Relâchement de pression

Aujourd'hui est un jour un peu spécial. Profitant des vacances de Noël, et surtout de l'absence de mes géniteurs, j'ai invité Edelweiss à la maison. Oui, je dis bien à la maison. Là où Dave et moi avons grandi. Pourquoi une invitation hors de l'institution alors que je peux la voir tous les jours ? Je me suis simplement dit que passer deux ou trois jours hors de ces lieux lui ferait du bien. Après les derniers événements de cette année, voir autre chose que l'institution et passer un peu de temps en dehors lui changerait les idées. Et puis elle découvrirait par la même occasion dans quel univers mon frère et moi avons dû évoluer.

Après avoir préparé nos affaires, j'entraîne tranquillement ma colocataire avec moi. Pas de départ en bourrin cette fois. Elle peut marcher à son rythme. Pas de transport sur l'épaule, le dos ou en mode princesse. Pas de course folle en la tirant pas la main. Une promenade normale dans les rues de Londres jusqu'à ce qu'on arrive chez moi. Notting Hill, quartier essentiellement habité par ceux qui ne savent pas quoi foutre de leur pognon, qui ne vivent que pour la mode, le fric et tout un tas de trucs ennuyeux.

Arrivée à la villa, je fais entrer ma colocataire sans pour autant la stresser au cas où elle voudrait observer un peu les lieux. Maintenant que j'y pense, Edelweiss est la première personne que j'invite à la maison. Habituellement nos invités sont ceux que mes parents ont fait venir pour une soirée, un repas, etc. Bref que des hypocrites guidés par le fric, la réputation et que sais-je encore. Alors le fait d'amener mon amie est une grande première pour moi.

Une fois à l'intérieur, je laisse tomber mes affaires sur le sol. Elles vont traîner un moment dans l'entrée mais ce n'est pas grave, il n'y a personne d'autre qui viendra. Ca ne gênera donc personne. Je retire aussi mes chaussures pour être plus à l'aise et invite Edelweiss à faire de même si elle le veut. J'en profite ensuite pour lui faire faire un petit tour du propriétaire afin qu'elle ne soit pas trop perdue. Cette baraque peut vite devenir un labyrinthe si on ne connaît vraiment aucune pièce. Je lui montre alors les différentes pièces au rez-de-chaussée. Salon, cuisine et salle de bain. Evidemment il y a aussi la terrasse avec le jardin mais ça, je lui montrerai plus en détail plus tard. Le reste de la visite se passe à l'étage supérieur. Les trois chambres, la seconde salle de bain ainsi qu'une salle réservée à Dave et moi lorsqu'on veut avoir la paix pour geeker ou regarder la tv dans notre coin. C'est une sorte de salon en plus petit si on peut dire. La visite de l'intérieur prend fin à cette dernière pièce. Je regarde ma colocataire en souriant.

- Voilà. On va poser tes affaires dans ma chambre, se mettre vraiment à notre aise et j'te montrerai aussi le jardin si tu veux. À moins que tu préfères manger avant. D'ailleurs j'y pense tu préfères qu'on se commande un truc ou on se fait la bouffe nous-même ?

Normalement la gouvernante aurait pu s'en charger aussi mais même elle, elle a le droit à des vacances. Je retourne alors vers ma chambre avec Edelweiss, la laisse poser ses affaires et se mettre à l'aise. Pendant ce temps, je la quitte quelques instants le temps d'aller récupérer mon sac et de le ramener aussi dans la chambre. À voir plus tard si on dort ensemble ou si je squatte la chambre de Dave.

Je suis bien contente que ma colocataire ait accepté mon invitation. Surprise qu'elle accepte si facilement mais contente. C'est bien la preuve qu'elle a besoin de changer d'air. Rester trop longtemps à l'institution ne lui fera pas du bien. D'ailleurs j'ai bien remarqué à quoi elle passe la majorité de son temps. Elle fait exactement ce que moi j'ai fait avant de venir ici. Etudier, étudier et encore étudier. Les raisons ne sont pas les mêmes mais le résultat est pareil. Le cerveau finit par faire un beau fuck, la fatigue ne s'en va pas et les journées nous blasent avant même de commencer. Je ne veux pas que ça lui arrive. Alors pour qu'elle oublie les derniers événements sans se noyer dans les études, la voilà embarquée chez moi. Quelques jours rien que toutes les deux, loin des lieux où règne le bizarre à gogo.

Mon amie observe la villa et les alentours. Ca semble l'impressionner plus que je ne l'avais prévu. Je me suis bien doutée que ça lui ferait quelque chose mais je ne pensais pas à ce point. J'aurais peut-être dû lui en toucher un mot plus tôt. Elle n'aurait peut-être pas été aussi surprise. Ou peut-être qu'elle n'aurait même pas osé venir. Durant la visite, elle me fait une remarque à laquelle j'aurais dû m'y attendre. Fatalement quand on dit qu'on vient d'un milieu aisé mais qu'on ne précise pas à quel point, ce genre de remarque finit toujours par arriver.

