[Event Multimix] Un autre conte...

Egon Esper

PNJ |:| Joué par Martel

Sexe :
Taille : 1m78
Race : Conteur
Pouvoir : Pacte de la mort

Nia. Il l'avait observée un peu plus que les autres, sur l'écran de sa tablette, pour voir comment elle s'en sortait dans sa petite pièce personnelle. Le fait que le dé l'ait choisi, elle, l'une des fameuses amies dont lui avait parlé la petite brune à leur rencontre, était un étrange hasard. Elle ne semblait pas particulièrement en colère. Était-ce à cause de l'effet de la téléportation ? Même en le reconnaissant, ou du moins en supposant de son identité, elle ne semblait pas encline à s'en prendre à lui. Alors il hocha doucement la tête pour lui répondre, puis il effectua un léger mouvement des doigts en marmonnant quelque chose à voix basse, et les chaînes commencèrent lentement à disparaître.

- Si je les efface, tu promets de ne pas essayer de t'en prendre à moi ?

Mais au fond, il ne la sentait pas hostile. Peut-être qu'il présumait de ses intentions, mais il l'avait assez enfermée face à ces autres réalités pour lui permettre d'être libre de ses mouvements.

- Ne promets rien ! Si tu fais une promesse et que tu ne la tiens pas, tu mourras !

Egon lança un regard noir à Malicia, qui serrait les barreaux de sa cage dans ses poings, et il soupira.

- C'est vrai. Mais je ne t'aurais pas laissé promettre. Je n'ai pas l'intention de te tuer. Cependant, si tu fais un seul geste contre moi, tu n'auras pas des chaînes, mais une cage. Comme eux.

Calmement, il posa ses mains sur ses genoux pour se relever et les chaînes finirent par perdre entièrement leur consistance avant de tomber en poussière. Au sol, sous ses pieds, la scène continuait de se dérouler. Il plissa les yeux en voyant Edelweiss - maintenant qu'il connaissait son nom - serrer de toutes ses forces le poignet de la blonde, et grimaça un peu. Le retour à la réalité risquait d'être douloureux pour les deux.

- Si tu veux savoir, en choisissant le présent, tu aurais pu les rejoindre.

Il n'éprouvait aucun plaisir dans la souffrance du groupe qui se trouvait en bas, à l'exception d'Alma. Par contre, il voyait clairement celle de Dorian et Malicia, et cachait assez mal qu'il en jubilait.

- Tu es tranquille pour le moment. Enfin, tu ne peux pas sortir de cette pièce, mais il n'y a pas d'autre danger.

La seule chose dérangeante pour elle serait probablement qu'elle ne pourrait pas aider ses amies, ni qui que ce soit, enfermée ici comme spectatrice passive. Dans la pièce aux spores, la situations empirait. Egon la fixa un instant avant de faire rouler un dé au-dessus de sa main, puis de murmurer.

- Quinze des personnes ayant répondu à l'appel eurent une soudaine impression de malaise, alors que leurs pouvoirs et leurs races d'origines revenaient doucement à eux, laissant flotter dans l'air, en suspens, ceux qu'ils avaient empruntés.

Sur l'écran, il put voir vaciller une bonne partie des personnes présentes dans la salle aquarium. Près de lui, il vit la même chose arriver à la rouquine, signe qu'elle récupérait elle aussi ses capacités d'origine. Sur l'écran qu'il ne regardait plus, la scène continuait, montrant toute la pièce, dont le combat entre Naomi et Edelweiss.

- Tu perds ton temps, Egon !
- Et toi, tu gaspilles ta salive.

À vrai dire, la seule personne à qui il daignerait parler dans cette pièce, c'était la rouquine. Contrairement à ses deux prisonniers, elle ne faisait pas partie des gens qu'il voulait voir souffrir.

