Quand on lâche la bête [feat.Kaylee Mackenzie]

Je suis en rogne. Ça fait une semaine que je la cherche ! Une putain de semaine !!! Elle se fout de moi ! Elle vient, elle me brise le cœur, me prive de ce qui m’est le plus précieux et n’a pas les couilles de se montrer ensuite ?! J’ai envie de la claquer !! Kaylee, je te connais par cœur ! Je sais exactement ce que tu essayes de faire ! Et clairement, il est hors de question que je te laisse faire ! Hors de question que je te laisse maltraiter mon cœur en jouant l’idiote et en te mettant en danger !
D’un pas déterminé, et enflammée par la colère qui me ronge, je me dirige vers l’infirmerie. Si elle n’y est pas, c’est que Dr.GP la cache ! C’est sûr ! J’ai demandé à Iris, elle n’avait aucune idée d’où elle peut être. La seule à qui elle pourrait se confier ensuite, c’est la médecin ! Alors je sais où je dois aller.

J’arrive dans le couloir, et débarque dans la salle en trombe, essoufflée et furieuse.

- Dr Mackenzie !! Elle est où ?! Dites-moi sérieusement où elle est !

Quand je vois son visage surpris, je ne peux pas retenir les larmes de rage de déborder. J’ai besoin de la voir. Il faut que je lui parle. C’est un besoin vital et j’espère qu’elle coopèrera. Je n’en peux plus de vivre sans elle. Je préfère 1000 fois le danger à ça !!

Quand elle me regarde et lance qu’elle ne voit pas de quoi je parle, je me sens comme trahie. Elle est du côté de Kaylee alors… Elle n’a jamais été du mien ? Peu importe ce que je fais, il n’y aura personne pour soutenir mes choix ? Ça n’a jamais été le cas, même Kaylee ne le faisait pas, et le fait qu’elle rompe, montre clairement qu’elle n’a jamais respecté mes décisions, et ça me rend autant triste qu’en rogne.
Je me stoppe dans l’infirmerie, pour l’observer silencieusement avant de fondre en larmes, le cœur meurtri et gonflé de fatigue et de désespoir.

- Elle me manque… ! J’ai…j’ai besoin de la voir…. Je suis fatiguée d’être loin d’elle… je…

Je renifle disgracieusement alors que je craque devant elle. Je ne voulais pas me montrer dans cet état. J’ai tenu bon pendant toute la semaine… mais je me confronte à un nouveau mur et c’est trop pour moi. Je ne peux pas le surmonter. Je n’y arriverai pas…

- Je suis fatiguée… Je veux juste que la douleur parte… Je veux juste… retrouver ma raison de vivre…

Je baisse les yeux, anéantie alors que ma dernière phrase s’échoue sur le sol. Si elle n’est pas là… je n’ai plus de raison de me battre… Je n’ai plus de raison de me rebeller face à l’agence… je n’ai plus de raison de guérir. Je le vois… j’ai encore maigri.

Alors que les larmes continuent de perler le long de mes joues pour finalement s’écraser sur le sol. Je hoquète de tristesse quand elle entre dans mon champ de vision. Mes yeux se posent sur elle et sa caresse sur ma tête ne me fait pas réagir, ni sourire, ni rien. Je suis vide. Je ne suis qu’une boule de tristesse qui a besoin d’aide. Besoin de son aide.

- Bon écoute... T'as raison, je sais où elle est. Mais je ne peux pas te le dire. Pas tout de suite. J'aimerais d'abord voir avec elle si elle est d'accord. Tu comprends Lova ?

Je renifle glorieusement et essaye de reprendre ma respiration. Je veux la voir… J’ai besoin de la voir… Pourquoi je ne peux pas la voir ? J’essuie mon nez gracieusement avec ma manche avant de marmonner.

- Elle ne voudra jamais me voir… Elle m’a dit qu’elle me déteste… Tu peux toujours lui demander… elle n’acceptera jamais et tu le sais…

Je renifle encore, alors que ma manche s’attaque à mes yeux. Je sais qu’on est autant têtues l’une que l’autre, et c’est pour ça que je sais que la technique de Dr. Kay ne marchera pas… Je voulais la mettre sur le fait… mais je n’arrive pas à la trouver… C’est un échec. Et je n’ai que la médecin pour m’aider. Alors si, elle aussi, m’abandonne… Je ne sais pas ce que je ferais…

Au moins, elle se rend compte que j’ai raison. Je connais Kaylee par cœur, je sais comment elle est, comment elle réagit mieux que personne. Je sais qu’elle cherche à m’éloigner pour me protéger. Je ne suis pas stupide ! Mais là, j’ai l’impression que c’est elle qui l’est. Elle croit vraiment que ça va m’arrêter ? Me protéger ? Elle ne s’est jamais dit que le plus grand danger c’était moi-même ? Pendant longtemps, je n’ai pas trouvé de sens à mon existence, pendant longtemps je me suis renfermée sur moi-même sans que personne ne le remarque, pendant longtemps j’ai hésité à tout arrêter sans en avertir personne. Mais sa présence me faisait oublier ce mal-être. Sa présence donnait du sens à tout ce que j’ai vécu. Alors maintenant qu’elle n’est plus là… Qui me protège de moi-même ?

Dr. Kay me demande si je vais y foutre le bordel et honnêtement, je ne sais pas si je peux le lui promettre d’être sage. Je sais que je peux être imprévisible. Je pourrais fondre en larmes, comme lui sauter dessus, ou son visage pourrait me mettre encore plus en rogne… Je n’en sais rien. Mais je sais qu’il faut que je la voie. Alors je secoue la tête. Je lui promets l’impossible. Je ferais de mon mieux mais c’est tout ce que je peux promettre.

