[Event Multimix] Un autre conte...

Pourquoi ils me regardent tous comme si je venais d'une autre planète ? Ce sont eux les illusions, c'est à moi de les regarder comme s'ils étaient des êtres paranormaux ! Et pourquoi je n'arrive pas à voir la troisième personne ?! Je veux savoir qui c'est ! Pour une fois que je pourrais voir un possible futur qui me concerne, voilà qu'on me fait quand même chier en m'empêchant de voir qui est l'inconnu(e) !

Celui-ci, ou celle-ci, soupire avant de renchérir sur les questions. Quel cadeau ? De quoi ça parle là ? Un cadeau de mariage ? Je suis censée être mariée depuis combien de temps ? Non. Attendez, il y a plus important. Comment je sors de cette putain d'illusion ?!!! Et je rêve ou d'un seul coup ils ont complètement oublié ma présence ? Ohé ! Ah non ils n'ont pas oublié ma présence. En fait c'est plus simple que ça, ils l'ignorent carrément. Je les observe avec une expression blasée sur le visage alors qu'ils continuent de discuter entre eux comme si je n'étais pas là ou comme si j'étais sourde.

- Ne parlez pas de Dave comme si je n'étais pas là. J'vous entends très bien, vous savez...

Néanmoins sans le vouloir, ils m'ont confirmé que ce n'est qu'un rêve. Que rien n'est réel. Dave n'est peut-être pas aussi rancunier que moi envers nos géniteurs mais il ne s'entendra jamais bien avec eux. S'ils meurent, il ne sera jamais aussi mal que ce qu'ils prétendent. Et le cadeau est donc un miroir ? Le miroir qu'il m'a envoyée ici ?

Edelweiss me prend dans ses bras. Ce geste est à la fois réconfortant et une torture. Je veux que l'étreinte soit réelle, moi... Je veux MA Edelweiss et non une pâle copie plus âgée même si sa façon d'agir, de parler, de me réconforter, tout est effectué à la perfection comme l'original.

- Je ne veux pas parler, j'veux seulement retourner dans le monde réel...

Le miroir ! Je dois retourner vers le miroir. Ou trouver un verre ! Ou n'importe quoi que je peux briser. Je me dégage gentiment de l'étreinte d'Edelweiss. Ce n'est pas parce qu'elle n'est qu'une illusion que je vais être brutale avec elle. Je prends ensuite le vase qui traîne sur l'un des meubles, le vide et le brise. Il faut que je me force à rester dans la réalité. Je prends ensuite un morceau du vase et me le plante sans ménagement dans la cuisse. Je dois tout faire pour sortir de ce rêve illusoire et le seul moyen que je trouve pour le moment, c'est par la douleur. Ca m'empêchera de me concentrer sur leurs paroles mensongères. Je dois rester lucide et retourner vers le miroir. C'est peut-être lui la clé pour sortir de ce monde.

- Pas question que je reste dans ce monde totalement faux !

Même si ça me fait mal de devoir faire de la peine au clone de ma colocataire. Même si ça veut dire que je ne dois jamais connaître de trêve avec Naomi. Même si ça veut dire que ce mariage n'aura jamais lieu. Je boîte en retournant vers le miroir, regrettant un peu mon geste. Au lieu de simplement me pincer, non moi il a fallu que j'aille encore dans l'extrême en me plantant du verre dans la guibolle ! Pour le coup, je m'auto-désespère...

Ils jouent les idiots ou ils ne savent réellement pas de quoi je parle ? Ce ne serait pas impossible. Peu importe. Ca ne change absolument rien pour moi. Je brise un vase et utilise l'un des débris pour me le planter dans la jambe. Ca me déchire le coeur de voir Edelweiss aussi inquiète même si elle n'est qu'une illusion. Pardon ma petite Weiss, c'est pour retrouver la véritable toi.

- Où est ce fichu miroir ?

J'ignore complètement les questions posées. Si j'y réponds, ils ne vont plus me regarder comme si j'étais une alien mais plutôt comme une échappée de l'asile. Quoique ça doit déjà être le cas. Enfin de toute façon, là, tout de suite, ce qui m'importe vraiment c'est de retrouver le miroir.

