L'imposture ne dure derrière ces murs [Rp Solo - multiples]

Encore une année qui s'achève dans une triste vie pittoresque. Rien ne change, pas même l'emprise du temps sur moi puisque je ne peux le sentir. Comme à mon habitude, je passe au delà des murs pour me rendre chez les être vivants, les humains qui n'ont que de nom l'espèce. Car ils n'ont rien à envier à ce que nous sommes. Pourtant dans cette imposture dans laquelle ils s'illustrent, c'est nous qui passons pour les êtres abominables. Il suffit de voir le respect qu'ils ont pour nous, qui sommes obligés de se terrer, de se cacher parmi les murs d'une prison impénétrable. Je ne suis jamais venue par ici, c'est la première fois que mes ailes de chauve souris foulaient ces zéphyrs. Reprenant forme simiesque, habillée d'un manteau d'hiver par delà ma tunique, je frottais mes mains gelées dans ce froid des plus macabres. Être vampire est une chose, ressentir en est une autre, et au Japon la température de ce pays n'avait jamais existé, si bien que j'avais appris à découvrir ce qu'était « une saison » ou bien « l'hiver »

Bien obligée de me conformer aux traditions, me voilà ici à greloter, obligée d'emmitoufler mes dextres dans mes poches. Décembre annonce une période de festivité que les humains apprécient grandement, et dont je n'ai jamais compris le sens. Un enfant rieur, regardait sa mère en lui demandant une sucrerie. Il y avait tout autour de moi, un grand marché qui mettait à l'éloge cette cérémonie qu'est le 25 décembre prochain. Observatrice comme à mon habitude, cachée dans la foule, je me laissais prendre au jeu du chat et de la souris, en faisant taire la voix vampiresque qui éludait mon esprit. Il n'y avait que de la chair tendre autour de moi, que des gorges pleines d'un sang des plus délectables, même si... ma soif n'était plus aussi assourdissante. J'avais passé un pacte, qui me donnait un donneur et qui permettait de me rassasier à bon escient. Et...depuis peu, ce dernier occupe toutes mes pensées. Je suis toujours là à me demander s'il va bien, s'il a mangé correctement, s'il n'a pas trop froid ! Un peu comme une mère poule qui veille sur sa progéniture. Du moins j'essaye inlassablement de me convaincre que ce n'est que ce rapport de force que je ressens pour lui.

Une nouvelle imposture...

Mes iris perlés se posent sur les représentations picturales sur les bâtiments, et sur les murs. On pouvait voir sur certains d'entre eux des vampires terrassés par des humains, un peu comme des peintures rupestres racontant une histoire. Ce n'est pas nouveau de savoir qu'ils nous détestent, que nous sommes leur plus grande peur, mais malgré tout, cela me tort l'estomac de voir ce genre de choses. Alors comme ça, ils nous détestent ? Et pourquoi nous ne les détesterions pas de notre côté ? Parce que nous ne sommes pas aussi raciaux qu'eux. La vérité n'est cachée pour personne. Nous savons ce que nous représentons, une quantité parmi une lignée de créatures diverses et variées. Certains vampires de sang purs, sont bien trop fiers pour s'abaisser à ce qu'ils appellent le peuple. Mais une "devenue" comme moi, n'éprouve que de la pitié et de l'amertume d'être incomprise. C'est même précisément ce qui m'a rapproché de Drake, lui qui a donné un sens à ma vie. Ô combien longue sera t-elle...

Contemplant les illuminations, je continuais mon chemin sans regarder en arrière, comme si la peur de sombrer prenait mon âme comme jamais. Me perdant de nouveau dans des méandres les plus inexplorables.

Perdues dans mes pensées, comme à mon habitude, mes pas résonnaient lourds comme si j'allais vers un abattoir certain. Sinistre animal démoniaque que je suis. Je voyais dans ce paysage, les sombres desseins que les vampires ne souhaiterait jamais connaître. Une peinture représentait un suceur de sang, terrassé par une foule en colère, comme si cette représentation picturale était l'essence même d'une peinture rupestre. Cette ville était chargée d'une histoire que je ne saurais expliquer. Les fous de la rue, parlaient d'une apocalypse certaine, ou les autres se feront dévorer tôt ou tard. Qu'avait-il bien pu se passer au calme de Shoreditch, un endroit pourtant baigné par la plénitude ? Était-ce le passage de la lune de sang, qui avait laissé en lambeau cette cité qui autrefois était si magnifique ? Je ne saurais l'expliquer, je cachais mon visage dans ma grande écharpe car le froid guettait encore, il ne finissait pas son tour de garde. Et voilà que venait dans le ciel, la déperlance de flocons désapprouvés par le monde. je levais la tête, regardant le ciel couvert. Tout était si silencieux, hormis le crépitement des flammes des gens sans domicile rassemblés dans la rue. Je ne m'arrêtais pas, je continuais ma route, jusqu'à ce que je tombe sur un couple qui tentait de se donner de la chaleur par une simple étreinte. J'avais pitié de ce lieu désolé, des endroits de la basse-ville alors que les plus riches passaient à côté de ces honnêtes gens qui ne mangent que par nécessité. M'approchant alors, j'esquisse un léger sourire, et les regardant, je retire mon manteau pour les couvrir de ce dernier.

