Léandre arriva dans les premiers à ce cours d’adaptation raciale. Ça faisait pratiquement trois mois qu’il était arrivé dans cette école, et pourtant, il ne savait toujours pas ce qu’il était devenu. Le professeur n’arrivait pas à déterminer ce qu’était le jeune homme. Son physique n’avait pas vraiment changé, à par que ses cheveux étaient devenus argentés, sa peau blanche et sans défaut et un de ses yeux avait prit une hypnotisante couleur émeraude. Il n’y avait aucun indice à sa nouvelle race.
Mais il fallait dire que Léandre offrait peu d’information à son sujet également, répondant en monosyllabe « oui », « non », laissant échapper souvent des « je ne sais pas », lorsqu’on lui posait des questions. Le pire était lorsque le professeur demandait des informations personnelles sur le jeune homme, il avait le droit à des silences pesant de sens. Le comble était que Edelweiss devait être présente du début jusqu’à la fin à ces conversations qui n’aboutissaient pas. Léandre ne comprenait pas en quoi il devait être collé à cette fille dans ce cours. Apparemment il était important qu’ils sachent leurs pouvoirs respectifs pour pouvoir les exploiter au maximum lorsqu’ils sont ensembles. De plus, leur cas était si rare que le professeur fut un peu prit au dépourvu à leur premier cours. Ils n’avaient apparemment pas un pouvoir semblable, ni de race commun, ils n’étaient pas de la même famille. Rien ne les liait. Et pourtant, la zone magique en avait décidé ainsi.
La semaine dernière le professeur avait dit au finlandais qu’il allait sortir des questionnaires plus poussés et lui faire quelques tests qui devraient faire avancer les recherches. Le jeune homme n’avait pas vraiment le choix que de faire confiance à cette personne.
Dans la salle de cours, Edelweiss était là. Comme toujours. Première. Ça ne le dérangeait pas, il ne faisait pas la course avec cette fille, il voulait juste faire sa scolarité tranquillement, mais ce coté fille modèle, première de la classe de cette demoiselle lui sortait parfois par les yeux. Il avait l’impression qu’elle faisait tout pour être parfaite, et ça sonnait tellement faux.
Léandre alla vers l’allemande, il lui adressa un « Bonjour Edelweiss. » plutôt froid avant de remonter le col de sa chemise et de sa veste et retirer sa redingote pour la poser sur le dossier de sa chaise. On lui avait dit de ne pas montrer son cristal, de ne pas en parler. Apparemment c’était un sujet tabou ici, Léandre ne comprenait pas pourquoi mais il était vrai qu’il ne voulait pas se faire observer ni juger pour cette pierre incrustée dans sa peau. Le jeune homme s’assit aux cotés de la demoiselle, sans un sourire ni regard de sa part. Afin de se fermer à toute discussion, Léandre sortit un manuel de son sac de cours pour réviser un peu ses cours « normaux ». Il ne fallait pas oublier que malgré leur transformation, ils restaient des adolescents venus ici pour faire leurs études et avoir un diplôme pour une vie épanouie. Du moins, c’était l’idée de départ …
Le cours commença, sans que Léandre ne porte la moindre attention à sa camarade, ayant fini par griffonner des chansons après en avoir eu marre de réviser ses cours de sciences. Le professeur parla un peu de l’acceptation de soi, de la personne qu’on pourrait devenir grâce à cette transformation, et d’autres idioties que le jeune homme écoutait malgré lui. Heureusement, il avait la capacité de paraitre à l’écoute même si son esprit était ailleurs.
Depuis que le finlandais était ici, il n’avait pas fait d’appel vidéo ni avec sa famille, ni Serah. Il avait tellement peur de leur réaction à sa nouvelle apparence, mais apparemment il y avait une sorte de magie qui permettait de paraitre « normal » aux yeux du monde. Cependant, la possibilité du contraire inquiétait le jeune homme qui n’avait pas mis les pieds en dehors de l’école depuis son arrivé à Londres. Seulement, Léandre savait qu’il allait devenir fou avec toutes ces restrictions. Il voulait voir sa famille, voir son amie, voir la ville, voir autre choses que des gens à moitié animaux, avec des ailes, avec des cornes, avec des pouvoirs.
Lorsque le professeur eut terminé son speech, Léandre ne put refreiner un léger soupir en s’enfonçant dans sa chaise. C’était le moment fatidique où les groupes se formaient pour parler de leur race et pouvoirs, connaitre les techniques de chacun pour les contrôler ou les utiliser, et pendant ce temps, le professeur venait voir ceux qui avaient du mal, ou comme Léandre, ceux qui n’avait toujours pas trouvé leur race ou leur pouvoir
Machinalement, Léandre se passa une main sur la nuque et gratta un peu ce caillou. Il se disait, intérieurement, que peut-être, à force de gratter, il finirait par partir. C’était stupide, mais il continuait à croire qu’il pourrait redevenir humain … un jour.
Contre toute attente, le professeur fit lever le duo pour les mettre dans un coin plus calme de la salle et revint avec une jeune fille.
_Bethany, je ne te présente Edelweiss et Léandre.
Le jeune homme hocha doucement la tête et répondit, simplement :
_Boujour.
Il n’y avait pas besoin de plus. Pas de sourire, pas de « enchanté ». Léandre n’affichait aucune bienveillance certes, mais il se refusait d’être hypocrite et de paraître aimable avec des personnes dont l’existence lui était totalement égale.
_Je vous laisse faire connaissance un instant. Je reviens avec mon questionnaire pour toi Léandre, et j’en aurais un pour toi Bethany. Edelweiss, aujourd’hui on parlera de tes pouvoirs, si tu as pu en faire usage.
