Toi donner sang à moi

Toi donner sang à moi

Voilà deux mois que je suis présente dans cette institution. J'ai encore du mal à me faire à certaines choses mais dans l'ensemble, ça se passe plutôt bien pour le moment. Enfin sauf peut-être les élèves qui m'évitent. Je les ai apparemment agressés et ris au nez. Cependant je n'en ai aucun souvenir alors j'imagine qu'à ce moment-là, c'était Lena qui était aux commandes. Elle a apparemment déjà fait surface à plusieurs reprises durant les séances chez le psychiatre alors j'imagine bien qu'elle doit aussi s'en donner à coeur joie en-dehors des séances. Ca expliquerait pourquoi je me suis prise des avertissements alors que je n'ai rien fait pour en avoir.

Après une trop longue journée de cours, le repos est enfin de mise. Okay, rester assise durant des heures n'est pas ce qu'il y a de plus épuisant physiquement. Cependant suivre plusieurs cours, devoir enregistrer les diverses informations données et surtout, devoir rassurer les craintifs concernant mes intentions, c'est fatigant. Et même si rester assis n'est pas trop dérangeant, ça fait tout de même du bien de pouvoir se dégourdir les jambes. Ca détend. Alors après ma dernière heure, je ne me fais pas prier pour sortir rapidement de classe et me rendre dans la cour. De toute façon je n'ai pas le choix d'y aller. Le chemin pour aller au dortoir passe dans la grande cour.

Je profite de me balader un petit moment avant de sentir une odeur qui me titille les narines. Du sang. L'odeur est faible, ça doit provenir d'une simple coupure. Cependant pour un vampire qui a jeûné depuis plusieurs jours au niveau sanguin, c'est suffisant pour lui donner soif. C'est ce qui m'arrive. Pas assez fort pour que je n'attaque la première personne qui passe mais suffisamment pour que le besoin ne s'oublie pas si facilement. J'observe un peu le monde autour de moi, cherchant une personne qui serait potentiellement prête à faire un petit don de sang. Je cherche surtout parmi ceux qui sont les plus isolés. Je n'aime pas trop étancher ma soif en public même si ce ne serait pas la première fois qu'un vampire s'abreuve du sang de quelqu'un. Je me mets juste à la place des autres. Ca ne doit pas être très agréable à regarder.

Je finis par m'approcher d'un garçon, assez gênée par ce que je compte lui demander. Après un petit bafouillage timide, je parviens à lui demander si je peux lui pomper un peu de son sang. Je ne sais pas si c'est parce que mon air timide l'a fait craquer ou si c'est un maso mais le résultat est là. Il accepte. Je me place donc derrière l'arbre avec lui et par sécurité, il s'assied tandis que moi je m'agenouille à ses côtés. Normalement je ne lui piquerai pas trop de sang donc il ne devrait pas trop en ressentir les effets mais sait-on jamais. Je plante alors mes canines dans le bras qu'il me tend et lui pompe du sang. J'aurais pu mordre dans le cou aussi mais le bras suffit aussi. Après tout ce liquide rouge circule dans tous le corps et le goût reste le même. Et puis pendant mon petit casse-croûte, un autre garçon arrive. Je me stoppe alors et le regarde, intriguée.

Je m'apprêtais à reprendre là où j'en étais mais plusieurs petits détails m'ont retenue. Par exemple, le fait que lui aussi c'est un vampire. Ca se sent. Mais ce qui m'intrigue le plus, c'est sa réaction. Il se cache les yeux comme s'il avait reçu une grosse poussière dedans, qu'ils brûlaient ou qu'il aurait vu une scène gênante.

- Rosa... Et oui il est volontaire. Il est juste assis par sécurité. Quant au lieu...oui et non. Disons que je viens surtout dans les lieux où j'peux me cacher.

J'observe un moment mon plateau-repas ambulant puis le nouveau venu. Il a soif ou il est juste venu s'assurer que je ne ferais aucun mal à l'autre ? Je l'observe un peu avant de lui tendre le bras que j'ai mordu. Le type est volontaire, si l'autre ne lui en pique pas trop ça devrait pas déranger que ce soit moi ou Max qui boive.