- Ils sont tous les deux reconnus dans leur milieu alors leurs revenus sont assez élevés.

Mais contrairement à ce que beaucoup croient, l'argent ne fait vraiment pas le bonheur. Dave et moi pouvons certes nous permettre pas mal de folies financières mais nous n'en sommes pas vraiment plus heureux. Le fric ne nous permet par d'avoir de véritables amis, ni l'amour de nos parents.

La visite se termine devant l'espèce de salon miniature avant que je ne propose à mon amie d'aller poser ses affaires dans la chambre. Ce sera plus rapide de nous détendre si les bagages sont déjà posés. Après mes questions, elle prend le temps d'y répondre une à une.

- Oui c'est une fontaine. Une idée un peu excentrique de leur part mais ça reste très pratique en été. On a aussi une piscine même si actuellement, elle est « fermée ».

C'est le côté pratique des piscines rétractables (Ce genre-là). Elles peuvent être transformées en terrasse lorsque l'on ne souhaite pas se baigner. C'est un gain d'espace dans le jardin.

Concernant la nourriture, faire nous-même la cuisine ne la dérange pas mais glander sur le canapé la motive un peu plus. Soit. Ca sera donc la nourriture qui viendra à nous. On verra donc en fonction des préférences si ça sera asiatique, italien, français, oriental ou que sais-je d'autre encore.

- C'est noté pour la cuisine. ON commandera. Pas besoin de nous fatiguer à faire quoi que ce soit comme ça.

Je l'abandonne quelques instants et reviens avec mes propres affaires que je pose aussi dans la chambre. Lorsque nous sommes enfin tranquilles sur ce point, je redescends avec elle au rez-de-chaussée et me dirige vers le jardin. Autant le lui montrer directement puisque la fontaine semble l'avoir intriguée. Je sors un instant dans le jardin en souriant et lui laisse voir la fontaine de plus près. Pendant ce temps, je me pose sur ce qui ressemble à une terrasse. Enfin...ça l'est et ça le sera jusqu'à cet été. Je regarde Edelweiss en souriant.

- Et voilà, j'te présente la piscine.

Oui bon parler de piscine alors qu'elle est actuellement en terrasse, ça fait louche. Il y a de quoi me prendre pour une folle bonne pour l'asile lorsqu'on ne connaît pas le système.

- Bon comme dit, actuellement elle est « fermée » mais en fait elle est bel et bien là. J'activerai le système tout à l'heure si tu veux vraiment voir le truc.

Je reviens vers elle et après quelques minutes à la laisser profiter du jardin, je l'entraîne à nouveau à l'intérieur. C'est pas qu'il fasse froid mais...c'est tout comme. Je m'installe sur le canapé, la laisse faire de même et cherche sur mon téléphone différents menus.

- T'as une préférence pour la bouffe ? Italien, chinois, thaï, français... J'te laisse choisir ce que tu veux.

Elle a vraiment l'occasion de donner son choix. En matière de nourriture, tout me va. J'ai l'avantage de ne de pas être difficile sur ce point. Je la laisse donc choisir ce qu'elle préfère et lorsque le repas est choisi, j'appelle le restaurant choisi pour passer commande.

Edelweiss découvre le monde dans lequel j'ai dû grandir. Un lieu où l'argent guide le trois quart de notre vie. Un logement où il faut avoir un certain type de mobilier et de décoration pour impressionner les visiteurs. Où il faut avoir des tenues en particulier, une façon de parler assez snobe. Que des manières que je déteste. Trop hypocrite, trop hautain, trop de manières inutiles. Voilà le monde dans lequel j'ai vécu. Un monde que je veux fuir.

Dès que les affaires sont « rangées », il est temps de lui montrer la suite. Le jardin, la fontaine qui lui a tant attiré l'oeil, la terrasse qui fera aussi piscine quand les beaux jours reviendront. Cette visite ne dure pas trop longtemps avant que nous ne soyons de retour à l'intérieur pour être au chaud. Et puisqu'elle ne souhaite pas vraiment qu'on cuisine, c'est la nourriture qui viendra à nous. Je regarde donc avec elle ses préférences pour le repas puis passe commande une fois que nos plats sont choisis.

Pendant que nous attendons notre commande, j'ai droit à une petite surprise. Ma colocataire utilise l'une de mes épaules comme coussin. Elle semble avoir envie de se reposer et personnellement, ça ne me gêne pas. Et puis il faut croire que mon épaule est suffisamment confortable pour qu'elle y reste. Je passe donc l'un de mes bras autour de sa taille, permettant ainsi qu'il ne soit pas coincé. En plus c'est plus confortable aussi pour Edelweiss. Et avec ma main libre, je lui caresse doucement les cheveux en souriant. Je la laisse alors se reposer tout en la câlinant. Je l'écoute quand elle me parle et aussi quand elle m'avoue avoir compris le but de ma manoeuvre.

- Contente que ça te plaise. J'me suis dite que ce serait une bonne idée que tu voies autre chose que l'institution et que ça te ferait du bien.

