L'ombre et le silence

26 février
2018

L'ombre et le silence

Rp Solo

Hier était la pire journée de mon existence. Pire que de découvrir ma dyslexie et tous les échecs qui allaient avec. Pire que le TDA et la violence des émotions qu'il fait courir dans mes veines ; la colère, l'ennui, l'énergie, le vide. Pire que mon agression. Pire que de la rejouer devant des caméras, pire que de perdre mon procès.
Je me sens... vide.

Quelque chose est parti. Quelque chose, au fond de mon cœur, a brutalement cessé d'existé. Tu aurais pu la tuer ! Pourquoi tu as fait ça ! Pourquoi, hm ? Je n'arrive pas à m’enlever la scène de la tête. J'ai l'impression que même si on m'effaçait la mémoire, même si on me tirait une balle dans le crâne, elle reviendrait. Éternellement. La peau de Melody, presque nue, les cheveux rouges qui l'effleurent, le bouillonnement dans mes veines. Le sang à l'arrière du crâne de cette garce, projetée contre le mur. C'est mon amie, elle compte La surprise de Melody, le retour dans le temps, la dispute, la tentative d'apaisement. Le bouillonnement dans mes veines, encore, plus fort et plus violent. Une amie. Le mot m'avait brûlé les tympans, il me brûlait les pensées. Croire qu’elle était son amie, la défendre. Le mépris dans ma voix et dans mes mots. 'Tain Naomi t'es amoureuse de ta sœur ou quoi ? Oui, oui, oui. La colère, encore, rage sourde, haine brûlante, pouvoir incontrôlable. L'envie de la faire disparaître, de l'effacer de l'existence. Puis plus rien. Si. Je suis grande je fais ce que je veux.. Coup de poignard en plein cœur. Et là, plus rien.
Plus d'énergie, plus de force, plus de haine.
Juste... rien. Le vide. C'est moi, qui devait disparaître.  
Qui sait c'est peut-être pas la première fois que j'en arrive là...
pas la première fois que j'en arrive là...
pas la première fois
Pas... la...

Je sais qu'elle a menti. Je le sais. Je le perçois dans sa voix à chaque fois que le souvenir remonte pour retourner le couteau dans la plaie. Je le sais ? Non, je l'espère. Je ne peux que l'espérer. Je ne la connais pas... aussi bien que je ne le pensais. Si ? Non, je ne crois pas. Melody m'a échappé. Melody n'a jamais été à moi. Je le sais. J'aurais dû le savoir mais...
Je n'ai pas envie de me lever ce matin. Je sais que j'ai cours, mais à quoi bon ? Si c'est pour les croiser toutes les deux, je préfère encore rester ici. Tant pis si je me fais coller, ça sera toujours une raison de plus de ne pas y aller, un moyen de plus de les éviter.
Je ne veux plus la voir. Ça me fait trop mal. Même la photo d'elle dans ma chambre me fait mal au cœur.

Je n'ai qu'elle. Est-ce que je peux encore parler au présent ? Je n'avais qu'elle. Je suis grande je fais ce que je veux.. Elle n'a plus besoin de moi. A-t-elle jamais eu besoin de moi ? Peut-être que je l'ai étouffée. Peut-être que je n'ai été qu'une ombre sur sa vie, une prison dorée, un corde autour de son cou, une bombe à retardement pour tous ceux qui l'approchaient. Protection, jalousie ; défense, emprisonnement. Où est la différence, au fond ? 'Tain Naomi t'es amoureuse de ta soeur ou quoi ? Sans elle, je n'ai rien. Sans elle, le monde est un amas de poussière sans saveur, sans elle tout a le goût de cendres, sans elle mon cœur n'est qu'un néant sans forme.
Alors tu n'as plus besoin de moi..? Je ne veux plus la voir. Elle n'a plus besoin de moi. Je n'ai rien à faire ici. Aux dernières nouvelles, je ne me mêle pas de tes fréquentations et de ce que tu fais.. Je... Mais t'es complètement cinglée ! J'lui faisais rien de mal à ta frangine ! Si... Qui sait c'est peut-être pas la première fois que j'en arrive là... Ne dis pas ça... 'Tain Naomi t'es amoureuse de ta soeur ou quoi ?

- La ferme, la ferme, LA FERME !