- Tu en veux ? Ca me dérange pas de partager, ce n'est pas trop vital pour moi alors si t'as besoin de te nourrir, je veux bien te le laisser.

Je n'ai pas bu beaucoup donc Max devrait pouvoir assouvir une bonne partie de sa soif sans que le plateau-repas ne soit trop pâle. Au pire je l'amènerai à l'infirmerie. Ou je lui donnerai le sandwich que j'avais prévu pour plus tard. Il mérite bien ça après m'avoir laissée boire.
 

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Ca arrive parfois que je sois « dérangée » pendant mon repas sanglant. C'est assez rare puisque je me cache habituellement dans une salle, derrière un bâtiment, dans un lieu quelconque isolé, etc. C'est aussi la première fois que je me fais surprendre depuis que je suis à l'institution. Je ne me nourris pas souvent à la source non plus. Ca peut expliquer le fait que jusqu'à maintenant je n'ai jamais été prise sur le fait ici. Je me stoppe donc de boire le nectar rouge et fixe le nouvel arrivant. Une brève présentation est faite avant que je ne lui propose de se nourrir. Je sais bien que les vampires partagent rarement leur repas mais je n'ai pas une énorme soif à assouvir. Et puis contrairement à la plupart d'entre-eux, je peux me nourrir de la même manière qu'un dhampire. Sang, nourriture humaine, les deux me conviennent. Parfois j'ai même l'impression d'en être une mais étant donné qu'ils ne peuvent pas se reproduire entre-eux, ça ne colle pas. À moins que l'un de mes ancêtres en était un mais dans ce cas, j'en serais quand même une. Or, j'ai plutôt l'odeur d'une vampire normale.

- Tu sens le vampire alors fatalement.... Et puis je n'ai pas une énorme soif alors je peux bien partager un peu.

Je lui donne alors le bras de ma victime consentante après avoir eu son accord au préalable. Max est encore hésitant malgré que ses instincts lui dictent déjà de mordre.

- Vas-y j'te dis. J'ai largement assez bu, ce n'est pas un problème. En plus il est d'accord de te nourrir alors profites-en.

Je tente de le rassurer avec un petit sourire. Evidemment que ce n'est pas facile à trouver des plateaux-repas qui sont consentants mais ce qui l'est encore moins, c'est de garder la tête froide lorsqu'on est affamé. Il l'est plus que moi alors j'estime qu'il est prioritaire. Un vampire trop affamé peut être dangereux. Il plante finalement ses canines dans le bras et commence à boire. Il s'arrête ensuite pour me remercier et me faire subir une espèce d'interrogatoire.

- Pas de quoi, ce n'est vraiment rien. Et sinon, non ça ne fait pas longtemps, je suis ici que depuis septembre alors c'est encore assez récent. Quant à ma nourriture, je peux me manger aussi de la bouffe humaine. C'est entre autre pour ça que je peux partager le sang sans en subir de conséquences. Ou du moins, elles ne sont pas importantes. Et toi ? Tu ne te nourris que de sang je présume ?

Je sais que les vampires habituels ne se nourrissent généralement que de sang mais peut-être qu'il est comme moi, qu'il peut manger un peu de tout. Je ne cherche même pas à esquiver ses questions alors qu'il m'en pose déjà pas mal. Je ne vois pas de raison de fuir ses questions. Je n'ai pas grand-chose à cacher. Et puis il est juste curieux. Je ne vois pas le mal qu'il y a à vouloir assouvir sa curiosité. Il remercie aussi le garçon qui a accepté d'être notre plateau-repas.

- Oh t'en fais pas, ce n'est rien ! Mon ex était une vampire et je devais déjà lui donner de mon sang. Et puis Rosa a apparemment un truc à grignoter pour me permettre de récupérer alors ça ne me dérange pas de perdre un peu de sang en échange.

