Situation amoureuse : Non, on n'est pas ENSEMBLE !
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Jeu 14 Mai - 13:27
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23/12/2019
Je suis plus fort qu'elle
« L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. »
"J'aimerais voir Héloïse à Noël, pour la famille". Ce sont les mots de ma mère. Ceux que je relis en boucle depuis que je suis arrivé à l'aéroport avec mon sac à dos. Je n'ai pas besoin d'emporter beaucoup de fringues, j'en ai laissé pas mal en France avant de partir pour Sin. Du coup, mon sac contenait principalement mes affaires de cours. Et je suis là, à attendre qu'ils annoncent l'embarquement, avec ce message que je n'arrive pas à me décrocher des yeux. J'aimerais voir Héloïse à Noël, dit-elle comme si Héloïse existait encore. Comme si elle avait existé un jour. Je serre le poing sur mon téléphone. Bien sûr, peu de personnes sont au courant dans la famille. On ne va pas crier sur tous les toits que sa "fille" a essayé de se suicider parce qu'elle est née dans le mauvais corps. Mais j'aurais voulu passer un noël tranquille. Après l'année que j'ai eue, après avoir hérité d'une faim morbide que je me refuse toujours à assouvir et qui me ronge de l'intérieur, j'aurais aimé pouvoir être moi-même. Peut-être que mon père lui tiendra tête, mais j'en doute. Jouer la comédie une journée pour faire plaisir à ma mère... ça ne peut pas faire de mal, hein ?
Pourtant je la sens. La colère qui se cache derrière le désespoir et la peur. Je lui en veux. je lui en veux tellement, à cette mère qui est incapable d'accepter qu'elle a trois fils et non deux, cette mère qui refuse de me voir tel que je suis. Je ne sais plus quoi faire pour qu'elle me comprenne. Un jour, je reviendrai chez elle avec un corps d'homme, un vrai, et si je n'arrive pas à la faire accepter avant... je ne suis pas sûr de supporter le choc dans ses yeux, de supporter le deuil qu'elle sera forcée de voir. Mais sa fille n'a jamais existé. Il faudra qu'elle le comprenne un jour. Sa fille était la main sur la lame qui tranchait dans mes poignets, sa fille est celle qui a failli me tuer. Je tire sur ma manche avec un soupir. Au fond, sa fille sera toujours là, dans mes cicatrices. Mais nulle part ailleurs.
Mon avion s'affiche pour les embarquements imminents et je me lève, rangeant enfin mon téléphone dans ma poche. J'appréhende un peu de revoir ma famille. Ça doit se voir sur mon visage, car la femme qui vérifie mon ticket et mon passeport m'adresse un petit sourire. "Ne vous en faites pas, ce n'est pas un long vol", dit-elle d'une voix apaisante. Sans doute pense-t-elle que j'ai peur de l'avion. Je peux comprendre, ça semble logique quand on voit un adolescent effrayé sur le point d'embarquer. Elle, elle a peur des souris et des insectes. Je frissonne. Le fait que cette information me semble évidente n'est qu'une preuve de plus qu'un monstre se tapit dans mon esprit. Un monstre que je dois garder enchaîné pendant tout mon séjour en France.
Comme elle l'a dit, ce n'est pas un long vol. Londres-Beauvais ça prend quoi ? une heure à peine. J’atterris là-bas avant d'avoir le temps de vraiment me préparer psychologiquement. je descend de l'avion avec mon sac à dos en serrant la bretelle de toutes mes forces. un message de mon père. "On t'attend ". On. Lui et ma mère ? Lui et mes frères ? J'inspire un grand coup avant de sortir et de les chercher du regard. J'ai à peine eu le temps de vaguement apercevoir le visage de David que je sens les bras de Julien passer autour de moi.
- Salut, petit frère. Dis donc, tu aurais pu le conduire un peu plus vite, cet avion, ça fait une demi-heure qu'on t'attends !
