Milkshake à l'embarras [Casey]

Ma famille arrive en Angleterre ce soir. Comme ils peuvent pas venir à S'Indarë pour des raisons évidentes - évitons l'invasion de bestioles bizarres en Normandie s'il vous plaît - je suis censé les retrouver demain matin dans l'appartement qu'ils ont loué en airbnb et passer la semaine en famille. Ils m'ont même pas dit combien de temps ils restaient, mais je suis content de les voir. Aujourd'hui, c'était ma remise des diplômes. Ca me fait bizarre... J'ai fini le lycée. J'ai survécu au lycée, même. Venir en Angleterre était vraiment une bonne décision, un nouveau départ. Bon, avec tous les trucs que j'ai récupérés au passage, je sais pas à quel point c'était un nouveau départ positif, mais on peut au mois noter que 1) mon traitement avance bien et j'ai pu le faire en même temps que la puberté des autres mecs donc j'ai pu me fondre facilement dans la masse et 2) je suis encore vivant. Si, si, vu mes antécédents et tout ce qui nous est tombé dessus depuis mon arrivée dans l'école, ça compte comme un truc notable.

Pour fêter mon diplôme et un peu parce qu'elle a beaucoup insisté et que je sais que je pourrais moins l'aider pour ses cours l'année prochaine, j'ai accepté de passer mon dernier après-midi de liberté avec Casey. Oui, j'exagère, tout à fait, mais connaissant mes frères, ils vont me coller un bon moment et je vais passer de prof particulier à guide touristique sans transition. On s'est donc baladés un peu au nord de Londres, et on a fini par trouver un café où se poser. J'ai pris un milkshake à la fraise, par habitude et par réflexe. Il y en a toujours, au moins c'est une valeur sûre.

Voilà, donc tout aurait pu se passer très bien, j'aurais pu enchaîner ma remise des diplômes, une aprem tranquille, une dernière nuit tranquille à S'Indarë, puis emménager un moment avec ma famille avant de déménager à l'université mais non. Dans ce monde, il y a une force à laquelle certaines personnes croient et d'autres non : le destin. Et bien s'il existe, le destin me déteste.

- Elijah ?

Je me tourne un peu trop vite et je manque de m'étouffer avec ma gorgée. Je reconnais la voix de mon frère entre mille. Déjà parce que c'est le seul qui prononce mon prénom à la française, ensuite parce que j'ai entendu cette voix toute ma vie - enfin, toute ma vie depuis qu'il a mué, plutôt - et surtout parce que je le vois en plus de l'entendre. Qu'est-ce qu'il fait là ? Qu'est-ce qu'il font là, plutôt, parce qu'il y a David avec lui. Aucune trace de mes parents, par contre. J'arrive pas à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise chose. D'un côté ça veut dire que ma mère va pas m'appeler "elle" par erreur, mais de l'autre ça veut dire que mes frères sont en roue libre.

- Eh salut ! On te dérange ? T'es en rencard ?

Voilà. Voilà pourquoi il faut pas qu'ils soient en roue libre. Heureusement qu'ils parlent en français et que Casey comprend pas si bien la langue que ça... Mais quand même ! En plus évidemment je dois déjà être rouge comme pas possible. Urg.

- Pas du tout ! C'este une amie de l'école.
- Oooh. Bonjour, jolie blonde. Je suis David, le haut frère d'Elijah.

Ouaiiis, c'est pas le bon mot mais bien tenté.

- ... qui parle toujours aussi mal anglais.
- Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous faites là...?

C'est vraiment la coïncidence la plus insupportable de l'histoire des coïncidences.

Bon, d'accord, j'aime pas me moquer des gens, mais le commentaire de Casey est juste trop… Je peux pas m'empêcher de rire et mon frère aîné fait de même – il n'y a que David pour bouder, forcément. En même temps c'est le premier concerné.

- Ha ha ha ha ha. C'est vrai ça, David, tu mesures combien ? Si tu es si haut !