Et en parlant du truc à grignoter, je prends mon sac et sors le sandwich pendant que Max termine son repas. Dès que c'est le cas, je tends gentiment le sandwich à celui qui nous a autorisé à boire de son sang. Celui-ci me remercie et mange tranquillement le sandwich tandis que Max me propose une promenade...avant de me harceler de questions. Je regarde un instant le plateau-repas ambulant, prends de ses nouvelles pour être sûre que tout va bien pour lui. Il me confirme que c'est bon. Il reste juste quelques minutes assis, le temps de finir son sandwich et il irait se reposer à l'infirmerie après. Mais il m'assure que tout ira bien. Je peux donc le laisser, rassurée.

- Allons faire une balade.

Je me mets alors en route avec Max et marche tranquillement dans la cour en sa compagnie.

- Pour répondre à ton interrogatoire, oui je le vis bien d'être une vampire. Le regard des autres m'importent peu. Enfin pour la race parce que pour le reste ça m'importe quand même pas mal. Pour les légendes, préjugés, etc et bien je tente de ne pas en rajouter une couche. Comme tu l'as dit, les vampires ont déjà assez mauvaise réputation donc pas la peine d'aggraver le cas. Et toi tu le vis comment ? Et t'es vampire depuis ta naissance ou tu l'es devenu en venant ici ? Ou c'en est un qui t'as mordu et transformé ? Et t'as quel âge au fait?Tu sais déjà ce que tu feras en quittant l'institution ?

Cette fois c'est à mon tour de le bombarder de questions. Il n'aurait pas dû commencer. J'aurais posé une question à la fois s'il en avait fait de même.
 

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Le pauvre garçon, il ne doit vraiment pas avoir l'habitude qu'un vampire partage son repas. C'est vrai que normalement ils évitent mais il me semble que ça arrive surtout lorsqu'ils sont eux-mêmes affamés. S'ils sont assez bien nourris ou que c'est juste par gourmandise, je pense que ça leur arrive quand même de partager leurs victimes. Je ne sais pas et à vrai dire, je ne me suis jamais réellement intéressée à la race des vampires. Juste ce qu'il faut pour pouvoir survivre et savoir ce qui peut m'être fatal ou tout autre subtilité liée à la race. Du moins de mon côté parce que je sais qu'il y a beaucoup de points sur lesquels je ressemble davantage à un dhampire plutôt qu'un vampire. Parfois je me demande même si je n'en suis pas une. Peut-être que l'un de mes parents n'est pas réellement un vampire comme il le prétend. Si c'est le cas, je pencherai plutôt pour mon père.  C'est un connard qui ment tout le temps alors je ne serais pas surprise s'il le fait aussi pour sa race.

Pour en revenir à Max, il a l'air de plus en plus surpris. Il n'a jamais eu de plateau-repas consentant ? Peu importe. Je réponds donc à ses questions pendant qu'il boit le liquide rouge. Puis c'est à mon tour de lui en poser. Il y répond après avoir étanché sa soif puis il fait part de sa reconnaissance envers le garçon qui avait accepté de nous nourrir. Celui-ci explique donc la raison de son choix qui est tout simple. Il était déjà un habitué des vampires grâce à son ex. Au moins, il nous a bien facilité la tâche. Bref je lui donne alors de quoi reprendre quelques forces, m'assure que tout va bien pour lui puis je m'en vais me promener avec Max. J'en profite en même temps pour lui expliquer que contrairement à la plupart des vampires, mon organisme supporte très bien la nourriture humaine. Je lui explique aussi que je ne sais pas d'où ça vient mais voilà, je n'ai pas les mêmes faiblesses que les vampires. Enfin je peux bien sûr attraper les mêmes maladies mais que contrairement à la plupart d'entre-eux, l'argent, l'eau bénite et les UV ne me font rien.

Puis je réponds à l'interrogatoire qu'il a commencé, répondant honnêtement pour mon ressenti en tant que vampire. Il y a aussi le fait que je ne fais pas attention aux regards des gens par rapport à ma race même si j'essaie de ne pas rajouter une couche sur la réputation qui est déjà mauvaise. Ensuite c'est à lui de subir mon interrogatoire. Comme si j'allais lui laisser le monopole des questions ! Contrairement à moi, il ne vit pas hyper bien le fait d'être un vampire. N'ayant pas les mêmes « avantages » que moi, je pense que ça peut se comprendre. Et puis le fait que nous sommes d'une race très peu appréciée par les autres n'aidait sans doute pas.