Je souris. C'est un de ses dons, ça : réussir à me faire sourire et à me retirer ma nervosité. Mon père et mon petit frère s'approchent. Je ne vois aucune trace de ma mère. Et j'ai beau ne pas le montrer, ça me fait un petit pincement au cœur.
- Ta mère n'a pas pu venir, elle travaille encore jusqu'à ce soir, dit aussitôt mon père comme s'il avait lu dans les pensées. Comment s'est passé le vol, Eli ? - Bien... c'était rapide.
Je le vois sourire et je l'imite timidement. Puis mon aîné me tape doucement sur l'épaule.
- Allez, tire pas la tronche, frangin. C'est noël.
Ça ne fait que me rappeler le message de maman mais je souris quand même. Ils n'y sont pour rien, je n'ai pas envie de leur imposer mes états d'âme. Je vais déjà devoir faire de mon mieux pour ne pas visualiser leur imagination ou sentir leurs peurs, je ne veux pas en plus les mettre mal à l'aise. Je sens déjà qu'ils s'inquiètent pour moi. Ils ont sans doute des tas de questions à me poser, Julien se demande sûrement pourquoi j'ai l'air aussi morose alors qu'il y a quelques jours, je disais que j'avais hâte de rentrer et de les revoir. C'est pour ça qu'il a cette pointe de peur fichée dans le cœur. Je la sens bien malgré moi et, rien que ça, ça m'oppresse. Mais si je souris, tout ira bien. Au moins jusqu'à demain...
- Allez les garçons. En route.
D'un signe de tête, mon père fait bouger notre petit groupe et on se retrouve tous dans la voiture, Julien devant et moi et David derrière. Comme d'habitude. Je serre les poings sur mes genoux avant de capter le regard de mon cadet et de les décrisper aussitôt. Je ne dois pas les inquiéter. Mais quand même... maman ne leur en a pas parlé ? Comment espère-t-elle qu'ils vont réagir, si je fais ce qu'elle demande..?
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Dernière édition par Elijah Desames le Mar 19 Mai - 20:37, édité 1 fois
Elijah Desames
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Situation amoureuse : Non, on n'est pas ENSEMBLE !
« L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. »
Le soir de noël... Jamais je n'ai autant redouté cette soirée. Jamais je n'ai eu autant l'impression d'être déguisé. Ce visage, cette tenue, tout ça... ce n'est pas moi. Je déglutis en observant le miroir. J'ai l'impression d'être revenu à mon premier jour à S'Indarë. Je n'ai pas pu m'empêcher de garder mon binder : je refuse d'avoir de la poitrine, peu importe à quel point ma mère veut que je ressemble à une fille. je ne pourrais pas le supporter. Me travestir est déjà assez difficile sans avoir ces stupides choses qui me servent de poitrine. Heureusement, l'absence d'autre fille dans la famille a empêché ma mère de me trouver des vêtements trop... trop. Je pense que je l'aurais tuée sur place si elle m'avait forcé à mettre une robe ou un machin décolleté. Au final, j'ai pu mettre une chemise. De fille, certes, mais ça reste mieux que ces horreurs à froufrous. Par contre... le maquillage, la tresse, les boucles d'oreilles... j'ai juste l'impression d'aller à une journée costumée, sauf qu'on ne m'a pas demandé mon avis sur le costume. Et je suis censé rester comme ça toute la soirée ?
Je ne peux pas m'empêcher de poser ma main sur le miroir. Je n'arrive pas à savoir si la personne que j'y vois ressemble à une fille plate, aux cheveux trop courts, irrémédiablement masculine ou, au contraire, à un garçon trop féminin pour retourner une image virile. Dans les deux cas, je ne supporte pas cette image. Le rouge à lèvre me donne envie de me mordre les lèvres pour l'arracher. Le fard à paupières me gratte, et j'ai envie de frotter ses stupides traits d'eye-liner. Pourquoi a-t-elle voulu que je sois à ce point "féminine" ? J'aurais pu juste venir en tant que fille qui n'aime pas le maquillage, non ? Ou peut-être qu'elle savait. Elle savait que j'allais aplatir ma poitrine et ne pas porter de robe, donc elle voulait que j'aie quelque chose qui fasse fille ? Je ne lui ai pas vraiment posé la question. Si je ne conteste pas cette décision, peut-être que je pourrais discuter calmement avec elle plus tard. Lui expliquer à quel point ça me fait mal, de me voir comme ça... Elle n'a pas compris la première fois, mais peut-être que cette fois...