Egon Esper

PNJ |:| Joué par Martel

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Elle semblait s'en vouloir de ne pas avoir pu agir. Pourtant, même si elle n'en avait pas conscience, c'était elle qui avait retenu un instant la petite blonde alors qu'elle allait s'en prendre à son amie. Sans doute que si elle avait eu cette vision du présent plus longtemps, elle aurait été capable de détourner son attention. le commentaire qu'elle fit l'intrigua, cependant. Il pencha un instant la tête vers Malicia, juste avant de jeter son sort. Pourquoi ne pas la mettre en sécurité ? Une fois qu'elle eut repris ses esprits après le malaise dû au retour de ses pouvoirs, il prit la peine de lui répondre, l'entraînant légèrement à l'écart des deux prisonniers pour s'épargner le regard prétentieux de Malicia.

- Parce que j'ai conçu cet endroit pour qu'il continue de fonctionner, quoi qu'il puisse m'arriver. Je ne peux l'influencer qu'en ayant recours au hasard. Enfin... presque. Désolé pour la flèche, d'ailleurs.

C'était la raison pour laquelle chacune de ses décisions était basée sur le dé qu'il tenait en main. C'était lui qui avait choisi la fille face à lui à la sortie des couloirs, lui aussi qui avait déterminé le nombre de personnes à récupérer leurs pouvoirs, et lui qui déciderait de la suite... Au moins, à défaut de l'avoir mise à l'écart, elle, il avait pu mettre une de ses amies hors de danger. À sa question suivante, il l'observa, intrigué. Où trouvait-elle encore l'énergie d'avoir des questions ? À moins qu'elle ne les pose pour son amie ? Après tout, s'il avait bien compris, c'était Edelweiss qui avait entraîné les deux filles avec elle.

- La brigade magique aurait repris le contrôle trop rapidement. Si je ne les avais mélangés qu'entre eux, ils se seraient entraidés et s'en seraient sortis facilement.

Il jeta un regard empli de haine dans la direction de Malicia, jouant avec le dé qu'il tenait en main.

- Et je voulais un peu les voir chercher celui qui avait récupéré la race soi-disant devenue inoffensive de leur cher directeur.

Laissant à la jeune fille le soin de le suivre ou non, il s'accroupit devant la cage de Dorian en gardant l'écran en vue.

- Et je n'ai pas visé que la ville, mais la planète entière.

À ces mots, Malicia tressaillit, comme si elle réalisait la portée de ce qu'il venait de dire. Combien de pouvoirs dangereux avaient pu frapper en dehors de Londres ? Combien avaient risqué d'être révélés ? Il allait ajouter quelque chose quand, soudain, il se figea, le regard instinctivement absorbé par l'écran, où la petite brune venait d'être projetée dans un mur. Il serra les dents. Il était temps d'en finir avec cette histoire. Il commença à parler à voix basse.

- Une arme à feu apparaît à la ceinture d'Ylivia, dans son dos, masquée par son illusion. Au même moment, elle peut commencer à entendre la voix du conteur quand il s'adresse à elle.

Il attendit une petite seconde avant de tenter.

- Ylivia ?

Comme il la vit se redresser, il partit du principe qu'elle l'avait entendu, et il reprit.

- J'ai rendu leurs pouvoirs d'origine à un nombre aléatoire d'entre eux. Quinze, d'après les dés. Mais ce n'est pas l'essentiel. Tu as désormais une arme accrochée à ta ceinture, dans ton dos. Elle ne se voit pas sous ton illusion.

Tout en parlant, il gardait un œil sur la scène. Il vit une lame briller et serra les dents. Il manquait de temps. Elles devaient reprendre le contrôle de leurs émotions avant de s'entretuer, avant que quelqu'un ne les arrête par la force. Il lança le dé pour le faire rouler au-dessus de sa main. Deux. Très bien.

- Maintenant. Deux. N'importe lesquels.

Ylivia était assez intelligente pour savoir qu'il ne lui donnait pas réellement l'autorisation de tirer sur n'importe qui. Elle éviterait d'elle-même les personnes qui risquaient de blesser Edelweiss, et évidemment la jeune fille elle-même. Et effectivement, le premier tir ne la visa pas elle.

- NON !