- Je dirais que c'est sur la bonne voie. Après tout ici il y a de toutes les races et certains nous acceptent assez bien. La preuve avec l'autre type de tout à l'heure. Il est humain et pourtant il accepte les vampires et même de les nourrir. Du coup faut pas perdre espoir pour qu'un jour ce soit vraiment le cas pour tout le monde. Enfin pour la majorité car les humains ont déjà du mal à s'accepter entre-eux donc pour les autres races, j'pense qu'il faudra quand même un petit temps et que personne ne sera jamais totalement accepté.

Il n'y a qu'à voir le nombre de racistes, homophobes, xénophobes, et j'en passe. Tout ça est censé être mieux accepté et pourtant il y en a toujours qui n'arrivent pas à le faire. Alors pour accepter les autres espèces vivantes dans ce monde, je pense qu'il y aura encore un long chemin pour ça.

- J'te jugerai pas pour ton âge rassure-toi. J'suis aussi jeune et puis faut bien qu'il y en ait quelques-uns. Ce serait vite ennuyant s'il n'y avait que des vieux schnoques.

Un petite rire fait comprendre que la fin de ma phrase surtout une petite remarque sans méchanceté. Oui le monde serait chiant s'il n'y avait que des vampires âgés mais même si c'était le cas, les vieux peuvent se rassurer, ce n'est pas dit pour les vexer.

- Je ne sais pas trop pour ce que je peux faire plus tard. Je pense que je trouverai quelque chose avec très peu de contacts sociaux. Je n'en ai pas vraiment l'air là mais au fond je ne suis pas très à l'aise parmi les gens. M'enfin j'ai encore le temps de réfléchir à tout ça, je n'ai que 16 ans. Et pour mes passions...euh...vu que je passe plus de temps seule qu'en groupe j'imagine que je peux considérer la lecture comme une passion. Et écouter de la musique aussi.

Bref des activités qui peuvent se faire à plusieurs mais qui sont faites le plus souvent seul(e). Puis l'avalanche de questions continue. Ou plutôt elle reprend.

- Oui je vois toujours mes parents adoptifs pour le moment. Enfin je ne vais pas systématiquement leur dire bonjour mais si j'veux sortir, je peux le faire donc de temps en temps j'vais leur faire un coucou. Et toi ? Tu ne vois pas ta famille ?

Pour ce qui est de me faire des amis...comment dire... ? Non je ne dirai rien. Je suis arrivée depuis seulement deux mois. C'est plutôt normal de ne pas encore se faire vraiment d'ami. Du moins je crois que c'est normal.

- Quant aux amis non je n'en ai pas encore. 'Fin je m'entends bien avec certains mais de là à dire qu'ils sont mes amis, je ne pense pas que ce soit le cas. Mais bon ça ne fait que deux mois que je suis ici alors je suppose que c'est normal.

Ouais. En fait ça doit vraiment être plus que normal. En sachant que je possède une seconde personnalité plutôt agressive, je ne vois pas d'autre explication pour les amitiés absentes. Lena fait toujours comme bon lui semble. Si elle ne détruit pas mes potentielles chances d'avoir un ami, elle me fait passer pour une fille bizarre et ça rend les gens sceptiques sur ce qu'ils peuvent faire avec moi. Je ne vais donc pas lui parler d'elle. La dernière fois que je l'ai fait, ça a réduit à néant mes chances parce que la personne a pris peur. Et puis s'il est d'accord de passer du temps avec moi, il vaut mieux que je garde mes espoirs intacts. Lui parler de Lena ne ferait que les détruire.

- Non ça va. C'est plutôt gentil de ta part en fait... Pis mon arrivée ici c'est juste dû à quelques problèmes qui m'ont fait louper des cours. Et ma psychologue a pensé que ce serait mieux si je pouvais évolué dans un lieu comme ici. Ca me permet juste de me réhabituer au monde tout en suivant les cours.