- Les invités sont arrivés !
Je sens ma gorge qui se serre. Elle ne m'a pas appelé par ce prénom, mais je sais qu'elle finira par le faire. Que si elle a demandé à ce qu'Héloïse soit présente ce soir, c'est que c'est comme ça qu'elle va m'appeler. J'essuie mes yeux avec la manche de ma chemise. j'espère que son fichu maquillage est waterproof, parce que j'ai les yeux qui brûle, et je sais que ce n'est pas la faute du crayon. Ça ira aux invités, de croire qu'Héloïse a soudainement hérité d'une vessie fragile ? Parce que si je ne veux pas m'effondrer en larmes à table, il va falloir que je m’éclipse souvent. Calme-toi, Elijah... ça va bien se passer... ce n'est qu'une petite soirée. Une petite soirée dans la peau d'une autre... J'ai envie de vomir.
J'entends que tout le monde entre et s'installe ; il n'y a sûrement plus personne dans l'entrée. Tout le monde doit être en train de s'installer autour de la table pour boire un verre en attendant les prochains invités. Je n'ai pas envie de descendre... Mon lit me semble bien plus accueillant que ma famille, actuellement. Peut-être que je peux attendre que tout le monde soit là, rester recroquevillé dans ma chambre, et faire semblant d'être malade ? Ou peut-être que je peux juste prétendre que je n'ai pas entendu. À chaque fois que je relève les yeux, je vois ce miroir, et j'ai l'impression de mon prendre un coup de poing dans l'estomac. Ou un coup de poignard, peut-être.
- Tu descends, El ?
La voix de ma mère, encore, qui résonne dans l'escalier. Elle m'a appelé "El". Est-ce qu'elle a un peu conscience, au fond d'elle, qu'elle me fait souffrir ? Ou bien c'est parce qu'elle n'en a vraiment pas parlé à mon père et qu'elle préfère éviter qu'il ne comprenne avant ? Parce qu'il ne ferait pas un scandale devant la famille ? D'un côté... je doute que mon père ait envie de faire une dispute pour le réveillon de Noël alors... si je débarque comme ça, il se taira sûrement pour ce soir, pour n'être furieux que demain matin. Je crois que je vais m'arranger pour ne pas être là à ce moment là.
On frappe encore à la porte, puis une troisième fois. je pense que tout le monde est là. Jusqu'à quel point est-ce que je peux retarder ma descente des escaliers ? Probablement pas longtemps. Soupir... Je devrais y arriver, non ? Mais ça fait tellement longtemps que je n'ai pas dû porter ce visage, ce masque... Ce n'est qu'en la posant sur la poignée de la porte que je remarque que ma main tremble. L'idée de sortir comme ça me terrifie. Je tourne mon bras, faisant courir mon regard sur les cicatrices qui tranchent ma peau blanche. Si Héloïse n'avait jamais existé, je n'aurais jamais fait ça. Et aujourd'hui, on me demande de redevenir elle ? Combien de temps pourrais-je vraiment tenir avant que le couteau me fasse de l'œil..?
Je sors avant de devoir entendre à nouveau la voix de ma mère dans l'escalier. Tout le monde est en train de discuter calmement quand je pose mon pied dans la salle à manger. Ma tante ouvre la bouche pour me dire bonjour, mais un bruit sec l'interrompt. Le claquement du verre de mon frère sur la table.
- C'est quoi, ce bordel ?!