Puis, le professeur laissa le trio qui disposait d’une chaise chacun. Le jeune homme regarda l’arrivante, puis posa son regard sur sa coéquipière. Finalement, sans un mot, il s’assit, croisa les bras et regarda la guitare qui se trouvait dans le fond de la pièce. Bon sang, à chaque fois qu’il était dans cette salle, il y avait cette guitare qui lui faisait de l’œil …
Dernière édition par Léandre Laverny le Mer 30 Mai - 21:37, édité 3 fois
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Lun 26 Mar - 20:19
Un cours à trois
Avec
Edelweiss L. Wintenberger Léandre Laverny
A mes yeux, mon arrivée dans cette école n’avait pas vraiment été une partie de plaisir. Je m’étais habituée à la liberté acquise par ma fuite et l’avait énormément appréciée. Pourquoi avais-je seulement accepté cette proposition qui m’avait été faite ? Je n’arrivais pas vraiment à le savoir moi-même… C’était comme si je recherchais quelque chose sans connaître le teneur de ce que je voulais. D’autant plus qu’il semblait que je le fasse au dépend de pas mal de sacrifices. Liberté, solitude, paresse… Tout cela allait disparaître en même temps que j’allais devoir assister à des cours que je n’avais pas demandé. Pourtant, j’étais là, en train de remplir des papiers pour avoir une chambre, des repas réguliers, un emploi du temps et une pseudo vie sociale. Puis, quand cela fut fait, on m’amena à la chambre 202. J’avais une colocataire dont je ne retins pas le nom (pas envie…). Ainsi, je pus choisir un coin loin des fenêtres, ce qui me permettrait sans doute de trouver plus facilement le sommeil quand je voudrais faire des siestes.
Ignorant totalement ma comparse, je m’installai avec le peu d’affaires que je possédais et celles qu’on m’avait fournies. Je vis, une fois cela fait, l’opportunité et la nécessité de quelques achats : un ordinateur fixe pour être mieux installée, si l’école me le permettait sinon j’allais me contenter de l’ordinateur portable que je possédais déjà, des coussins et couvertures qui me feraient un nid douillet, peut-être même un lecteur et des écouteurs pour m’isoler totalement, oublier que j’étais dans la même chambre que d’autres personnes. Certes, à l’orphelinat aussi je n’étais pas seule, mais cela n’avait rien à voir avec une pseudo habitude. Non. Ma raison était bien plus douloureuse à mes yeux.
Il fallut moins de vingt-quatre heures pour que le quotidien ennuyeux des élèves de cet école devienne le mien. A peine arrivée que le lendemain je commençai les cours… J’avais l’impression d’avoir la poisse. D’autant plus que je devais me présenter à la classe, exercice dont je voulais me faire dispenser à tout prix. Parler, sociabiliser… ce n’était vraiment pas mon truc. Malheureusement, je n’eus pas le choix et dû me répéter au moins trois fois dans la matinée, autrement dit, à chaque fois que je rencontrais un nouveau prof’. Je m’étais donc efforcée de rester brève et, surtout, calme, pour éviter d’étaler ma vie que je voulais garder pour moi sans m’attirer les foudres des autres. J’allais avoir déjà assez de remontrances lorsqu’on se rendrait compte que je n’avais pas forcément le besoin de suivre en cours, ou même de bosser énormément pour comprendre les cours. Je n’avais pas demandé cela, mais vivais avec comme je le pouvais.
En début d’après-midi, j’avais un cours sur les races. J’avais la flemme de retenir le nom en entier, surtout que je ne me sentais pas différente qu’avant malgré la sorte de bijou qui ornait désormais mon sternum d’un très joli bleu. Je considérais donc que j’étais restée une humaine comme les autres… ce qui n’était malheureusement pas l’avis des adultes qui m’obligeaient à participer à ce cours. Ce dernier regroupait plusieurs classes, mélangeant même les années. C’était sans doute ce qui expliquait pourquoi il y avait des deuxième année et autres élèves de mon âge dans cette salle de classe lorsque j’y entrai, parmi les dernier. Tenant mon sac de cours à une main sur mon épaule droite, je regardai consciencieusement les tables disponibles pour pouvoir en trouver une qui soit plus à l’écart que les autres. Ce ne fut pas simple, mais j’en trouvai une contre le mur, vers le fond. J’y allai d’un pas tranquille en espérant avoir le temps de dormir, qu’on ne viendrait pas me déranger comme les heures précédentes. Espoir qui allait se trouver déçu assez rapidement.
J’étais sur le point de trouver un rythme qui allait me bercer dans les paroles du professeur quand ce dernier décida que nous allions devoir nous mettre en groupe. Sur le coup, mes yeux s’ouvrirent en grand avant que j’enfouisse mon visage dans le creux de mes bras. Pourquoi donc ne pouvais-je pas avoir la paix ?! Puis, avec qui devais-je former un groupe au juste ? Comme pour répondre à ma question silencieuse, le prof’ s’approcha de moi, semblant ne pas remarquer mon attitude peu attentive, et me demanda de le suivre. A contrecoeur, je me levai et pris mon sac que je n’avais pas pris le temps d’ouvrir auparavant, puis le suivi jusqu’à une table où étaient installés deux personnes : un garçon à l’air aussi atypique que moi et une fille blonde assez simple à première vue. On me les présenta, ce qui arracha un “bonjour” de la part du gars qui ponctua sa salutation d’un mouvement de tête. Le fait qu’il soit aussi concis me plaisait assez : il ne parlait pas pour rien dire et ne cherchait pas à aller plus loin, ce qui me convenait totalement. Je ne répondis pas à mes camarades, préférant faire un simple signe de tête.
Avant de s’en aller, le professeur nous demanda de faire connaissance et mentionna un questionnaire que le dénommé Léandre et moi-même allions devoir remplir. Rien que cette idée me donnait la flemme. Je n’en montrai cependant rien et m’installai simplement alors qu’il partait en direction de son bureau. Ne regardant pas vraiment mon regard sur les membres de mon groupe, je décidai de croiser les bras et y poser mon menton pour attendre que le temps passe. Parler ? Me présenter ? Dire des éléments qui me concernaient ? Très peu pour moi ! Ah… ce que mon ordinateur me manquait… Quoiqu’un oreiller ne serait pas de refus dans cette situation. Sans parler de cette jupe que je détestais ! Etais-je vraiment la seule à vouloir m’en aller d’ici ?
