_Tes tentacules ne sont pas lourdes à porter ? Elles ne te font pas mal ?
_Euh non... pas vraiment. Enfin c'est comme avoir une grosse tresse de chaque côté de la tête.
Léandre acquiesça doucement mais il ne savait pas ce que ça faisait d’avoir les cheveux aussi long. Le maximum atteint était son menton mais comme l’adolescent ne se coiffait jamais, il était préférable d’aller au pratique et les avoir plus court afin de se priver de chose indomptable. Instinctivement, Léandre agrippa une mèche de ses cheveux qui tombait sur son œil bleu et tira dessus pour voir la longueur. Il devrait un peu les raccourcir à la fin de l’été, ça ne lui ferait pas de mal. A l’été … Léandre mit une main sur son visage en pensant à l’été. Comment allait-il faire pour se cacher, bon sang ? Il avait déjà prévu des lentilles de couleurs pour ses yeux, pour ses cheveux ils allaient prétexter une teinture. Une très bonne teinture vu que ses sourcils et es cils étaient également devenus argentés … Mais sa peau … Arf … Le jeune homme essaya de ne pas y penser pour le moment. Il avait encore quelques jours pour trouver une excuse sur ses changements physique et il allait profiter de la plage pour se détendre un peu.
_Et puis ils ont un côté pratique, parfois.
Léandre redonna son attention à sa cadette. Elle avait dégagé son visage. Un visage vraiment juvénile. Etait-elle vraiment au lycée ? Elle ressemblait vraiment à une collégienne. Sans doute n’avait-elle pas finit sa croissance.
_Je vois.
Léandre tourna la tête vers la plage où il vit des silhouettes venir. Des personnes de son club certainement à sa recherche vu comment leurs yeux balayaient la zone. Le jeune homme devina sans peine qu’ils voulaient certainement jouer avec lui au volley ou une bêtise du genre qui ne l’intéressait absolument pas. Ou alors s’improviser un concert puisse qu’ils avaient ramené leur instrument de musique. Un coup à ce qu’il utilise ses pouvoirs par mégarde. Une mauvaise idée. Il avait pourtant dis qu’il le ferait mais à l’heure actuelle il n’en avait vraiment pas envie et envoyé paître son propre club pour la deuxième fois de la semaine n’était pas une bonne idée. Rah … Pourquoi est-ce qu’il avait accepté de venir déjà ? Le regard de la muse passa des personnes qui avançaient à Ever. Il allait surement regretter ce qu’il allait faire, mais tant pis.
Léandre prit le poignet d’Ever et commença à l’entrainer loin de la rive, la gratifia sans la regarder :
_Tu ne voulais pas nager à la base ?
Il ne savait pas pourquoi, mais la fuite lui semblait le meilleur plan dans sa situation. Fuir un regroupement social pour se retrouver avec une fille qu’il ne connaissait pas ? Tu parles d’un plan … Sans attendre de réponse de la part de la rouquine, Léandre continua d’avancer dans l’eau, tenant toujours le bras de sa cadette jusqu’à avoir la possibilité de brasser. Il lâcha Ever et commença à nager. Il n’était pas bien rapide mais savait qu’il serait bien assez loin lorsque le petit groupe passerait. Et, à par si l’un d’eux avaient une vu de lynx ou la détermination d’aller le chercher au loin, ils se passeront de lui pour un moment.
ft Ever Inkraven & Léandre Laverny le samedi 9 juin 2018
Le garçon semble soudain pris de réflexion qu'Ever ne suit pas véritablement. Il se pose une main sur son visage comme s'il venait de réaliser quelque chose. Elle est bien placée pour savoir que les pensées échappent parfois à un cours logique et peuvent amener à des réactions étranges d'un point de vu extérieur alors elle ne le relève pas, préférant faire comme si elle n'avait rien remarqué en continuant la conversation sur ses tentacules et leur côté pratique. Cela a le mérite d'attirer à nouveau l'attention de son camarade, et donc de le détacher des pensées, quelles qu'elles soient, qui lui trottaient dans la tête. Il lui répond par une courte phrase puis le silence s'installe à nouveau, à peine perturbé par le bruit du vent et des vagues.
Ever pose son regard sur son camarade tandis qu'il semble fixer un petit groupe de PN... de personnes marchant sur la plage, visiblement à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un. Cette dernière option lui semble de plus en plus probable à mesure que le regard de Léandre passe d'elle à eux, et se confirme tout naturellement dans sa tête quand il lui prend le bras pour l'entraîner vers le large. Ça ne l'empêche pas d'afficher un air surpris alors que son corps se lève pour suivre le mouvement de son camarade.
Un peu déboussolée par cette fuite pas tout à fait prévue, Ever se laisse entraîner, esquissant un petit sourire sarcastique à sa réplique. Il cherche une excuse pour justifier sa fuite, se cache derrière le fait qu'elle a manifesté son envie de nager. Elle se garde bien de le contredire, cependant : être entourée d'eau lui fait trop plaisir pour qu'elle s'offusque qu'il l'utilise comme excuse. Il finit par la lâcher, cependant il ne semble pas décidé à arrêter de s'éloigner de la plage.
» Qu'est-ce qui t'ont fait pour que tu sois prêt à fuir à la nage ?
Ils n'ont pas l'air hostiles ou agressifs, alors elle doute que ce soit des ennemis. Mais en même temps, elle ne les a qu'aperçus de loin avant que Léandre ne décide de s'enfuir, alors peut-être qu'elle se méprend. Après un instant de réflexion en flottant à ses côtés, nageotant à peine, Ever finit par regarder à nouveau vers la plage et se laisse glisser sur le dos. Elle pourrait l'aider à s'éloigner d'eux plus vite, en vérité. Elle nage assez vite et sa condition lui donne largement assez de force pour entraîner quelqu'un avec elle sans problème.