J'ai entendu quelque chose voler et s'éclater contre un mur. Je m'en fiche. Je veux juste qu'elles se taisent. Sortez de ma tête. Toutes les deux. Toutes les deux, fermez-la. Je ne veux plus vous entendre. Je ne veux plus vous voir. Je ne veux plus m'en rappeler. Je veux disparaître, hurler, arracher mes souvenirs, arracher mon cœur aussi pourquoi pas. Il me fait trop mal, de toute façon. Et puis à quoi il peut bien servir ? Je n'en ai pas besoin. Je n'en ai plus besoin. Reprenez-le. Reprenez-le, détruisez-le, brûlez-le, je m'en fiche. Je veux juste m'en débarrasser. Me débarrasser d'elles, me débarrasser de moi. Elle est la seule qui compte. Était-ce si facile de me l'arracher ? Alors pourquoi n'en prendre qu'une partie ? Pourquoi ne pas prendre mon cœur, alors qu'il est à elle, de toute manière ? Autant prendre les deux en même temps. Pour ce que ça aurait changé...
Je n'ai même pas envie de mourir. Je veux continuer à vivre sans avoir à la croiser. A la regarder. De toute façon... De toute façon...
De toute façon, Melody ne m'aime plus.
Alors à quoi bon ?

26 février
2018

L'ombre et le silence

Rp Solo

Amoureuse... de ta sœur... quel est le pire mot dans cette phrase ? Le plus douloureux des deux ? Être amoureuse d'elle, ou ne jamais pouvoir l'avoir ? J'aurais dû me contenter du deuxième. J'aurais dû me contenter d'avoir une sœur, c'est de toute façon la seule chose que je puisse espérer. Mais non. Non. Au lieu de ça, j'ai laissé mes sentiments trouver un sens. Et le retour de bâton fait très mal. Si j'avais gardé ça en moi, sans jamais l'exprimer d'une façon ou d'une autre, tout ça ne serait pas arrivé. C'est à cause de ça que Melody ne m'aime plus... Mais je ne pouvais pas... Je ne pouvais pas contrôler ça. C'était trop. Trop pour moi, trop pour mon cœur. Je ne laisserai personne s'approcher d'elle. Sans elle je n'aurai... Sans elle je n'ai...
Je l'ai perdue, hein ?

Je ne sais pas si c'est l'objet qui est allé se briser sur un mur, ou si on m'a entendue pleurer, mais je perçois vaguement le bruit de la porte qui s'ouvre. Ma mère ? Mon père ? Ça ne changerait pas grand chose, aucun des deux ne m'a jamais vue vraiment pleurer. Personne ne m'a jamais vue vraiment pleurer. Même Melody...

- Naomi ?

Ma mère. J'entend l'inquiétude dans sa voix, je la reconnais. C'est la même que quand j'ai réussi à lui expliquer pourquoi tourner cette scène m'avait autant perturbée, pourquoi j'étais rentrée de mon travail avec une violente envie de vomir et en tremblant. Ce jour-là, j'avais lâché ce que j'avais sur le cœur et vu l'inquiétude tourner à la colère. Je n'avais jamais vu ma famille autant pleine de haine. Mais aujourd'hui... je n'ai rien à donner à l'inquiétude de ma mère. Aucune réponse valable, aucune explication logique.
Va-t-en, maman. Je n'ai pas envie de parler. je n'ai envie de rien. Laisse-moi seule.

- Qu'est-ce qui ne va pas, ma belle ?

Bien sûr, elle ne peut pas lire dans mes pensées, mais là tout de suite, j'aimerais que ce soit possible. Qu'elle soit juste partie quand je le lui ai demandé. Parce que je n'ai pas la force de vraiment le lui demander, pas la force de lui dire de sortir. Quand elle s'assoit sur mon lit pour passer une main dans mes cheveux, je ne peux que me recroqueviller davantage. Qu'est-ce que je pourrai lui dire, de toute façon ? Que Melody vient de m'arracher le cœur sans le savoir et que je n'arrive pas à détacher de ma tête les images d'elle qui tournent en boucle ? Elle avec une autre, elle qui me dit que ce n'est peut-être pas la première fois qu'elle en arrive là ?
J'aurais dû rester de l'autre côté du portail. Ce monde n'est pas pour moi.

- Parle-moi, chérie. Il s'est passé quelque chose ?

Arrête de t'inquiéter. Je n'en vaux pas la peine. je ne suis même pas capable de parler à la femme que j'aime sans la diminuer, sans laisser ma colère et ma jalousie s'exprimer à ma place. Je suis une mauvaise personne, tu ne devrais pas te soucier de moi. Je me plains, encore et encore, mais c'est moi qui ai tout détruit. C'est ma faute si plus rien n'a de sens. Ai-je le droit d'en vouloir à Melody ? Bien sûr qu'elle n'a pas besoin, qui pourrait avoir besoin de moi, après tout ? Certainement pas elle, elle s'en sort mieux sans moi. J'aurais dû disparaître. Disparaître pour de bon et ne pas me mêler de sa vie. C'est ça qu'elle m'a dit, non ? De ne pas me mêler de sa vie...

- Naomi...
- C'est rien, maman.

Elle caresse doucement mes cheveux mais j'ai l'impression d'être anesthésiée. Evidemment qu'elle ne me croit pas. une fille qui n'a jamais lâché plus d'une larme et qui d'un coup s'effondre en sanglots, ça ne peut pas avoir "rien". Mais je ne peux pas lui dire. Je suis ridicule et égoïste, après tout, alors que pourrais-je lui dire ?