Comme un écho au cri qu'Egon avait poussé un peu plus tôt en voyant l'archer apparaître dans le premier couloir, celui de Dorian brisa le silence alors que la jeune fille aux cheveux rouges sombre et aux allures de cheffe s'effondrait sur l'écran. La respiration déjà chaotique du directeur empira alors qu'il serrait les barreaux à s'en blanchir les phalanges. Même Malicia était livide.

- Egon...
- Pas besoin de magie pour tuer quelqu'un, tu vois.

Le deuxième tir mit un garçon à terre et Egon n'émit qu'un petit son pour signifier à Ylivia qu'elle pouvait reprendre son apparence. Dans la pièce, les yeux de plusieurs personnes perdaient l'éclat bleu dû aux spores. Libérés par le choc, ils retrouvaient leurs émotions naturelles. Prostré dans sa cage, les mains serrées sur son cœur, Dorian s'était muré dans le silence. Egon, lui, tourna un instant la tête vers Nia.

- Elles vont arrêter de se battre.

Et il désigna Naomi et Edelweiss sur l'écran, tandis qu'elles reprenaient leurs esprits.

Egon Esper

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Cette fille était d'une insouciance presque amusante. Egon faillit rire en l'entendant réagir naturellement par un "c'est trop cool". Et même si elle se rattrapa d'une certaine manière, il trouvait ça presque apaisant. Après la tension qui avait régné dans la pièce, avoir quelqu'un qui ne le considérait pas comme l'ennemi public numéro un avec qui discuter avait quelque chose de rafraichissant.

- Je peux faire un peu ce que je veux avec, si tu veux tout savoir. C'est pour ça qu'ils ont peur de moi.

Ce n'était pas vraiment le cas, vu qu'ils avaient peur de son pouvoir et non de ses capacités raciales, mais il ne doutait pas que la capacité de modeler la réalité selon ses paroles devait faire peur à plus d'une personne. C'était sûrement pour ça qu'ils l'avaient enfermé sous sédatif, après tout, pour qu'il ne puisse pas réécrire le monde autour de lui comme il l'entendait. C'était comme ça qu'il avait retrouvé toute sa force physique en un claquement de doigt, après tout. Il n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que la jeune fille se précipitait vers l'écran dans un élan de colère. D'abord surpris, il ne put s'empêcher de rire discrètement. Un rire un peu différent des autres, vu qu'il était plus proche de l'attendrissement et de l'amusement que de ses ricanements précédents.

Il prit le parti de résoudre les choses de lui-même, cependant. Une fille capable de projeter quelqu'un aussi violemment dans un mur pouvait sûrement s'avérer mortelle et très destructrice, et vu la haine qu'elle dégageait, il la sentait presque capable de tuer sa petite amie. Il contacta donc Ylivia, qui révéla finalement la supercherie dont ils avaient tous été victimes. La situation continua de dégénérer mais, au moins, les deux filles arrêteraient de se taper dessus pour le moment. il se détacha donc temporairement de l'écran pour reporter son attention sur la rouquine.

- Plus ou moins. Comment t'expliquer ça...

Il regarda un instant Malicia et Dorian, comme s'il cherchait à savoir par où commencer, ou s'il devait tout exprimer devant eux, mais il reprit finalement la parole.

- J'avais quinze ans quand ils m'ont arrêté pour un crime accidentel. J'ai passé les quatre années suivantes dans leurs laboratoires, où ils ont essayé de m'arracher mon pouvoir. Et pas de manière aussi douce que ce que j'ai fait pour vous.

Là, le regard qu'il lança à Malicia fut nettement plus assassin.

- Ensuite, cette très chère Malicia a estimé que j'étais trop dangereux pour être laissé en liberté, alors elle m'a fait enfermer. Sous sédatifs et sans pouvoir bouger, la seule chose qu'il me restait, c'était de ressasser des images, des souvenirs, et les rêves d'avenirs que je ne verrais jamais.

Il soupira. Au final, la seule chose qu'il n'avait jamais vraiment vue, c'était le présent, mais Ylivia avait plusieurs fois trouvé le moyen de lui raconter certaines choses qui se passaient à l'extérieur. Sa voix à ses oreilles était la seule chose qui l'avait empêché de sombrer entièrement dans la folie.