Léandre reporta son attention aux filles lorsque sa coéquipière s’exprima :
_Bonjour Bethany, enchantée. Tu peux m'appeler Weiss si mon prénom te semble trop long.
Edelweiss semblait le dire à tout le monde. C’était même la première chose qu’elle faisait lorsqu’elle se présentait à quelqu’un. Au moins, la jeune allemande était conscience que son prénom était une plaie pour la mémoire. Surtout des étrangers de l’Allemagne. Tout comme lui avec son prénom au final. Ses jeunes camarades, lorsqu’il était enfant, avait beaucoup de mal à prononcer « Léandre », et il se fit appeler très longtemps « Leander » pour leur simplifier la tâche. Malgré tout, le jeune homme était fier de ses origines françaises et imposa son vrai prénom en grandissant.
Bethany prit une position fermée que Léandre connaissait bien. Une position qui indiquait qu’elle ne désirait pas faire connaissance avec le duo. Même si le jeune homme commençait à connaitre Edelweiss, il pensait que sa coéquipière allait abandonner le souhait de converser avec l’arrivante. Mais à sa surprise, la fille aux yeux de pluie entama ce qui semblait être une conversation :
_Je suis une Psyché, c'est-à-dire que mon âme est liée à celle d'un animal … Je te présente Juwelen, il te salue. Compte tenu de notre lien, nous pouvons communiquer l'un avec l'autre.
Le regard vairon de Léandre se tourna doucement vers Edelweiss. La nouvelle avait l’air encore plus renfermé que le jeune homme. Edelweiss semblait faire des efforts pour faire la causette. Mais ladite Bethany semblait ne pas vouloir faire connaissance avec eux. Elle n’avait pas dit un mot et ne semblait pas décidé à avoir plus de conversation que ça. Le regard de Léandre alla vers Bethany, puis retourna vers Edelweiss. Allait-elle vraiment tenté de faire la conversation à une personne qui ne semblait pas vraiment en avoir envie ? Apparemment.
Edelweiss, croyait-elle vraiment que l’arrivante voulait faire amie-amie avec elle ? Ou même faire sa connaissance ? Son air pragmatique, sa position de lassitude. Tout indiquait que la brune voulait seulement que le temps passe pour partir d’ici et retourner à ses activités personnelles.
Le jeune finlandais se pencha un peu en avant pour poser ses coudes sur ses genoux et porta ses mains jointent à son visage, y posant sa bouche, méditant. Il fixa la nouvelle venue, un regard qui ne disait rien sur ses pensées et ses sentiments. Puis, il affirma, l’air tout aussi froid qu’à son habitude malgré ses paroles plutôt bienveillante :
_Si cela peut te rassurer, je ne connais ni ma race, ni mes pouvoirs, dans mon cas.
Léandre ne savait pas vraiment pourquoi, mais il ne voulait pas laisser Edelweiss seule dans un potentielle monologue. Peut-être que s’il s’y mettait, sa camarade pourrait converser avec cette jeune fille. Le mieux était de lui poser une question. Une personne polie, bien éduquée, avec un minimum de jugeote, répondrait à une simple question et cela éviterait à Edelweiss de se prendre un vent. Même si le jeune homme n’avait aucune envie de faire la conversation, la petite allemande ne méritait pas de se sentir seule, entourée d’espèce de cas sociaux.
_As-tu une vague idée de ta nouvelle identité, Bethany ?
Dernière édition par Léandre Laverny le Sam 21 Avr - 23:22, édité 2 fois
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Mer 28 Mar - 4:02
Un cours à trois
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Edelweiss L. Wintenberger Léandre Laverny
Edelweiss, puisque tel était son nom, semblait chercher à égayer la situation et faire la conversation. Avait-elle l’intention à prêter une obéissance aveugles aux directives du professeur ou était-ce seulement qu’elle ne supportait le silence entre nous trois ? A moins qu’elle n’avait pas apprécié que je ne lui réponde pas une première fois et qu’elle espérait que ce soit simplement que je sois une grande timide ? Elle allait malheureusement se trouver bien déçue… Certes, le fait qu’elle m’en apprenne plus sur sa “race”, même si je haïssais ce mot, était assez intéressant, mais en quoi cela allait me concerner ? A faire amie-amie ?Je devais tout de même avouer qu’elle avait répondu à une fugace curiosité concernant l’oiseau se trouvant sur son épaule. Il était beau mais semblait un peu étrange depuis qu’il me donnait l’impression de me regarder tel une créature curieuse et terriblement intelligente. Non pas que ce soit dans mes croyances que les animaux soient bêtes, mais pas au point de regarder avec une insistance signifiant qu’ils voulaient avoir une conversation. Pourtant, il me fut confirmé qu’il me saluait, comme s’il s’agissait d’un humain. Trop perturbée, bien que je ne le montrai pas, je ne réagis pas. A mes yeux, mieux valait rester indifférent dans ce genre de situation.
Pendant quelques instants, Léandre, si tel était bien son nom, se mit à nous observer toutes les deux comme pour se demander ce qu’il devait faire. Une évaluation de la situation en gros. J’en profitai pour regarder fugacement son regard vairon qui n’avait rien de banal. A vrai dire, je le trouvai assez joli. Néanmoins, je n’eus ni le temps, ni le loisir de les regarder plus pour le plaisir succint qui m’avait prise puisqu’il me fit assez rapidement part qu’il ne connaissait rien de ses pouvoirs, ni de sa race. Puis, rapidement, il me demanda de leur donner des informations similaires à les leurs.