» Tu sais, si tu veux vraiment être loin et vite, je peux t'emmener. Ils ne sont pas juste là pour décorer.
Elle a prononcé ses derniers mots en indiquant ses tentacules d'un geste de la main. Même si, pour être tout à fait franche, ceux sur sa tête ne sont pas spécialement utiles pour la natation à l'instant, elle en a d'autres sur demandent qui peuvent très bien faire l'affaire. Cela dit, les gens sur la plage ne semblent pas encore les avoir repérés, alors peut-être que leur rythme de nage actuel suffira à les semer avant qu'ils aient le temps de poser le regard sur eux.
_Qu'est-ce qui t'ont fait pour que tu sois prêt à fuir à la nage ?
Léandre ne se retourna pas pour regarder sa camarade, se concentrant sur sa brasse. Comment dire ? … Combattre des monstres d’autres dimensions semblait moins effrayant que s’intégrer à un groupe pour le jeune homme. C’était une peur irrationnelle qu’il ne pouvait pas encore avouer pour ne pas se rappeler les origines de cette même peur. Pour cela, il ne répondit pas à Ever, lui laissant le loisir d’imaginer mille et une choses. Il était même prêt à paraitre lâche pour ça. L’était-il ? Peut-être. Sûrement. Certaine choses dangereuses ne lui faisaient pas peur, mais les autres, les relations avec autrui étaient un acte qui demandait un courage qu’il n’avait pas. Ça aurait été tellement plus simple si c’était des personnes avec qui il ne pouvait pas s’entendre, il aurait eut beaucoup de scrupule à les décevoir.
Chacun voyait les choses différemment …
La petite Ever se retrouva rapidement à coté de Léandre. Comme quoi, ce n’était pas la taille qui faisait de bon nageur. Il la regarda du coin de l’œil en continuant à s’éloigner de la rive. Elle semblait totalement à l’aise dans l’eau, comme une petite sirène.
_Tu sais, si tu veux vraiment être loin et vite, je peux t'emmener. Ils ne sont pas juste là pour décorer.
Ever avait montré ses tentacules qui prônaient sur sa tête. Alors ces « petites tresses » lui servaient à nager plus vite ? Cela voulait dire qu’elle pouvait les bouger ? Fascinant … Enfin, Léandre aurait dû s’en douter, si elle s’était transformée en un être aquatique c’était surement pour avoir des capacités de la créature qu’elle était devenue. Mais la magie n’était pas logique alors si le sort avait voulu être cruel avec Ever, il lui aurait seulement donné une apparence sans capacités. Quoique Léandre n’avait jamais encore croisé une personne avec ce problèmes, tout éléments avaient une fonction. Le finlandais ralentissait jusqu’à rester sur place, se contentant de flotter afin de répondre à sa camarade :
_Tu veux m’emmener au milieu de la manche ?
Cette aventure semblait pour le moins … intéressante. Etrange mais intéressante. Tout comme la personne qui venait de lancer l’idée. Le jeune homme ne connaissait Ever ni d’Adam ni d’Eve mais contrairement aux autres personnes qu’ils avaient rencontré à Londres, elle avait une approche différente avec lui. Une approche qui ne le bousculait pas, qui semblait sincère et presque attachante, amusante en tout cas. Elle n’était pas timide et était franche, avec une certaine maturité malgré son apparence juvénile. Il ne savait pas si cette sensation venait des circonstances, sa « bonne humeur » ou était-elle toujours ainsi ?
Léandre ne savait pas jusqu’où Ever comptait l’emmener et si elle aurait la mauvaise idée de mauvaise blague de mauvais goût de l’abandonner au milieu de la mer entre la France et l’Angleterre. Mais pour ces yeux de crépuscule il pourrait lui donner ce qu’on appelle la confiance.
Léandre sortit une main de l’eau pour la tendre à sa camarade. Peut-être allait-elle vraiment le laisser au milieu de l’océan, mais pour la première fois depuis longtemps, il était prêt à tenter le coup. Croire qu’on ne l’abandonnerait pas. Les lèvres de Léandre s’élevèrent pour devenir un sourire sur son visage, ses yeux se plissant alors qu’il ne savait pas vraiment dans quoi il s’embarquait.
ft Ever Inkraven & Léandre Laverny le samedi 9 juin 2018
Le jeune homme ne répond pas à sa question, la laissant dans le flou sur les raisons de leur fuite à travers les vagues. Mais elle ne dit rien, se contentant de nager à ses côtés vers le large en s'adaptant à sa vitesse de nage. Sa curiosité ne disparaît pas pour autant, mais elle garde sa question pour plus tard, au cas où le sujet reviendrait à un moment où un autre. Plutôt que d'insister, elle lui propose de l'aider à fuir ceux qui le cherchent en nageant plus rapidement grâce à son aide ; proposition qui, bien évidemment, le laisse perplexe un moment. Rien de surprenant à cela, elle vient quand même de lui offrir quelque chose de totalement aberrant.
» Pourquoi pas ? Au moins tu seras tranquille.
Et peu de personnes pourraient se vanter de la même chose. Le nombre d'élèves de cette école et même d'habitants du monde ayant fait une telle distance se compte sur les doigts d'une main, et encore. Même les sirènes et autres créatures aquatiques n'ont pas forcément la motivation ni l'envie de le faire. C'est une expérience inédite, dangereuse s'il avait été seul et réel mais il n'est ni l'un ni l'autre, alors elle sait qu'il ne risque rien. Pas plus qu'elle, en vérité. Il y a de meilleures façon de tuer son personnage que de l'abandonner au milieu de l'océan, et influence extérieure ou non, c'est quelque chose qu'elle ne ferait jamais. Ou en tout cas jamais à quelqu'un qui n'est pas un ennemi.