- Mourir aurait probablement été un sort plus enviable.

Il baissa les yeux vers l'écran, tiquant légèrement quand il vit l'arme pointée sur Edelweiss. Mais il savait qu'Ylivia ne tirerait pas. Il avait confiance en elle. Et elle ne le trahirait jamais.

Egon Esper

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Au moins, les deux jeunes filles s'étaient calmées. Quelques autres personnes, aussi, semblaient avoir subi l'effet du choc émotionnel. Eh bien, pour une fille qui semblait se sentir aussi isolée du monde, elle avait de l'influence sur pas mal de monde. Egon sursauta quand même en voyant la blonde projeter à nouveau quelqu'un à distance, peu de temps après qu'Edelweiss ait posé l'arme d'Ylivia sur son visage. Décidemment, elle avait hérité d'une petite amie qui ne faisait pas dans la dentelle. Puis il se tourna vers la rouquine et esquissa un sourire sarcastique.

- Pardonne-moi, mais je n'ai pas spécialement envie de laisser un autre MacKenzie se mêler de mes affaires.

Il jeta un regard mauvais à Dorian, mais celui-ci ne le regardait pas, le regard vide même s'il fixait très clairement ce qui se passait dans la pièce. Des gens se battaient, de manière visiblement bien plus violente que précédemment. Mais ce qui intéressait le plus Egon, c'était l'expression du directeur. Il était à bout de nerfs, ça se voyait, mais Malicia était encore trop... trop elle-même. Il finirait bien par la briser, cependant. Il n'en était pas si loin, elle ne s'amusait plus à le provoquer. Sans doute avait-elle trop peur de ce qu'il pouvait faire ensuite. Tant mieux.

- Je ne peux pas partir maintenant. Parce que je connais la vermine qui compose la brigade et la magistrature. Où que j'aille...

Il n'eut pas le temps d'en dire plus qu'il entendit soudain un hoquet visiblement effrayé de Dorian et reporta aussitôt son attention sur l'écran. Une fumée noire se répandait dans la pièce et il finit par en trouver l'origine. Le garçon e tout à l'heure, celui qui prétendait avoir plongé une jeune fille dans la folie. Egon plissa les yeux en observant la pièce, curieux de savoir quelles capacités était capables de ça. il fronça malgré tout les sourcils en voyant les yeux d'Ylivia s'écarquiller dans une expression qu'il ne lui avait que rarement vue. La peur. L'espace d'une seconde, il s'imagina ce qu'elle était capable de faire sous le coup de la terreur, et il frissonna. Ce gamin avait pris un risque inconsidéré.

- Egon... arrête ça...

Il releva les yeux pour croiser le regard de Dorian. L'épuisement moral se lisait dans son regard brisé. Recroqueville contre les barreaux de la cage, il avait même perdu toute la verve de sa voix. Mais les yeux d'Egon ne reflétaient qu'une détermination qui tira un frémissement au directeur, et le crispa encore plus.

- Je te promets que...
- Non. Pas toi.

Dorian tiqua avant de suivre le regard d'Egon, posé sur Malicia. La jeune femme toisait son ennemi avec un œil assassin, mais il pouvait percevoir l'inquiétude à travers la haine. Le conteur ravala son sourire.

- Elle n'hésitera pas à te sacrifier. Il n'y a qu'une personne au monde qu'elle n'est pas prête à voir mourir.

Lentement, il se redressa pour s'approcher de Malicia, faisant discrètement apparaître une caméra qui projeta son image dans la pièce sans qu'elle le sache.

- Alors ?