Sincèrement, j’avais de plus en plus envie de leur déclarer qu’ils avaient fait une “mauvaise pioche”, étant donné que je n’avais connu absolument aucun changement depuis mon arrivée la veille. Pas d’ailes dans le dos, pas de sens affutés, pas de longues griffes ou de poils d’animal, pas d’esprit lié au mien jusqu’à preuve du contraire… Mis à part ce caillou que je n’avais vu chez personne encore, donc que je préférai cacher au cas où, je ne voyais vraiment pas ce qui faisait que je me trouvais là. Du coup, voulant limiter le plus possible mon temps de parole pour qu’ils ne se fassent pas de fausses joies pour rien, je leur répondis d’une voix posée mais un peu trop neutre peut-être :
- J’suis une simple humaine, jusqu’à preuve du contraire.
Et le fait de l’être m’allait parfaitement. Devenir autre chose au prix de la douleur ou d’apprentissages, voire les deux, ne m’intéressait nullement. Puis, à quoi pourraient bien me servir d’être autre chose qu’une humaine ? Pour ce qui était des pouvoirs qui me seraient possible d’acquérir, ça serait selon leur utilité. S’ils me permettaient de programmer ou de dormir sans avoir à manger ou autres, cela pourrait s’avérer génial. Mais dans le cas où ce serait autre chose, la même question revenait : pour quoi faire ?
En attendant des réponses à ce genre de questions, j’attendis seulement dans la même position que j’avais prise que les deux autres commencent à discuter ensemble, que le prof revienne, espérant presque que j’aurais le temps de somnoler un peu.
_As-tu une vague idée de ta nouvelle identité, Bethany ?
Les yeux bicolores du finlandais se tournèrent furtivement vers sa partenaire. Celle-ci lui adressa un sourire avec un hochement de tête. Bon sang, qu’est-ce qui lui a prit de lui venir en renfort ? Léandre espérait qu'Eldelweiss n’allait pas se faire des idées sur lui. Même de bonnes idées. Bien qu’il ne voulait pas qu’elle se retrouve dans de mauvaises postures, le garçon se voulait détaché de cette fille. Cependant, Léandre devait se rendre à l’évidence, il devenait de moins en moins indifférent envers Eldelweiss. Et même si cela tendait à de la sympathie, cette idée ne lui plaisait pas. Vraiment pas. Le regard de Léandre revient sur la nouvelle et fronça les sourcils. Il se la bouclerait la prochaine fois ! Ladite Bethany répondit avec nonchalance :
_J’suis une simple humaine, jusqu’à preuve du contraire.
Le contraire n’allait certainement pas tarder à tomber. Lui aussi avait tout d’humain, malgré sa couleur de cheveux, sa couleur de peau et ses yeux vairons. Rien n’avait changé en lui et sur lui. Mais le finlandais savait qu’il n’était plus un être humain depuis qu’il s’était réveillé aux portes de l’école.
Léandre aurait aimé être un simple humain. S'il avait eu le choix. Mais il ne l'avait pas, alors il espérait au moins ne pas être une créature dangereuse ou qu'il pouvait avoir des pouvoirs comme « attirer les gens ». Pacifique et tranquille. Voilà ce qu'il désirait. Cependant, il était certain que son deuxième souhait était un cuisant échec, vu qu'il ne repoussait visiblement personne.
Le professeur mettait du temps, à son goût, certainement que ce dernier était occupé avec d'autres élèves. D'un côté, le jeune homme échappait à des questions personnelles. Déjà qu'il n'aimait pas l'idée de raconter sa vie devant Eldelweiss. Il était encore moins enchanté de le faire devant une inconnue, qu'il aimerait rester inconnue pour lui. N'ayant aucun intérêt pour la brune, Léandre ne l'avait même pas observé, ni ses yeux, ni son visage. Il la regardait sans la voir, les yeux voilés d'un épais rideau de détachement, l'envie de ne pas avoir de lien. De toute manière, c'était toujours les personnes en qui on plaçait notre confiance qui nous trahissait. Un inconnu, qui ne sait rien de nous, ne pourra jamais nous faire de mal.
Ce fut l’oiseau de sa partenaire, Juwelen, qui vint à son tour porter assistance à l’allemande. Il saurait mieux se débrouiller qu’un asociale, Léandre en était certain. Cet oiseau était bien plus intelligent que certain humain … ou non humain, également. L’être de plume fit un petit numéro pour les filles auquel Léandre jeta un regard. Il était bien beau cet animal. Le finlandais pourrait en faire des éloges sur sa beauté et le fait qu’il semblait mystique, mais il n’y fit pas vraiment attention. Ses pensées étaient tournées sur les paroles de Bethany « J’suis une simple humaine ».
Si seulement il pouvait prétendre la même chose … Il aimerait bien que la raison pour laquelle le professeur ne trouvait pas sa race était tout simplement par ce qu’il ne s’était pas transformé. Mais le jeune homme était réaliste. Il avait bien compris que tout ceci n’était pas une immense farce et qu’il avait bel et bien perdu son humanité. Ce qui le lui rappelait tout les jours étaient son cristal à sa nuque et le fait qu'il se sentait étrangement plus ... fort ? En présence de sa partenaire.
Léandre émit un soupire avant de redressé son corps pour le mettre de nouveau au fond de son dossier. Il croisa les bras et préféra laisser Juwelen s’occuper des deux demoiselles.
Le relationnel, ce n'était vraiment pas pour lui ...
Dernière édition par Léandre Laverny le Sam 21 Avr - 23:23, édité 1 fois
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Dim 1 Avr - 13:17
Un cours à trois
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Edelweiss L. Wintenberger Léandre Laverny
Le silence fut le seul élément qui accueillit ma réponse concernant ce que j’étais ou non. Étaient-ils tous deux choqués ? A moins que j’ai simplement réussi à leur faire comprendre que je n’avais aucune envie de faire ami-ami avec eux ? En tous les cas, le silence avait reprit sa juste place au sein de notre groupe, me permettant enfin de fermer les yeux. J’espérais attendre le professeur ainsi, quitte à me recevoir des remontrances dont je n’allais absolument rien faire. Je ne pouvais pas nier que le fait de piétiner ainsi les efforts des deux autres alors qu’ils n’avaient rien demandé ne me plaisait guère, mais il le fallait. Pour éviter de voir mon coeur se déchirer à nouveau et m’accrocher inutilement, il était bien mieux pour moi de me montrer froide en toutes circonstances.