Celui-ci n'étant pas dans la cuisine, je le cherche un peu partout. Il n'a pas l'air d'être au salon sinon je l'aurais directement vu. Si j'en crois leurs dires, me voir dans la glace m'a un peu choquée lorsque j'ai reçu le miroir. Je ne peux pas dire le contraire. C'est vrai que quand je me suis regardée dans la glace, je n'ai pas appréciée ce que je voyais. De ce fait, la Nia qu'ils croient avoir avec eux doit avoir planqué le machin dans l'une des chambres d'ami – à moins que l'une d'elles ait été transformée en bureau ou je ne sais quoi d'autre – ou dans le garage.

Je boîte donc pour avancer, me dirigeant vers l'ancienne chambre de mes géniteurs. Si je devais rester dans cette maison même après la mort de mes géniteurs, je garderais sûrement la chambre de Dave ou la mienne. Celle des géniteurs serait sûrement transformée en chambre d'ami pour éviter que j'aie à dormir dans la même pièce qu'eux. Et ce miroir de malheur doit être planqué dans la pièce où je pose le moins souvent les pieds. De ce fait, je pense qu'il doit être dans cette fameuse chambre.

Je ne les entends plus. C'est une légère libération. Vous n'imaginez pas quelle torture ça peut être d'entendre les voix de personnes qu'on aime – sauf Naomi – ou qu'on pourrait peut-être avoir à ses côtés plus tard. Ca donne de faux espoirs. Et puis en ce moment j'ai mieux à faire comme retrouver ce putain de miroir, coupable de m'avoir envoyée ici.

Je me suis donc rendue dans la chambre qui était anciennement à mes géniteurs et... Ouah, c'est vide ! Si c'est la Nia d'ici qui a vidé cette pièce, elle devait être vraiment enragée. Je pensais qu'il y aurait du mobilier quelconque mais non. Il n'y a rien. Rien d'autre que le miroir sous un drap. Ou alors l'utilité de cette pièce n'a pas encore été établie.

Je commence à y faire un petit tour mais le stoppe bien vite pour me placer devant le miroir. Je veux partir, pas rester dans un monde fictif avec Edelweiss que je dois toujours partager avec la blondasse et une personne qui m'est totalement inconnue. Je veux retrouver ma véritable petite Edelweiss, cette chieuse de Naomi qui me tape toujours sur le système – j'arrive pas à croire que je veux la revoir celle-là – et Dave, ce frère louche et tordu qui n'a pas le culot de me laisser tomber.

Je retire le drap et observe à nouveau le miroir. À nous deux saleté d'objet possédé. Ne sachant pas vraiment son fonctionnement, je me contente d'imiter ce que j'avais fait avant de venir ici. J'observe ce qu'il reflète puis pose gentiment ma main dessus. Peut-être que c'est ça le principe. Toucher pour être transportée ailleurs. C'est une sorte de portail après tout et l'autre pisseuse, Wendy d'après ce que j'ai compris, a bien été transportée de cette manière.

Le miroir est rapidement retrouvé. J'aurais dû me douter qu'il serait mis dans la seule pièce qui me hérisse le poil. Je retire le drap et observe à nouveau le reflet affiché dans la glace. C'est trop perturbant. Avant j'avais l'impression de voir ma génitrice, maintenant j'ai l'impression de toujours la voir mais en plus jeune. Je ressemble tant que ça à elle ? Ca me déprime. J'aurais tant voulu naître dans une autre famille. Ou même, ne pas naître du tout à ce stade. C'est rageant de se dire que des illusions parviennent à me foutre ce genre d'idée en tête !

Je pose ma main sur le miroir mais cette fois, le reflet ne suit pas. Oh putain, me dites pas que je ne pourrai pas retourner dans mon vrai monde ! Ah si. L'image devient trouble, comme si je me regardais simplement dans l'eau. C'est drôle. On dirait l'effet produit quand on quitte doucement un rêve. L'image se trouble et on est emporté vers la réalité. C'est exactement ce qu'il s'est passé. En touchant le miroir, le reflet s'est troublé et me voilà de retour à la réalité. Enfin je crois.

La pièce ressemble trait pour trait à celle que j'ai quittée la première fois que j'ai touché le miroir. J'observe autour de moi pour être sûre. Puis en regardant le miroir, je constate que celui-ci est brisé. Cette fois il ne se répare pas. Cependant je n'aime pas ce mot que je peux apercevoir parmi les fissures. Non. Ce ne sera pas mon avenir. Ca ne le sera jamais. Je ferai tout pour que ça n'arrive jamais.