Elle serrait les dents, visiblement torturée entre sa fierté, l'envie de stopper ce qui se passait et le regard suppliant de Dorian. Mais ses yeux se posèrent une dernière fois dans la pièce, où la démone au service d'Egon semblait sur le point de sombrer dans la folie et, l'espace d'une seconde, le conteur lut un éclat de peur dans ses yeux. Réalisait-elle qu'Ylivia était capable de tuer chacune des personnes dans cette pièce ? Sans doute, car elle finit par relever la tête et prononcer d'une voix blanche :

- Je jure que ni moi, ni la magistrature, ni la brigade, ni aucune personne à mon service, n'essaieront jamais de te poursuivre, de t'arrêter ou de te tuer.

La marque noire symbolisant le sceau de la promesse s'imprima dans la main d'Egon, mais aucune expression satisfaite ne vint faire de même sur son visage. Au lieu de ça, il écarquilla légèrement les yeux, et sa voix exprimait autant de rage que de peur quand il reprit la parole.

- Tu as oublié quelque chose.

Le sourire sadique de Malicia ne fit qu'intensifier les deux émotions qui se battaient dans son coeur.

- Une promesse par personne, hein, Egon ? Je la retrouverai. Et tu seras aux premières loges pour voir ce qu'elle subira par ta faute.

Il écarquilla encore un peu les yeux, l'esprit frappé par des images qui lui oppressèrent la poitrine. Puis son visage se ferma et c'est d'une voix glacial qu'il reprit la parole, transmettant sa voix dans toute la pièce.

- Ylivia. Tue-les tous.
- Non ! Egon !

Mais il n'afficha aucun signe de changement d'avis, ni de changement d'émotion. Très lentement, il se releva et fit disparaître la caméra, indifférent aux paroles de Dorian.

- Egon ! Egon, arrête ! Je vais promettre à sa place ! EGON !

Mais le conteur l'ignora totalement, s'approchant de Nia pour poser la main sur son épaule. Son visage n'affichait plus aucune émotion.

- Allons chercher ton amie.

Elle, au moins, sortirait de cette histoire en vie. Pas les autres. Si Malicia pensait gagner contre lui, elle y perdrait tout. Une porte commença à apparaître dans le mur.

- Egon ! Je te jure que personne n'essaiera jamais de la retrouver ! Arrête ça ! Arrête-la !!!

Il hurlait, serrant les barreaux de sa cage avec les larmes aux yeux, mais Egon ne lui accorda même pas un regard. Doucement, il posa sa main contre la porte du mur. La promesse de Dorian, prononcée à l'oreille d'un sourd, ne scella aucun accord sous son pouvoir.

Egon Esper

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Son esprit était vide, comme si les émotions l'avaient déserté. Malicia venait de retourner sa seule arme contre lui, d'utiliser ses sentiments pour lui retirer toute possibilité de victoire. Même s'il était certain de s'en sortir, de ne plus jamais être inquiété, l'idée qu'elle puisse s'en prendre à Ylivia et la pourchasser sans relâche lui donnait la nausée. Et elle le ferait, il le savait. Il la connaissait. Si elle ne reculait devant rien pour dissimuler la magie et arrêter ceux qu'elle estimait dangereux pour le secret comme pour la vie des autres, elle ne reculerait devant rien non plus pour réparer son ego blessé. Et il avait carrément écrasé sa fierté en lui soutirant une promesse qui l'empêchait à jamais de gagner sans y laisser sa vie. Un instant, il fut tenté d'essayer de forcer une personne de la brigade à essaye de le tuer. Mais ça ne ferait que le débarrasser de Malicia ; et alors, il n'aurait aucune manière d'échapper aux poursuites de ses sous-fifres. Sa vengeance ne comptait pas autant pour lui que sa liberté. Leur liberté. Mais elle l'avait privé de celle d'Ylivia.

Là, il écarta sa main de la porte aux paroles de Nia. Elle perdait son temps. Il lui avait fallu briser Dorian pour ne serait-ce qu'un peu atteindre Malicia, et il n'avait pas réussi à la blesser assez pour lui retirer l'envie de gagner et de se jouer de lui. Cependant, il devait bien admettre que la colère de la jeune fille lui donnait du baume au cœur. Cette chose si importante dont ne disposait pas la femme tranquillement assise dans sa cage. Non... pas tranquillement. Elle semblait choquée. Pensait-elle vraiment qu'il bluffait ? Qu'il n'oserait pas tue toutes ces personnes ? Mais presque aucune d'entre elles ne représentait quoi que ce soit pour lui. Et certainement rien à côté de celle qu'il aimait depuis son adolescence, et qui l'avait empêché de plonger entièrement dans la folie.