Elle flotte donc tranquillement à côté de lui tout en ayant parfaitement conscience que lui ignore tout ça, toute l'absence de risque qu'elle représente, et que sa proposition lancée en l'air ne restera que ça. C'est pour cela que ses yeux s'écarquillent quand il lui tend la main et accepte.
» Sérieux ?
A quel point veut-il fuir ces gens, s'il est prêt à traverser la mer pour être loin d'eux ? À lui faire confiance à elle pour une action aussi improbable. Hésitant une seconde, Ever finit par prendre la main de son camarade dans la sienne. Bon, elle n'a pas été 100% honnête avec lui, ce ne sont pas les tentacules sur sa tête qui l'aident à nager plus vite. Elle est aussi parfaitement consciente qu'elle nage plus lentement à la surface que sous l'eau, ce qui n'est sûrement pas plus mal vu sa vitesse de pointe en profondeur.
» Tu as l'air un peu fou sur les bords. Je t'aime bien.
C'est sur cette phrase accompagnée d'un sourire qu'elle ferme les yeux, le temps de laisser ses jambes prendre une forme nettement moins humaine. Puis elle raffermit sa prise sur les doigts de Léandre pour être sûre de ne pas le laisser la lâcher ou glisser, histoire de ne pas vraiment le perdre, et elle s'élance vers le large.
C'est effectivement moins rapide que lorsqu'elle fille comme une torpille dans les profondeurs, mais elle nage vite quand même. La rive s'éloigne rapidement à l'horizon jusqu'à n'être qu'une petite ligne de terre un peu plus loin. Et de l'autre côté, les côtes les plus hautes du Nord de la France deviennent visibles, en regardant bien à travers la légère brume. L'eau est calme, pour l'instant ; ça n'empêche pas l'adolescente de rester le plus près possible de son camarade pour pouvoir le ramener rapidement à terre si une tempête fait mine de se lever. Doucement, ses jambes reprennent forme humaine alors que son sourire reste présent. Là, elle est bien plus encore chez elle que dans n'importe quel pays. Elle se sent infiniment bien.
» Bienvenue au milieu de la Manche, vous êtes officiellement en sécurité, dit-elle en imitant une voix d'agent de voyage.
Trop joyeuse et trop enfantine pour l'auto-proclamée racaille du lycée, la plupart de ses camarades l'auraient regardée avec un drôle d'air, mais elle s'en fiche. Sa situation actuelle s'approche beaucoup trop du paradis, et elle n'est pas aussi méchante que les gens ont l'air de le croire. Juste insouciante et insolente, mais qui ne le serait pas à sa place ?
Ever semblait surprise, ne s’attendant certainement pas à ce qu’il accepte. Lui-même ne savait pas pourquoi mais la nageuse avait intérêt à vite prendre sa main avant qu’il ne change d’avis. Ou que le groupe d’étudiants ne lui fasse des signes qu’il devrait faire semblant de ne pas voir.
_Sérieux ?
Léandre acquiesça. Oui, sérieusement, s’amuser, passer une bonne journée dont ils se rappelleront longtemps. Oublier les tracas, le fait d’être différents. Oublier le fait de ne pas pouvoir rentrer chez soi ou celui de devoir se cacher à ses proches. Oublier pour simplement s’amuser après cette année mouvementée. Ils avaient le droit d’avoir de bons souvenirs, tous les deux et ensembles. Léandre doutait que se soit le début de quelque chose puisqu’après cette journée ils ne se reverraient que dans trois mois, et les personnes oublient vite lorsqu’ils perdent de l’intérêt, alors la muse voulait simplement vivre le présent.
Ever prit la main de Léandre après réflexion. Chacun resserraient leurs doigts sur la paume l’un de l’autre. Ever avait vraiment de petites mains …
_Tu as l'air un peu fou sur les bords. Je t'aime bien.
Le jeune homme prit le compliment par un sourire un peu plus large. S’il n’était pas un peu fou maintenant, quand le serait-il ? N’était-ce pas à l’adolescence qu’il fallait faire des folies ?
Ever ferma les yeux en resserrant sa prise sur la main de Léandre. Ce dernier ne fit pas de même, ne voulant pas lui faire mal. Puis, la nageuse fila vers l’horizon. Le jeune homme sentait son bras fermement entrainé entre les courants, il nageait aussi pour aider, se mettant en apnée sous l’eau pour être le plus léger possible et par la poussée d’Archimède. Mais bien conscient qu’il ne représentait que 5% du travail dans cette escapade. Il ne savait pas comment une personne pouvait aller aussi vite, même si Ever avait expliqué que les tentacules sur sa tête l’aidaient à cela. En regardant en arrière, Léandre vit que les jambes d’Ever n’étaient plus vraiment des jambes. A travers la surface, avec les vagues qu’ils formaient, il n’arrivait pas vraiment à distinguer quoique se soit mais était persuadé que c’était loin d’être humanoïde. La magie était vraiment quelque chose de surprenant.
Finalement, il ne fallut pas longtemps au duo pour se retrouver loin de la rive. Léandre pu observer la beauté marine lorsqu’il regardait dans l’eau. Les poissons étaient vifs mais les coraux ne bougeaient pas et le soleil frappant pouvait en atteindre pour que les nageurs puissent les admirer. C’était un beau voyage. Lorsqu’Ever se sentit arriver à destination, elle lâcha son camarade et affirma :
_Bienvenue au milieu de la Manche, vous êtes officiellement en sécurité.
Léandre se mit à rire en regardant Ever avec son imitation d’une hôtesse de l’air, ou une guide touristique. Il mit une main devant sa bouche jusqu’à ce que son rire se calme avant de dire :
_Thank you, mademoiselle.