Et il repart de plus belle. Bon, je crois que Casey a cassé mon frère. Est-ce qu'il va s'en remettre ? J'ai pas envie qu'il pioche dans mon milkshake s'il s'étouffe en rigolant. Plus Julien rigole, plus David fait la tronche ; finalement, il parvient à calmer son fou rire en essuyant une larme au coin de son œil.

- Pardon, pardon. Moi c'est Julian.
- JuliAn ?
- Eh, contrairement à vous, j'ai pas eu la chance d'avoir un prénom double-langue, laisse moi angliciser mon nom, I-laï-dja.

Il insiste à mort sur la prononciation anglaise des syllabes, d'accord, j'ai compris. Julian, donc. C'est vrai que prononcer son nom à la française dans une phrase en anglais, ça ferait un peu bizarre. Au moins, elle a pas compris le mot "rencard", et pendant que Julien se moque de ce genre de trucs, il reprend pas la blague de David. Qui boude toujours, d'ailleurs.

- Pour répondre à ta question, petit frère, David a voulu se défiler pour vider les valises, donc on a laissés les parents tous seuls comme des lâches.

Je hausse un sourcil. Ouais, en gros ils ont voulu faire du tourisme et il a fallu qu'ils tombent sur moi par le plus grand des hasards. Je suis pas croyant mais s'il y a un dieu quelque part, il a juste décidé de me lancer des petits cailloux pour voir à quel moment je m'énerve, c'est pas possible.

- Et donc… Casey, c'est ça ? Tu es dans la classe d'Elijah ?

C'est marrant comme là, d'un coup, David a l'air plus intéressé. Il lui fait de l’œil ou je rêve ? Bon, c'est vrai qu'il l'a appelée "jolie blonde", mais il est pas en train de la draguer, quand même, si ?
Non, il ferait pas ça. Il est en Angleterre que pour quelques semaines, il attendra de rentrer en France pour réessayer de jouer les charmeurs avec une fille. Toute façon il se prend des râteaux tous les deux jours.

Elle a l'air tellement perdue. Si, si, je connais sa tête quand elle est perdue et là, elle est perdue. La pauvre, tomber sur mes deux frères en même temps c'est clairement pas la chose la plus facile à vivre du monde, surtout quand un des deux galère à s'exprimer dans sa langue. D'ailleurs est-ce qu'il… oui, toujours. Il finira bien par retrouver le sourire.

Je vois Julien – pardon, JuliAn – hausser un sourcil et esquisser un petit sourire en coin quand Casey lui répond. Je n'aime vraiment pas quand il fait cette tête. La plupart du temps, c'est parce qu'il comprend ou analyse des trucs dans les phrases des autres et c'est jamais bon signe.

- J'imagine qu'il va beaucoup te manquer.

…
……
Je.
Le.
Déteste.
Il sait, il SAIT que ça va me faire rougir, ce genre de sous-entendu. Il le fait exprès alors que c'est même pas à moi qu'il parle ! Je baisse la tête en me cachant dans mon milkshake. Pitié, Casey, pitié ne répond pas à cette question. Quelle que soit ta réponse, c'est un piège ! Il fait toujours ça. Pourquoi il fait toujours ça.

- Oui. Le petit blond qui fait la tronche étudie la musique. Et moi…
- L'anglais, c'est pour ça qu'il se la pète.

Wow, il a réussi à utiliser une expression. Comme quoi, il s'améliore un peu quand même, finalement. Même Julien a l'air surpris de l'entendre parler comme ça. Avec la qualité des cours en France, on apprend plutôt des expressions que personne de moins de 80 ans n'utilise.

- Quoi, je l'ai entendu dans une série.

Il hausse les épaules mais il n'a plus l'air de bouder, c'est déjà pas mal. Il est même plutôt reparti à zyeuter Casey sous tous les angles. C'est insupportable, ce genre de manie.

- Mais si vous êtes pas dans la même classe, vous vous êtes rencontrés comment ? Pour en arriver à sortir ensemble le jour de sa remise des diplômes, vous devez vous connaître depuis un moment quand même.

Nan mais il a fait exprès de choisir ce mot, on est d'accord. "Sortir ensemble", le double-sens, tout ça. Je viens de dire que c'était pas un rencard, bordel ! Pourquoi tout le monde pense toujours que c'est un rencard ?