- Va te faire foutre ! Ce n'était qu'une illusion de mes deux ! Ca ne sera jamais mon avenir, enfoiré !

Je donne désormais deux coups de pieds pour terminer le travail. Le miroir n'est plus seulement fissuré, il est brisé. Par contre la plaie à la cuisse est restée et ça fait toujours un mal de chien ! En plus ça saigne toujours pas mal... Fait chier. Il faut que je trouve de quoi stopper un peu l'hémorragie... Je ne crois pas avoir vu quoi que ce soit qui puisse me permettre de faire un bandage de fortune. J'ai pourtant fouillé les deux pièces avant de les quitter.

Je soupire un peu et vais m'asseoir sur le canapé. Ca me permettra de réfléchir à une solution tout en reposant un peu la cuisse. Si je bouge tout le temps, je vais juste me vider de mon sang. Je reste toutefois cinq minutes assise avant de me relever pour ramasser un débris de verre. Je l'utilise ensuite pour déchirer un bout de mon t-shirt et ainsi me faire un bandage de fortune. Voilà une bonne chose de réglé. Ca saigne toujours mais ça sera ralenti. Maintenant il faut que je trouve comment sortir d'ici...

- Egon ! N'importe qui ! Laisse-moi sortir d'ici ! J'en ai ras le cul de ce décor et de ces illusions !

J'en ai marre d'être coincée ici sans savoir quoi faire. Je ne suis pas faite pour rester inactive. Je veux retrouver ma colocataire et m'assurer qu'elle va bien même si, tant que Naomi reste avec elle, Edelweiss ne devrait techniquement pas risquer grand-chose. Quoique... Naomi a pris ma blessure au flan. Est-ce qu'elle est morte ou en nous téléportant ailleurs sa blessure a aussi disparu ? Ca serait plutôt juste si c'était le cas. Elle s'est sacrifiée, elle a réussi l'épreuve alors ce serait normal qu'elle ait droit à un petit truc en retour. Putain voilà que je me mets à espérer qu'elle ait été soignée... Il faut vraiment que je sorte d'ici. Cet endroit me rend folle au point de presque apprécier la blonde.

J’ai pu briser le miroir cette fois. Il est bien détruit. Cependant j’ai toujours cette désagréable impression de voir le mot maudit dans les débris. Avenir. Mon cul ! Je me suis finalement posée sur le canapé le temps de trouver une solution pour stopper l’hémorragie. Une idée qui est vite venue et mise en pratique. Tant pis pour les vêtements. Ca se rachète. Une cuisse, non. Sauf peut-être en prothèse mais si je peux éviter d’en avoir une, je ne suis pas contre.

Ma colère – et surtout mes peurs en fait – me pousse à gueuler dans le vide, espérant que quelqu’un y réponde. Ou que quelque chose s’y passerait. Mais rien. Je n’ai eu ni l’un, ni l’autre. Que du silence. Au bout du compte, je ne sais plus quoi faire. Je m’assieds seulement dans un coin, adossée contre un mur et dans une position à demi foetale. Une jambe repliée contre moi-même, l’autre étendue parce que c’est celle qui est blessée. Mes bras entourent ma jambe pliée puis je pose mon visage contre mes bras.

Je ne sais vraiment plus quoi faire. J’ai regardé dans la pièce précédente, il n’y avait rien. Ici, il n’y a plus rien. Plus aucun moyen de sortir. Ni aucun moyen de protéger ma colocataire de l’intruse qui a pris ma place. Hum...non en fait je n’ai jamais pu la protéger de quoi que ce soit. J’envie vraiment Naomi pour le coup. Elle au moins elle peut toujours la protéger. Elle sait lui parler, dans son état normal elle peut la protéger avec ses pouvoirs et même quand on lui refile d’autres dons, elle peut toujours la protéger d’une manière ou d’une autre. C’est peut-être pour ça qu’on m’a enfermée ici et qu’on me fait voir des illusions. C’est pour me faire voir ce que je n’aurai jamais.

