I'm calling you back [feat. Edelweiss]

I'm calling you back

Quelle heure était-il ? Déjà le matin ? Sûrement le matin. Même si les rideaux faisaient barrage à l'extérieur, un petit halo de lumière semblait s'être levé derrière depuis quelques temps.
Edelweiss n'avait que dormi de façon fractionnée et, lorsqu'elle était éveillée, elle essayait de réciter des pensées qui pourraient l'aider. Elle essayait d'appliquer cet exercice de visualisation qu'elle avait fait une fois avec son psychologue pour se calmer.
Mais une goutte d'eau répétée tombait au fond de l'évier. Elle était si petite et pourtant le son à travers l'appartement ne faisait que détruire sa concentration. C'était énervant, terriblement éprouvant pour les nerfs et pourtant Edelweiss n'avait pas trouvé la force de seulement se lever et chercher quel robinet était mal fermé. Elle s'était endormie avec l'écho dans sa tête.

Puis son téléphone sonna. Elle ne voulait voir personne. Appeler personne. Parler à personne. Alors, pendant un long moment elle laissa sonner dans le vide. Puis elle se souvient vaguement de ce rêve où elle appelait son psychologue. Doucement, elle tendit le bras pour prendre son portable et en voyant le nom s'afficher, elle finit par décrocher.

- Edelweiss ? C’est Ian. Tout va bien ? J’ai reçu ton message. Tu as besoin de quelque chose ?  

…

Silence. Réflexion. Hésitation.

Silence. Voix brisée.

- Ian...

Dire ce nom lui avait tellement noué la gorge qu'elle avait l'impression de ne plus pouvoir rien dire de plus.

Codage par Nika L. Iélanov sur Pensionnat Immortalia

I'm calling you back

C'était la première fois qu'elle appelait son psychologue par son prénom. Depuis le début, il lui avait proposé de l'utiliser mais elle n'avait jamais accepté, voulant garder cette distance entre elle et lui, la figure d'autorité et la patiente. Mais aujourd'hui, elle avait besoin de plus qu'un psychologue. Elle avait envie de retrouver ce côté un peu paternel qu'elle avait vaguement capté parfois. Ce soutien émotionnel, ce pilier qui était là face aux épreuves d'Egon.

Peut-être qu'au fond, son partenaire lui manquait. Léandre était loin, il ne pouvait plus être sa bouée dans l'océan lorsqu'elle se sentait mal et... d'une certaine façon, Mr Stevens lui faisait un peu penser à lui en plus gentil et compréhensif. Mais elle ne savait pas comment lui faire parvenir tous ces sentiments autrement qu'en l'appelant par son prénom.

- Où es-tu ? Chez toi ? Si tu veux qu’on se voit dis le moi. Je me déplacerai.

Edelweiss inspira pour essayer de se calmer et parler normalement. Oui, elle voulait le voir mais n'avait pas la force de se déplacer. Alors, doucement mais le plus distinctement que possible, elle lui donna l'adresse de Naomi pour qu'il puisse la rejoindre. Puis, lorsqu'il lui assura qu'il venait, elle finit par raccrocher après avoir promis de ne pas bouger et d'attendre.  

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Recroquevillée dans le lit, les genoux devant sa poitrine, Edelweiss attendait. Son psychologue lui avait dit qu'il viendrait. Alors elle ne pouvait rien faire d'autre. Elle avait passé la nuit à espérer de l'aide. A se battre contre l'écho de la goutte qui résonnait dans l'appartement. Mais bientôt, elle pourrait avoir un peu de soutien... Alors elle restait immobile, les yeux posés sur son téléphone. L'observant sans vraiment le voir.
Les minutes qui s'écoulaient lui semblaient lentes. Terriblement lentes. Ou bien était-ce sa vision du temps qui s'était distordue ? En réalité, elle était incapable de dire l'heure qu'il était. Et, au bout d'un moment, une petite lueur illumina l'écran de son portable. Pendant une minute, la jeune fille ne réagit pas. Puis elle tendit le bras pour prendre l'objet. Un message de son psychologue lui disait qu'il était là dans quelques minutes. Ah oui... C'est vrai... Elle l'avait appelé.

Son cerveau lui semblait tellement embrumé que pendant un instant elle semblait l'avoir oublié.

Edelweiss se leva. La tête lui tourna un peu. Elle vit quelques tâches violettes danser devant ses yeux et tituba. Lentement, elle finit par se diriger vers la porte et l'interphone. Lorsqu'il sonna, elle appuya sur le bouton et parla à voix basse pour indiquer le numéro de l'appartement et qu'elle le déverrouillait. Il n'aurait qu'à entrer.
Puis elle alla s'asseoir sur le canapé, en silence.

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Un petit bruit cogna contre la porte mais la jeune fille ne bougea pas. Elle n'était pas certaine que ce soit réel ou simplement son imagination. Après tout... Elle avait cru entendre Naomi revenir et pousser la porte plusieurs fois. Mais lorsqu'elle allait voir, rien. Alors elle ne fit pas attention aux pas dans son appartement. Elle réagit seulement à l'appel de son nom. Un petit sursaut presque invisible.

Ian était là. Il s'agenouilla face à elle avec ce visage apaisant qu'il avait toujours lorsqu'ils se voyaient. Puis il prit sa main doucement et ce contact réveilla une émotion en elle.  

- Qu’est-ce qu’il se passe… ? Tu veux m’en parler ? Je suis là pour toi.

