Tu m'en veux pas...?

Je la garde bien contre moi, la serrant dans mes bras. Peu importe son état, je l’aime si fort. Peu importe ses actes… Je ne peux juste pas lui en vouloir. Mon amour pour elle est si fort, que je pourrais accepter n’importe quoi venant d’elle… Elle me serre et je lui rends son étreinte avec la même force. Je suis là. Tout va bien. Tu iras bien. Je te le promets. On ira bien, ensemble.
Quand elle redresse la tête, et que je vois son visage larmoyant, mon cœur se serre et mes mains viennent entourer son visage.

- Alors je peux rester toute la vie ?

Mon sourire s’attendrit alors que je ris doucement, et lui montre ma main gauche.

- Je n’ai pas changé d’avis, je veux toujours me lier à toi pour le meilleur et pour le pire.

Et je ne changerai pas d’avis de si tout. Elle est mon tout. Elle est la personne la plus importante sur cette planète. Jamais je ne l’abandonnerai, même malgré toutes les épreuves qu’on traverse et qui semble nous fragiliser.
Mais ce n’est qu’un semblant… Car pour moi, j’ai l’impression de toujours en ressortir plus forte. Parce que je sais qu’elle est là avec moi, et qu’elle le restera malgré tout. Tendrement, mes pouces viennent essuyer ses larmes.

- Tu m’en veux pas… ?
- Bien sûr que non !... Je t’aime Kaylee !

Elle se blottit contre moi, pleurant de plus belle, et je la ramène contre moi alors qu’un flux de paroles lui échappe. Elle lâche les vannes, déballe tout ce qu’elle avait sur le cœur depuis tout ce temps, et le mien se serre. J’avais une petite idée de ce qui lui passait par la tête… Parce que je la connais bien… mais j’avoue que je ne pensais pas qu’il y aurait autant de chose… Elle s’en veut, terriblement de nous avoir blessées, mais a aussi peur que ses pensées soient réelles…
Il faut que je la rassure… Mais surtout qu’on aille dans un endroit tranquille… Parce que là, on est toujours dehors avec Ashley et Thomas…

Tendrement, ma main se glisse dans ses cheveux pour lui faire des douces papouilles qui la calmeraient et dépose un doux baiser sur sa tempe.

- Ce n’était pas toi Kaylee… C’était l’objet qui empoisonnait tes pensées… Ce n’était qu’une influence… Tout va bien. Tu es toujours toi. Regarde… Est-ce que tu veux me faire du mal là ? Est-ce que tu veux faire du mal à Thomas, Ashley… ?

Je ne pense pas… Si vraiment c’étaient ses pensées, elle le penserait de nouveau, même en étant redevenue comme avant. Ce n’était qu’une mauvaise influence de son cœur qu’elle ne pouvait pas combattre… Enfin… c’est ce que je pense… Un peu comme cet instinct que j’avoue de continuer à me battre et détruire les objets des « méchants ».

Je me doutais un peu qu’elle n’allait pas bien… Mais je ne pensais pas qu’elle avait autant sur le cœur, alors je me contente de l’écouter, sans rompre le contact entre nous. Elle a besoin de savoir que je suis là, que je ne pars pas, de le sentir. Elle secoue vivement la tête à ma question, et j’avoue que ça me rassure. C’est bien ma Kaylee. Il n’y a plus une ombre sur elle… Juste des doutes, des questionnements, légitimes. Et quand elle parle de sang sur le main, une boule se forme dans ma gorge. Mes mains se plaquent sur ses joues et je la force à me regarder.

- Kaylee. Hey. Écoute-moi. Tu l’as fait pour te protéger. C’était eux, ou toi. Tu n’avais pas le choix. Ça ne veut pas dire que tu as de l’obscurité en toi. Tu es le soleil. Tu le seras toujours. Il n’y a pas d’explications à ce qu’il t’est arrivée, mais je suis certaine que ça n’a rien à voir avec ce que tu es au fond de toi.

Doucement, j’attire son visage au mieux pour coller nos fronts avant de continuer.

- Moi je sais qui tu es. Et tu n’es pas méchante. Tu n’appartiens pas à l’obscurité. Tu es la lumière incarnée. Regarde, tu as trois petites bestioles qui sont la lumière et sans toi, ils ne seraient pas là !