Puisqu’il était entre les deux pays, le jeune homme fit preuve d’un peu d’imagination à son tour. Il regarda au loin l’Angleterre qui avait disparut, puis de l’autre coté les cotes de France qui se distinguait. Il n’était jamais allé en Normandie, pouvait-il dire que c’était le cas à présent ? Léandre se mit sur le dos et flotta à la surface, le visage tourné vers le ciel d’été. Ses cheveux ondulaient gracieusement sous la surface, laissant les mèches extérieures briller au soleil comme des filets d’argents. Les oreilles dans l’eau, il se sentait serein, apaisé par le chant de la mer.
_C’est vrai qu’on se sent en sécurité ici … Au fait …
Léandre se redressa pour parler convenablement à Ever, la regardant dans ses pupilles orangés comme le crépuscule. Le jeune homme avait une mine inexpressive, voir sérieuse. Il n’était pas vraiment habitué à ce qu’on lui rende service et donc faire ce genre de chose. Un « merci » pour le prêt d’un stylo était différent d’un « merci » sincère pour lui avoir sauvé la vie. Le jeune homme resta une seconde bloqué mais ne détacha pas son regard de celui d’Ever. Il savait qu’il avait du mal à dire les choses correctement mais espérait qu’elle comprendrait qu’il était sincère à travers ses paroles :
_Je ne l’ai jamais fais en bonne et due forme donc … Merci de m’avoir sauvé dans le théâtre. Deux fois. Enfin … trois fois maintenant.
ft Ever Inkraven & Léandre Laverny le samedi 9 juin 2018
Elle ne s'attendait pas à ce qu'il veuille la suivre jusqu'au milieu de l'océan, mais elle accède à sa demande sans trop de réticence. Elle ne peut pas refuser un peu de folie dans son quotidien, encore moins quand c'est elle qui a fait la proposition à la base. Ever prend donc la main de son camarade pour l'entraîner avec elle, ne s'arrêtant qu'une fois qu'ils sont très éloignés de la rive, au milieu de la Manche, ce qu'elle s'empresse d'annoncer dans une imitation relative et avec un sourire. Ce qui le fait rire aussitôt, ne faisant qu'élargir l'expression joyeuse de l'adolescente. Elle est contente, quelle que soit la raison pour laquelle il a voulu fuir ses amis, elle a visiblement écarté ses pensées du sujet pour un moment.
La mer autour d'elle est moins vaste que l'océan, mais c'est mieux, beaucoup mieux, que de barboter près de la plage. Et pour une fois qu'elle apprécie la compagnie d'une personne à ses côtés... Elle regarde le jeune homme s'allonger sur le dos et se laisser flotter sur les vagues, comme si la moindre inquiétude l'avait quittée. A-t-il vraiment tant confiance en elle ? Il vient de la laisser l'entraîner à des kilomètres de son pays à la nage, donc la réponse est sûrement oui. C'est presque impressionnant, de prendre un tel risque avec une telle confiance. Elle se laisse elle aussi flotter à la surface, debout battant à peine des pieds pour ne pas se faire entraîner sous l'eau malgré les petits picotements qu'elle ressent rien qu'à l'idée de nager.
Quand il se redresse pour la regarder en face, plongeant son regard dans le sien, Ever penche légèrement la tête sur le côté avec un air interrogateur. Il a l'air soudainement très sérieux, bien plus que quand il semblait simplement détendu, et elle ignore la raison de ce changement. Elle attend, intriguée, jusqu'à ce qu'il exprime finalement ce à quoi il pensait. Oh, le théâtre, c'est vrai qu'elle l'a sortie de situations beaucoup trop serrées ce jour-là. Est-ce pour ça qu'il a eu autant de facilités à lui faire confiance aujourd'hui ?
» Je pouvais agir, je n'allais pas te laisser mourir.
Les souvenirs de l'événement lui reviennent et elle se rappelle soudain que sa réaction sur le coup, quand elle l'a débarrassé du monstre géant qui l'attaquait, ressemblait plus à de la colère qu'à de la gratitude. Ou du désespoir. Elle fronce les sourcils, une expression de réflexion prenant place sur ses traits. La curiosité est forte, et elle est à peu près sûre de ne pas taper dans quelque chose de trop personnel. Au pire, il lui dira que ça ne la concerne pas, ce ne sera pas la première fois qu'on lui réplique ce genre de chose.
» C'était qui, ce jour-là ? Le monstre que j'ai arrêté. Tu avais l'air d'avoir très peur qu'il lui arrive quelque chose. De la famille ? Une amie ? Ta copine ?
Elle-même n'a pas eu cette réticence à affronter sa sœur jumelle, mais c'était parce qu'elle savait que ça ne blesserait pas la vraie personne transformée, alors que lui l'ignoraient. Du coup, elle comprend la panique qui a dû le saisir en la voyant se prendre un coup violent et s'effondrer, puis se faire attaquer par la fille aux flammes. Puis elle affiche un petit sourire avant d'ajouter :
» Je suis sûre de t'avoir sauvé de quelque chose de moins grave, cette fois-ci, non ? Quelques personnes sur une plage, ça ne peut pas égaler un monstre géant ou une pluie de flèche.
_Je ne l’ai jamais fais en bonne et due forme donc … Merci de m’avoir sauvé dans le théâtre. Deux fois. Enfin … trois fois maintenant.
_Je pouvais agir, je n'allais pas te laisser mourir.
Elle aurait bien pu. Ce jour là, ils avaient tous leur chat à fouetter et s’occuper des autres étaient un risque à prendre. Ever disait que ce n’était pas son genre de s’inquiéter pour les autres mais elle était bien plus gentille dans le fond qu’elle ne le disait. Un cœur aussi tendre que sa tête dure. Léandre esquissa un sourire. C’était presque mignon.
_C'était qui, ce jour-là ? Le monstre que j'ai arrêté. Tu avais l'air d'avoir très peur qu'il lui arrive quelque chose. De la famille ? Une amie ? Ta copine ?