Je n'ai jamais vu autant de rage brûler dans son regard. Ses yeux verts parcourent notre famille. David et mon père, qui semblent tout aussi choqués que lui. Moi, qui doit sans doute ressembler à une souris rêvant de s'enfuir dans son trou. Ma mère, qui semble plus en colère de son comportement que choquée du mien. Il serre les dents.
- C'est toi qui lui a demandé de se pointer comme ça ?! Tu es sérieuse ? Tu as tant que ça envie de le voir mourir ?!
Tout en criant, il a tendu la main vers moi et je me fige. Je sens toute la peur qui émane de lui. il est terrifié à l'idée de me perdre, à l'idée qu'on me retrouve à nouveau baignant dans mon sang.
- Julien... C'est... c'est rien, calme-toi... - Rien ? RIEN ?! Ne la défend pas ! On s'est battus trop dur pour que tu puisses exister, je ne la laisserai pas tout foutre en l'air parce qu'elle n'accepte pas !
Le reste de la table est resté figé. Personne ne comprend, bien sûr. Personne ne sait qui je suis, au fond. Cela fait si longtemps, ils n'ont connu qu'Héloïse et, aujourd'hui, ils voient son grand frère hurler sans aucune raison juste en l'ayant aperçue. Comment pourraient-ils comprendre ? C'est mon oncle qui finit par prendre la parole.
- Je... Je ne sais pas trop ce qui se passe mais... Julien, si quelque chose te dérange avec ta sœur, peut-être que...
Il ne finit par sa phrase, foudroyé par le regard furieux de mon frère. Mais il ignore tout de ma situation et ça, Julien le sait. Alors il ne lui crie pas dessus. Au lieu de ça, il s'éloigne de la table en renversant rageusement sa chaise, puis il s'avance vers moi, me tire par le bras, et m'entraîne avec lui jusqu'à la salle de bain.
- On va t'enlever tout ça. - Ecoute, c'est... - Tu crois vraiment qu'après ça, elle va t'écouter ?
Dans le mille. Comment fait-il pour toujours lire dans mes pensées ? C'est pourtant moi qui ait ce genre de pouvoir, normalement...
- C'est toi qui va m'écouter, Elijah. Tu n'es plus un gamin. Tu as quinze ans, tu es un adolescent et, que je sache, tu es en voie pour devenir un homme. Si tu ne commences pas à rassembler un caractère maintenant, tu resteras le gosse qui se fait marcher sur les pieds par tout le monde. Et il est hors de question que ça arrive, tu comprends ?
Je déglutis. Il a l'air vraiment remonté, mais je sais que ce n'est pas contre moi. Je sursaute en voyant apparaître une silhouette qui me ressemble beaucoup trop, juste à côté de lui. Non... c'est moi mais... en plus carré, en plus âgé, en plus... homme. Je sens des larmes me monter aux yeux et je serre les poings pour les retenir. J'avais toujours pensé qu'il "jouait le jeu" simplement pour que je me sente bien mais que lui aussi, dans le fond, me voyait toujours un peu comme sa sœur. Mais visiblement.
-... Pardon... Ne fais pas cette tête, je ne voulais pas te blesser. Mais je n'en peux plus de te voir souffrir. Si tu m'en avais parlé plus tôt, j'aurais pu...
Je secoue la tête.
- Ce n'est pas ça c'est...
C'est ma voix, qui tremble comme ça ? J'ai l'impression d'avoir le visage mouillé. Ah... peut-être que je pleure, en fin de compte.
- Merci... - C'est à ça que sert la famille, idiot. Enfin, qu'elle est censé servir... Bon, allez, arrête de pleurer comme un môme et laisse-moi te retirer ces horreurs.
Il approche un coton imbibé du démaquillant de ma mère de mon visage et je ferme les yeux. Je crois que je n'ai jamais autant aimé mon frère qu'en cet instant. Ce moment où il m'a arraché de gré ou de force le masque que ma mère a essayé de me coller au visage. Je n'ai plus envie de protester. Il a raison, ça ne sert à rien que je défende ma mère. Si je continue de céder pour ne pas faire de vague, je resterai toujours Héloïse à ses yeux. Peut-être qu'il est temps que je m'endurcisse un peu... sans me perdre.