- Un problème, petit frère ?

Non. Pas de problème. Juste, tais-toi, s'il te plaît.

Pourquoi, pourquoi, POURQUOI elle a répondu ça comme ça ! Casey, comment tu peux être aussi… aussi aveugle ? Rah même moi qui ai la réputation d'être super naïf je l'avais vue venir, la question piège, et elle s'est jetée en plein dedans. J'ai envie de me rouler en boule sous la table. David a une main sur la bouche et ça se voit qu'il se retient de rire. Julien, lui, a juste écarquillé les yeux et ils pétillent beaucoup trop. Il est très fier de lui, ouais, tu m'étonnes. Il finit par se mordre la lèvre sans répondre et s'engouffre comme si de rien n'était dans le sujet de l'université. Mais je le connais, il va pas en rester là. Surtout que je suis sûrement plus rouge que jamais, là. Je vais faire une syncope.

Elle parle beaucoup trop calmement. Je sais qu'elle ne connaît pas mes frères mais elle a vraiment pas remarqué leur manège ? C'est possible ? Faut croire que non, parce qu'elle parle avec le plus grand des calmes. Et évidemment, fallait que la matière dans laquelle je l'ai aidée, ça soit…

- En biologie, hein…

Tais-toi, taisez-vous tous les deux. C'était bien la peine de donner des cours de social si c'était pour qu'elle plonge la tête la première dans les pièges de Julien. Je me recroqueville sur ma chaise en serrant mon milkshake jusqu'à ce que Julien se tourne vers moi avec sa question. Et Casey qui enchaîne.

- Oui, oui, oui ça va. Ça va.

Crédibilité -10 000, mais aaah ! Je peux pas rester neutre et calme alors qu'ils s'amusent à poser des questions avec des sous-entendus exprès pour tester ses réactions et continuer leurs blagues.

- T'as l'air quand même très, très rouge. C'est la fraise qui te monte à la tête ?

Je lui lance un regard noir et il ricane. Évidemment. Il s'est déjà fait tout son film dans sa tête, de toute façon.

- J'ai juste dit que vous étiez ensemble pour un café, ne t'inquiète pas, je sous-entends pas que vous êtes en couple.

Tu PARLES.

- Enfin sauf si vous voulez l'être, bien sûr.
- Tais-toi…

C'était à peine marmonné mais il m'a entendu. Est-ce que je peux changer de frères ? C'est pour un échange instantané avant qu'ils arrivent à faire surchauffer mon cerveau.

S'ils arrêtaient de me regarder pour me dire que je rougis, ça serait pas mal aussi. J'aurais moins l'impression d'être une tomate ambulante et je pourrais perdre un peu des couleurs.

- Je vous dis que ça va…

S'il vous plaît, arrêtez de me poser la question et arrêtez de me fixer. J'ajouterais bien "arrêtez de parler" parce que Julien est très insistant, mais je devrais avoir l'habitude à force. Que ce soit pour lui et ses questions gênantes, ou pour elle et ses réponses trop franches. C'est le pire combo de toute l'histoire, qu'on vient de me faire, là.

Je vois Julien tiquer, encore. Qu'est-ce qu'elle a dit, cette fois ? Pourquoi il fait cette tête ? Pourquoi ? J'aimerais tellement pouvoir lire dans ses pensées et savoir ce qu'il s'imagine…
Eh, une seconde.

- Mais non, mais non. Je suis juste curieux. C'est pas tous les jours qu'on voit Elijah avec une fille.

C'est normal j'avais pas d'amis avant espèce de frère lourd ! Bon, concentre-toi. Je peux peut-être voir exactement ce qu'il a en tête. J'aurais pas de mots parce que je peux pas littéralement voir dans les pensées mais vu comme il est organisé, si ça se trouve, je le verrai avec un tableau plein de punaises, d'images et de fils reliés entre eux comme les complotistes avec les aliens.
Enfin pour l'instant, tout ce que je vois c'est son petit sourire en coin de mec beaucoup trop content de lui.