Un faible merci vaut plus que toute la reconnaissance du monde...

Inclinant la tête légèrement, pour leur faire comprendre que je l'avais assimilé dans mon esprit, je reprenais ma périlleuse marche, sentant le froid couvrir ma peau laiteuse et finalement je m'arrêtais à mon tour, en me frictionnant les mains. Une part d'humanité reste encore pour les aspects négatifs que je ne désire pas. Un feu au loin, abandonné de tous, pour une raison que je ne m'explique pas. Je lui offrais ma compagnie aussi lasse soit-elle, et restait près de ce dernier pour quémander sa chaleur. Mes pensées divaguèrent vers ce couple, l'homme si prévenant qui tenait dans ses bras la femme, tandis que lui même endurait la température du temps. Un geste d'amour bien plus fort, que je ne pourrais certainement jamais comprendre. Pourtant, il me faisait penser à lui, ce garçon qui occupe toute la place de mon coeur. Il me rappelait Drake, et sa bienveillance à mon égard. Bien entendu ce n'était qu'à un but lucratif et pour sa propre nécessité, puisque moi morte, il perdait les pouvoirs que le pacte lui avait conférés. Les hommes sont à la quête de puissance, tandis que les femmes cherchent à s'en éloigner pour éviter la corruption. Alors je n'en suis sans doute pas une, car j'ai toujours voulu être plus forte pour terrasser ce qui me barre la route. Mais aujourd'hui quelque chose en moi a changé ! Et cette inéquation de l'addiction que j'avais pour le jeune homme. C'est un idiot c'est vrai, mais c'est celui que je préfère par dessus tout...

Quand il n'est pas là, je me sens vide, je me sens partielle...

Secouant la tête, j'essaye de retrouver mes esprits. Je commence sérieusement à avoir un problème...Avant qu'il ne change, qu'il ne devienne plus adulte, je n'étais pas ainsi...Pourtant je sais que c'est toujours le même. C'est bien Drake, ce n'est personne d'autre ! Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que je pense toujours à lui ? Pourquoi est-ce que mon cœur bat si vite !

Suis-je....Non c'est impossible....Je refuse ! Ce n'est pas moi ! Et surtout c'est inconcevable...Je ne peux pas....

Et pourtant...

Un sourire aux lèvres, je me rappelle de nos moments mémorables, de nos combats, des nombreuses fois où il m'a sauvée la mise, où il a fait signe de présence pour moi...Et voilà que je suis à me demander qu'est-ce qu'un baiser pouvait avoir comme force...? Je me demande vraiment si un jour, je pourrais avoir la joie de connaître quelque chose de si incroyable...Sûrement que non, mais bon ce n'est pas plus mal après tout...

Les heures passent, et le froid perdure...Combien de temps suis-je restée ici ? Je l'ignore, mais la pénombre de cette immensité obscure n'accroit qu'un peu plus mon sentiment de solitude.

Combien de temps encore ? Combien de pas ? Je ne les compte plus, ils sont innombrables, me rapprochant d'un objectif que je ne peux déceler. Pourquoi suis-je ici ? Est-ce vraiment bien de me faire du mal de la sorte ? Je repense à ce couple brisé par les déboires du temps et l'injustice du monde. Pourquoi vivre dans un monde si apocalyptique ? Qu'y a t-il de plaisant ? Engourdie par le froid -car le feu ne suffisait plus - je frictionnais mes bras. Il allait finir par mourrir si je ne l'alimentais pas. Il y avait autour des affaires éparpillées, alors je me doutais que le brasier n'était pas ici par un pur hasard. Seulement, cela fait une heure que je n'ai vu personne revenir. Je peux le deviner à cause de l'inclinaison de la lune.

En cet instant, j'aurais aimé que Drake soit à mes côtés, pour me piquer de paroles un peu cinglantes, ou bien à chercher la petite bête. Cela m'aurait fait une distraction. Car tout ce que je pouvais faire en cet instant, c'est espérer de ne pas mourir par mes limites humaines, à cause du froid qui mordait ma peau, écoutant les crépitements des flammes qui rongeaient le bois humide. Un autre bruit attira mon attention. Des pas où la neige se dérobait, faisant un crissement des plus douloureux. Je relève mon regard, pour rencontrer celui d'une vieille femme, un oeil aveugle, l'autre aguerri. Elle aurait pu me chasser d'ici, après tout je n'y avais pas ma place, mais tout ce que je reçus d'elle fut un sourire bienveillant. Enfin une marque d'attention, quelqu'un qui ne me jette pas la pierre. Du moins, le ferait-elle si elle savait ce que je suis ? Probablement. Je préfère garder cette hypothèse pour moi.