Je laisse ensuite échapper un petit rire taquin avant d'ajouter un avoeu sur un ton amusé mais sincère.

- En plus t'es une privilégiée. T'es la première amie que j'invite.

Les autres invités n'étaient pas des amis. Juste des personnes utilisées pour la réputation et d'autres affaires. Des gens invités par les parents et dont on n'a pas d'autre choix que de les supporter. Edelweiss est donc la première personne que j'ai eu réellement envie d'inviter. Evidemment au moment de lui faire la proposition, j'ai volontairement omis de lui dire mon but. Je ne voulais pas qu'elle se sente obligée de venir juste pour ça. En gardant le silence sur mon objectif, je pensais qu'elle accepterait plus facilement. Et surtout qu'elle serait plus motivée. Pour le coup, je ne sais pas vraiment si sur ce point c'est une réussite ou un échec puisqu'elle a tout deviné et qu'elle est quand même venue.

- Je ne te le fais pas dire.

Mes lèvres se posent doucement sur la tête de ma colocataire dans un geste affectueux. Je la garde encore contre moi un petit moment, comme si je la protégeais. Une mascotte que personne n'a le droit de toucher si c'est pour lui créer des ennuis ou lui faire du mal.

Au bout d'une demi-heure, la sonnette se fait entendre. Je m'extirpe donc doucement de l'emprise de ma colocataire et vais ouvrir. Une fois le livreur payé, je reviens vers Edelweiss avec la nourriture dans les mains. Je pose le tout sur la table, fais un saut à la cuisine afin de prendre les couverts puis rejoins mon amie. L'heure de se remplir la panse a sonné. J'allume la télé et mets un film pour avoir un bruit de fond. Je ne sais pas trop ce qu'aime Edelweiss en matière de film alors j'en mets un mélangeant action et suspense. Un truc policier. De toute façon à ces heures ils ne passent pas vraiment beaucoup de bons programmes. C'est soit des émissions pour mamies, soit des films étranges où l'on se demande ce qu'ils ont fumé le jour où ils ont créé leur truc, soit des films policiers.

Le repas se passe plutôt bien. Dans le calme. On parle un peu de tout et de rien, je pique parfois dans la bouffe à ma colocataire avec comme excuse « Juste pour goûter » ou « J'ai mal senti le goût, je teste encore ». Evidemment en contre-partie, je la laisse en faire de même. Ce ne serait pas juste sinon. Et puis ma mascotte est plutôt revancharde sur ce point. Je ne l'aurais pas pensé. J'en apprends encore des choses sur la petite demoiselle. Et puis après le repas, nous continuons de papoter de choses et d'autres, le temps de la digestion.

Au bout de quelques heures, la soif se fait sentir. Discuter c'est bien mais il faut aussi pouvoir boire un peu entre-deux. Je me rends alors à la cuisine, embarquant au passage les déchets pour les jeter. Je sors deux verres du placard puis en fouillant pour trouver de la limonade, du sirop ou n'importe quoi d'autre à boire, je tombe sur l'alcool de mes parents. Pas un truc très fort – enfin je ne crois pas – mais qui attire tout de même mon attention. Je n'en ai jamais goûté, je ne crois pas que mon amie l'ait fait un jour, et c'est le moment de se lâcher. Alors pourquoi pas essayer une fois ? On verra bien si ce n'est pas trop dégueulasse. Je me pointe alors au salon en souriant.

- Hé Weissou ! Ca te tente qu'on goûte un truc avec un peu d'alcool ? Genre un cocktail ou un ponch ?

Sans doute ce qu'il reste de leur dernière soirée avant de se tirer. Quelle idée de ne pas embarquer leur truc. À moins qu'il n'y ait pas vraiment de date limite pour la consommation. Cependant là je sais que ça ne date pas de longtemps. Ils ne sont pas du genre à laisser traîner les choses dans le frigo et les placards. Surtout l'alcool. S'ils en laissent, c'est que ça peut tenir quelques jours ou quelques semaines sans moisir pendant leur absence.

- Quitte à se lâcher, autant faire de nouvelles expériences.

Après avoir eu la réponse hésitante mais positive de mon amie, je retourne préparer deux verres de ponch. Je reviens ensuite au salon et en donne un à Edelweiss. Je m'assieds ensuite sur le canapé et sens l'odeur du truc.

- Heureusement qu'il ne faut pas toujours se fier à l'odeur parce que ce truc pue. J'espère que le goût est meilleur que ce qu'il sent.

Je ne sais pas ce qu'il y a dedans mais une chose est sûre, l'alcool est bel et bien présent. Si on avait un doute, celui-ci peut s'envoler. Je goûte ensuite la boisson et affiche une tronche...dubitative. Je ne sais pas vraiment quoi penser. C'est à la fois bizarre mais pas si mauvais que ça en fin de compte. Impossible de décrire le goût. Je fixe ma colocataire ensuite.

- Ca te fait bizarre à toi aussi le goût ?