Edelweiss releva un peu les yeux vers ceux de son psychologue. Elle les sentit s'humidifier.

- Ian...

Elle n'arrivait pas à l'appeler par son nom de famille... Peut-être avait-elle seulement besoin d'un ami ? Une personne sur qui compter ? Une épaule sur qui... pleurer. Sa gorge commença à lui faire mal.

- Je suis... tellement fatiguée... murmura-t-elle en laissant les larmes couler doucement sur ses joues.

Sa main se resserra sur celle de l'homme comme si elle s'accrochait à une bouée tandis que toute la pression accumulée tomba d'un coup sur ses épaules. Elle avait presque l'impression que son corps entier lui faisait mal.
Edelweiss porta son autre main à ses yeux pour essayer de stopper les larmes mais, au contraire, elle pleura de plus bel.  

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La main de la jeune fille se pressa plus fort contre ses paupières dans un désir de faire cesser les larmes. Mais rien n’y faisait. Le cumule était trop fort. Toute la pression qu’elle ressentait depuis ces dernières semaines avait besoin de sortir comme une vague incontrôlable d’émotions. Au fond, Edelweiss aimerait ne plus rien ressentir quelques temps. Mais la dernière fois qu’elle eut cette pensée elle…
Un sanglot lui brûla la gorge. Elle ne voulait plus avoir ce genre d’idées sordides. Et en même temps elle n’arrivait pas à les empêcher de venir. A quoi bon avoir été sauvée si son monde finissait toujours par s’effondrer ?

- Je suis là… Tout va bien se passer… Ça va s’arranger…

Non il avait tord. Rien n’allait. Tout était emporté dans un tourbillon violent et insaisissable. Comment était-elle supposée se battre contre ça ?
La main sur ses paupières glissa vers son front pour tirer ses cheveux vers l’arrière et dégager un peu son visage.

- Non… Ça ne s’arrangera pas… ! Ça ne s’arrangera jamais… !

Edelweiss se recroquevilla sur elle-même. Elle voulait vraiment trouver du réconfort en la présence de son psychologue mais son esprit tournait en boucle sur la même ritournelle.

- Pas tant qu’on ne sera… pas normaux.

Tout venait de là. Chaque problèmes découlait toujours de la magie. Et plus elle y pensait, plus sont cristal luisait de rouge sombre.

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C’était frustrant. Éprouvant. Pourquoi fallait-il toujours que la magie lui rappelle à quel point sa vie était anormale ? Pourquoi fallait-il toujours se battre ? Elle ne le faisait pas suffisamment ? Était-ce une sorte de punition céleste ? Qu’avait-elle bien fait pour mériter un tel traitement ? Et Naomi, pourquoi avait-elle été visée par les ténèbres ? Rien ne faisait de sens. Rien n’allait. Et, alors qu’elle se sentait de plus en plus sombrer dans un tourbillon de pensée infernales, les bras de son psychologue tentait de la maintenir à la surface. D’une certains, façon, elle savait qu’elle voulait s’y raccrochait. Sinon, elle ne l’aurait pas appelé à l’aide. Mais là, immédiatement, les larmes semblaient vouloir s’emporter.

Ian prit la parole, essayant d’insuffler des mots apaisants. Mais Edelweiss n’avait pas la sensation de ressortir plus forte des épreuves imposée par la magie. Elle se sentait se briser au fil du temps. Puis elle releva le visage, regardant difficilement son psychologue alors qu’il gardait ses joues au creux de ses mains.

- Même si d’autres épreuves nous attendent au tournant. Tu ne seras jamais seule pour leur faire face. Tu n’es pas seule, Edelweiss.

A nouveau, une émotion remonta le long de sa gorge, laissant un goût amer et une sensation de suffocation.

- Je ne veux pas me battre contre elle… murmura-t-elle avec difficulté, Je ne sais même pas si… elle est vivante...

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I'm calling you back

Que devait-elle faire ? Elle ne savait plus comment réagir. Elle ne savait pas comment chercher les solutions. Elle commençait à croire qu’il n’y en avait peut-être pas… Dès qu’elle sentait son esprit se reconstruire, elle avait la sensation que le ciel envoyait une nouvelle épreuve. Et elle était de plus en plus fatiguée. Elle avait de moins en moins envie de se battre. Plus le temps passait, plus elle avait l’impression que son combat contre les histoires magique était vain. Peut-être devait-elle simplement laisser tomber…

- Aie confiance… Je suis persuadé qu’elle est toujours en vie. Et que tu feras ce qu’il faut.

Comment pouvait-il en être si sûr ? Naomi avait été emportée par une obscurité si dense qu’elle peinait à bouger. Comment savoir si cette énergie ne l’avait pas tué ? Et comment être sûr qu’elle ferrait ce qu’il faudrait. Elle ne savait même pas où chercher...

- Si tu ne veux pas te battre contre elle, alors ne te bats pas.

Si elle ne voulait pas se battre… alors… Ses larmes continuaient à couler mais son regard se perdit dans le vide. Elle réfléchissait. Pouvait-elle réellement ne pas se battre ? Et si… si elle jetait son objet ? Si elle le détruisait ?

Edelweiss hocha à peine la tête aux derniers mots de Ian. Elle ne l’écoutait pas vraiment, beaucoup trop focaliser sur cette idée de briser le cadran étoilé et Véga avec.

Codage par Nika L. Iélanov sur Pensionnat Immortalia