Je déteste la voir dans cet état, et en même temps, je comprends sa souffrance et ses doutes. Après tout, j’ai eu les mêmes après l’épisode avec Rhoswen. Elle m’a persuadée que j’étais un monstre moi aussi. Et comme pour moi, tout ça est des mensonges. Elle n’est pas un monstre. Elle n’a pas d’obscurité en elle. Je le sais. Et ce qu’il s’est passé n’est aucunement la preuve que j’ai tort.

Je sens ses doigts se resserrer sur mon haut, je sens l’incertitude dans sa manière d’être. Elle est aussi perdue que je le suis parfois… Un doux sourire étire mes lèvres alors que j’écarte légèrement ma tête pour chercher son regard.

- Viens… On retourne dans la chambre, okay ? On sera tranquille.

Tendrement, je prends sa main, pour l’attirer vers le bâtiment. Je fais attention à ce qu’elle garde son équilibre, et quand elle le perd, je me rapproche d’elle pour la coller à moi. Je n’arrive pas vraiment à savoir si mes paroles l’ont touchée quand elle agit comme ça… J’ai peur de ne pas réussir à la convaincre qu’elle est quelqu’un de bien… Comment avait-elle fait pour moi ?  Peut-être que je suis juste plus facile à persuader… ? Après tout, j’ai fini par croire les paroles empoisonnées de Rhoswen.

Je pousse un petit soupir, en même temps que la porte du dortoir. Il faut qu’on monte maintenant…

J’ai l’impression de m’occuper d’une enfant. J’ai déjà vu Kaylee bourrée, mais elle n’a jamais été aussi vulnérable. Peut-être parce qu’à ce moment précis, elle ne va pas bien… ? C’est certainement ça. Elle sert sa main dans la mienne et j’y réponds pour la rassurer, lui montrer que je ne la lâcherai pas non plus, que je suis là et serai toujours là pour elle.
On marche dans la grande cour en direction du bâtiment des dortoirs, et je sens qu’elle perd parfois l’équilibre, essayant donc de la rattraper pour éviter une chute.

Quand on arrive au niveau des escaliers, je maudis la personne qui n’a pas donner l’accès aux ascenseurs à tout le monde… Bon. Réfléchissons. C’est impossible de monter les deux étages sans risquer de tomber… Kaylee est trop instable dans son corps pour ça, et je n’ai clairement pas assez de force pour la soutenir jusqu’en haut. Je n’ai plus qu’une solution.

L’attirant doucement à moi pour la serrer, je fais subitement sortir mes ailes avant de la regarder.

- Accroche-toi bien et ne me lâche pas, ok ?

Vu comme elle s’agrippait, je ne pense pas qu’elle aura de problème pour ça. Une fois qu’elle est bien dans mes bras, je m’élance d’un battement d’ailes, longeant les escaliers pour arriver jusqu’à notre étage. Une fois sur le palier, je pose pieds à terre et la dépose doucement.

- Ça va ?

Elle a l’air d’être si loin et pourtant si proche. Proche physiquement, mais loin dans son esprit. Elle me regarde comme si j’étais… un fantôme ? Non… Un ange. Je sais que c’est cocasse, mais je n’ai pas d’autres mots. C’est comme si j’étais irréelle.

- Elles sont belles tes ailes...

Ouais. Elle est très loin. Un petit sourire étire mes lèvres alors qu’elle me fixe, et j’avoue que je suis un peu embarrassée. Mais bordel ! Si on oublie tout son passage de tristesse et de doutes, elle est trop mignonne !!! J’ai envie de la croquer !!

- Euh… Merci.

Un petit rire m’échappe, et je reprends la marche pour ouvrir la porte du couloir, y pénétrant. On marche lentement, je fais bien attention à ce qu’elle ne perde pas l’équilibre en m’emportant avec elle malencontreusement, et on arrive plus ou moins rapidement devant la porte de notre chambre. J’essaye de sortir ma clé sans la lâcher, et ouvre la pièce pour y entrer, avant de l’accompagner jusqu’à son lit.

- Voiiiilà. Maintenant, mets-toi en pyjama. Et une fois que tu seras bien tranquille, on pourra discuter, okay ?

Je lui souris tendrement, afin de la rassurer, et m’assoie par terre, devant son lit. J’avoue que j’aurais préféré qu’elle m’en parle en étant sobre, mais bon. Si l’alcool peut l’aider à lâcher son sac… c’est mieux que rien.