Je reste volontairement vague sur les véritables raisons qui ont poussé ma psychologue à proposer ce lieu. C'était soit ça, soit l'hôpital psychiatrique. Personnellement je préfère d'abord tester cette institution avec l'espoir de guérir un jour. Et si ça ne s'améliore pas, que ça empire, là je pourrai songer à l'asile.

- Et toi ? Qu'est-ce qui t'a amené ici ? T'es dans un programme spécial ou t'as un cursus normal ?
 

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Me voilà à me promener avec un parfait inconnu. Enfin il ne l'est plus totalement maintenant que je connais son nom ainsi que sa race et son âge. Cependant le problème reste le même. Rien ne me dit qu'il ne me fera pas subir aussi d'atroces tortures. Enfin il n'a pas l'air d'être le genre de type à faire ça. L'embarras n'est pas quelque chose qu'on peut imiter si facilement. Il y a des détails qui sont impossible à reproduire de sa propre volonté comme par exemple, rougir. Transpirer aussi pour certains. Et puis je sens que je peux parler plus librement avec Max alors lorsqu'il effectue son interrogatoire, je réponds aux questions sans trop dissimuler d'information. À vrai dire je ne lui cache même rien pour le moment. Et puis lui non plus ne peut pas espérer échapper à mes questions. La conversation se passe ainsi entre-nous.

Durant notre discussion, il me fait remarquer que je ne lui ai pas révélé mon âge. Volontaire ? Non pas du tout. Je suis juste une quiche qui n'est pas fichue de penser à tout, et encore moins dans le bon ordre. Je lui révèle donc mon âge en même temps que l'on parle de nos passions et éventuels futurs métiers. Divers points communs sont découverts grâce à cela. La lecture, la musique et l'envie d'éviter d'avoir trop de contact avec le monde.

- Et bien je lis quelques romans, surtout les policiers, des BD, des mangas, quelques livres instructifs quand j'en trouve un suffisamment intéressant.

Par contre je ne vais peut-être pas lui révéler aujourd'hui que parmi mes bouquins, il y en a aussi qui sont gores, de l'épouvante,  et des thriller. Ceux-ci appartiennent à Lena et tant que je ne serai pas assez en confiance, je ne lui parlerai pas d'elle. J'ai assez vu ce que ça donnait quand on disait aux gens qu'on est atteint de TDI et que l'autre personnalité est une peste.

- Et les musiques ben...je te ferai écouter ma playlist un jour si tu veux. Je l'ai pas sur moi là mais je la prendrai la prochaine fois. J'ai un peu de tout en plus.

Le sujet dévie ensuite sur les contacts familiaux, chose qui est légèrement plus sensible pour moi. Rien de très contraignant en soi. Je peux lui parler de ma famille adoptive sans problème. C'est seulement parler de ma famille biologique qui sera un souci. Il n'a cependant pas l'air d'être trop curieux à ce niveau-là et c'est tant mieux.

- En fait ils vivent en Angleterre alors c'est assez facile d'aller les voir. Par contre non ce ne sont pas des vampires. Ils sont humains mais parfaitement au courant de ma race. Ils m'ont adoptée malgré tout et ils se sont chargés de me trouver du sang pour assouvir ma soif. En fait, ils font tout ce qu'ils peuvent pour que je puisse vivre normalement sans être gênée par quoi que ce soit.

Max m'explique ensuite quelque chose de moins rassurant. Après quatre ans ici, il ne s'est toujours pas fait énormément d'amis. À vrai dire il n'en souhaite pas vraiment non plus alors forcément ça n'aide pas. Quant à moi, je souhaite évidemment avoir des amis mais plus que ça, je veux surtout qu'ils m'acceptent telle que je suis. Et ça c'est plus compliqué puisque je peux me faire des amis et Lena vient tout bousiller derrière. Et puisque peu de personnes croient au fait que j'ai deux personnalités, les amis se font rares. Max semble vouloir compter parmi eux en tout cas. Honnêtement je ne refuse pas mais...le voudra-t-il toujours lorsqu'il apprendra l'existence de Lena et qu'il verra ce dont elle est capable ? Je demande encore à voir ça.