Ce n'est pas souvent que ça m'arrive mais parfois, je peux être plus douce qu'une peluche. Edelweiss découvre ce côté-là de moi et peut même en profiter. Je la garde tout contre moi et la câline afin de la permettre de se détendre. Ca semble fonctionner puisque je la sens être de plus en plus relâchée contre moi. Elle fait de plus en plus le poids mort. Tant mieux. Ca prouve que mon objectif est vraiment atteint. Je la laisse donc profiter de ce repos durant quelque longues minutes jusqu'à ce que le livreur sonne à la porte. À ce moment, je me détache doucement d'elle afin de la laisser se réveiller en douceur. Car oui, elle s'est légèrement endormie. Elle avait d'ailleurs une bouille adorable à ce moment-là. Enfin je m'égare. Je paie le livreur et rapporte tout au salon. Puis nous pouvons enfin manger après avoir pris des couverts.

Nous mangeons alors devant un film policier qui fait plus office de son de fond plutôt que de réelle occupation. Tout en remplissant nos panses, nous discutons de divers sujets. Des conversations de filles en sommes. Après le repas, je ramène le tout à la cuisine et propose à ma colocataire un verre de ponch. Elle est hésitante mais elle accepte quand même. Je reviens ensuite avec les verres et goûte la boisson avec elle. Bizarre mais pas désagréable. Par contre même si ce n'est pas mauvais, ça pue un max. Cependant c'est mon amie qui me surprend le plus. Alors que moi je me contente que d'une petite gorgée pour goûter, elle, elle boit carrément cul sec sa boisson. Evidemment après elle tousse mais après avoir bu un cocktail alcoolisé cul sec, c'est normal. Quelle idée aussi de faire un truc pareil. Et puis elle reconnaît le rhum, chose que moi je n'ai pas fait. Je n'y connais rien en alcool alors savoir lequel est utilisé dans telle ou telle boisson, c'est impossible.

- Comment tu sais que c'est du rhum ? T'en as déjà goûté ?

Elle aurait déjà bu de l'alcool ? En même temps, il y a encore plein de choses sur elle que je ne connais pas. Peut-être qu'elle en avait bu en Allemagne, peut-être que c'est arrivé à son arrivée en Angleterre ou durant l'une des fêtes. Ou peut-être durant le bal. Je ne sais pas ce qu'il y avait durant cette soirée, je n'y étais pas venue. J'ai dû louper des choses intéressantes.

Je termine mon verre tout en discutant encore avec ma colocataire. Au gré de la conversation, les verres sont à nouveau remplis à plusieurs reprises. Ca fait toujours étrange au début mais une fois qu'on s'y habitue, ça passe tout seul. Au bout de longues minutes, un autre effet bizarre se fait sentir. Le genre d'effet où j'ai l'impression que mon cerveau est ramolli et que tout devient possible. Au final, je propose à Edelweiss de retourner vers la fontaine et d'essayer de faire comme les romains. Jeter une pièce dedans en faisant un voeu. Une lubby soudaine.

Cependant le résultat est là. Sans trop nous poser de questions ou d'hésitation, nous nous retrouvons dos à la fontaine, une pièce à la main. Et au moment où l'on souhaite jeter la pièce, je ne sais pas trop comment Edelweiss s'y est pris mais elle chute dans l'eau. Le manque d'équilibre dû à l'alcool n'a pas aidé. Toutefois la situation me fait rire bien que je demande quand même à mon amie comment elle va. Et puis une autre lubby me vient en tête. Je viens à mon tour dans l'eau. Etant en hiver, celle-ci est bien froide, ça me donne des frissons mais je ne cherche même pas à en ressortir. Bien au contraire. Une fois mes pieds dans l'eau, je me laisse littéralement tomber sur le cul. Une manière brutale de s'asseoir. À peine assise que je me mets à hurler.

- Hiiiiii ça me gèle le cul !!

Logique. Pourtant je reste dedans. C'est un truc à finir enrhumées si l'on y reste trop longtemps. Je me contente juste de m'agiter dans l'eau, éclaboussant les alentours ainsi que mon amie. En plus ça me fait bêtement rire. C'est comme si l'ivresse me faisait redevenir une gosse. Au bout de quelques minutes à me geler les fesses, je me remets debout et me mets à courir dans l'eau en faisant le tour de la fontaine avec les bras en l'air en gueulant une stupidité.

- Wheeeeeeeeeeeeeeeee !!

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. C'est venu tout seul. Une fois calmée, c'est complètement l'inverse qui se produit en moi. Au lieu d'avoir froid, j'ai trop chaud. Sans que je ne comprenne pourquoi, j'ai d'affreuses bouffées de chaleur. Peut-être mon délire qui m'a réchauffée, peut-être l'alcool qui a un effet secondaire, peut-être un truc qui n'existe que chez les femmes. Je regarde Edelweiss en essayant de savoir comment elle se sent.

- T'as pas chaud toi ? J'ai hyper chaud d'un coup. Allez hop, soyons folles ! À poil !