Julien finit par tapoter mon épaule pour me faire signe d'ouvrir les yeux et, là, je me reconnais. Le miroir me renvoie enfin le moi que j'ai pu être pleinement depuis que mes parents sont au courant.
- Bouge pas, je vais te chercher une chemise.
Je hoche simplement la tête, m'asseyant en silence sur un tabouret dans un coin de la pièce. C'est vrai que celle que je porte est un peu trop féminine. Alors que celle qu'il me tend en revenant fait plus... plus moi.
- Si tu la tâches, je t'étrangle.
Son haussement de sourcil amusé veut dire tout le contraire. Vous voulez un autre truc que j'aime chez mon frère ? Il reste là pendant que je retire cette chemise de fille pour enfiler celle qu'il m'a prêtée. Oui, ça paraît peut-être bizarre, mais c'est quelque chose qu'il ne faisait pas avec Héloïse alors qu'il l'a toujours fait avec David. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas envie de voir sa sœur torse nu, mais que ça ne le gêne pas vraiment pour un frère. S'il reste sans avoir l'air mal à l'aise, c'est qu'il me considère bien plus comme un garçon que je ne l'imaginais. Et rien que pour ça... Je sens mes bras se refermer autour de lui avant de réaliser ce que je fais et je l'entends rire, avant qu'il pose sa main sur ma tête.
- Allez, allez. Tu m'as déjà remercié, viens pas pleurer dans mes bras en plus.
Toujours aussi peu à l'aise avec l'affection, hein... Certaines choses ne changent jamais. Je me détache de lui avec un sourire.
- Pardon... Le début de soirée a été dur. - Je sais, je sais, je te taquine. Mais tu seras mieux comme ça. Ça va bien se passer. - ... - Allez. Rince-moi ce visage, tu es tout rouge, là. Efface tes larmes et allons leur présenter Elijah une bonne fois pour toutes. D'accord ?
Je déglutis. Je crois que c'est aussi dur pour moi que d'être Héloïse, affronter le jugement des autres. Surtout que je peux... voir leur imagination. Et s'ils me voient comme un monstre ? En même temps, vu la créature qui sommeille en moi, auraient-ils tort ? Je secoue la tête avant de l'asperger d'eau. Le croque-mitaine n'est pas un problème pour l'instant. La seule personne qui a peur ce soir, c'est moi... et je ne peux pas me nourrir des mes propres peurs. Je m'avance donc vers mon frère une fois qu'il a jugé que mon visage était présentable, et on retourne à la salle à manger ensemble. Présenter Elijah, hein...
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Dernière édition par Elijah Desames le Dim 13 Déc - 0:29, édité 1 fois
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Inscription le : 19/04/2019
Né(e) le : 12/03/2003
Age : 21
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Mar 19 Mai - 20:27
Rp Solo
25/12/2019
Je suis plus fort qu'elle
« L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. »
Noël a été... ce qu'il a été. Je dois au moins reconnaître à mes oncles et tantes qu'ils sont un peu comme mon père : ouverts d'esprit. J'en ai vu un grincer un peu des dents, mais il n'a rien dit. Sans doute que la crise de Julien un peu plus tôt leur avait coupé toute envie de jugement. Alors au final, la soirée s'est bien passée. Ma mère fulminait silencieusement, mon père lui lançait des regards qui signifiaient clairement qu'ils s'expliqueraient dès que je serai retourné en Angleterre, et on a parlé de choses qui n'avaient aucun rapport. Les cours de Julien, les miens, mon programme d'électronique avancée, l'équipe de foot de David, le spectacle de danse de ma cousine. Bref, des bavardages normaux dans une famille normale. Comme s'il n'y avait pas eu de drame cinq minutes plus tôt, comme s'ils ne devaient pas me regarder différemment. Eh bah, ça fait du bien. Heureusement qu'ils ne connaissent pas les autres raisons pour lesquelles ils devraient me voir autrement.