Faisant fi de tout ce qui m’entourait, je crus que j’allais pouvoir m’endormir profondément dans les minutes à venir. Malheureusement, une sensation désagréable sur ma joue me fit froncer les sourcils. Voulait-on m’emmerder ? Me faire réagir ? Dans ce genre de cas, la meilleure réaction restait l’ignorance. Quoique cette pratique demandait pas mal de patience, ce que je n’étais pas sûre de posséder. Cela persistant, j’ouvris les yeux que je tournai sans bouger pour voir ce qui se passait et envoyer une sorte de mise en garde à celui ou celle qui était venu me chercher des noises. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je constatai que c’était l’oiseau de la fille blonde qui me picorait la joue. Doucement, comme pour ne pas l’effrayer, sans même penser aux autres, je tournai la tête pour pouvoir observer d’un regard droit le bel animal à plume. Ce dernier ouvrit soudainement ses magnifiques ailes vertes pour s’envoler la seconde d’après. Suivant son mouvement, je me relevai pour ne pas perdre une miette du spectacle qu’il offrait à toute la classe. Constatant que son plumage connaissait des reflets magiques à la lumière du soleil, je souris. Ce fut sans m’en rendre compte alors que je pensais très fortement que les animaux étaient vraiment les êtres les plus pures loin devant l’humanité. Quand ils blessaient, ce n’étaient pas par méchanceté, mais par peur, jalousie, une rancune qu’ils ne savent pas retenir… ou par nécessité. J’étais certaine que l’éducation qu’on leur donnait changeait beaucoup de paramètres et c’étaient malheureusement eux qui en pâtissaient en vivant une seule sentence : la mort. Si ces êtres vivants pouvaient parler notre langage, que nous diraient-il ?
Ne me laissant pas tergiverser plus, le bel oiseau vint atterrir sur mon bureau, mes yeux le suivant toujours. Face aux membres de mon groupe, mon sourire s’était automatiquement effacé, comme par réflexe. Pensant qu’il allait rejoindre l’épaule de sa maîtresse qui ne cessait de l’appeler, je remis ma tête entre mes bras. Cette manoeuvre avait également pour but de ne pas avancer ma main pour caresser l’acrobate aérien. Ce dernier me montra également un talent de chanteur via un sifflement qui me fit d’abord ouvrir de grands yeux avant qu’un fin sourire ne vienne éclairer mon visage une seconde fois, le temps de quelques secondes. Après tout, cela fait, il s’envola jusqu’à Edelweiss qui nous demanda d’excuser son animal de compagnie. Pour toute réponse, économisant ainsi ma salive, j’haussai les épaules.
*De quoi dois-je l’excuser ? De nous avoir divertis ? On devrait plutôt le remercier, oui.*
Mais je ne fis pas part de mes pensées. A quoi bon ? Les sentiments que j’entretenaient n’étaient pas ceux des autres. Je préférais la compagnie des animaux à celle de ma propre espèce qui n’hésitait pas à trahir et proférer des horreurs au lieu de simplement dire la vérité simplement. Je n’étais pas guérie et je ne guérirais sans doute jamais de mon expérience passée. Pour cela, la solitude était la meilleure solution à tous mes maux, accompagnée de l’indifférence envers ceux qui voudraient faire connaissance juste par politesse ou pour se servir de moi comme un jouet nommé “ami”.
Léandre se perdit dans l’immensité du ciel et parfois donna des coups d’œil à la guitare au fond de la pièce. Pourquoi est-ce qu’elle était là cette guitare ? Il était persuadé qu’elle n’était pas là aux autres cours. Est-ce que le professeur savait jouer de cet instrument ? D’ailleurs, Léandre le trouvait bien long. Mais il devait faire son travaille, il n’allait pas faire cours particulier à trois pauvres âmes perdues dans son cours.
Le jeune homme finit par reporter une légère attention aux filles. La brune n’avait décroché aucun mot face au joli spectacle qu’avait offert l’oiseau d’Edelweiss. Il aurait peut-être mieux valut qu’il se perche sur l’épaule de Bethany, elle aurait eut certainement plus de réaction.
Edelweiss se mit à relire ses notes sur le cours actuel. A part qu’elle était une psyché, elle n’avait toujours pas trouvé ses pouvoirs apparemment. Lui aurait-elle dis, si cela avait été le cas ? Ou aurait-elle attendu ce court pour le lui faire part ? Et lui ? Qu’est-ce qu’il ferait le jour où il apprendrait ce qu’il était devenu et ses nouvelles capacités ? Léandre ne préférait pas le savoir, mais en toute logique, il se dirigerait certainement plus vers sa partenaire que son professeur, c’était certainement celle qui sera le plus touchée au sein de cette école, dans ce qu’il était devenu. Peut-être qu’il avait des pouvoirs dangereux et pourrait la blesser par mégarde … Non Léandre, ne pense pas au pire. Seulement un peu, pour rester calme et vigilant, mais ne pas non plus sombrer dans le pessimiste et la paranoïa. Maudite magie …
Heureusement, le professeur revint avec un bloc note et une fiche à compléter. Léandre connaissait bien cette fiche avec des questions d’un peu n’importe quoi. Mais cette fois-ci, elle était destinée à Bethany. L’adulte posa le questionnaire près de la jeune fille, un sourire aimable sur le visage.
_Bethany, veux-tu bien remplir cette fiche le temps que je pose des questions à Léandre ? Avec tes réponses, on verra si j’arrive à déterminer ta race.
Puis, le professeur s’assit dans le petit cercle d’élève, ouvrit son bloc note et regarda le jeune homme. Ce dernier se redressa légèrement de son assise mais semblait toujours aussi réticent aux futurs questions qu’on allait lui poser.
_Léandre. Je viens de lire que tu es un Blue Bird et tu es venu pour tes compétences en musique.
_Oui.