Ni une, ni deux, je me désape. Complètement. Je jette mes vêtements en direction de la porte d'entrée de la villa. De toute façon ils sont trempés donc ça ne changera rien que je sois ou non habillée. Je me rasseois ensuite et me colle à Edelweiss comme une sangsue s'accrocherait à sa victime. Je passe mes bras autour d'elle avec un sourire con sur le visage.

- Aaaah c'est mieux comme ça.

Bizarrement, à force de faire l'andouille dans l'eau, je ne ressens plus le froid comme avant. Ou peut-être que l'alcool me fausse de plus en plus les sensations. Froide au début mais température supportable à force d'y rester et de s'y habituer.

- Tu veux pas enlever tes trucs aussi ? Ca sera plus confortable. Allez, si tu veux je t'aide même à tout retirer ! Promis on ne restera pas longtemps, j'veux pas que tu tombes malade. Sinon après j'serai encore obligée de te saucissonner pour que tu te reposes. Et là tu resteras dans mon lit avec moi accrochée à toi tel un koala possessif.

Un petit rire s'échappe alors que je m'installe doucement derrière elle. Je la prends ensuite doucement dans mes bras et la colle contre mon buste en souriant d'un air taquin. Je pose ensuite doucement ma tête sur l'une de ses épaules en gardant précieusement ma colocataire dans mes bras.

- Voilà j'te tiendrai comme ça si tu tombes malade.

Edelweiss m'étonnera toujours. Un coup elle devine mes intentions – même si je ne les cachais pas vraiment non plus – et un coup elle devine quel alcool est utilisé dans le ponch. Elle ne l'a apparemment pas goûté mais senti. Vrai que le cocktail dégage une odeur d'alcool mais il faut tout de même croire qu'elle s'y connaît mieux que moi en alcool.

- Ah. Je ne sais pas, j'y connais rien mais c'est possible. Et là vu le goût prononcé, ils ont assez dosé. Je préfère pas savoir pour quoi c'était prévu à la base.

La conversation continue tout comme le fait de boire. Ma colocataire commence même à enfin se lâcher un peu. Je l'entends plaisanter un peu, chose qu'elle ne fait quasiment jamais. En temps normal ses plaisanteries sont assez foireuses. Limite au ras des pâquerettes. Et elles sont présentes une fois tous les tremblements de terre. Alors le fait de la voir se laisser un peu aller, ça me fait plaisir. Même si je ne comprends pas toujours ses blagues... Cependant ça ne s'arrête pas là. Notre discussion se transforme parfois en bataille d'oreillers. Enfin ça l'est surtout lorsque je lui dis une connerie.

Finalement je lui propose un truc tout con. Retourner près de la fontaine et jeter une pièce dans l'eau en faisant un voeu. L'idée est bonne dans l'ensemble. Du moins, elle l'était jusqu'à ce qu'Edelweiss perde l'équilibre et finisse dans la flotte. Je l'y rejoins et tout part en vrille. Je me mets à courir dans l'eau en sortant une stupidité qui ne veut rien dire. Et lorsque je me stoppe enfin, je questionne mon amie avant de me mettre nue et me remettre assise dans l'eau, collée contre ma petite mascotte préférée. Et plus je lui parle, plus elle semble perdue. J'en viens même à la tenir contre moi comme si elle était un objet précieux qu'il faut protéger.

Ma tête posée sur l'épaule de mon amie, je continue de profiter calmement du contact physique que j'ai avec elle. Ce qui me sort de mon petit instant de calme, c'est son geste. Un simple bisou sans importance d'un regard extérieur mais j'ai bien compris que venant d'Edelweiss, ce geste a bien plus de signification qu'il n'y paraît. Nous gardons notre étreinte affective durant quelques petites minutes. Des minutes vraiment courtes. Habillée ou nue, je finis tout de même par ressentir à nouveau le froid et j'imagine qu'il en est de même pour mon amie. De plus je ne veux vraiment pas qu'elle soit malade.

- On sort ? Enfin j'veux dire on rentre ? Et pour nous réchauffer, on peut prendre un bain. Qu'est-ce que t'en dis ?

Seules ou à deux, la baignoire a largement assez de place. Elle n'a pas la taille d'une piscine évidemment mais elle est légèrement plus grande que les baignoires habituelles. On est moins à l'étroit.

Dès que nous sommes d'accord, ce qui est assez rapide vu qu'on a froid, nous nous relevons et sortons de la fontaine. J'en profite pour récupérer mes affaires sur le chemin et retourne à l'intérieur. Je me ressers un verre de ponch et le bois d'un trait avant de continuer mon chemin avec mon amie afin d'aller dans la chambre. Je laisse tomber mes habits et prends de quoi me changer. C'est à dire seulement un peignoir bien chaud pour être vêtue sans avoir trop de couche de vêtements. Je n'aime pas être trop habillée après une douche ou un bain. Un linge ou un peignoir le temps de me motiver à me mettre une autre tenue qui dépend de ce que j'ai à faire après.

