(HC) Un moment de faiblesse [Weiss]

//Réalité alternative//

Je n'arrive pas à croire la scène qui vient de se dérouler sous mes yeux. je n'arrive pas à croire les mots de Melody. Je n'arrive pas à croire que je viens de projeter une fille dans un mur avec le souhait de la tuer, ni que je viens de partir en claquant la porte sur des derniers mots amers.
Comment les choses ont-elles dérapé ainsi ? Je voulais juste voir ma sœur, discuter un peu avec elle parce que mon moral est plombé depuis des jours et que son contact m'aurait fait du bien.
Mais au lieu de ça...

Pourquoi les choses ne se passent-elles jamais bien ? Le poids dans ma gorge refuse de partir, et les mots de Melody tournent en boucle dans ma tête, avec ses actes. Je n'ai pas la force d'aller bien loin, à peine ai-je franchi la porte que je m'effondre, dos au battant, les genoux serrés contre ma poitrine et la tête contre mes jambes. Je ne la franchirai pas dans l'autre sens. Melo ne la franchira pas pour me rattraper. J'espère juste qu'elles ne vont pas reprendre où elles s'étaient arrêtées. Je me sens idiote là, au milieu du couloir, à pleurer sur mon idylle impossible. Je ne pleure pas en public. Jamais.
Sauf maintenant.

ft Weiss

//Réalité alternative//

Une voix clémente me coupe de celle, beaucoup moins douce, qui alimente mes idées noire. Je devrais la remercier, j'imagine, d'avoir détourné une demi-seconde mon attention de ma douleur, mais l'obscurité revient à la charge avec un sanglot.
Ça fait mal, les sanglots. A quel moment les poumons explosent ?

- Qui...

Qui tu es ? Qui veux-tu que je sois d'autre ? Mon cerveau n'a pas réussi à se décider, alors il n'a laissé sortir que ce petit mot à peine chuchoté. Je n'ai pas la force de parler, de prononcer des vrais mots, des vraies phrases. Ma voix ne porte pas très loin, et je ne peux que resserrer mes bras autour de moi pour essayer de calmer mes tremblements. Je ne devrais pas être en train de pleurer, pas devant quelqu'un. Je devrais être forte comme je l'ai toujours été. Mais ma volonté a été aspirée dans cette chambre, et elle n'en ressortira jamais.

Je me demande qui est cette fille. Une part de moi voudrait juste lui dire de me laisser mourir en paix dans ce couloir, mais je sais que je ne prononcerai pas ces mots. Elle n'est pour rien dans ce qui m'arrive, et je n'ai pas l'énergie pour chasser quelqu'un qui ne m'a rien fait. Et puis, elle essaye d'être gentille. Je lui serai reconnaissante, si je pouvais sentir une autre émotion que le néant qui me serre les entrailles.

ft Weiss

//Réalité alternative//

Je crois qu'il y a d'autres personnes autour. Des curieux ? Je ne sais pas, j'entends des murmures. Sûrement des gens qui se demandent ce que je fais prostrée dans le couloir d'un dortoir où je ne vis même pas. Je suis une idiote. J'aurais dû rentrer, au lieu de rester là... Mais... je crois que la fille qui était venue me parler est en train de les éloigner. Est-ce que la gratitude pourrait percer ne serait-ce qu'un petit peu derrière le voile de ténèbres ?

- Merci...

Un mot pas beaucoup plus fort que le précédent. Je me demande si je suis capable de former des mots de plus de deux syllabes, des phrases de plus d'un mot. Là, comme ça, je dirais que non. C'est à peine si j'arrive à respirer correctement, et dès que j'essaye de réfléchir pour former une phrase complète, mon cerveau ne fait que me renvoyer ma peine au visage. Ah, les doux commentaires désobligeants de ma petite voix intérieure, celle qui n'est là que pour me rabaisser en permanence. Si je ne connaissais pas bien mon TDA et les résultats de la culpabilité, j'aurais limite peur d'être schizophrène, à force.

Pour l'instant, je vais concentrer mon attention sur le besoin de récupérer une respiration normale. La poitrine serré par les larmes, ça fait mal. Et j'en ai un peu marre d'avoir mal...

ft Weiss

//Réalité alternative//

Je relève la tête alors qu'elle me tend un mouchoir. Ça paraît idiot, c'est l'acte le plus simple du monde, mais ça ne fait qu'accroître ma reconnaissance. C'est comme si avoir le cœur vide laissait plus de place au reste. Son prénom fait écho à quelque chose, dans mes souvenirs, au point que je réponds sans m'en apercevoir, comme si l'information était passé de ma mémoire à ma bouche sans passer par ma réflexion.

- La coloc de Melody...

Ce n'est pas vraiment une question. A vrai dire, je ne la connais pas vraiment. Melo ne m'a que vaguement parlé d'elle, quand elle m'a fait un portrait rapide de ses colocs. Rien de très précis, donc je ne sais pas grand chose. On ne s'est jamais côtoyée, je n'avais jamais vu les colocataires de Melody avant... aujourd'hui.
L'un des rencontres a été plus désagréable que l'autre. Si on peut considérer que moi en train de pleurer toutes les larmes de mon corps dans un couloir soit une rencontre agréable. Enfin, c'est toujours mieux que de l'envoyer la tête la première contre un mur, on va pas se mentir.