Le finlandais n’était pas très ravi qu’Ever utilise le mot « monstre », bien que c’était ce que les invités étaient devenues à cause de espèce de psychopathe d’une autre dimension. D’ailleurs, depuis ce jour, son jumeau à S’Indarë avait le droit à des regards assassins de la part de certains anciens magicals, même s’il n’y était pour rien dans l’histoire. Mais sa face de tête à claques n’inspirait absolument rien, mieux valait prévenir que guérir et rester éloigner de cet individu.
Léandre retint un pouffement de rire pour la dernière suggestion de la demoiselle. Il n’avait jamais vu Serah de cette manière, malgré le fait qu’il avait conscience de son joli visage et de ses qualités qui ne plaisait pas forcement à tout le monde. C’était comme prendre une cousine ou une amie lesbienne pour sa petite amie. Ce n’était, certes, pas vraiment comparable, mais la réaction de l’absurdité était comme une évidence pour lui alors qu’elle l’était beaucoup moins pour ceux qui ne connaissait pas ce duo. Au moins, cette réflexion étira les lèvres du jeune homme jusqu’au maximum sur ses joues alors qu’il hocha doucement la tête de gauche à droite. Il aurait pu avoir pire comme « copine ».
_ Je suis sûre de t'avoir sauvé de quelque chose de moins grave, cette fois-ci, non ? Quelques personnes sur une plage, ça ne peut pas égaler un monstre géant ou une pluie de flèche.
Le jeune homme perdit son sourire dans un soupire en marmonnant pour lui-même, pensant à voix haute en français :
_Les autres m’effrayent plus que les monstres et les pluies de flèches.
Il ne savait pas si Ever l’avait entendu mais ce n’était pas important dans le fond. Léandre laissa son corps couler pour que sa tête aille également sous l’eau afin de se rafraichir de ce soleil tapant mais également pour rassembler ses idées. En remontant, le jeune homme émit un autre soupire en passant une main dans ses cheveux pour dégager son visage de ces mèches argentés. Finalement, il expliqua à sa cadette :
_La fille que tu as vue est ma meilleure amie. Elle est comme … a sister ? Hm, no …
Léandre regarda un instant sur le coté pour réfléchir. Comment dire en anglais « ma sœur de cœur » ? Léandre était quasiment certain que ça ne pouvait pas simplement être « heart sister ». Ce qu’il ressentait pour la finlandaise était un sentiment bien plus profond et complexe pour juste un mot ; amie d’enfance, meilleure amie, confidente, sœur de cœur. Tous ces mots définissaient ce qu’était Serah pour le jeune homme mais il ne pouvait pas l’expliquer en seulement un adjectif. Alors, la muse regarda de nouveau Ever avant de lui dire, simplement :
_Je l’aime comme si elle était un membre de ma famille, mais je n’ai pas de mot pour la qualifier. Et ces personnes sur la plage sont des membres du club de musique auquel j’appartiens. J’ai accepté de venir mais je suis très mal à l’aise en groupe. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de … d’appartenance, si je puis dire.
Léandre se mit à sourire pour lui-même. Il ne pensait pas tout déballer comme ça à une inconnue. Surtout qu’il venait certainement de révéler qu’il était une sorte de solitaire avec une phobie sociale complète. Mais, elle l’aurait bien compris par la suite en le croisant à l’école. Tout fini par se savoir.
ft Ever Inkraven & Léandre Laverny le samedi 9 juin 2018
Pas sa copine, donc - vu le sourire qui s'affiche sur ses lèvres quand il secoue la tête, l'idée même doit lui sembler absurde. Elle n'arrive pas à déterminer si c'est parce qu'elle fait partie de sa famille ou parce qu'elle n'est pas du tout son style, cela dit. A sa dernière remarque, il marmonne quelque chose qu'elle ne comprend pas. Sûrement du français, ça lui apprendra à ne pas écouter en cours de langue : elle aurait aimé savoir ce qu'il a murmuré pour lui-même. Trop curieuse ? Sans doute. il s'enfonce dans l'eau avant que sa curiosité ne pousse trop loin et ne lui fasse poser la question, et elle laisse donc le mystère s'installer sans un mot de plus avant qu'il ne remonte à la surface pour finalement lui expliquer son lien avec la jeune fille.
Sa meilleure amie, alors. Comme une sœur... Un instant, l'image d'Ashley flotte dans son esprit. A-t-il la même relation avec son amie qu'elle avec sa sœur ? Car même si elles sont opposées et qu'elles ont du mal à s'entendre en ce moment, Ever sait que rien ne pourra jamais vraiment les séparer, qu'elles s'aiment trop pour que de petits différends dans leur façon d'être soit un obstacle. Mais... il semble plus proche d'elle malgré tout... comme elle et Ashley avant que leurs centres d'intérêt les sépare.
» Je vois... J'avais la même relation avec ma sœur jumelle.. avant. Celle que l'autre a amenée pour moi.
L'éloignement avec Ash l'attriste un peu, mais pas assez pour ruiner sa bonne humeur de la journée. Au fond d'elle, elle sait que ce n'est qu'une phase de leur relation et que sa sœur finira par l'accepter telle qu'elle est... ou par calmer son attitude de fashion victim. Après tout, c'est un truc qui ne dépasse jamais les 18 ans, non ? Elle n'a jamais vu d'adultes avec le comportement d'Ashley. Après lui avoir parlé de son ami, Léandre lui confie finalement la raison pour laquelle il fuyait le petit groupe sur la plage. Un petit sourire compatissant se dessine sur le visage de la jeune fille. Mal à l'aise en groupe au point d'accepter de traverser l'océan avec une gamine un peu folle, alors... ça fait un sacré niveau d'inconfort.
» Ravie de t'avoir aidée à échapper à ça, alors, dit-elle avec un petit sourire enfantin.
Elle l'aime bien, ce garçon. C'est peut-être la situation qui la rend aussi joyeuse mais qu'importe, elle est contente d'être au milieu de la Manche avec lui. Il reste une chose qui l'intrigue, cependant.