Je prends donc mon peignoir, et même un second en plus d'un linge, ne sachant pas si Edelweiss voudra simplement se sécher et s'habiller ou si elle voudra profiter d'avoir un moment le peignoir. Je me rends ensuite avec elle et nos affaires dans la salle de bain et je fais couler l'eau dans la baignoire. Je regarde ensuite Edelweiss en souriant.

- Tu veux le prendre seule ou tu veux que j'vienne avec toi ?

Seule. Je respecte ce fait. J'enfile donc seulement mon peignoir histoire de ne pas prendre froid puis quitte un moment la pièce pour lui permettre de se détendre en toute tranquillité. Du moins durant quelques minutes. Pendant ce laps de temps, je retourne goûter un peu aux alcools qui traînent. Certains arrachent la gueule, d'autres chauffent, et d'autres sont juste immondes. Après un petit instant de réflexion, je décide de prendre les différentes bouteilles et de les vider dans le lavabo. J'en vide une, puis une autre et avant que je ne vide la troisième, une autre idée me vient en tête. Je prends donc les trois dernières bouteilles qui restent et me rends dans la chambre de mes géniteurs. Et là, je fais mon petit carnage. Je vide les trois bouteilles partout sur leur lit, leurs meubles, leurs habits,...bref partout dans sur leurs affaires. Un moyen détourné de leur faire comprendre que je leur en veux.

Dès que c'est fait, je laisse les bouteilles traîner dans la pièce, ferme la porte et reviens dans la salle de bain. Là, je me remets nue et m'incruste dans la baignoire, un peu plus ivre qu'avant. Cela se remarque par ma démarche de moins en moins assurée. Je me mets assise face à Edelweiss, un sourire fier sur les lèvres.

- Je m'ennuyais toute seule.

Je me jette presque sur elle par la suite. En fait je m'approche juste d'elle pour me blottir contre elle mais en voulant me déplacer, je patine et ça revient à me jeter sur elle. Cependant une fois logée contre mon amie, je ne bouge plus. Je suis sage. Enfin presque. Je le suis si on ne prête pas attention à l'une de mes mains qui se balade un peu sur l'un de ses bras.

- T'es toute douce Weissou. J'aime bien, c'est agréable. Cadeau pour la peine...

À peine ai-je fini ma phrase que mes lèvres se posent doucement sur celles de mon amie. Guidée par l'ivresse, et aussi un peu par la flemme, je n'ai pas vraiment cherché à viser une autre partie du visage. Etrangement, ce simple geste est plutôt agréable. Autant que le jour où j'ai relevé un défi à la con avec Melody. Je ne pense même pas au fait que cela risque de surprendre Edelweiss ou de la choquer. Je décolle finalement mes lèvres avec un petit sourire taquin avant de gicler quelques gouttes d'eau sur ma mascotte.

Sortir de l'eau pour entrer dans un autre bassin rempli de flotte, c'est assez con. Sauf lorsque c'est pour se réchauffer. En me rendant plus ivre que je ne l'étais déjà, j'ai aussi laissé une petite surprise odorante pour mes parents. Un cadeau pour leur montrer à quel point je les « aime ». On sent le sarcasme dans cette phrase ? Oui ? Tant mieux. D'ailleurs maintenant que j'y pense, ça pue déjà sur l'instant lorsque j'ai versé...hum non vidé c'est plus juste, leurs bouteilles d'alcool partout dans leur chambre mais qu'est-ce que ça sera à leur retour ? Ca aura eu le temps de fermenter. Sans compter que je ne risque pas d'ouvrir les fenêtres et la domestique ne revient pas de vacances avant un bon mois. Ils vont finir pompettes rien qu'en respirant. Si ça peut les faire claquer, ce serait juste un bonus. Je ne souhaite pas leur mort mais si ça arrive, je ne les pleurerai pas.

Après mon méfait, je me contente juste de rejoindre mon amie dans le bain. Le problème avec moi c'est que de base je manque déjà de pudeur mais ivre, c'est apparemment pire. Et puis je ne vois pas vraiment de raison d'être gênée. On sait tous à quoi ressemble un corps féminin et ce n'est pas comme si j'étais un mec. Là effectivement ça aurait été sans doute bien plus gênant pour ma colocataire. La pauvre Edelweiss. Non seulement je m'impose dans son bain sans lui demander son avis, mais en plus je le fais juste parce que je m'ennuie. J'aurais pu trouver mieux comme excuse mais j'ai encore tendance à être très franche. Je ne vois pas l'intérêt de dire une autre raison alors que l'ennui est bel et bien ce qui m'a poussée à revenir dans la salle de bain.

Et puis en voulant juste me rapprocher d'elle, je glisse dans la baignoire et termine simplement contre elle. Bien blottie dans ses bras, j'aurais pu en profiter pour faire des trucs un peu tordus, mais rien. Je reste étonnamment sage. Evidemment mes mains se promènent un peu sur son bras et sa nuque mais sans que j'aie d'arrière-pensée. Même mon dernier acte a été innocent. Du moins dans ma tête. D'un point de vue extérieur, il l'est sans doute moins sage. Juste un bisou sur les lèvres au lieu de le faire sur la joue. Et puis je lui gicle un peu d'eau au visage pour la taquiner. Voilà. Je deviens juste une gamine. Ou une girouette si on pense au fait que je peux passer du coq à l'âne autant sur les sujets de conversation que sur mes humeurs.