- Mais c'est bien qu'il se fasse des amis. Tu as l'air d'une chic fille, en plus.

Je finis par détourner les yeux en réprimant un soupir. Soit il a l'imagination totalement vide, soit j'ai pas réussi à faire fonctionner mon pouvoir, mais je vois rien de spécial. Enfin si. SI. Mais ça c'est pas Julien, c'est David. Parce que Julien s'amuse à essayer de nous mettre ensemble pour une raison qui m'échappe. David, lui, il essaye surtout de s'imaginer à quoi elle ressemble sous son uniforme.
Bordel j'ai pas envie de voir ça !

- David, tu peux arrêter deux minutes de mater ma Casey ?!

…
J'ai dit quoi, là ? Non. Non non, c'était un lapsus, j'ai voulu dire "ma pote" et "Casey" en même temps et ma langue a fourché ! Vu le regard que Julien me lance, il est clairement pas passé à côté de ça. Même David me fixe avec de grands yeux.
Tuez-moi pitié.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Ça l'amuse. Ça l'amuse beaucoup trop. Il sourit comme un gamin à qui on vient de dire qu'il pouvait manger tous ses bonbons d'Halloween en une soirée.

Ah, elle a réussi à les surprendre en parlant de flics. Oui, forcément, comme ils ont pas posé de questions autres que "est-ce que vous êtes enseeeemble ?" ils ne savent pas l'essentiel, à savoir que Casey est une cleptomane de compétition. Mais bon, évidemment, il fallait que j'ai l'idée idiote d'utiliser mon pouvoir pour essayer de savoir ce que Julien avait en tête en oubliant totalement que David était aussi à table et que je maîtrise pas du tout ce truc. Et il fallait que je fasse un lapsus – faut dire que voir Casey en soutien-gorge faisait pas vraiment partie de mes plans de la journée. Ni de mes plans de jamais, d'ailleurs. Foutu frère.
Mais sérieusement, pourquoi j'ai dit ça ?
Faut qu'elle le répète, en plus. Ça les fait bien marrer, tous les deux.

- C'est… j'ai rien dit, ma langue a fourché c'est tout !
- Lapsus révélateur ~
- Pas du tout ! C'est toi qui arrête pas de la reluquer et de l'imaginer sans ses fringues !
- Quoi ? Pas du tout !
- Je le SAIS. Fais pas genre !

Je sens la main de Julien se poser sur la mienne, et il me faut au moins ça pour me rendre compte que je me suis énervé et que j'étais en train de me raidir sur ma chaise, prêt à me lever. Même David me regarde avec des yeux surpris. C'est pas mon genre de me mettre en colère comme ça. C'est le malaise, c'est tout. Trop de gêne d'un coup, je savais plus quoi en faire et j'ai surchauffé.

- Eh, eh, calme-toi.

Je vois quelques trucs qui lui passent par la tête et je soupire en me rinstallant correctement sur ma chaise et en secouant doucement la tête. Non, c'est pas la testostérone qui fait ça, c'est juste le surplus de stress, pas la peine qu'il s'inquiète.

- Ça va, ça va. Désolé…

Respire. Ça sert à rien de s'énerver pour si peu, surtout qu'il peut pas comprendre pourquoi ça m'a autant mis mal à l'aise : ils sont pas au courant que je peux littéralement voir leur imagination.

Je viens de totalement exposer mon frère. Je pourrais dire que je suis désolé, mais d'un côté, il l'a cherché. Quelle idée de s'imaginer des trucs pareils en public, déjà ! Qu'il drague c'est une chose – énervante ok, mai ça va – mais ÇA ? Non, il le mérite au moins un peu. Mais vu comment il fait la tronche, ça a pas dû lui plaire de s'être fait cramer comme ça.

- Mais j'ai rien fait !

Sauf qu'elle sait. Elle sait comment fonctionne mon pouvoir donc elle sait que si j'ai dit ça, c'est pas pour rien. J'espère juste qu'elle réalise pas que du coup, j'ai vu certaines choses parce que… Ok. Non, non, on y pense pas, c'est pas le moment d'accorder mon imagination à celle de mon frère si je veux retrouver une couleur cohérente.