Il a mis des mois avant de poser cette question ? Mais en quoi être un Blue Bird allait affecter sa nouvelle race ? Apparemment les pouvoirs ne dépendait absolument pas de la race et la race ne dépendait pas vraiment de pourquoi l’individu était là. Le professeur poussa tout de même sa théorie.
_Apparemment tu es venu par tes talents d’auteur et interprète mais pas de compositeur. Pourtant, tu as dis à ton professeur que tu n’avais jamais joué de harpe avant de venir ici, mais tu as tout de même réussis à en jouer parfaitement durant son cours.
Léandre fixa l’adulte en face de lui. Il y eut quelques instants de silence avant qu’il ne répondre, toujours très froid :
_Oui.
_Est-ce que ça t’es arrivé avec un autre instrument ?
_... Oui.
Léandre aurait pu préciser : tous les instruments. Mais il se contentait toujours du « oui » et « non », très mal à l’aise lorsqu’il devait parler de lui. Au moins, il répondait à la question, ce qui soulageait légèrement le professeur qui se souvenait de très longs silences entre eux lorsque les questions devenaient trop personnelles. Le professeur sourit, fière de sa potentielle trouvaille.
_J’ai mon idée. Est-ce que tu voudrais bien nous jouer un petit morceau ?
L’adulte pointa la guitare que Léandre avait bien repéré depuis le début du cours. Elle était donc là pour ça, cette guitare. Léandre n’était donc pas fou, elle n’y était pas avant et le professeur l’avait bien amené dans un but précis. Même si jouer de la musique lui procurait un plaisir sans nom, le jeune homme ne voulait pas vraiment s’exposer comme ça devant tout le monde. Il passerait « du mec discret » au « mec qui joue de la guitare ». Mais bon, Edelweiss s’était déjà exposer avec son oiseau, ils allaient faire la paire … Il était de paire.
_Je savais déjà jouer de la guitare avant de venir.
_Ce n’est pas grave, j’ai réservé les instruments non joué pour une autre séance.
_Cela ne va pas déranger votre cours ?
_Ça fait partie de mon cours.
Léandre était un peu réticent mais se leva pour aller chercher l’instrument et revenir à sa place. Il poussa sa chaise en retrait pour que l’objet ne cogne pas qui que se soit, mais assez près du petit cercle pour pouvoir converser avec eux.
_Edelweiss, j’aimerais que tu te concentre, voir si cela va te faire ressentir des choses, positives ou négatives.
Léandre attendit d’avoir l’attention de son professeur. Puis, machinalement, il eut un regard furtif et rapide vers sa partenaire. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait peur de déclencher quelque chose de mauvais, après les paroles du professeur. Léandre pinça ses cordes mais ne gratta pas tout de suite son instrument. Il affirma, pour Edelweiss :
_Si cela te fais mal, j’arrêterai, ne t’en fais pas.
Sans plus rien attendre de personne, Léandre commença à gratter sur la guitare. Peu à peu, il ferma les yeux, ne faisant qu’un avec son instrument. Il ressentait chaque ondes parcourir son corps. Le bois vernis de l’instrument chatouillait ses narines comme s’il se retrouvait dans une forêt où la pluie avait fait ressortir toute les odeurs forestière. Ses tympans vibraient d’enchantement.
Et quelque chose au fond de son cœur se mit à grandir. Léandre se sentait fort. Il se sentait incroyablement fort et il se mit à sourire. Il savait que toutes les paires d’yeux le regardaient, mais il s’en moquait bien, il avait l’impression qu’il pourrait franchir des montagnes, tout comme cette fois où il s’était réveillé en compagnie d’Edelweiss après sa transformation. Le finlandais était heureux de se sentir fort et libéré, comme si rien ne pouvait lui arriver, et il voulait transmettre cette joie qui l’habitait.
Léandre continua de gratter sur sa guitare et regarda la foule qui souriait, tous, comme si son souhait était communicatif. Comme s’il contrôlait leur sentiment …
Mais cela eut une fin. La musique se termina et le sourire du jeune homme s’envola avec la fin de sa mélodie. Il reposa sa guitare et regarda toute les personnes dans la pièce qui avait les yeux braqués sur lui. Léandre avait l’habitude qu’on le regardait lorsqu’il chantait, mais là ça semblait gênant. Il n’y avait pas l’ombre de la salle pour masquer les visages face à lui.
Ce fut le professeur qui se reprit le premier. Il se racla la gorge avant de se tourner vers les élèves et leur demander de retourner à leurs occupations. Puis il se rassit et se tourna vers les filles.
_Bon, bon, bon … Dis moi Edelweiss, as-tu ressenti quelque chose en particulier ? Et toi Bethany ?
HRP:
Léandre utilise son pouvoir "la chimie des sentiments" sans s'en rendre compte, ça veut dire que tout le monde dans la pièce est joyeux
Dernière édition par Léandre Laverny le Sam 21 Avr - 23:24, édité 1 fois
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Lun 9 Avr - 17:19
Un cours à trois
Avec
Edelweiss L. Wintenberger Léandre Laverny
Le calme revenu à notre table, je fus presque soulagée qu’ils aient arrêtés de vouloir s’occuper de ma personne. Sociabiliser… Si seulement les êtres humains pouvaient ne pas être attachés à de telles bêtises. C’était ce que je pensais en fermant les yeux, laissant les deux autres vaquer à leurs occupations. L’oiseau avait été magnifique et la scène qu’il nous avait offert tournait dans mon esprit alors que je laissais une douce torpeur m’emporter lentement. Trop lentement malheureusement puisque je ne pus m’endormir avant l’arrivée du professeur. Il semblait comme… satisfait de lui en posant un questionnaire à côté de moi, me demandant de le remplir. Un peu suspicieuse, je posai un regard sur quelques questions. Lentement, mais sûrement, je levai un sourcil en ne pouvant m’empêcher de me demander quel pouvait bien être ce bins ? Impossible que de telles questions lui fasse comprendre si j’étais autre chose qu’humaine. De toute façon, j’étais humaine !