Malicia, elle, releva les yeux vers l'adolescente qui lui criait dessus. Son visage afficha rapidement une détermination et une froideur qui ne firent qu'instiller une nouvelle vague de haine dans les veines d'Egon.

- Mon rôle est de protéger le secret de la magie et d'empêcher des pouvoirs mortels d'être déchaînés sur le monde. S'il doit y avoir des pertes pour éviter une nouvelle guerre, alors soit.

À côté d'elle, dans sa propre cage, Dorian frissonna. Sa voix, brisée par ses cris, n'était plus qu'un murmure.

- Si tu as été prête à mettre ta vie dans la balance pour qu'il arrête. Pourquoi... pourquoi tu n'as pas promis jusqu'au bout...

Elle n'eut pas le temps de répondre que la rouquine continuait son discours. Sa colère était si perceptible qu'Egon finit par s'éloigner de la porte, s'approchant d'elle jusqu'à se pencher à ses côtés et poser sa main sur son épaule.

- C'est trop tard, Nia. Une personne ne peut être liée que par une seule promesse.

Et elle avait choisi la sienne. Elle avait choisi le dénouement en refusant de renoncer à traquer Ylivia. C'était à elle, et à elle seule, qu'elle devrait tout ce qui se passerait maintenant.

- Egon... Il n'est pas encore trop tard. Je peux promettre. Je vais promettre. Je...
- Ça suffit, Dorian !

Le directeur se crispa et serra les dents. Un instant, Egon eut la sensation  qu'une partie du corps de Dorian se brouillait, comme si la colère influençait sa forme. Qu'était-il devenu après l'inversion des races et des pouvoirs ? Une créature influencée par la colère, visiblement. Assez violemment, étant donné que la cage était censée contenir les capacités magiques.

- Andrew ne remplissait pas son rôle. Par sa faute et son manque de jugement, la magie a failli être révélée à plusieurs reprises des mains de ses élèves, et la cité souterraine a été victime d'un carnage qui aurait pu être catastrophique si personne n'avait ramené tout le monde à la vie.
- Et quand quelqu'un n'est plus utile, Malicia s'en débarrasse, ajouta Egon d'un ton sarcastique.

Alors qu'elle allait répliquer, le cri de détresse d'Ylivia s'extirpa de l'écran tandis que les balles fusaient. Trois d'entre elles purent atteindre leurs cibles, et les autres furent bloquées en plein vol. Aucune d'elle n'atteignit la jeune fille qu'Egon voulait à tout prix sortir d'affaire et il laissa échapper un petit soupir de soulagement. Puis il se passa une chose à laquelle il ne se serait jamais attendue, et il écarquilla les yeux en même temps que Malicia. Et là, pour la première fois depuis qu'elle avait prononcé sa promesse tronquée, un sourire illumina le visage de l'homme.

- On dirait bien que ta fierté te coûte cher cette fois, Malicia.

Il passa la main à travers les barreaux de la cage pour la saisir par le col et la rapprocher de lui, assez pour qu'elle puisse presque sentir son souffle.

- Tu as perdu.

Puis il se releva et tendit la main à Nia pour l'aider à se redresser à son tour.

- Allons-y.  Il me reste quelques détails à régler.

La colère avait déserté son regard et, même si la peur faisait encore trembler ses membres, il semblait nettement plus apaisé que quelques minutes plus tôt.