- Emmènes-moi la voir… S’il te plait…

Elle me dit qu’elle va m’emmener et mes yeux encore larmoyants s’éclairent. Vraiment ? Elle va vraiment m’aider ? Mon visage se détend grâce à l’espoir qui emplit ma poitrine et je me redresse avec elle, le cœur battant à tout rompre à l’idée que je vais enfin la revoir. Elle me manque tellement. Je veux qu’elle me rende le cœur… Je ne veux pas qu’elle me laisse. Je ne suis absolument rien sans elle…

- J'ai fini ma journée de boulot, on peut donc y aller tout de suite si tu veux.

Mon cœur manque un battement et j’inspire profondément alors que la nervosité monte en moi. Et…si elle va bien ? Et si je ne lui manque pas ? Et si elle est plus heureuse sans moi ? Et si, tout ce qu’elle m’a dit est vrai ? Qu’est-ce je ferais ? Un petit sourire triste se dessine sur mon visage alors que la réponse est très claire dans ma tête. Si c’est vrai, je n’aurais aucune raison de rester. Le docteur m’annonce qu’elle va d’abord acheter des boissons et j’hoche la tête doucement, reprenant mes esprits.

- D’accord… Je vais d’aider…

Il est hors de question que je la laisse. Je l’aiderai à porter les affaires s’il le faut ! Mais je vais avec elle ! Je ne prendrais pas le risque qu’elle me laisse de côté. Pas encore.

Une fois que son tour de garde est terminé, on sort toutes les deux de l’infirmerie et je la suis en silence, les yeux rivés au sol, dans mes pensées. Je suis partagée, entre la joie et la peur. Je suis contente de la revoir mais… j’ai tellement peur de ce que je pourrais découvrir. Je mourrais littéralement si elle n’est pas dans le même état que moi. Je me liquéfierai sur place, anéantie, et je n’aurais plus qu’à fuir… J’ai peur… j’ai si peur… Mais il faut que je le fasse. Il faut que j’en ai le cœur net ! Ce qu’il m’arrive ensuite n’a pas d’importance. Pas encore du moins. Dr.GP me parle, mais je n’ai que la moitié des mots. Alors je me contente d’hausser les épaules. Peu importe. On y va pas pour faire la fête… Je pense qu’il y aura plus de larmes qu’autre chose…

On arrive au niveau de la supérette et je me contente de la suivre sans dire un mot. Je suis éteinte. Je n’ai pas envie de parler, je n’ai pas envie de rire, ni de pleurer. Je suis fatiguée de l’avoir cherchée pendant une semaine entière, et maintenant que ma mission est presque accomplie, je repose mon esprit qui n’a pas arrêter de se torturer tout seul, chaque jour, chaque nuit. Est-ce qu’elle refait des cauchemars ? Est-ce qu’elle va bien ? Ce silence me tue…

Je la suis en silence dans le magasin, l’observe prendre toute sorte de boissons sans vraiment m’attarder sur ses choix. Ça ne me concerne pas. On se dirige vers la caisse et elle paye tranquillement, et quand c’est l’heure de partir, je prends le premier sac qui me tombe sous la main pour le porter. C’est… lourd. Dr.Kay me donne rapidement un autre sac plus léger et je la remercie d’un petit signe de tête. Je suis une incapable… je ne suis même pas apte à soulever un sac rempli de bouteille… Je pousse un soupir et on sort enfin de la supérette. Et quand j’attends ma crainte à voix haute, je me tends. Mes épaules s’affaissent et j’hoche la tête, dépitée.

- Oui… c’est égoïste mais… j’ai peur d’être la seule à aller mal…

Je pousse un nouveau soupir alors qu’on continue de marcher vers le lieu où se cache mon…ex. Plus on avance, plus je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine, menaçant de me faire vomir encore. Cette situation est horrible… je ne mange pas, et pourquoi j’ai ces nausées régulièrement dès que je pense à son absence. Ça me rend littéralement malade. Et j’ai peur que ça la fasse fuir de savoir ça… Trop de responsabilités… toujours trop…

- Si elle me rejette encore j’en mourrais…

Je chuchote cette dernière phrase, les yeux rivés au sol alors que je sens tous mes membres trembler.

Je marche à la suite de la médecin, trainant les pieds et tenant à deux mains les lanières du sac de courses, quand elle me répond.

- Je ne pense pas que t'aies vraiment du souci à te faire sur ce point. Tu la connais maintenant. On sait toutes les deux qu'elle n'est pas douée au niveau social. Elle fait souvent les choses maladroitement, le regrette ensuite et elle essaie de ne pas le montrer.

Un sourire triste se dessine de nouveau sur mon visage et j’hoche doucement la tête. Oui. Elle a raison. Kaylee a toujours été maladroite vis-à-vis de ça. C’est toujours moi qui ai fait les premiers pas. Ça ne me dérangeait pas ! Mais… c’est vrai que parfois on se demande si l’affection n’est pas à sens unique… Peut-être que… finalement, ça a toujours été à sens unique. Elle ne m’a jamais dit qu’elle m’aimait… Je pousse un long soupir.

- Oui… et ça fait douter… Elle ne m’a…jamais dit qu’elle m’aimait… alors… quand elle m’a dit que je la gênais… que j’étais dans ses pattes… J’ai failli la croire sur parole…

Je baisse les yeux alors qu’une douleur familière me déchire encore la poitrine. Je n’aime pas y repenser. Je déteste ça. Mais ses mots tournent en boucle dans ma tête et je n’arrive pas à les faire partir. Ils me hantent…jusque dans mes rêves. Et c’est pour ça qu’il faut que j’en ai le cœur net !