J'essuie mes larmes en essayant de reprendre une stabilité mentale et physique. Ça revient doucement. Peu importe mon besoin de sollicitude, ma fierté sera toujours plus forte, et l'idée de pleurer en public me ronge déjà. Ne faisons pas durer ça trop longtemps.

ft Weiss

//Réalité alternative//

Il y a trop de monde. Plus je me calme, plus j'en prends conscience. Toutes ces personnes qui, demain, parleront de ça à tous leurs potes. Génial. Ça va me poursuivre pendant des semaines, peut-être même plus. Tout ça à cause de cette garce aux cheveux rouges... Enfin... Je dis que c'est sa faute, mais... c'est Melody qui a retourné le couteau dans la plaie. Ma faute ? Peut-être, j'aurais dû contenir mes sentiments et m'en aller...
Ça n'aurait pas vraiment changé mon état, cela dit... Quoique je fasse, mon cœur en prend un coup. La seule différence, c'est que le sien aurait été épargné, si elle a seulement été atteinte.

La main d'Edelweiss sur la mienne a au moins le mérite de chasser la colère qui avait trouvé je ne sais où la force de poindre dans mes pensées. Un endroit plus calme ? Quand tu veux. Moins j'ai de personnes pour me voir au plus bas, mieux je me porte. Alors je la suis sans même penser à retirer ma main. Ce n'est pas comme si ça me dérangeait, et ça m'évite de la perdre de vue dans les couloirs. La suivre dans mon état, ça aurait été un coup à m'effondrer deux mètres après mon point de départ et à la regarder s'éloigner. Là, au moins, je suis sûre que mes jambes ne vont pas me lâcher au milieu du chemin sous le poids du désespoir.

ft Weiss

//Réalité alternative//

Ce n'est pas l'endroit dans lequel je m'attendais à me retrouver mais, maintenant que j'y pense, c'est assez logique. Les douches sont très probablement la pièce la plus vide de tous les bâtiments, à cette heure-là. Celles qui ne sont pas dans leur chambre en train de... ne pas penser à ça... Je chasse l'image de Melody et son autre coloc aussi vite qu'elle essaye d’apparaître. Donc, celles qui ne sont pas dans leur chambre sont dans la salle commune ou dans la cour. Personne ne prend de douche au milieu de la journée comme ça. Je le ferai, mais je suis contente d'être la seule personne à avoir cette idée.

Je ferme les yeux un moment en me passant de l'eau sur son visage, suivant son conseil que je ne peux qu'approuver. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si je m'étais retrouvée seule dans ce couloir. J'aurais probablement fini par trouver la force de m'énerver contre les curieux, peut-être de passer toute ma colère et toute ma peine sur eux. J'ai comme l'impression que Weiss a sauvé plus que moi, en apparaissant.

- Merci...

Je l'ai déjà dit, je sais. Mais ce n'était pas assez. Je l'avais remerciée d'avoir chassé les fouineurs, maintenant je la remercie pour le reste. Parce que je ne sais pas quoi dire d'autre. Parce que c'est tellement étrange, d'être si faible sous les yeux de quelqu'un..

ft Weiss

//Réalité alternative//

Rien..;.e n'aurais pas qualifié ça comme ça, mais j'imagine que c'est de l'humilité... ou alors elle n'a pas vraiment l'impression d'avoir fait tant que ça. Forcément, de l'extérieur ça semble peut-être moins impactant mais, de mon point de vue, elle m'a quand même sauvée d'une situation qui serait vite devenue infernale.
Je n'ai pas vraiment envie qu'elle parte. C'est... je crois...

- Je crois que si je me retrouve seule, je vais me retransformer en madeleine.

Un jour il faudrait que j'arrête de transformer des expressions toutes faites en morceau de dialogue comme si c'était parfaitement normal. Ça fait hausser les sourcils de beaucoup de gens, surtout ceux qui ne connaissent pas l'expression. mais bon... tout le monde connaît "pleurer comme une madeleine", non ? Peut-être pas. Tant pis, au pire elle demandera.

Le bon point, c'est qu'en dehors des yeux rougis par les larmes - et des traces rouges sur les joues qui vont avec - j'ai récupéré mon état calme et à peu près normal. Et le rouge... ça s'efface, avec un petit tour de passe-passe magique. C'est limite la couleur que je transforme le plus facilement, à force de rougir quand Melody est trop proche de moi.
Soupir. Ça ne risque plus d'arriver de sitôt. Mais bon au moins mon visage a retrouvé un aspect normal.

- Désolée, je te retiens, tu as peut-être d'autres choses à faire.

ft Weiss

//Réalité alternative//

Je crois qu'elle m'a fait buguer autant que j'ai dû la faire buguer. Me... me transformer en aliment ? Non, ne pas rire... comme si c'était possible.
Je veux pas qu'elle pense que je me moque d'elle, mais je peux pas m'en empêcher. On est loin du fou rire parce que j'étais en train de m'effondrer en larmes il y a cinq minutes mais... mais...
Ce que ça peut faire du bien de rire. Je pose une main devant ma bouche comme si ça allait l'empêcher de voir que je rigole. Je m'en veux un peu, si je la vexe alors qu'elle vient de faire tellement pour moi mais...
Me transformer en aliment.

- Pardon, pardon... je ne me moque pas je...

Bon, un peu. Allez, calme-toi Nao. Tu respires et tu recommences depuis le début. Je veux pas qu'elle se sente idiote non plus !

- Non c'est... c'est une expression. "Pleurer comme une madeleine". Désolée... c'est ma façon de parler qui est...

Voilà ce qu'on gagne à utiliser des expression dans ses phrases. Mais... c'est positif, finalement. Enfin pour moi, ça m'aura remis un peu d'énergie dans le corps. De quoi me redonner un peu la forme.

- Je n'ai pas ce genre de pouvoir. Ce serait bizarre, non ?

Et là... l'image de moi déguisée en madeleine et en train de cirer "mangez-moi !" me vient à l'esprit. Comment vous voulez que je ne rigole pas, avec ça ?

ft Weiss