» Mais pourquoi faire partie d'un club si tu as du mal avec les groupes ?
C'est s'imposer au moins une réunion de club par semaine et donc de voir les mêmes personnes qu'il évite aujourd'hui assez régulièrement. Aime-t-il la musique au point d'affronter quelque chose qui lui déplaît à ce point ?
Le léger sourire d’Ever était adorable. Certainement parce que son visage était très juvénile, ce qui lui donnait un coté tendre qu’avait les enfants. Peut-être était-ce cela qui mettait la muse en confiance ? Non, il était certain qu’il ne pouvait pas être en confiance seulement parce qu’une demoiselle avait la frimousse ingénue. Il était certain qu’il se sentait à l’aise parce qu’elle lui avait montré qu’il pouvait avoir confiance en elle. Bien qu’il était au milieu de la mer et que si elle l’abandonnait ici, cela voulait dire qu’il s’était mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude et qu’il avait tord, encore une fois, de faire confiance à quelqu’un. Mais il osait espérer que cela était totalement faux.
Curieuse, la rouquine demanda :
_ Mais pourquoi faire partie d'un club si tu as du mal avec les groupes ?
Elle n’avait pas tord et cela semblait un peu masochiste de sa part de se faire du mal comme ça. Mais il y avait quelque chose de différent entre faire partie d’un groupe et le diriger. Le directeur de l’école n’avait pas forcement de relation avec ses collègues tout comme un patron envers ses employés. Il était là pour maintenir l’ordre, la discipline et faire en sorte que le travail soit fait et bien fait. C’était un peu ce que faisait Léandre pour son club. Etant président, il faisait en sorte que chacun s’épanouisse dans son domaine et avait même prit le rôle de professeur de solfège pour ceux qui avait du mal. Il n’hésitait pas à leur donner de son temps pour ceux qui le désirait réellement mais cela ne voulait pas dire qu’ils étaient proches. Non. Et cela les membres de ce club l’avaient bien compris. S’ils voulaient atteindre leur président il fallait le faire en temps qu’adolescent et non pas en temps que groupe avec une hiérarchie. Et plusieurs à lui faire les yeux doux pour qu’il vienne, comme s’il était un monstre s’il refusait, comment dire non ?
_Ce n’est pas pareil lorsque tu diriges un groupe que lorsque tu en fais partie. Un chef de projet n’a pas besoin d’être proche de son équipe, il a juste besoin que tout se passe bien.
Léandre ne savait pas pourquoi mais il se sentait obliger de terminé ses explications, même si cela devait dire parler de lui. Une chose qu’il n’aimait vraiment pas faire. Donne des informations sur lui, se révéler, c’était se mettre en péril aussi. Les pires ennemis étaient ceux qui nous connaissaient le mieux et savaient où appuyer pour faire mal et même où couper pour en finir.
_J’imagine que je voulais aussi essayer de dépasser ce mal.
Même si ça semblait raté … Il se promit à lui-même d’au moins participer à leur petit concert avant de rentrer, à défaut de leur activité de plage et leurs conversations d’adolescents. Mais jouer de la musique, oui, ça il pouvait le faire, avec joie même. Léandre fit un coup de brasse pour se rapprocher d’Ever afin de lui demander, à la fois sérieux et curieux :
ft Ever Inkraven & Léandre Laverny le samedi 9 juin 2018
Depuis combien de temps n'a-t-elle pas discuté avec quelqu'un ? Véritablement discuté, sans commentaire désagréable d'un côté ou de l'autre ? La dernière fois... ça devait être avec cette fille, en décembre, la rouquine au pistolet à peinture dysfonctionnelle. Naya ? Nia ? Quelque chose comme ça. Ça commence à faire un bout de temps. À croire qu'il lui faut de la peinture libre ou un océan pour commencer à être sociable. Elle écoute la réponse à sa question en penchant légèrement la tête sur le côté. La différence entre diriger un groupe et en faire partie, hein ? En tant que garante d'un club de dessin, elle pourrait sûrement comprendre, mais elle n'a jamais eu l'impression d'être un "chef" pour eux. L'idée de hiérarchiser son club ne lui est jamais venue à l'esprit. Les autres pensent-ils ça d'elle ? Qu'elle est à la tête du groupe ? Ça a quelque chose de dérangeant. Enfin bon, ce ne sont que des PNJ, après tout, ce n'est pas comme s'ils avaient vraiment un avis sur quoi que ce soit. La phrase qu'il prononce ensuite lui tire un petit sourire. L'avantage de croire que ce monde est le seul et le vrai : on a envie de dépasser ses limites. C'est plus difficile quand on sait qu'on est contrôlé par un stylo sur une feuille. Bon par contre, visiblement, ce n'est pas aujourd'hui qu'il "dépassera ce mal", vu qu'il vient de fuir au milieu de la Manche pour éviter un contact social.
Quand il s'approche d'elle pour lui demander son avis, elle secoue doucement la tête. Elle serait mal placée pour le juger, alors même qu'elle essaye depuis qu'elle est sur cette plage de passer outre la conscience que tout ce qui l'entoure n'est qu'un décor de fiction. Elle aussi ignore son problème principal en étant ici, quand on y pense.
» Idiot ? Non, même si j'ai du mal à comprendre. Il y a pas de hiérarchie dans mon club.
En dehors de la supériorité naturelle et inconsciente que lui confère son statut par rapport à de simples PNJ, mais aucun d'eux n'est au courant de ça, bien sûr. Elle n'a pas spécialement envie de passer pour une folle et d'être envoyée chez un psy, et elle est certaine qu'on ne la croirait pas même si elle leur plantait son carnet sous les yeux. Chose qu'elle ne fera jamais de toute manière : il y a beaucoup de sa vie et de ses pensées là-dedans, c'est bien trop personnel.