J'ai eu pas mal de choses pour Noël qui devraient me tenir occupé pour le reste de l'année scolaire. Des trucs à bidouiller, des films, un casque pour pouvoir enfin écouter de la musique dans ma chambre, une nouvelle caméra... bref le genre de choses que j'ai d'habitude. Et j'ai pu leur offrir quelques babioles de Londres en plus de leurs cadeaux de base. Le 25, c'est la famille de ma mère qui vient à la maison. Sa sœur, donc. Mais elle n'a pas pu venir cette année, à cause de problèmes avec son nouveau mec - la double-réservation ou ce sera le plus faible qui cédera à la famille de l'autre, pour faire simple - et on s'est donc retrouvés tous les cinq. Enfin... jusqu'à ce que je sorte. Il y avait un peu trop de tension pour moi, et je m'en sentais beaucoup trop responsable. Et c'est en marchant dans le quartier que je l'ai croisée. Elle. La pire personne que ce pays ait mis au monde.
- Tu es...
Ah. Elle m'a reconnu. Je me demande à quoi ressemble sa vie, depuis juin dernier. Quel effet a eu la bombe que j'ai lâchée ? Je devrais probablement regretter d'avoir été aussi brutal, mais je n'y arrive pas. Cette fille a beaucoup trop détruit ma vie pour qu'une part de moi ne jubile pas en imaginant la sienne s'effondrer. Mais je ne pensais pas la recroiser un jour. Peut-être est-ce pour ça que j'avais eu le courage de l'afficher devant tout le monde. Elle s'arrête devant moi pour m'empêcher de passer et je m'arrête pour la toiser. Je n'ai plus peur d'elle, même si ça me soûle profondément de devoir lever la tête pour la regarder. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle, elle ait des grandes jambes ?
- Qu'est-ce que tu fous là, toi ? T'étais pas en Angleterre ? - Je suis rentré pour Noël. - Oh, ils laissent les folles comme toi quitter l'asile pour voir leur famille ? C'est si gentil de leur part.
Je sens mon poing se serrer. Je crois que personne au monde n'a jamais été capable de m'énerver, à part elle. Qu'est-e qui m'énerve le plus ? Qu'elle me traite de cinglé, ou qu'elle l'ait dit au féminin ? A croire qu'elle est destiné à me faire me poser cette question. Il y a du plus, cela dit. La dernière fois que j'hésitais comme ça, c'était pour savoir ce qui m'avait fait le plus mal. Là, c'est pour savoir ce qui me donne le plus envie de lui coller une baffe.
- Je suis dans un programme pour jeunes talentueux. Tu sais, ce que tu n'es pas. Par contre, tu devrais songer à faire un tour à l'asile, toi. Tuer des chatons, c'est un truc de psychopathe, et tu as l'air de souffrir de pertes de mémoire.
Je n'ai jamais eu autant d'assurance. C'est fou comme la colère peut donner des ailes. J'ai trop donné sur les deux derniers jours. Julien a raison, j'en ai assez de me faire marcher sur les pieds, et certainement pas par elle. Je la regarde fulminer, et ça me fait un bien fou. Après tout le mal qu'elle m'a fait.
- Moi au moins, j'assume ce que je suis.
Je n'ai pas pu m'empêcher de ricaner.
- Toi ? Non. Sinon tu aurais dit à ta famille ce que tu avais fait et je n'aurais pas eu besoin de le faire pour toi.
C'est ça, crispe-toi. Essaye un peu de me frapper. Je vois que tu en meures d'envie. Je vois les silhouettes près de toi. M'étrangler, carrément ? Eh beh. Toujours aussi violente. Ça se voit, qu'elle ne sait pas quoi répondre, qu'elle n'arrive pas à ramener le sujet comme elle le voudrait. Elle veut me faire du mal, elle veut revoir mon visage détruit. Mais je ne lui ferai plus jamais ce plaisir.