- Je... C'est noté. Je viendrai te voir.

Après une brève explication assez vague sur les raisons de ma présence dans cette institution, Max se montre encore une fois assez compréhensif. Il est même prêt à m'aider à m'habituer à ce nouvel environnement. J'avoue que ça m'arrange car je ne me sens pas encore très à l'aise ici. Beaucoup de races différentes, beaucoup d'élèves avec des problèmes psychologiques ou psychiatriques mais toujours des préjugés qui peuvent faire mal. Quant à lui, sa présence en ces lieux est seulement dû au fait que très peu d'écoles acceptent d'accueillir les vampires et autres races surnaturelles. Enfin au moins il a une meilleure amie ici, c'est tout de même positif.

- Elle est humaine, aussi vampire ou c'est une autre espèce ?

Humaine, ça m'étonnerait quand même. D'après ce que j'ai compris, rares sont ceux qui restent humains en pénétrant ici. Peu après, il me propose de prendre le repas avec lui aux heures de midi. Ma foi, pourquoi pas ? Ce sera plus sympa que de manger seule à une table ou seule dans un coin caché.

- Oui je vois ce que tu veux dire. Pourquoi pas ?! Ca nous permettra de mieux faire connaissance et pis c'est plus sympa que de se nourrir tout seul dans son coin.

Pendant que nous marchons encore en discutant, je finis par me mettre face à Max avec un petit sourire. Un moyen détourné pour faire une pause durant la balade.

- Au fait tu regardes quelques films j'imagine. C'est quoi ton genre de film préféré ?

À peine ai-je eu le temps de finir ma question, qu'un con passe par-là en courant et me bouscule au passage. C'est à ce moment-là que je regrette de m'être arrêtée et surtout de m'être mise devant Max. À cause de la bousculade, je perds l'équilibre et tombe sur le vampire. Si ce n'était que ça... Ma chute se termine carrément par un smack involontaire. En quelques secondes, je me recule de Max, les joues complètement rouges de honte.

- P-Pardon ! Ce...C'est à cause de l'autre con. Il m'a bousculée et.....enfin voilà...

Non seulement je veux me planquer dans un trou de souris mais en plus, je veux aussi oublier cet épisode. Après ce que j'ai vécu, il est encore trop tôt pour que ce genre de chose arrive.
 

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Plusieurs points communs sont découverts entre-nous durant cette conversation. Et une mini promesse est aussi faite. Celle de se revoir. Ce serait pour une playlist mais au moins ça nous donne l'occasion de discuter à nouveau. En parlant de discussion, celle-ci dévie sur un autre sujet. La famille. Chacun explique un peu son vécu et je parviens même à le surprendre en lui parlant de mes parents humains. Il y a de quoi être étonné. Peu d'humains acceptent de prendre en charge un enfant vampire, démon ou que sai-je d'autre. Ca peut être dangereux pour eux mais aussi pour le reste du monde. Et puis c'est aussi rempli de contraintes selon la race. Heureusement dans mon cas, la seule véritable contrainte a été de trouver des sources de sang sans les voler.

Les amis est le sujet mis sur le tapis par la suite. Chacun en a peu. À la seule différence que lui il est présent depuis trois ans à l'institution tandis que de mon côté, je n'en suis qu'à deux malheureux mois. Il me faut le temps de m'habituer aux lieux, au monde qui les fréquentent et aussi, le temps de tilter que même avec une double personnalité, des amitiés sont possibles. C'est ce qui mettra le plus de temps. Les rares amis que j'ai déjà ne savent pas que Lena existe. Elle n'a pour le moment pas encore foutu sa merde avec eux. Tant mieux cela dit. Pourvu que ça dure. J'en profite cependant pour essayer d'en savoir plus sur ses amis à lui. Surtout sur l'une d'elles puisqu'elle semble être la plus proche de lui.