Dans ses bras, elle portait un jeune garçon, celui ci semblait mal en point, rongé par l’anémie...blessé, la peau écorchée...Il était demi-mourant. Je n'osais pas posé la question, je n'en connais que trop bien la réponse. Il suffit de voir comment cette femme, tenait cet enfant, comme si c'était la prunelle de ses yeux.

Le silence valait bien plus que milles mots. Pourtant sans même chercher à savoir qui je suis, cette grand-mère s'approcha du feu, pour venir se réchauffer. Elle même se faisait grignoter par le temps, sa peau vieillie, qui ne montrait plus que des os fragiles. Des vêtements en lambeaux. Et malgré toutes les épreuves que le monde lui avait causé, elle continuait de sourire, comme si rien ne pouvait l'ébranler. J'admirais sa force, sa grandeur, elle était un modèle pour ces humains qui étendaient leur cupidité. Finalement, de sa voix faible, son seul œil valide posé sur moi, elle décida de briser l'insonorité de la froide nuit. Du moins ce qui en sorti fut juste une onomatopée...me faisant comprendre qu'elle ne pouvait pas parler, comme si elle avait perdu les lignes et le sens de la parole. Seulement faute d'être douée quelque part, je ne suis pas très douée pour le bavardage.

Vous....vous êtes courageuse...

Je n'en avais pas idée à quel point...

Difficile de créer du dialogue avec une personne muette, mais tout passait dans dans ses expressions, elle caressa les cheveux de la faible créature dans ses bras,  la neige se mêlant à sa crinière argentée...Elle ne quémandait, ni argent, ni nourriture. J'aurais pourtant tellement voulu lui en donner en cet instant. Le jeune garçon toussait, au point d'en déglutir des gouttes de sang. Il prend ma main comme si c'était la seule chose qui pouvait lui donner encore du courage. Moi qui déteste le contact, en ce moment même, il ne me paraissait pas si compliqué. Mon coeur se sentit dévasté - Et dire que je pensais ne pas en avoir - Je devais faire quelque chose. Trouver ne serait-ce qu'un semblant de nourriture pour eux ? Mais où ? Comment ? Hormis les bidons enflammés, et la pluie gelée, il n'y avait rien ici...La basse ville était vraiment démunie. Je me rendis compte en cet instant de mon incrédulité. Moi je n'avais besoin que du sang de quelqu'un pour me nourrir, alors que l'être humain lui subsiste à base d'aliments riches en diverses protéines. Cela ne remet qu'en cause leur déficience.

Pourtant, je venais de me lever, et de m'éloigner pour chercher ne serait-ce qu'un morceau de pain, même si je doutais que ce soit suffisant vu leur états. Il doit bien y avoir quelque chose, des fruits n'importe quoi ! Par pitié ! La panique et peur au ventre, je finis par tomber sur un arbre fruitier dans un jardin. Voler c'est mal oui, mais je n'en avais que faire ! C'était pour la bonne cause, que quelqu'un ose me dire le contraire. Revenir à leur côtés, être contente de ma trouvaille et de l'aide que je pourrais apporter. Sauf que...

Il était trop tard...

Je laissais tomber ma charge au sol, n'arrivant pas à la tenir plus longtemps. Les larmes montant à mes yeux. Approchant comme une ombre furtive déboussolée, je ziutais la vieille dame qui avait allongé son petit-fils...et qui assistait à ses derniers instants. Il pleurait, il avait peur....Qui ne serait pas effrayé par la mort ? Pourtant tout comme elle, il gardait le sourire.

Il était heureux de rejoindre les anges, et probablement ses parents.

A mon tour, je lui prenais la main pour l'accompagner dans ce douloureux voyage, alors que la perle lumineuse de ses yeux venait de s'éteindre. En cet instant....la vieille femme aurait voulu dire tout les mots que sa douleur aurait pu traverser sa bouche, mais rien n'y faisait, juste des bégaiements, des larmes...

Eprouvée de ne pouvoir rien dire...
Eprouvée de manquer de tact....
Terrassée à l'idée de n'avoir aucun mots...
Brisée de ne pas avoir pu lui dire adieu...

Larmes déchirantes et les miennes fut encore plus grandes. La perte d'un être cher, est tellement quelque chose de douloureux, au point où je m'étais résolue à ne vouloir d'attaches pour ne pas vivre quelque chose de ce genre.