Egon Esper

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Malicia... Elle avait fait l'erreur de trop en prononçant cette demi-promesse, en mettant sa fierté trop en avant. Peut-être parce qu'elle ne savait pas qu'elle était filmée, peut-être parce qu'elle ne le pensait pas capable de donner l'ordre de tuer tout le monde. Elle l'avait vu manifester des émotions quand il avait aperçu Edelweiss en difficulté, sans doute s'attendait-elle à ce qu'il recule, à ce qu'il n'ait pas le courage d'aller jusqu'au bout de ses menaces. Elle avait eu tort. Mais là, il avait obtenu quelque chose de bien plus satisfaisant que de la voir souffrir et perdre ce pour quoi elle se battait, de la voir regarder mourir ceux qu'elle avait prétendu protéger.
Elle avait perdu son soutien. Elle avait perdu Alma. Elle avait perdu Dorian. Elle avait perdu Londres.

Egon regarda l'adolescente perdre patience à un point où lui-même n'en aurait probablement pas été capable. S'il l'avait fait, il aurait dû supporter le petit éclat de satisfaction dans les yeux de Malicia à l'idée de l'avoir fait craquer. Mais face à une étudiante qui exprimait toute la haine que son comportement pouvait inspirer, elle ne pouvait se permettre de sourire. Egon le faisait pour elle. Finalement, il prit la main de la jeune fille, s'arrêtant cependant de marcher lorsqu'il remarqua qu'elle boitait.

- Ça dépendra d'eux. De ce que je peux faire sans risquer la vie de qui que ce soit autour de moi.

Si quelqu'un allait à l'encontre des ordres de Malicia au risque de la tuer, il devrait fuir. Si quelqu'un approuvait sa décision de poursuivre Ylivia, les choses allaient devenir compliquées. Donner des nouvelles à des personnes qui avaient souffert entre ses mains lui paraissait... étrange. Mais il yy avait plus important que de réfléchir à cette question.

- Ne bouge pas.

Il observa sa jambe et réfléchit, le temps de trouver ses mots, puis il s'exprima d'une voix plus neutre, comme s'il lisait un texte écrit d'avance.

- La blessure à la jambe de la jeune fille disparut lentement, sans douleur, comme si elle n'avait jamais existé.

Obéissant à ses mots, le sang cessa de couler, la chair et la peau se réparèrent sans laisser la moindre trace ni la moindre cicatrice, et il esquissa un sourire. Elle avait pris un risque inconsidéré en se frappant à cet endroit aussi violemment, surtout considérant les artères qu'elle aurait pu atteindre. Avec tout ce qui venait de se passer, il pouvait bien lui faire cette fleur.

A sa question suivante, il prit un petit instant pour réfléchir, le regard tourné vers Dorian. Enfermé dans sa cage, il semblait valser entre plusieurs émotions. Egon était conscient de l'avoir brisé, d'avoir entamé sa résistance mentale au point d'implanter des milliards de questions existentielles sous sn crâne, et d'avoir détruit une partie de sa confiance en Malicia. Mais il gardait en mémoire l'étrange mouvement de peau qu'il avait aperçu, signe que la race dont avait hérité le directeur était potentiellement destructrice. Dans son état, et sans la certitude qu'il ne chercherait pas à s'en prendre à lui, il n'était clairement pas prudent de le laisser sortir.

- Pas pour le moment.

À nouveau, il s'avança vers la porte, et poussa le battant, révélant un escalier qui descendait dans l'ombre. Quand il posa sa main sur le mur, des lignes de lumières bleues illuminèrent la paroi, se traçant au fil de son avancée sur les marches pour éclairer le chemin.

- Oh, j'ai failli oublier. Hm.

Il toussota avant de fermer le yeux pour mieux visualiser la scène.

- L'effet des spores s'estompa peu à peu et, lentement, ils quittèrent le corps de leurs hôtes, emportant avec eux le poison qu'ils y avaient distillé. Ils reprirent doucement leurs esprits et leurs émotions redevinrent ce qu'elles avaient toujours été, libérées de toute influence.

Ils finirent par arriver en bas des marches, près de la porte dissimulée qui menait à la pièce où se trouvait tout le monde. Egon prit une grande inspiration. Il ne s'attendait pas à descendre ici, même s'il avait obtenu l'immunité totale de la part de Malicia. Voilà qu'il avait été convaincu par des adolescentes.