Si elle pouvait m'aimer (PV Nia)

Je ne m'attendais pas à sa réaction après mon petit discours. Non seulement je la voyais les larmes aux yeux mais en plus j'eus carrément droit à un baiser. Mon cerveau se transforma rapidement en champ de bataille tant les pensées se bousculaient. Elle me parlait d'une fille, je lui disais clairement qu'elle était une amie et pourtant, elle m'embrassait quand même ?! Elle n'était pas censée faire ça à la personne aimée ? Je ne comprenais plus rien. Je dus tout de même mettre fin afin d'éviter d'aller trop loin.

- A-Attends Melo...on ne devrait pas faire ça alors que t'es amoureuse d'une autre.

Je pourrais me dire que j'étais l'élue mais je n'en fis rien. Par réflexe pour ma propre protection, je ne me faisais jamais d'illusion sur des sujets comme celui-là. Ca m'évitait de faux espoirs qui se briseraient par la suite. J'en avais assez eu avec mes parents, je ne voulais pas renouveler l'expérience. Je devais donc garder mes « barrières » intactes pour protéger mon coeur, mon esprit et mon âme. Ca m'évitait aussi de donner de faux espoirs aux autres. Je ne pensais pas avoir l'option « amour » alors je préférais ne pas pousser le bouchon trop loin sur ce terrain-là. Je ferais trop de mal au monde qui m'entourait, ce n'était pas mon but. Je voulais juste profiter de ma vie, peu importe la manière pour cela.

Melody n'était vraiment pas dans son état normal. Elle me disait être amoureuse d'une fille, elle ne savait plus comment réagir, elle m'embrassait et dieu sait ce qu'elle risquait encore de faire. Je lui mis tout de même une limite parce que même si le baiser était agréable, ça me semblait logique qu'elle ne s'éparpille pas si elle avait des sentiments pour une autre. De plus je n'avais pas trop envie de n'être qu'un lot de consolation pour qui que ce soit. J'avais l'habitude d'être traitée comme un objet mais j'avais aussi mes limites.

- Euh...je...

Est-ce qu'elle parlait d'aimer dans le sens être amoureuse ou de l'aimer dans le sens apprécier ? Je détestais vraiment ce verbe. Il était trop vague. Pour le coup, je la regardais sans savoir quoi répondre. J'étais perdue dans mes songes, essayant de décrypter dans quel sens elle voulait que je l'aime. Un décodeur n'aurait pas été de refus. C'est comme si elle m'avait parlé dans une autre langue.

- Je t'apprécie beaucoup Melo. Peu importe qu'il y ait des lendemains ou non, ça ne changera pas ce fait.

Ce n'était peut-être pas ce qu'elle voulait entendre, je sais pas. Et ce n'était sans doute pas la meilleure façon de lui dire les choses mais je n'avais jamais prétendu être douée pour ça.

Je n'avais pas la moindre idée si mes mots étaient ce qu'elle voulait entendre ou non. Je n'avais non plus aucune idée si je venais de lui briser un espoir ou de la rassurer. Pourtant ces paroles maladroites étaient sincères. Peu importe qu'elle ait un caractère compliqué, qu'elle ne soit pas fichue d'être honnête avec elle-même, qu'elle ressemble parfois à une pimbêche casse-couille,... Au fond elle n'était pas si chiante et c'est pour ça que je l'appréciais.

La suite me surprit. Je savais que Melody avait un bon fond mais je ne m'attendais pas à la voir aussi...docile. Elle se lovait contre moi et ressemblait vraiment à une fille à la recherche d'une aide. Un coup de main que je n'étais pas sûre de pouvoir donner. Le plus surprenant était de la voir s'endormir peu à peu.

- Promis, je reste avec toi.

Après un bref instant d'hésitation, je la serrai gentiment dans mes bras. Ce geste me rassurait et m'apaisait quand mon frère le faisait. Peut-être que ça fonctionnerait aussi sur Melody. Je repensai à un autre geste que j'appréciais dans les moments de tendresse. Je me mis alors à caresser doucement les cheveux de ma colocataire.

- Tu devrais te reposer Melo.

Elle pouvait se rassurer. Je ne dirais à personne que j'ai vu cet instant de faiblesse. Elle montrait rarement ses différents états émotionnels. J'avais un privilège, je comptais bien le garder pour moi.