Profitant un peu qu’il se désintéresse totalement de moi pour me relever, je pris la feuille en fronçant les sourcils. Il n’était pas bien difficile de voir que répondre à ce fichu questionnaire ne me plaisait pas du tout. L’oreille traînant un peu, je me rendis assez rapidement compte que Léandre n’était pas plus à l’aise que moi face aux questions personnelles. Je ne connaissais pas ses raisons, mais je comprenais et ne pus que compatir face au fait qu’il devait répondre à voix haute. Je poussai alors un soupir discret en fermant les yeux avant de prendre ma trousse dont j’en sortis un stylo à bille bleu très simple. Puis, faisant tourner l’objet entre mes doigts sans regarder ce que je faisais, je lus avec un peu plus d’attention les questions. Elles me parurent tellement sans intérêt et hors sujet que j’en fus assez désespérée sans même arriver à la moitié.
Assez rapidement, mon attention fut détournée par une proposition du professeur : faire jouer son interlocuteur de la guitare. N’ayant pas vu cette dernière plus tôt, je ne m’étais pas attendue à cela. Mais, d’un autre côté, cela avait de quoi être intéressant : à quoi pouvait bien penser le professeur ? L’élève qui lui faisait face semblait assez désemparé par cette proposition également, certainement ce qui l’empêcha d’accepter sur le coup. Néanmoins, ils ne se fit pas tant prier que cela et, lorsqu’il eut glissé un mot à sa partenaire et bien installé, il se mit à jouer, un sourire se dessinant peu à peu sur ses lèvres. Sérieusement, était-ce la peine de faire tout ce cinéma s’il avait tant envie de jouer que cela ?
La mélodie qu’il joua ne m’était pas du tout méconnue. Bien au contraire : comme j’appréciais de me mettre dans mon monde en travaillant sur ordinateur, ou lors de mes siestes, j’avais tendance à écouter également un peu de musique sans pour autant m’y intéresser totalement. Du coup, il était fort possible que je sois tombée sur la musique originale un jour où l’autre, voire qu’elle se trouve sur une de mes playlist. Le sujet étant un bon moyen de ne pas me focaliser sur quelque chose d’autre en particulier, je voulus y réfléchir plus longuement, mais je fus assez rapidement stoppée dans mon élan par l’apparition d’un sentiment qui monta en moi. Un sentiment, ou une émotion, que j’avais cru morte pendant longtemps. En portant une main tremblante à mon visage, je me rendis compte que je commençais à sourire. Ne l’acceptant pas du tout, je plaquai ma main sur mes lèvres et sortit de la salle de classe alors que Léandre devait être vers la moitié de la chanson.
Malheureusement, j’eus l’impression qu’en entendant toujours la musique dehors le sentiment persistait. Je plaquai donc mes mains sur mes oreilles cette fois et partit dans le couloir jusqu’à ce que le silence soit enfin de retour. Certainement allais-je devoir rendre des comptes au professeur, mais cela m’était égal. Je n’avais pas signé pour ressentir quelque chose que je ne voulais pas ! Encore moins pour être la victime d’une magie quelconque ! En pensant cela, je portai une main sur le caillou qui était apparu au niveau de mon sternum, réellement en colère.
*C’est un peu trop tard, on dirait… Putain mais ils auraient pas pu me le dire AVANT que je vienne ?!*
Peut-être l’avaient-ils fait mais que je ne les avais pas crus, ou pas écoutés… En tous les cas, je ne pouvais pas faire machine arrière maintenant. Ce qui signifiait que j’allais devoir retourner en cours. Soupirant pour faire descendre un peu la pression, et éviter de frapper Léandre dès que je le verrais, je tentai de positiver en espérant qu’il ne devait pas rester tant de temps que cela.
Je pris un peu de temps pour rentrer dans la salle de cours, mais j’eus au moins la satisfaction de ne plus entendre de musique, ni de ressentir autre chose que mes véritables émotions. Je me rassis donc en silence, ignorant royalement les élèves qui devaient me regarder comme un animal de foire (ce qui ne changeait pas de d’habitude) et tournai la feuille de questionnaire pour y écrire ce que j’en pensais. Ce qui allait m’arriver ? Sur le coup je n’en avais absolument rien à faire. Je n’avais pas envie qu’on me prenne pour autre chose que ce que j’étais, à savoir une humaine, et m’oblige à étaler ma vie, ou ce qui me représentait, sur une feuille de papier.
_Bon, bon, bon … Dis moi Edelweiss, as-tu ressenti quelque chose en particulier ? Et toi Bethany ?
Léandre vint reprendre sa place et se sentit soudainement ... Faible. Comme s'il avait couru un marathon, ses forces l'abandonnaient. Il porta une main à son visage pour se masser les tempes. Le monde semblait instable. Le jeune homme se calla au fond de son assise pour ne pas tomber sur le côté. Qu'est ce qui lui arrivait ? Son geste fut bref pour ne pas montrer ses faiblesses. Il prit un air dur et essaya de fixer un point dans le vide pour paraitre présent.
_J'ai eu l'impression... d'aider Léandre, en quelque sorte. C'est étrange, je ne sais pas comment l'expliquer...
Le jeune homme eut un regard furtif pour sa camarade, mais très bref, essayant de faire le moins de geste possible pour rester stable. Est-ce qu’il avait fait quelque chose ? De la … magie ?
Et Edelweiss qui avait l’impression de l’avoir aider ? Aider à quoi ? Qu’est-ce qu’elle avait réellement ressenti ? Etait-ce un sentiment semblable au sien ? Etait-ce plus fort ? Différent ? Il ne comprenait pas. Etait-il le seul à se sentir cette petite chaleur de force l’envahir lorsque sa partenaire était là ? Lorsqu’il avait joué de la musique ? Des inquiétudes commencèrent à montrer dans l’esprit du jeune homme. Il ne savait pas comment ce lien fonctionnait, et ça lui faisait peur. Il craignait de devenir un monstre, que le pouvoir lui monte à la tête et de faire du mal autour de lui. Lui qui voulait seulement une vie paisible et qu’on le laisse tranquille … Pourquoi ?