- Tu aurais dû te tuer, ce jour-là. Au lieu de reposer la lame sur la table.
Elle a craché ça comme la pire des insultes qui existe et je ne lui retourne qu'un sourire, en croisant les bras.
- Certainement pas. Je suis plus fort que les monstres comme toi. - Comme moi ? C'est toi, le foutu monstre de foire. "Bouhouhou, je voulais une bite et pas des seins." T'es trop conne. Conne et pathétique. - Tu deviens déjà vulgaire par manque de répartie ? - Tu as tout foutu en l'air ! Toi et ta maladie de tordue ! Même pas foutue de garder ce genre de choses pour toi ! Tu avais promis de ne le dire à personne !
J'avoue, j'ai éclaté de rire. Vraiment, elle me reproche de n'avoir pas gardé son secret ? Elle ? Elle qui m'a arraché mon t-shirt au beau milieu d'un gymnase, elle qui a craché à la gueule de tout le monde que j'étais une fille ? Elle, elle ose ?
- C'est la meilleure, ça ! Parce que tu crois vraiment que faire des confidences à quelqu'un avant de l'humilier devant tout le monde et de le traîner dans la boue, ça incite les gens à tenir leurs promesses ? C'est peut-être pas des problèmes de mémoire que tu as, mais des problèmes d'intelligence. - J'essayais de te rendre service ! - A d'autres. Je suis pas comme toi, Camille, j'avale pas n'importe quoi. Et tu me feras pas croire ça.
Elle m'insulte, puis elle pleurniche. Bouhou, je suis tellement désolé, connasse, de pas avoir compris quel grand cœur tu as. Tu tues des animaux par jalousie et tu humilies les gens en public, merde, c'est une telle preuve de bonté ! Et c'est moi qu'elle traite de con. Qu'est-ce qu'il faut pas entendre.
- Venant de la nana qui prétend être un mec pour se taper des gonzesses, je trouve ça très ironique comme réplique.
Je la vois serrer les poings. Pourquoi la voir s'énerver est si agréable ? J'ai envie de voir son regard blessé, de trouver la chose ultime qui la fera craquer.
"Je peux t'aider."
Je tressaille. Elle a dû le voir, parce que je vois une lueur de confiance passer dans son regard, dans sa posture. Oh, Camille se redresse comme si elle était responsable de cette réaction de ma part ? Idiote. Je n'aime pas la voir reprendre confiance. J'ai voulu la détruire comme elle m'a détruit, elle. Et la voir sourire, la voir sereine comme si je n'avais été qu'une petite vaguelette dans sa vie, ça m'insupporte. Je veux qu'elle souffre. Plus que ça.
"Et j'ai faim." - C'était vraiment pour ça, alors ? Pff. T'aurais pu juste dire que t'étais lesbienne, au lieu d'essayer de berner tout le monde. T'es encore plus ridicule que ce que je pensais. - C'est toi, qui est ridicule.
J'ai l'impression que ma voix a changé. Elle a changé, non ? Sinon Camille n'aurait pas sursauté comme ça. Non... Elle ne mérite même pas que je l'appelle par son prénom. "L'autre pouffiasse", ça lui va mieux. Comment j'ai pu être ami avec une connasse pareille.
- Tu es ridicule, pathétique, et tu veux savoir le pire dans tout ça ?C'est que tu le sais.
Je m'avance vers elle et elle recule d'un pas. Tu as peur de moi, hein ? Tu as bien raison.
- Tu as peur, hein ? Que j'aie raison. Tu as peur d'être malade. Tu as peur de ne jamais pouvoir combler le vide dans ton âme. Tu as peur d'être dénuée d'émotions et de ne pas être humaine. Et bien tu veux que je te dise ? Tu as raison.