» Mais si ça t'aide...
Elle a un instant d'hésitation en regardant vers l'horizon, côté anglais, avant d'ajouter avec un petit sourire mutin :
» … un peu.
Parce qu'on ne peut pas vraiment dire que sa technique de chef dissocié du groupe soit mortellement efficace pour améliorer sa vie sociale. On ne peut pas lui en vouloir, cela dit, les PNJ sont rarement les personnes les plus fiables ou les plus intéressantes. Il n'y a qu'à voir ceux qu'ils ont "rencontrés" en avril... même son propre double PNJ était stupide. Pour sortir avec cet idiot, il ne faut pas un grand niveau d'intelligence.
Même si la question aurait pu être sujette à un contentement pour la personne concernée, Léandre ne posait pas de question auxquels ils ne voulaient pas la réponse. Il préférait que son interlocutrice soit franche avec lui, surtout qu’il n’était pas du tout à l’aise en société et ne savait pas si son comportement était « convenable » malgré ses efforts. La muse pouvait d’avantages compter le nombre de fois où il s’est disputé avec une personne plutôt qu’avoir passé un bon moment.
Ever hocha la tête de gauche à droite. Sa petite bouille adorable faisait de légères ondulations sur l’eau avec ses cheveux, brillant telle une belle opale orange joliment polie.
_Idiot ? Non, même si j'ai du mal à comprendre. Il y a pas de hiérarchie dans mon club.
Donc la miss faisait également partie d’un club. Peut-être que Léandre aurait dû faire ça pour le sien, mais il aimait les choses concrètes, organisées et sans hiérarchie ce n’était pas toujours évident. Cela restait une généralité, évidemment.
_Mais si ça t'aide… un peu.
Ever semblait songeuse. Est ce que le finlandais l'ennuyait ? Ils devraient peut être retourné sur la plage pour la laisser tranquille par la suite ? Il ne savait pas mais espérait tout même que ça ne soit pas le cas. Léandre regarda sa cadette observer le lointain, se demandant à quoi elle pouvait penser en cet instant. Il ne la connaissait pas bien mais cette adolescente semblait bien plus réfléchit que ne laissait paraitre son caractère.
_Si tu aimes dessiner, j’imagine que tu es au club d’art. Ou alors à celui de natation ?
Le jeune homme émit un faible sourire pour sa cadette. Il s’étonnait lui-même de pouvoir sortir ces informations, preuve qu’il avait fait attention à ce qu’elle lui avait révélé sur elle. Il ne savait pas si ces donnés allaient rester gravé dans sa mémoire en sachant qu’il ne verrait plus la petite au minimum deux moins, et peut-être plus si les couloirs ne leurs étaient pas favorable.
_Ah moins que tu ais une autres passion dont je ne suis pas au courant ?
Même si Léandre venait à peine de faire connaissance avec sa cadette, il se sentait d'humeur à la taquiner gentiment. Certainement à cause de cette bouille bien trop adorable malgré qu'elle ait un aspect moins humain que lui. De toute manière, ce n'était pas ça qui pourrait empêcher une quelconque amitié entre eux. Hm, c'était bien rare que le jeune homme ait la pensée de vouloir se lier d'amitié avec une tierce personne, peut être que la mer et le beau temps n'avait pas un effet bénéfique que sur la demoiselle ?
Après quoi, Léandre tendit la main à sa camarade. Il ne voulait pas s’imposer à elle et le fait d’être au milieu de nulle part forçait la demoiselle à rester à ses cotés. Au moins, près de la plage, elle aurait le choix. Esquissant un sourire, le jeune homme demanda :
_Peux-tu me ramener s’il te plait ? Je pense qu'il est temps pour moi de regagner la terre ferme.
ft Ever Inkraven & Léandre Laverny le samedi 9 juin 2018
Un peu perdue dans des considérations qu'elle seule pourrait comprendre, Ever regarde dans le vague, les côtés de l'Angleterre, la brume, les vagues qui les soulèvent doucement sans trop les agiter. La Manche est calme, comme si la mer lui faisait une faveur. Il faut dire qu'être responsable de la noyade d'un camarade de classe ne fait pas partie de ses projets, ou en tout cas pas celui-ci. Il a l'air décent, contrairement à d'autres. Presque sympa. Bon elle ne le connaît pas assez pour en arriver à ce qualificatif, quand même, n'abusons pas.
» Je suis la grande et glorieuse dirigeante du club de dessin Pic'n'draw.
Elle rigole après avoir prononcé cette phrase beaucoup trop prétentieuse et théâtrale, montrant par là-même qu'elle ne se prenait pas au sérieux. Malgré le violet de son cristal, elle n'est pas si arrogante. Elle a conscience de son talent en dessin, mais pas assez pour se considérer comme une reine dans le domaine. Autant en natation elle a peu de rivaux en dehors des sirènes et autres bestioles aquatiques, autant en dessin il lui reste des égaux et même des gens meilleurs qu'elle.
» J'ai beaucoup de passions. Mais si je les exposais toutes sur mon visage, ça serait moins drôle, non ?
Si on pouvait la cerner et la connaître au premier regard, la vie aurait beaucoup moins d'intérêt. Et ça vaut pour tout le monde. C'est déjà difficile de s'intéresser aux gens en sachant ce qu'elle sait, si en plus de ça elle avait tout connu sur eux au premier regard, elle serait sûrement devenue folle. De toute façon, il y a une part d'elle qui restera éternellement inaccessible à tout le monde, la même part qu'elle a laissée au fond de son sac pour la journée, pour l'oublier l'espace d'un plongeon dans les vagues.
