Erreur de jeunesse [feat. Kaylee]

Mais c’est dingue comme elle ne comprend rien !! Il faut que je le dise en quelle langue pour qu’elle comprenne ce que j’essaie de lui dire ?! C’est insupportable ! J’enrage. Je veux qu’elle me laisse tranquille maintenant !

- Mais putain Kaylee ! Je te parle du contrat à respecter ! Il y a une date limite sur ton contrat, tu respectes la date limite ! De plus ! Je suis mineure ! Donc je ne peux pas faire ce que je veux, c’est mes parents qui décident. Je les ai fait chier pour être mannequin pour promouvoir mon groupe de musique, alors je dois aller jusqu’au bout ! C’est pas une histoire de qui prend soin de moi ou pas !!

Bien sûr qu’on ne peut pas comparer une agence de foot et de mannequinat ! Dans l’une, tu dois être dans ta meilleure forme pour être à fond sur le terrain. Dans l’autre, tu dois avoir la meilleure silhouette pour être belle sur les photos et rentrer dans ces putains de vêtements pour enfants ! Ça n’a rien à voir ! Je suis frustrée par ce qu’elle me dit. Elle ne veut pas comprendre et je vois bien que je vais devoir abandonner. Mais abandonner quoi...?

- Tu sais quoi ? Laisse tomber ! Tu ne veux pas comprendre, tant pis ! Ça ne regarde que moi, et j’ai pas demandé ton aide ! Alors maintenant laisse moi tranquille !

Je tourne les talons, excédée par cette dispute et essuie mes larmes de frustration.

Je veux être toute seule. Je ne veux pas la voir. Je voudrais juste qu’elle me laisse réfléchir dans mon coin mais bien sûr, madame n’abandonne jamais. C’est quoi son but au juste ? Qu’on arrive au point de non-retour ? De me montrer que notre relation est juste impossible ?! Je ravale un sanglot. Je suis bornée, je le sais. Et je sais que ma manière de faire ne marche pas. Mais à quoi bon guérir si en sortant de l’école on me redemande de réduire les doses ?! Parce que je ne suis pas parfaite, et que je ne le serais surement jamais !

Elle me coupe de nouveau le passage en me disant que ça la regarde et je gronde de colère, impatiente. Je l’écoute à moitié. Je ne veux plus lui parler. Elle ne m’écoute pas non plus après tout. Je ne vais pas faire des commentaires sur sa manière de vivre, moi ! Je n’aime pas qu’elle se batte mais est ce que je l’en ai empêchée jusqu’à maintenant ? NON ! Parce qu’elle se gère ! Mais voilà...elle utilise la force contre moi...et me fait tomber au sol. Je grimace de douleur avant de la fusiller du regard, en larmes de colère.

- J’avais pas besoin que tu me prouves quoique ce soit !!!! Je SAIS tout ça !!

Je baisse les yeux, toujours au sol, et fond en larmes.

- Laisse-moi tranquille Kaylee...

Je ne peux pas guérir en sachant que le problème reviendra une fois sorti de cette école. Je ne veux pas faire d’efforts quand c’est voué à l’échec. Ce serait de la fatigue pour rien. Si j’avais la confirmation que mon contrat était fini après ça, peut être que je me permettrai de guérir complètement…mais je ne peux pas. Et quand je vois que je risque de perdre peut-être la seule personne qui est vraiment de mon côté, à cause de cette agence de malheur, je deviens dingue. Elle me pourrira la vie jusqu’au bout…

Je sanglote par terre et me recroqueville sur moi-même. Elle me demande si je veux qu’elle parte. Et j’hoche la tête. Je ne veux pas qu’elle parte. Mais si elle a l’intention de continuer à me mettre face à ma merde…alors je n’aurais pas le choix. Elle s’accroupie devant moi et je croise son regard.

Les larmes débordent de nouveau à sa question. Encore un reproche... Je vais la perdre, c’est ça ? Alors que ça fait seulement deux semaines ? J’ai un don pour tomber amoureuse des mauvaises personnes ou quoi ? Je détourne le regard et bégaye.

- Je veux juste…juste que tu acceptes mes choix… Mais…mais si tu ne peux pas me faire confiance…alors peut être…

Une grande douleur me tord la poitrine alors que je plante mon regard larmoyant dans le sien.

- Alors peut être qu’on devrait arrêter…

Mes propres paroles me brisent le cœur. Il y a tellement de contradictions en moi…je suis perdue. Je ne veux pas la quitter, mais quand je vois notre dispute, je me demande comment ça pourrait fonctionner. C’était si violent ! Je ne veux pas d’une relation comme ça ! Et puis…je ne suis même pas sûre qu’elle m’aime autant que je l’aime. Elle ne m’a jamais rien prouvé… jamais donné aucune attention. Notre relation n’a pas changé d’un pouce…excepté son qualificatif...

Quand elle s’immobilise et me demande si elle n’était qu’un de mes caprices, j’ai envie d’hurler que c’est faux. Et je secoue la tête pour lui dire que non. Je ne veux pas qu’elle pense ça de moi, ou d’elle-même.

- Tu n’es pas un caprice…

Elle se redresse et me regarde dans les yeux. Je n’avais jamais vu cette expression sur son visage. J'y lis de l’incompréhension mais… je ne peux pas vraiment revenir sur mes paroles… Puis son regard devient sérieux et ce qu’elle dit me brise de nouveau. Elle ne reviendra plus… Je n’ai pas envie qu'elle parte mais... Raah ! J’aimerais que tout ce moment, depuis la fin du repas, ne soit qu’un rêve ! Mais on a clairement un problème et aucune de nous n’a l’intention de céder. Elle tourne les talons et je baisse les yeux, fondant encore plus en larmes. Je ne peux pas la retenir... Je n'ai plus le droit.

Je ne veux pas la voir partir. Plus elle s’éloigne, et plus je sens quelque chose tirer sur mon cœur. Comme si la moitié était accrochée à elle et qu’elle l’arrachait de plus en plus et fur et à mesure qu’elle s’éloigne. C’est extrêmement douloureux. Tellement, que j’aimerais qu’elle revienne. Mais je ne peux pas la laisser revenir si elle n’arrête pas de me sous-estimer et de penser que je ne suis rien sans elle. Ça la rend imbu d'elle-même et je ne supporte pas ça. Doucement, j’essaie de transformer ma tristesse en colère. Je ne la regarde pas et me mord la lèvre durement pour retenir mes sanglots qui ne demandent qu’à sortir.

Alors qu'un goût métallique s'empare de mes lèvres, elle me dit qu’elle a compris et en accélérant, elle arrache d’un coup sec la moitié de mon cœur, me laissant bouché bée, une douleur lancinante dans la poitrine. Je la regarde courir au loin et les sanglots que j’essayais de retenir s’échappent d’un coup. Et je les laisse venir. Je me recroqueville sur moi-même, cachant mon visage dans mes bras. Je l’ai perdue. Et je n’arrive pas à savoir si c’est de sa faute ou de la mienne. Je n’ai plus qu’à faire avec. Vivre ma petite vie misérable, seule. J’ai l’habitude après tout…j’ai toujours vécu comme ça. Je devrais me réhabituer facilement.

Et au moins…les anges seront contents.