Je vois des lignes de fumée se serrer autour de sa gorge, à peine conscient que c'est moi qui les ai fait apparaître. Que mon corps s'est transformé. J'ai faim. Je la déteste. J'ai faim, je la hais de toute mon âme, et je veux lui faire mal. Aussi mal que ce qu'elle a pu me faire.
- Tu es une psychopathe. Combien de temps avant que quelqu'un ne meure par ta faute ? Tu en étais si proche, hein ? Mais est-ce que tu ressens le moindre remords ?
Ses yeux... ses yeux reflètent bien plus de terreur que ce que ma voix pourrait susciter. Je me demande ce qu'elle voit. je me demande à quel point c'est violent. Est-ce que c'est assez ? Je sens de l'énergie courir dans mes veines, mais... j'ai tellement... tellement faim...
- Le monde n'a pas besoin de toi. Peut-être que c'est toi qui devrait mourir, tu ne penses pas ? À qui une fille comme toi pourrait manquer ? Si tu restes en vie, tu seras toujours seule. Entourée de cadavres.
Je ne devrais pas faire ça, je le sais. Si l'école l'apprend, je risque d'avoir des problèmes. Mais c'est la première fois depuis des mois que je me sens aussi en forme. La première fois que j'ai l'impression de donner à mon corps ce qu'il me demande. De l'énergie. De la peur. Elle est terrorisée. Je l'entends dans sa respiration, je le vois dans ses yeux qui bougent follement dans tous les sens, dans la mèche en train de blanchir devant son visage. Mais plus que ça, je le sens. Je sens sa peur couler dans la fumée noire autour de moi, combler la faim dévorante qui ne m'a pas quitté depuis mon premier jour en Angleterre.
- Lave le sang sur tes mains. Car le tiens finira par être sur celles des autres.
Et puis d'un coup... d'un coup, plus rien. L'afflux d'énergie se coupe et je vois Camille s'effondrer au sol. Elle tremble. Elle tremble comme moi le jour où j'ai failli me trancher les veines pour de bon. Elle tremble comme moi le jour où la magie m'a mis face aux choses que je craignais le plus. Et même si je ne le contrôle pas, je sens que mes lèvres sont étirées. Le genre de sourire qui m'aurait donné la nausée sur le visage de quelqu'un d'autre. Je vois les cheveux qui ont blanchis, épars dans sa chevelure, et ça me fait un bien fou. Je lui ai fait mal. Bien plus mal que je n'aurais jamais pu le faire, bien plus mal que le jour où tout le monde a su ce qu'elle était. Bien plus que ce qu'elle m'a fait. Je ferme les yeux. Savoure le silence dans ma tête. L'absence de faim. L'énergie inédite qui coule dans mes veines. Il devrait y avoir plus de gens comme elle sur Terre. Ça ferait plus de personnes que je n'aurais aucun remord à utiliser comme nourriture...
- Tu ne te souviens pas encore de ce qui t'effraie. Pour l'instant. Mais tu finiras par retrouver tout ça. Et j'espère ce que jour-là, ta peur sera encore pire. Plus douloureuse, plus dévorante. J'espère qu'elle te rendra folle. Car tu mérites chaque minute, chaque seconde du cauchemar que tu viens de vivre.
Elle ne me répond pas. Elle est prostrée au sol, tremblante, probablement sans savoir pourquoi. On me l'a dit : mes victimes oublient leur pire peur après avoir croisé la route du croque-mitaine. Ils l'oublient un temps, du moins, avant qu'elle revienne, parfois identique, parfois pire encore. Mais elle va se relever de ce cauchemar. Comme moi le premier jour, elle va se lever, marcher normalement, sans se souvenir de ce qu'elle a vécu. Et puis un jour, quand je serai loin, elle s'en souviendra. Elle recommencera à avoir peur. Et avec un peu de chance, quand je la reverrai, elle sera à l'hôpital pour se remettre du traumatisme. Sinon... j'aurais sûrement faim à ce moment-là.
#A4CD27 Ⓒ Martel
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