- Il s'est passé quelque chose avec Melody ?

Dans le mille. Je me roule en boule et je l'entends soupirer.

- Je vois... reste à la maison, repose-toi. Ça va s'arranger. Et si tu veux parler, je serai dans la pièce d'à côté. Je pars à quatorze heures.

Je crois que je l'ai senti embrasser le haut de ma tête mais, avant que j'aie le temps d'y penser, elle a déjà refermé doucement la porte derrière elle, pour me laisser seule. Elle ne me demandera pas d'aller en cours. Tant mieux. je n'aurais pas eu la force de les voir ensemble, de supporter cette image encore une fois.
Melody ne sera jamais à moi. Est-ce que je dois pour autant la laisser à la première venue ? J'imagine que le choix ne m'appartient pas.
Ne pas me mêler de sa vie...

26 février
2018

L'ombre et le silence

Rp Solo

Je n'ai jamais aimé le silence. Jamais aimé la solitude. J'ai grandi avec le rire de Melody, son sourire, j'ai vu sa carapace se former autour d'elle, ne s'ouvrir que pour moi. Je n'ai jamais été seule. Quand elle travaillait, j'étais près d'elle, à la regarder, à éloigner les vipères. Je l'ai vue perdre son naturel pour cette image de perfection, mais elle a toujours eu un sourire pour moi. Une marque de tendresse invisible au monde, cachée derrière sa distance habituelle avec les autres. J'ai entendu sa voix toute ma vie, senti sa présence à mes côtés.
Aujourd'hui, sa carapace s'est refermée pour moi aussi. Je ne verrai plus jamais à travers sa bulle. Et je suis seule.

Le silence est le pire son du monde. Si c'était une personne, je l'aurais tué. Tué pour ne plus l'entendre. N'importe quel son aurait été plus agréable... non, pas n'importe lequel. Mais le silence, ça laisse trop de place aux souvenirs. Au son de la voix de Melody qui résonne dans ma tête et se répercute entre les murs vides de ma chambre. Je m'assois sur mon lit en essuyant mon visage. Je ne supporte pas... ça. Me terrer dans le noir en attendant que le temps passe, en emplissant ma tête de vide. Je vais devoir me faire à la solitude, au silence... Je ne pourrais plus jamais la regarder comme avant, plus jamais me sentir comme avant. Quelque chose s'est brisé. Quelque chose dans notre lien s'est tordu sous l'effet de cette scène. Je le sais, je le sens au fond de moi. Oui, je dois m'habituer à la solitude, car elle ne sera pas toujours avec moi. M'habituer au silence, car je n'entendrais plus jamais ce rire qu'elle n'a jamais laissé échapper que pour moi.

Allez, Naomi. Lève-toi, respire et marche. Je n'irais pas en cours. Mais je ne peux pas rester là. Cet endroit m'étouffe. Il est trop plein de souvenirs, de sons qui remontent à la surface pour m'entraîner avec eux dans les abysses. Il est trop vide de sens. A quoi bon cette chambre, cette photo, ce lit, ces décorations empruntes autant d'elle que de moi ? Plus rien de tout cela n'a de sens, je devrais juste tout laisser derrière moi, abandonner l'idée idiote que j'ai pu avoir de la garder pour moi toute ma vie.
Comme si.
Comme si c'était seulement possible.

Je ne sais pas où j'ai trouvé la force de me lever. D'enfiler un short et un débardeur - je crois, peut-être pas - de sortir de ma chambre. Croiser le regard de ma mère, ne pas répondre à son interrogation silencieuse, attraper mon sac et sortir de chez nous. Je n'ai rien à faire ici, il y a trop de Melody et moi dans cet appartement. Je n'ai rien à faire là-bas, il y a trop de Melody et Nia dans cette école. Je n'ai rien à faire nulle part. Si elle n'a pas besoin de moi, à quoi je sers ? Ce n'est pas comme si j'avais de l'importance pour mes quelques autres amis. Je les ai toujours trop délaissés pour faire passer ma soeur au premier plan. Toujours, toujours Melody.
Ma Melody.
Plus la mienne, désormais.

Je ne sais pas où mes pas me mènent. Dans le vide de mon crâne, tout se ressemble. Chaque rue, chaque bâtiment n'est qu'un amas de brouillard noir. Les gens, des silhouettes qui m'évitent. Vous avez raison, évitez-moi. Je détruis tout ce que je touche, alors n'entrez pas en contact avec moi. Je vais vous briser, vous aussi. N'est-ce pas comme ça que je fonctionne ?
Comme j'ai ruiné la seule relation qui avait de l'importance.
Comme j'ai failli tuer quelqu'un.