Voilà que mes idées noires remontent à la surface. C’est pas bon de me laisser là trop longtemps avec mes pires craintes. Seule, enfermée et d’aucune utilité pour qui que ce soit. Je n’ose même plus bouger de mon coin. De toute façon à quoi ça me servirait ? Je ne peux pas sortir. Je soupire en resserrant mon étreinte autour de ma jambe. Mon corps commence à trembler. Ce n’est pas de froid. Juste mes peurs que je n’arrive plus à contenir. Ce n’est pas grave, personne ne le saura. Personne n’est là pour voir ça. Et si un jour je retrouve ma colocataire, je ferai comme d’habitude. J’agirai comme si rien ne me préoccupait. C’est toujours comme ça, je me connais. Je ne peux pas permettre au monde de voir que je suis bien plus faible que j’en ai l’air alors puisque je suis seule, je peux bien me laisser un peu aller. Non ?

J’en ai marre d’être seule. J’en ai marre d’être ici. Il n’y a rien à faire, personne pour me tenir compagnie, ni même pour me critiquer. C’est trop silencieux. Recroquevillée contre moi-même, je laisse de plus en plus tomber ma lutte. Je ne sais plus où chercher, ni quoi faire, et encore moins comment m’en sortir. On a seulement voulu me faire voir un avenir impossible ? C’est tout ce qu’on a voulu me faire subir comme torture ? Impossible. Pourtant il ne se passe plus rien. La seule chose qui me permet de savoir si je subis encore une illusion ou non, ce sont mes tremblements de peur.

Et puis après quelques minutes à essayer de ne pas craquer et hurler de peur, je finis par apercevoir une petite lumière dans la première pièce visitée. C’est celle où il y a l‘écran. Il s’est rallumé ? Il se passe quelque chose là-bas ? Je me relève plus ou moins rapidement et marche en boitant, revenant dans la première salle. C’est bizarre. Je veux en avoir le cœur net. Je veux savoir ce qu’il se passe dans ce fichu endroit. J’espère seulement que ça n’a rien à voir avec ce que j’ai pu lire dans les débris de verre appartenant au miroir. Je ne veux rien en rapport avec l’avenir. Je veux seulement retrouver ma colocataire et m’assurer qu’elle va bien. Ca ne me rassure pas de savoir que l’autre a pris mon apparence avant de partir.

J’arrive à nouveau dans cette première pièce et observe l’écran. Je ne sais même pas pourquoi j’ai encore de l’espoir alors que depuis le début, cet endroit me fait tourner en bourrique. On dirait qu’Egon s’amuse à me faire tourner en rond et me torturer l’esprit avec des illusions concernant mon pseudo avenir, ma relation avec mon amie, mon frère, mes parents, cette andouille de Naomi et tous ceux qui m’approchent ne serait-ce qu’une fois dans ma vie. Je l’accuse directement parce que je suis sûre que c’est lui qui tire les ficelles même ici. C’est sûrement lui qui a envoyé cette femme transformiste. Qu’estc-e qu’il attend de moi ?

J’avais raison. L’écran s’est bel et bien rallumé. Mon empreinte de main clignote dans un coin de l’écran mais je n’ai pas l’impression qu’elle ait une quelconque utilité. C’est peut-être juste une marque pour savoir qui a touché l’écran en dernier. Ou alors c’est utile pour autre chose. Dur à dire. Dans tous les cas, l’écran n’a pas attendu pour m’afficher un texte.

Vouloir récupérer mon pouvoir ? Oui et non. Il était pratique certes mais les effets secondaires, je m’en passe bien. Je peux néanmoins récupérer mon pouvoir ici ? Nan. Faut pas que je me fasse des illusions. Protéger quelqu’un ? J’aimerais bien mais je ne peux protéger personne en restant coincée ici. Plus je lis le message, plus j’ai l’impression qu’il se fout de moi. Il me nargue.

Regarder le reste ? De quoi il parle encore ? Une nouvelle porte s’ouvre. Curieuse comme je suis, j’ai évidemment été jeter un œil dans celle nouvelle pièce. Une chambre d’enfant avec deux berceaux. Ils sont vides cependant. Il y a aussi des jouets et des dessins qui me rappellent étrangement des souvenirs. Il m’a torturée avec le futur, maintenant il veut en faire de même avec mon passé ? Il veut me rappeler pourquoi je regrette ma naissance ? Ouais. Devant tout le monde j’ai l’air pleine de joie mais au fond, cette assurance n’est qu’une façade. Un vaste mensonge.