- Weissou...t'es cassée ?

Je me pose la question sérieusement. Elle ne bouge pas. Elle est restée immobile. Je m'attendais à un couinement ou au moins à ce qu'elle se protège la tronche. Mais rien. Seules ses joues rosées trahissent son état de surprise. Du moins au début. Ensuite c'est elle qui me prend au dépourvu. Pendant quelques secondes, ses lèvres sont à nouveau contre les miennes. Elle en fait même un commentaire mais je n'ai pas compris ce qu'elle a dit. C'est dans sa langue natale et je ne parle pas allemand. Je crois qu'elle est vraiment cassée. D'habitude c'est moi qui fais des trucs louches et incompréhensibles. Et là c'est elle qui le fait. C'est un effet de l'alcool ? J'imagine que oui. Mais en même temps, ça reste agréable comme contact. Je crois que je ne m'en lasserai jamais.

- Toi aussi tu trouves que c'est agréable ? Moi j'aime bien. Ca me donne l'impression de goûter un bonbon mais en mieux.

Un petit sourire légèrement abruti se dessine sur mon visage alors que je fixe ma colocataire.

- Oh je sais ce qu'on peut faire !

Et me voilà à m'agiter une nouvelle fois dans l'eau. On dirait que l'alcool me transforme en pile électrique incapable de gérer son énergie.

- Tu veux que j'te lave le dos ? Promis je ne ferai pas de tripotage ! Enfin sauf si tu le désires ou si j'ai un problème d'équilibre comme tout à l'heure...

Je compte bien tenir ma promesse tant que je suis encore apte à me contrôler. Puis je me dis que laver le dos peut-être un moyen de se détendre. Personnellement j'aime bien. Du moins quand mon frère l'a fait – sans mater évidemment – c'était plus sympa que de devoir me tortiller dans tous les sens. En plus j'avais droit à des massages en même temps puis il partait. Et j'en faisais de même avec lui. Bref même ivre je n'oublie pas le fait qu'elle ait besoin de se détendre et je me dis que ça peut être une bonne technique pour ça. Voyons en plus le côté positif, ça ferait du deux en un. Lavage plus détente.

Ma petite mascotte est vraiment toute cassée. D'habitude elle rougit, bégaie et tente de me faire comprendre que j'ai eu un geste embarrassant pour elle. Là, elle reste seulement immobile quelques instants avant de me voler un petit baiser. Un contact qui est certes très agréable mais très surprenant aussi de sa part. Pourtant au lieu de lui en faire la remarque, je préfère plutôt profiter de ce geste qu'elle ne refera sans doute jamais. Et lorsqu'elle le stoppe, je la regarde avec un sourire un peu con en lui faisant comprendre que j'ai apprécié le baiser. Peut-être trop honnête de ma part ou trop direct mais même ivre je suis incapable de sortir un mensonge. Encore une fois, elle me répond dans sa langue natale. Du coup je ne comprends pas ce qu'elle me raconte. « Ya » pour moi ça ne veut rien dire. Il faudrait que je songe un jour à lui demander de m'apprendre à parler allemand. Ou au moins à comprendre la langue.

Après ce moment de calme, je m'excite à nouveau dans l'eau avant de faire une proposition à mon amie. Aucune arrière-pensée de ma part. Je lui en fais même la promesse si ça peut la rassurer. Je me dis juste que lui laver le dos peut être un moyen supplémentaire pour la détendre. Elle a bien besoin de relâcher la pression. Elle en a trop accumulé ces derniers temps. C'est une réponse silencieuse que je reçois mais positive. Je m'écarte donc légèrement afin de laisser Edelweiss me tourner le dos et se mettre à son aise. Dès que c'est fait, je m'agenouille derrière elle, met un peu de produit dans les mains et commence à lui laver le dos. Tout en se faisant, j'effectue des massages sur les épaules ainsi que le reste du dos de mon amie. Que des gestes sages.

Au fil du temps, Edelweiss se détend. Je suis contente de voir que mes actions lui permettent de se relâcher. Je finis toutefois par arrêter les gestes au bout de quelques minutes, lorsque je la sens suffisamment détendue. Le massage étant terminé, c'est comme si Edelweiss reprenait conscience de ce qui l'entoure. Ou comme si elle regrettait quelque chose. La fin du massage ? Autre chose ? Rien de tout cela apparemment. Elle semble plutôt torturée psychologiquement. Elle semble même craindre mon départ. C'est vrai qu'à la fin de l'année j'aurai mon diplôme. Et normalement après je quitterai l'institution. Je ne sais pas si c'est seulement l'effet de l'alcool ou si elle est réellement effrayée d'avoir d'autres colocataires. Je penche pour la seconde option. L'alcool lui permet sans doute de pouvoir délier sa langue. C'est comme un sérum de vérité sur elle j'ai l'impression.