Quand il tend à nouveau sa main vers elle, elle comprend rapidement que leur expédition au milieu de nulle part touche à sa fin. Enfin pour lui, en tout cas ; elle ira sûrement se perdre à nouveau dans l'eau salée avant que ne vienne l'heure de rentrer au lycée. Rien qu'à cette idée, elle a presque envie de terminer sa traversée de la Manche. Comment réagiraient-ils si elle les appelait pour leur dire qu'elle était en France pour l'instant ? Mal, sûrement. Mais avant ça, elle avait un garçon à sauver et à ramener sur terre. La pensée lui tire un sourire. Elle hoche la tête, prend la main qu'il lui tend avec un douceur un peu trop surnaturelle venant d'elle, puis elle laisse ses jambes reprendre leur forme sous-marine, devenir des tentacules pour accélérer sa nage. Comme à l'aller, elle s'efforce d'avoir un rythme assez normal pour ne pas trop le secouer, et elle reprend son aspect presque totalement humain lorsqu'ils peuvent à nouveau poser les pieds dans le sable. Sentir les grains entre ses orteils la fait alors réaliser à quel point le grand large lui plaît. Lui manque, aussi.
» Et voilà.
Elle sourit, avant de se souvenir de la blague qu'elle a fait un peu avant et de reprendre avec le même ton d'hôtesse de l'air.
» Nous espérons que vous avez apprécié votre voyage avec la Ever company.
Un nouveau rire et elle reste là, ses "cheveux" flottant à la surface de l'eau, hésitant sur la marche à suivre pour la suite. Va-t-il retourner voir les membres de son club ? Elle-même ne sait pas si elle veut rester là, à barboter près de lui, ou si l'appel de l'océan sera plus fort.
» D'autres plans pour la journée, après ce voyage improvisé ?
Elle veut nager, elle veut continuer de lui parler. Pour une fois que quelqu'un lui adresse la parole pour autre chose que la critiquer, après tout...
_Peux-tu me ramener s’il te plait ? Je pense qu'il est temps pour moi de regagner la terre ferme.
Ever ne broncha pas et prit gentiment la main que lui tendait Léandre. Les doigts du jeune homme commençaient à se friper à force de rester trop longtemps dans l’eau. Oui, il était temps pour lui de quitter le milieu de la mer. Le retour fut aussi rapide que l’aller et Ever d’une force et d’une efficacité remarquable. Son corps semblait avoir changé sous l’eau, mais Léandre ne pouvait pas confirmer à cause des ondulations exercées par la pression face à l’eau. C’était toutefois assez impressionnant, il fallait le dire. Lui n’avait pas la capacité de changer physiquement, alors, lorsqu’ils voyaient un être se métamorphoser, ou même seulement une partie de son corps, comme Daniel déployant ses ailes, il trouvait toujours ça assez fascinant.
Le duo arriva rapidement au rivage et Léandre lâcha doucement la main de la petite irlandaise lorsqu’Ever posa pied sur le sable.
_Et voilà … Nous espérons que vous avez apprécié votre voyage avec la Ever company.
Léandre eut un sourire amusé, sans pour autant rire comme sa camarade. Elle était amusante, il devait se l’avouer. Ou alors ils avaient le même humour, il ne savait pas. Elle n’a pas un rire désagréable, ce qui était assez plaisant à entendre et Léandre se contenta de regarder la jeune fille, ne répondant pas à sa blague malgré son sourire.
_D'autres plans pour la journée, après ce voyage improvisé ?
Même s’il s’était montré plutôt bavard tantôt, Léandre reprit sa méchante habitude et se contenta d’hausser les épaules en guise de réponse plutôt que de répondre oralement à la rouquine. Il aimerait bien rester avec Ever, sans se mentir, il passait un bon moment avec elle. En arrivant il n’était pas très bien, il ne voulait pas être là, il avait l’esprit occupé de mauvaises pensées, mais cette petite bouille adorable a su le faire sourire, le faire rire, le détendre et il a même pu la taquiner, une chose qu’il n’aurait certainement jamais fait avec d’autres inconnus. Ever n’avait pas menti en disant qu’elle était spéciale. Le jeune homme continua de sourire à Ever, accroupit pour que son corps reste dans l’eau.
_Tu dois peut-être retourner voir ton club...
Léandre tourna doucement la tête vers l’endroit où devait se trouver le groupe de musiciens, s’imaginant les rejoindre malgré le fait qu’il préférait passer du temps avec la nageuse. Mais avait-il le choix ? Il leur avait promis.
_Oui.
Le regard vairon de Léandre revint sur Ever. Il ne savait pas ce qu’elle pensait. Est-ce qu’elle voulait qu’il reste avec elle, elle aussi ? Ou au contraire, est-ce qu’elle le poussait doucement à s’en aller sans paraitre méchante ? Il ne savait pas, et bien qu’il aimerait le savoir, il ne lui poserait pas la question et n’imposerait pas sa présence. Doucement, il se rapprocha d’Ever, sans se relever. Il faisait à peut près la même taille de cette façon. Il la regarda un instant dans ses yeux crépuscule avant de lui dire, le ton presque doux :
_Ne t’en fait pas, ils ne vont pas me manger.
Léandre se releva complètement suite à cette affirmation, surplombant la demoiselle bien plus petite que lui. Il commença à marcher vers la plage afin de sortir de l’eau mais s’arrêta à mis chemin pour se tourner vers sa cadette. La muse resta muet une seconde à peine avant de dire :
_On se reverrait surement à la rentrée, petite nageuse. Bonne journée.
Léandre esquissa un sourire du coin des lèvres pour Ever, avant de lui tourner le dos, la laissant face à son tatouage, il agrippa sa chemise resté à sa place et s’en alla plus loin sur la plage, sans se retourner. Cependant, cette rencontre avait eut l’effet magique d’avoir effacé toute les angoisses et les mœurs qu’il avait eut en arrivant, et bien qu’il ne sache vraiment pourquoi, il était bien impatient de croiser de nouveau la jeune fille, que ça soit ailleurs ou ici, dans la plus grande des piscines …
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Lun 29 Oct - 17:49
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