Le professeur appela plusieurs fois le jeune homme avant qu’il ne réagisse. Ce dernier s’enquit de l’état de son élève. Heureusement que le jeune homme était déjà blanc comme neige, sinon il aurait certainement parut pâle. Fermé, le finlandais croisa les bras et répondit aussi froidement qu’à son habitude :
_Je vais parfaitement bien. Merci de vous en inquiéter.
C'est mal de mentir ... Très mal. Le jeune homme avait tout de même bon espoir que ce mensonge passerait. De toute façon, le professeur n’allait pas insister, il avait d’autres élèves à charge.
_Je crois avoir trouvé et compris ta race. Mais excuse moi un instant.
Son attention alla sur la jeune Bethany, mais Léandre le coupa avant de perdre toute son attention, levant tout de même la main avec un minimum de respect.
_Puis-je aller au toilette ?
L’adulte l’autorisa rapidement pour enfin se concentrer sur sa nouvelle élève. Le jeune homme se leva, essayant d’être naturel, et essaya de rejoindre le couloir sans tituber. Une fois dans le corridor, il referma consciencieusement la porte et se laissa tomber contre le mur à coté de celle-ci, laissant son corps glisser jusqu’au sol. Le jeune homme fit des exercices de respiration pour reprendre ses esprits. Il ne comprenait absolument pas ce qui venait de se passer, mais le fait était qu’il venait bien de se passer quelque chose, et que cette chose avait affecté toute les personnes dans la pièce. Le jeune homme regarda ses mains un instant et espérait n’avoir fait de mal à personne. Puis, il se releva avant qu’on ne le surprenne mal en point dans le couloir et essaya de rejoindre les toilettes, s’aidant du mur avant que sa vision n’était pas très précise.
Le jeune homme s’encouragea dans un parfait français, dans des murmures, à lui-même :
Ça va aller … ça va aller Léandre, tu peux le faire ...
Dernière édition par Léandre Laverny le Sam 21 Avr - 23:25, édité 1 fois
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Mer 11 Avr - 15:00
Un cours à trois
Avec
Edelweiss L. Wintenberger Léandre Laverny
Lorsque je fus revenue, c’était un peu comme si je n’étais jamais partie. Le professeur ne m’adressa même pas un regard, et encore moins de reproches. Pour moi, il y avait deux solutions à cela : soit il avait été prit par cette joie débile que j’avais fuie au point d’être totalement à l’ouest, soit il avait été bien trop pris par ses analyses de Léandre pour se préoccuper de qui que ce soit d’autre. Enfin, ce n’était pas comme si j’allais m’en plaindre puisque je n’en fus que plus tranquille.
Tranquillité qui ne dura pas bien longtemps puisque le professeur nous demanda ce dont nous en avions pensé, Edelweiss et moi-même. La propriétaire de l’oiseau fit part qu’elle avait sentit avoir aidé le jeune homme totalement absent malgré sa présence physique. Mais cela s’arrêta là. Quant à moi, je ne répondis tout simplement pas. Hors de question que je fasse part de ce ressentis que je détestais au plus haut point. Il manquerait plus que ça…
Profitant qu’on ne m’en demande pas plus, je continuai mon activité qu’était ce fichu questionnaire que je critiquai à l’arrière. Je ne me déconnectai cependant pas de ce qu’il se passait autour de moi. Cela me permet de noter que le professeur appela plusieurs fois Léandre qui prétendit aller bien. Même moi, qui n’était pas bien attentive aux autres, voyais bien qu’il n’était pas en forme. Le ton de sa voix, sa posture qui était vraisemblablement plus molle que plus tôt… mais également son inattention. A moins qu’il soit choqué par ce qu’il venait de faire, si tant est que cela vienne bel et bien de lui, je ne voyais pas trop ce qu’il avait. Mais, au pire, qu’est-ce que j’en avais à faire ? Moins je m’inquiétais pour les autres, mieux je me portais !
Soulagée de la présence du professeur qui alla… faire je ne sais quoi, je me fis la réflexion qu’il serait amusant de faire de cette feuille de papier de très jolis confettis. Ce serait encore mieux de les donner par la suite à un guignol dans la classe pour qu’il les jette en criant : “Vive Léandre ! Il nous a tous rendu super joyeux avec sa musique !”. Non seulement cela contenterait sans doute ceux qui ne cessaient d’en parler dans la classe, mais en plus peut-être que ça l’animerait un peu plus ? Quoique peut-être pas finalement. Puis, ce serait du bruit pour rien pour une personne qui s’absenta comme moi plus tôt.
*C’est moi ou nous sommes tellement incompatibles que nous ne pouvons pas rester dans le même espace plus de dix minutes ? Nan parce que c’est pas moins de la seconde fois qu’on se “sépare” depuis qu’il a joué de la guitare. … Non, c’est simplement que je prends mes rêves pour la réalité, ou les choses pour ce qu’elles ne sont pas.*
Je devais être folle ou totalement débile pour penser de telles âneries… Surtout que, par la suite, le deuxième membre de notre trinôme le suivit, comme inquiète, me laissant seule en tête à tête avec la feuille de papier à l’avenir très incertain. J’étais énervée, mal à l’aise, dans un cours totalement dénué de sens pour moi à mes yeux… Il manquerait plus que le professeur en profite pour fouiller dans un passé qui m’était inconnu ou dans ma personnalité dont je n’avais aucune envie de lui faire part. Je me mis donc à souhaiter qu’il mettre trèèèèèèès longtemps pour faire ce qu’il voulait et qu’en attendant je pourrais faire une bonne sieste réparatrice. Non, parce que gérer ses émotions, surtout quand elles sont contrôlées, n’est pas de tout repos. Faut pas croire.
*Quelle sans-coeur je peux être depuis ce jour-là… Mais je l’ai voulu. Faut pas que je m’en plaigne.* pensais-je en m’installant la tête dans les bras, attendant que le temps passe, aussi éphémère soit-il.