- Hum... Et bien...

Je sais qu'ils ont des appartements prévus pour d'anciens étudiants mais généralement c'est pour ceux qui ont soit des pouvoirs trop dangereux, soit une apparence impossible à dissimuler – et donc pas terrible pour se balader en ville – soit qui n'ont nulle part où aller. Cependant dans mon cas, je n'ai rien de tout ça. Mon don n'est pas si dangereux, j'ai gardé une apparence humaine et j'ai quelque part où aller. Je m'installe finalement assise, plaçant mes jambes de chaque côté de ma colocataire puis je passe mes bras autour de la demoiselle. Je la serre ensuite doucement contre moi en posant ma tête sur son épaule.

- Je n'ai qu'à prendre un appartement pour les deux. Tu resterais ainsi ma colocataire et on pourrait encore se voir tous les jours.

La solution me paraît simple. Ca sort de ma bouche comme si c'était une évidence. Pourtant je ne sais pas si Edelweiss préférerait vivre à Sin ou en dehors. De plus elle aurait un peu de chemin à faire pour aller en cours et verrait peut-être moins ses amis. Cependant c'est la seule idée qui m'est venue pour lui permettre de rester ma colocataire, de ne pas être seule, et peut-être d'avoir un lieu plus rassurant que l'institution où il se passe beaucoup d'événements étranges.

L'alcool me permet de découvrir Edelweiss sous un autre angle. Depuis le temps que je suis sa colocataire, je commençais déjà à deviner ses états d'esprit. Cependant l'alcool semble lui faire l'effet d'une potion de vérité. Elle se livre bien plus que lorsqu'elle est sobre. Et elle se décoince aussi légèrement au niveau des contacts physiques. Qui aurait cru qu'elle serait si câline sous ses airs de jeune fille trop sérieuse ? Après un geste surprenant mais agréable, elle me confie ses craintes par rapport à l'année qui se termine et mon départ prochain. Etant en dernière année, je ne vais plus pouvoir squatter les chambres de l'institution. Ca signifie aussi la séparation de mon amie si je ne redouble pas. Tout ça, ça l'effraie. Et puis quelle amie serais-je si je ne suis plus là pour tenir ma promesse faite envers elle ? C'est bien pour toutes ces raisons que la solution me paraît évidente. Vivre en colocation dans un appartement. On serait toujours colocataires, je pourrais toujours veiller sur elle et le petit bonus – ou gros bonus – elle aurait un lieu où elle pourrait oublier les tracas scolaires.

Pendant un instant, j'ai l'impression d'avoir à nouveau cassé ma petite mascotte. Elle ne bouge pas, ne dit rien et semble être plongée dans une réflexion. Puis vient un sourire et enfin, le coup fatal. En un rien de temps, je me retrouve blottie dans ses bras avant de servir de coussin. Je suis surprise par le geste mais en même temps, ça me fait plaisir. Je l'entoure à nouveau avec mes bras et viens lui caresser doucement les cheveux en souriant. Je reste quelques minutes comme ça avec mon amie dans les bras, la cajolant tendrement. Lorsqu'elle reprend la parole, un gros bug s'installe dans ma caboche. Des mots que je n'ai vraiment pas l'habitude d'entendre. De plus ce ne sont pas des trucs à dire à la légère. Ou du moins, il me faut une précision. « Je t'aime » peut être dit en amitié comme en amour. Et moi je ne sais pas du tout faire la différence entre les deux alors lorsque Edelweiss le dit, je bugue. On est assez proches alors je n'ai pas la moindre idée dans quel sens elle l'entend. En plus elle me le répète deux fois. Et avec les larmes aux yeux ! Mon dieu mais qu'avez-vous fait d'Edelweiss ?! En tout cas, elle sourit alors ça a l'air d'être plutôt bon signe.

- Je t'apprécie aussi beaucoup Edelweiss.

C'est plus sûr comme ça. Je n'ai pas envie de sortir un « je t'aime », que celui-ci soit mal interprété et que ça foute le bordel dans ma relation avec elle à cause d'un malentendu. Je viens lui caresser la joue, profitant par la même occasion pour lui essuyer la larme qui coulait dessus.

- Tu veux qu'on sorte de l'eau ou tu souhaites profiter encore un peu de la chaleur ? Ah et pendant que j'y pense, tu veux discuter, faire un jeu avant de dormir ou alors tu préfères te coucher après le bain ?

Peut-être qu'elle est fatiguée. L'alcool lui délie déjà un peu la langue mais peut-être qu'il a aussi un léger effet somnifère sur elle. C'est possible. Elle ne serait pas la première dans ce genre de situation. J'en ai déjà vu plein qui s'endormaient après avoir bu une certaine dose d'alcool. Dans mon cas ça semble plutôt me donner dix fois trop d'énergie. Heureusement que ma colocataire a un effet apaisant sur moi et qu'elle me permet de me canaliser un minimum. Dieu sait ce que je serais en train de faire en attendant si je n'étais pas avec elle dans ce bain.