.

-"Ce n'est rien.. ça arrive à chacune d'entre nous.." dis-je pour la rassurer.

Après tout n'est-ce pas courant qu'une fille - ou même un garçon - n'eusse froid. Il n'y avait rien de honteux à cela. En plus, j'avais la solution ultime : ma métamorphose avait pas mal d'inconvénients mais elle m'avait aussi doté d'une température corporelle plus élevé que la moyenne. Une parfaite petite bouillotte pour la demoiselle. Je la serrais un peu plus fort avant de lui murmurer quelques mots avec une douceur presque maternelle.

-"Ce genre de choses arrive alors n'en aie pas peur.."

Après tout, le froid n'est pas si terrible que ça.

Je penchais la tête avec un sourire alors que la demoiselle semblait se cramponner à mon débardeur. Ce n'était pas bien banale mais c'était plutôt mignon à vrai dire. Ça ne m'étonnerais pas qu'elle ne soit pas indifférente à mes charmes. Cette pensée me fit sourire un peu plus encore. Décidément, quel étrange premier contact. Un événement inattendue advint cependant. En effet, la Miss prononça quelques paroles dont le sens m'échapper. Ce n'était clairement pas de l'Anglais. Pas du français ou du japonais. Du Norvégien peut-être? Du draconique? Improbable. Personne ne parle le draconique mis à part moi et parler est un grand mot. Non ça devait être de l'Allemand  Oui j'avais la chance en tant que mannequin d'avoir visité de nombreuses villes étrangères telle que Paris, Tokyo, New-York, Milan, Berlin.. Cependant.. l'Allemand.. Argh... Ma connaissance de l'Allemand était des plus faibles. Je ne me voyais pas vraiment lui demander la signification de ses paroles alors il me fallait trouver un subterfuge pour lui faire comprendre que j'étais incapable de comprendre.

-"Ich liebe dich Weiss!" dis-je en tirant la langue et en lui adressant un clin d’œil.

Certes c'était la phrase la plus cliché possible mais ça devrait faire comprendre que je ne saisissais pas un traître mot d'Allemand.

Hmmm.. Il semblerait que je me sois trompée depuis le début sur les maux qui assaillaient ma camarade depuis le début de notre échange. Elle n'avait pas seulement froid. Il semblerait aussi que la demoiselle était en train d'endurer des migraines effroyables. Je ne voyais pas comment il pouvait en être autrement à en voir son expression. Que pouvais-je donc faire. Je n'eus cependant pas le temps d'y réfléchir que Weiss se mit à s'adresser à moi à nouveau. Un bon point mais l'allemand n'allait pas aider. Peut-être qu'elle avait oublié ce que je venais de lui signifier? Je ne pouvais pas trop lui en vouloir. Il me fallait cependant l'aider. Je l'enserrais un peu plus contre moi en caressant sa nuque de ma queue écailleuse pour la rassurer comme je le faisais de temps à autre avec Naomi lorsque le besoin s'imposer.

-"Ne t'en fais pas.. Je suis là je ne compte pas te laisser.." dis-je de ma voix la plus douce.

Je ne laisserais pas ma camarade dans un tel embarras ! Je resterais à son chevet jusqu'à ce qu'elle ne parvienne à s'endormir. C'est une promesse.

Un petit gémissement s'échappa des lèvres de mon interlocutrice. La pauvre.. Elle devait souffrir plus que je ne le pensais. Peut-être qu'elle expérimentait le même genre de mal qui m'avait cloué au lit pendant des jours? Le délai entre son arrivée et ses douleurs semblaient un gouffre incroyable mais peut-être.. Peut-être était-ce un nouveau stade de sa transformation qui venait de se manifester..? Un nouveau pouvoir qui s’éveillait? Je n'eus pas le loisir de formuler d'autres hypothèses que la demoiselle prononça quelques mots.

- "Je.. je ne peux supporter cela plus longtemps."

La pauvre.. Un élan de compassion me traversa devant l'expression mortifiée de Weiss. Je continuais de caresser sa nuque du bout des doigts cette fois avant de chasser ses mains et de rapprocher mon visage du sien.

-"Commençons par ça..." dis-je en fixant mon regard dans le sien.

Je pouvais sentir son souffle rapide alors que je m'approchais jusqu'à déposer sur son front bouillant l'empreinte de mes lèvres. Une fois ce sortilège curateur appliqué, je lui murmurais doucement en souriant.

-"Un bisou magique c'est toujours le meilleur des remèdes.. Tu veux que j'aille chercher de l'aspirine quand même?"