Tu me manques ... [Weiss]

Léandre leva les yeux un instant, réfléchissant a ce qui pourrait être intéressant pour tout les deux. Edelweiss disait bien aimer lorsqu'il jouait de la musique mais si lui pouvait passer des heures à gratter sur les cordes, il se doutait que ce n'était pas vraiment passionnant pour sa partenaire. Elle se plairait mieux à changer de lieux pour avoir différents clichés, même si les photographe pouvait rester dans un endroit pendant plusieurs heures pour capter Le Moment. L'Instant qui ferait que la photo sera belle et unique.

_On pourrait ... longer la Tamise ou ...

Le regard du jeune homme descendit vers celui d'Edelweiss avant qu'il ne passe une main sur sa nuque, grattant inconsciemment son cristal. C'était délicat comme situation. Ce qui l'intéressait le plus était simplement d'être avec la demoiselle et lui faire plaisir.
Léandre se rapprocha légèrement de la demoiselle, lui demandant presque timidement :

_Ou je pourrais te montrer un des endroits où j'aime bien me réfugier ? Peut-être que tu l'aimeras aussi.

Le jardin secret du jeune homme allait se réduire, mais si c'était elle, alors il acceptait avoir joie de l'ouvrir

Léandre eut un sourire presque aussi timide que sa question avant d'avoir un léger geste de la main vers sa partenaire, mais se ravisa rapidement, remettant son bras le long de son corps. Il avait faillis lui prendre le poignet par réflexe, comme un enfant pressé de montrer quelque chose d'important pour lui. Au fond de son être se battait nombre de sentiments ; la peur qu'elle n'apprécie pas cet endroit, l’embarras de sa proposition, le stresse de vouloir bien faire. Mais surtout la joie qu'elle ait accepté.

Silencieux, Léandre se mit sur le coté et eut un geste courtois de la main pour l'inviter à avancer pour se rendre au lieu dit, il se mit à marcher lorsqu'elle fut à sa hauteur. Il allait l'emmener à l'endroit d'où il venait. Depuis qu'il l'avait découvert, il y avait toujours trouvé plus d'oiseaux que d'êtres humains et les quelques passants respectaient un périmètre d'espace vital très apprécié pour un finlandais.

Ils arrivèrent rapidement devant le portail du grand parc. L'espace vert comprenait beaucoup d'arbre où il était bon de s'abriter en été et que l'automne rendait simplement magnifique, surtout lorsque les feuilles de milles couleurs se reflétaient à travers l'étant au centre du parc où des familles de canards traversaient. L'espace avait quelque chose de paisible puisque les bruits citadins disparaissaient, ne laissant que la nature dominer alors qu'ils étaient toujours à Londres. Léandre avait presque l'impression que le parfum familier des arbres le ramenait en Finlande.

_Bienvenue de l'autre coté du portail, mademoiselle.

Léandre regarda un instant Edelweiss dans son élément. Sa façon de se tenir, sa façon de tenir son appareil photo, celle de capter l'instant. Debout devant un feuille aux milles couleurs par une brise qui soulevait légèrement ses cheveux et le bas de sa robe pour les faire danser au rythme du chant des arbres.
Comment ne pas être sous le charme ?

Le jeune homme reprit ses esprits pour s'asseoir au pied de l'arbre. L'herbe était fraîche mais pas humide, leur vêtement de craignaient rien, bien qu'il en doutait avec le blanc immaculé de la robe de son amie. Alors, la muse retira sa veste et l'étala sur le sol au cas où la demoiselle voudrait s'asseoir également. Il sortit sa guitare de son étui et pinça les codes au hasard, faisant toujours un son mélodieux grâce à ses facultés de muse. Inconsciemment, il se mit à jouer "Ce rêve bleu", le regard légèrement perdue sur le lac où les reflets d'automnes semblaient le rendre magique.


Lorsque la musique prit fin, Léandre régla sa guitare en sortant son téléphone pour trouver les accords d'une chanson qui venait de lui traverser l'esprit. Il leva tout de même la tête vers Edelweiss puis Juwelen.

_Il a l'air de bien s'amuser.

Léandre se mit à sourire. Entendre ces mots lui faisait réellement plaisir.

_Il y a quelque chose d'amusant que j'ai appris à faire. Mais tu devrais plutôt te mettre à coté de moi.

Léandre insista pour qu'Edelweiss se mette ici. Il n'était déjà pas sûr de lui, il fallait mettre toute les chances de leur coté. Léandre respira doucement avant de jouer une mélodie inconnue. Il avait essayé de retranscrire la musique des muses lorsqu'il s'était transformé. Evidemment, celle des muses relevait du divin et une simple guitare ne pouvait pas égaler la beauté de cette symphonie, mais elle était réellement mélodieuse.