J’observe encore la pièce et tout ce qui s’y trouve. Les jouets bien rangés, c’est la gouvernante qui s’en chargeait. En fait, elle se chargeait de tout vu que mes géniteurs ne daignaient même pas nous regarder. On se demande pourquoi ils nous ont gardés… Puis je finis par m’approcher d’une tétine sur le sol. Pourquoi elle traîne sur le sol s’il n’y a aucun bébé dans les berceaux ? Tout est bien rangé sauf ce truc. Qu’est-ce que ça cache encore ? Je prends doucement l’objet dans ma main, inspectant encore la tétine et ce qui se trouve autour de moi. Cette fois ce sera quoi ? Un sort bizarre qui me fera retourner dans le passé ? Une illusion me fera croire que j’ai eu des gosses alors que je ne suis même pas capable de savoir ce qu’est l’amour ? Un petit soupire s’échappe de mes lèvres alors que je songe à tout ce qui serait possible de m’arriver ici.

Bon. Prendre la tétine n’était clairement pas une bonne idée. Tout se brouille autour de moi. Ca me donne presque l’impression d’avoir trop bu et d’être sujette à des vertiges. Ou alors d’avoir pris une drogue avec le même effet. Comme lorsque j’avais touché ce miroir maudit. Je ferme un peu les yeux par réflexe mais en les rouvrant, surprise ! Je ne vois d’abord que le plafond. Et chose étonnante, je n’arrive pas à bouger de moi-même. Du moins, pas aussi facilement qu’avant. Tout me semble plus dur à faire.

Coincée sur le dos ? Hein ? Des mains me prennent et me remettent dans une position assise. Qu’est-ce que… ? Je suis toujours dans la chambre d’enfant mais je ne vois pas de bébé. Tout devient flou dans ma tête. Je suis sûre que cet endroit m’est familier mais je n’arrive pas être totalement convaincue pour autant.

En regardant encore un peu dans la pièce, j’aperçois finalement un petit bébé. Un garçon. Pas n’importe lequel en plus. C’est Dave ! Je reconnaîtrai cette tronche de cake baveuse entre mille. Mais alors, il manque un enfant. Et pourquoi il me semble être à peu près ma taille ? Normalement il devrait être plus petit. À moins que… Je regarde mes mains, puis tout le reste. Une couverture, un corps de bébé… Et merde. Ca va être plus compliqué de me barrer de l’illusion cette fois.

Cette voix aussi m’est familière. Le problème c’est qu’elle m’énerve aussi. Je sais à qui elle appartient et ça ne me plaît pas. D’abord ils veulent me faire croire que je vais lui ressembler et maintenant ils me rappellent à quel point elle nous déteste, mon frère et moi. Evidemment il a fallu qu’il me renvoie dans un jour où la gouvernante était absente… Lorsque ma génitrice est partie, j’essaie de me mettre debout mais j’ai autant d’équilibre qu’un mec bourré dans un ouragan. Et encore, je suis sûre qu’il en a plus que moi.

Je déteste être dans la peau d’un bébé. Je ne peux rien faire. La jambe blessée ne suffisait pas alors maintenant j’ai le droit à un malus supplémentaire, c’est ça ? Tout ce que je parviens à faire dans ce corps, c’est marcher à quatre pattes. C’est long, c’est chiant mais je vais devoir faire avec. C’est toujours mieux que de ne pas pouvoir bouger du tout. Ce qui m’embête c’est que je ne vais pas pouvoir fouiller les zones en hauteur. Et il ne faut pas compter sur mes géniteurs pour m’aider. Si je pleure, ils m’ignorent. Si j’essaie d’attraper un objet, ils s’en fichent. Si j’essaie d’attirer leur attention, ils me rejettent. Peu importe mes tentatives, ils ne viendront certainement pas m’aider. Je ne peux non plus pas demander à mon frère. Il est dans le même état que moi. Tout petit, très faible et c’est une illusion de toute façon.

Ma petite marche de bébé me conduit un petit peu partout dans la pièce. Chaque jouet est inspecté avant d’être jeté plus loin. J’essaie aussi d’observer sous les lits mais je me rends compte à quel point c’est plus compliqué après pour me relever. De toute façon, je n’y ai rien vu d’intéressant. Je continue alors ma visite de la chambre, à la recherche de la tétine. C’est peut-être mon moyen pour revenir dans le présent. Je râle un peu mais le seul son qui sort de ma bouche, ce n'est pas des paroles. Juste une plainte de bébé. Putain je ne peux même plus parler. Logique pour un bébé d'environ un an, peut-être un peu moins, mais ça fait chier quand même.