Un jour quelqu'un m'a dit : On ne se rend compte de la valeur des choses, qu'une fois qu'on les as perdues.

En tant qu'immortelle, j'avais du mal à la comprendre...Je ne vieillissais pas comme cette femme, je restais ce que je suis et c'est ma punition. Alors que....tout ce qui était autour de moi, périssait, disparaissait...Pourquoi ne réalisais-je que maintenant l'importance de tout ça ? Pourquoi me fallait-il cet épisode aussi tragique pour comprendre...? Je suis une vampire, je n'ai aucun temps...mais lui ne s'arrêtera pas ! Il prendra sur Sin, sur les gens que j'ai côtoyé....

Sur.....Drake ?

L'effroi se lisait sur mon visage ! Non.....Non....Pourquoi ? Je ne veux pas. Je l'avais vu devenir plus adulte, ses cheveux étaient devenus naturellement plus blancs à cause d'un événement, il était....un humain ! Wyverne certes, mais humain par dessus tout...Il vieillissait ! Et un jour comme tout être humanoïde...il mourra....et je perdrais encore tout ce à quoi je tiens...
Mon coeur se mit à battre si fort, qu'il en était douloureux, mon estomac se créait un noeud à lui seul, et l'angoisse me prit au point le plus culminant !

Drake va....mourir ?
Il va disparaître comme tout les autres ? Il ne sera plus jamais à mes côtés....?
Pourquoi....? Pourquoi est-ce que la vie tu aimes me faire mal ainsi ? Pourquoi suis-je immortelle ? Qu'ais-je fait pour qu'on veuille me torturer à ce point...?

Pourquoi vivre un tel fléau ?

Criant mon désespoir, laissant parler mes larmes, je faisais une crise d'angoisse des plus ingérables, me donnant presque envie d'en vomir. Ce qui me calma...? C'est de sentir une main se poser sur la mienne, alors que mes jambes avaient cédées sous mon poids et que mon estomac ne retenait plus rien...Je relevais la tête baignée par des lacrymales amères.

Je l'aime....Je ne veux pas le perdre....Je vous en supplie....

De nouveau un sourire passa sur le visage épleuré de la vieille dame, ses yeux rougis, elle enserra ma main, et cela apaisa mon âme, qui m'aida à sécher la tristesse qui baignait sur mon portrait tacite.

Puis elle me relâcha et prit le petit garçon défunt dans ses bras, en se mettant à me-mener une chanson. Jusqu'à ce que son souffle se perde dans la nuit.

Une toute dernière fois...

Après plusieurs minutes, j'attrapais la couverture déchirée qui leur avait servie de drap pour leur vieux jours, pour les couvrir avec. Priant qu'ils trouvent le repos et regagne la sérénité qu'ils ont perdus avec ce monde infâme. Espérant qu'ils se retrouveraient quelque part, et aurait une seconde vie heureuse.

Me voilà de nouveau seule au monde, la peine au cœur comme si c'était une parfaite évidence. Je restais là encore, jusqu'à l'extinction totale du feu,le froid ne me faisait plus rien, puis me relevant, je fis marche arrière. Je n'étais pas coeur à la fête, mon regard n'exprimait plus rien, comme si la vie que je pensais toujours posséder, s'était dérobée de mon propre corps. Cette nuit là, après être rentrée, je n'ai pas réussir à m'endormir comme il se doit. Les images tournaient dans ma tête, me hantait, me rappelait que l'avenir était incertain.

Le lendemain arriva, baigné dans une pièce sombre, me laissant recroquevillée sur moi même, tel un pantin sans émotions aucune. Mon réveil me fit comprendre que je devais aller en cours...mais je ne le pouvais pas. Si je le croisais, j'allais m’effondrer et je refuse de lui montrer à quel point il me fait défaut.

Toute cette expérience, aura laissé l'amertume me déchirer. Je ne veux plus être vampire, je ne veux plus de cette immortalité ! Le jour même encore, des crises d'hystérie, où je m'écorchais la peau à vif en me griffant jusqu'au sang se fit multiples. Je ne veux plus respirer...Je ne veux plus de cette vie. Laissez moi redevenir humaine. Laissez moi être à ses côtés.

C'est mon seul et véritable souhait...
Qu'un génie apparaisse et je ne lui ordonnerais que ce vœu....
Malheureusement, si ce genre de choses existaient...il y a bien longtemps que j'aurais abandonné mes canines pour reprendre mon humanité.

Si seulement...
C'était possible...

Les yeux bouffis, tournés vers les faibles rayons lumineux de la pièce  filtré à travers des stores clos, je me noyais dans les ténèbres en me maudissant.

Ce jour là, me fera réaliser...
Ce que nous sommes et resterons
Ce que tu es à mes yeux...
Et ce que je ne voyais pas....