Léandre se concentrait plus que d'habitude et son catalyseur de mit à briller violemment, certainement grâce à la présence de sa partenaire. Sa guitare prit une lueur blanchâtre avant qu'une poignée d'oiseaux de différentes races ne viennent se poser devant eux pour les regarder singulièrement, hypnotisés par la mélodie de Léandre. Généralement ils mettaient plus de temps à venir, certainement que son pouvoir était plus efficace grâce à Edelweiss. Il sourit sincèrement devant les êtres ailés et se mit à fredonner sur la musique. Les oiseaux, eux, se mirent a gazouiller en choeur avec Léandre.

Le spectacle dura quelques minutes avant que la chanson ne se termine. Léandre lâcha un soupire de fatigue en posant sa main sur les cordes pour arrêter le dernier accord, avant que les volatiles ne s'envolent, les feuilles sous leurs pattes virevoltèrent avec eux quelques instants. Il les regarda disparaitre dans le ciel.

_Je ne tiens pas aussi longtemps d'habitude.

Léandre prit la main d'Edelweiss dans la sienne pour capter son attention. Le soin était fait mais tout de même ...

_Tu n'avais pas à faire ça. Je n'ai pas mal quand j'utilise mes pouvoirs.

Léandre se perdit dans le regard de pluie d'Edelweiss, sa main enveloppant toujours celle délicate de sa partenaire. Il serra doucement sa prise comme s'il ne voulait pas la lâcher alors que son coeur se mit à battre plus fortement dans sa poitrine.
Etait-ce mal si ... s'il gardait sa main dans la sienne ? ...

Oui.
C'était mal.

Léandre lâcha doucement la main de la demoiselle après l'avoir écarté de son torse. Il n'avait pas pour but de lui faire croire des choses, aussi vrai soit-elle, puiqu'elle n'était pas un coeur à prendre.
Malgré tout, la muse força un sourire en remerciant tout de même l'allemande.

_La petite chorale t'a plu ?

Il fallait changer de sujet et paraître naturel, tout en profitant de ce moment rien que tout les deux. Une chose si simple devenait si compliqué lorsque la personne à coté était plus qu'une amie à nos yeux.
Mais ça ne dérangeait pas Léandre que la situation soit ainsi, tant qu'il pouvait rester près d'elle, même en tant qu'ami. La voir sourire et la savoir heureuse étaient les seules choses qui avaient de l'importance, même s'il n'en faisait pas partie ...

Edelweiss avait l'air distraite en répondant. Est-ce que Léandre avait fait quelque chose de mal ? Il pencha légèrement la tête sur le coté en quête d'une réponse intérieure. Que faire pour faire disparaitre cet embarras ?

Le jeune homme se pencha pour prendre l’appareille photo de sa partenaire et flasher la propriétaire. Il esquissa un sourire avant d'appuyer sur le bouton lecture pour voir ce qu'il avait prit. Il ne savait pas si c'était la chance, le fait que l'appareil soit de qualité ou si la photographie était un art que sa capacité raciale acceptait de le rendre pas trop mauvais, mais le cliché avait quelque chose de très poétique.

Edelweiss était prise au naturel, un air légèrement étonné sur son visage de porcelaine alors que l'arbre qui les couvrait lui offrait un fond coloré qui faisait ressortir le blanc de sa tenue et ses yeux presque argentés. Ses cheveux de miels se mélangeaient avec les couleurs orangés, tel une représentation de l'automne. Il tourna l'écran de l'appareil vers sa partenaire et affirma avec le sourire :

_Tu es très mignonne. Je ne te pensais pas aussi photogénique.

Du moins, il ne s'était jamais posé la question. Il n'avait pas besoin de la voir en photo pour la trouver magnifique, mais la photographie représentait assez bien l'idée qu'il se faisait d'elle ; belle, presque irréelle et pure comme la brise d'un début d'automne.

Léandre regarda la main de la demoiselle avant de relever ses yeux vers les siens. Elle était embarrassée et il comprenait pourquoi. Il ne put s'empêcher de sourire, attendrit, devant son visage boudeur comme celui d'une enfant. Bien qu'elle était mature pour leur age, Edelweiss restait une enfant qui n'avait pas encore 16 ans. Oui, ils étaient des enfants, c'est vrai ...

La muse éteignit l'appareil pour ne pas dépenser de batterie avant de l'emmener doucement à l'opposé de sa propriétaire, restant tout de même assis. Il esquissa un sourire amusé.

Si je te le rend, tu me donnes la photo ?

Bien que Léandre taquinait sa partenaire, il tenait fermement l'appareil pour ne pas le faire tomber, sachant qu'Edelweiss y tenait. Et évidemment, il n'insisterait pas. Mais l'idée de figer ce moment avec elle lui plaisait beaucoup. S'il pouvait garder ça en souvenir, ça lui conviendrait. Oui, des souvenirs avec la fille qu'il aimait sans pouvoir l'atteindre, ça semblait douloureux mais il y trouvait beaucoup de beauté. Un moment transformée en souvenir et un souvenir éternel malgré que la fleur qu'il ne pouvait que regarder.

Simplement un souvenir de toi ...

Léandre pencha doucement la tête en attendant la réponse de la demoiselle, espérant tout de même qu'elle accepterait.