- Est-ce que… Est-ce que tu peux éviter de répéter cette phrase ?

Hors de question que je lui traduise – surtout le "ma". Ça m'arrange très bien qu'elle n'ait pas compris, je vais pas me tirer une balle dans le pied et lui expliquer ! Julien a l'air de se remettre un peu du choc de m'avoir vu autant en colère pour ce qui, de l'extérieur, a l'air de rien, mais j'espère vraiment qu'il va rien dire.

- Il lui a demandé d'arrêter de te mater, si tu veux la traduction littérale.

… Merci. Je pense que j'ai eu mon compte de blagues tendancieuses pour la journée, mais Julien n'est pas méchant. Un peu lourd, parfois, mais il sait s'arrêter. David, par contre…

- Il l'a pas parlé comme ça.

J'arrive pas à savoir s'il veut reprendre les blagues ou s'il fait juste ça pour se venger que je l'ai "dénoncé" devant tout le monde. Il est un peu susceptible, parfois, et un peu rancunier, donc les deux sont possibles.

- David…
- Il a parlé "ma" Casey.

Même Julien lui jette un regard noir, mais David se contente de tourner la tête avec une expression boudeuse. Super. Super, je fais quoi maintenant ? Comment je justifie ça ? C'était juste un lapsus entre deux expressions, c'est tout.

- J'ai juste confondu deux phrases, comme si ça t'arrivait jamais.

Il vient de dire "parler" à la place de "dire", donc déjà…

Mes frères sont la définition même du terme "famille insupportable". Après julien qui s'amusait à me taquiner, il faut que David se venge parce qu'il a pas aimé que je dise qu'il la reluquait. S'il voulait pas se faire prendre, fallait juste pas le faire ! Enfin, si ça se trouve, il l'imaginait juste sans même la regarder, et c'est pour ça qu'il se sent aussi injustement accusé. Je me suis énervé sans même vérifier s'il regardait ou si c'était juste son imagination qui faisait des siennes.

Casey a l'air perdue. C'est tellement rare de la voir rougir que la moitié du temps, j'oublie que c'est possible. Elle aussi, maintenant, elle est rouge comme une tomate. C'est… perturbant. Tout ça à cause d'un lapsus. Sauf qu'elle dit quelque chose qui me fige un peu sur place – au point que j'oublie le regard et le sourire discrètement amusés de Julien quand elle a commencé à bafouiller.

Jaloux. Est-ce que j'étais jaloux ? Non, bien sûr que non, pourquoi j'aurais été jaloux ? Je trouve juste ça irrespectueux de la part de mon frère d'avoir ce genre de pensée alors qu'elle est juste en face de lui et qu'elle lui parle. Je baisse les yeux vers mes pieds. Jaloux… Non… C'est juste… c'était juste un lapsus, c'est tout. Je voulait dire "ma pote" et "Casey" en même temps et mon cerveau a mélangé. Ça arrive tout le temps à tout le monde. Justement elle l'a bien dit : je suis pas jaloux. Aucune raison de l'être, c'est mon amie.
Pourtant c'est difficile d'ignorer que je m'énerve pas si facilement d'habitude…

Non. Non, c'était juste une question de respect, et parce que j'étais hyper mal à l'aise de l'avoir vue comme ça, c'est tout. On ne mate pas les gens, encore moins en public, encore moins avec une imagination aussi visuelle que celle de mon frère.

- Je… crois que je vais rentrer…

Je n'ai pas envie de réfléchir, mais il s'est passé trop de trucs. J'arrive pas à assimiler, et j'ai besoin de m'éloigner du petit sourire de mes frères pour remettre mes pensées en ordre sans pouvoir deviner ce qu'ils pensent – pas besoin de pouvoir pour ça, ils ont rendu leurs idées assez claires.

- Ça va pas ?
- … Si… ça va mais… je suis fatigué…

J'ai même pas fini mon pauvre milkshake, mais tout ça, c'est trop pour moi…