- Et...t'en es amoureux ? 'Fin j'veux dire, vous allez quand même sortir ensemble un jour ?

Être ami n'enlève aucunement cette possibilité. Et puis s'il a des sentiments pour elle, s'ils sont réciproques il vaut mieux que je sois au courant directement. Je ne veux pas risquer d'avoir d'éventuels problèmes. Certaines personnes deviennent vite jalouses si l'on a le malheur d'approcher d'un être aimé. De plus s'ils ont un lien particulier, ça peut dire beaucoup de choses.

Ca tourne ensuite sur les genres de films et de livres que l'on préfère. Et là, ma plus grosse erreur a été de vouloir faire une pause et d'arrêter de marcher. Enfin ça encore ça passe. Je n'aurais toutefois pas dû me placer devant lui. Il commence à peine sa réponse que je finis contre lui, lèvres contre les siennes, tout ça à cause d'un con trop pressé. En plus cet abruti ne s'excuse même pas. Il continue sa route comme s'il n'avait rien fait. Le contact est rompu rapidement tandis que je lui présente mes excuses tout aussi vite et rouge de gêne. Ce qui est rassurant, c'est que je ne suis pas la seule embarrassée par cette situation. Alors qu'il aurait pu profiter de cet accident, je découvre qu'il est aussi gêné que moi.

- O-Oui j'ai compris...

Et le voilà en train de changer de sujet et de répondre à ma question. C'est peut-être ce qu'on a de mieux à faire. Occuper nos esprits sur un autre sujet pour éviter de bégayer comme deux grands cons pendant des heures. Cependant il revient tout de même sur le sujet qui nous met mal à l'aise.

- Non ça...ça va. Enfin il m'a fait un peu mal sur le coup mais c'est déjà parti.

Je regarde un peu autour de moi avec un peu d'hésitation sur la suite.

- O-On reprend la route ? À moins que...que t'aies des choses à faire.
 

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Les questions indiscrètes sont posées mais ne semblent gêner ni l'un, ni l'autre pour le moment. En même temps, elles sont plutôt innocentes. Comme par exemple, ma question sur la relation qu'il entretient avec une certaine Naomi. Il a dit que c'était sa meilleure amie et qu'ils sont très proches mais ça ne voulait pas dire qu'il n'y avait pas de sentiments. C'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'il me confirme qu'il n'y a rien de plus que de l'amitié entre eux. Pas de sentiments amoureux et aucune intention de finir en couple ensemble. S'il le dit...

Nous continuons la conversation en évoquant d'autres sujets, comme les films ou les livres. Des sujets qui sont très basiques mais ils ont toujours permis d'en apprendre plus sur une personne et puis, c'est un moyen comme un autre de s'ouvrir. De toute façon je ne peux pas lui poser de réelles questions personnelles. Ce serait trop indiscret de ma part. Et puis je n'ai dans tous les cas pas le courage d'évoquer des trucs plus intimes. Sa relation avec sa meilleure amie est ma limite.

Au moment où il s'apprête à me répondre, un con me bouscule et m'envoie droit dans les bras de mon interlocuteur. En plus il ne s'excuse même pas. À croire qu'il l'a fait exprès. Le plus embarrassant n'est même pas de finir contre Max mais le baiser involontaire qu'il y a eu. Que ce soit lui ou moi, aucun n'a échappé à la teinte rouge sur les joues. L'instant des inquiétudes se présente mais tout est bon. Aucun de nous n'a été blessé. Heureusement son humour – un peu bizarre parfois – nous permet de moins ressentir le malaise.

- Oui. On peut dire que t'es mon sauveur sur ce coup. Ou mon héros.

Dans tous les cas, il a un peu sauvé la situation. Ou les apparences. Je ne sais pas trop comment le définir. Au final, on reprend la route. Ca nous permet de penser un peu à autre chose et de continuer notre discussion. Mon écoute se fait plus attentive lorsqu'il entame une question et...et qu'il ne la finit pas. Il hurle plutôt de peur avant de se cacher derrière moi. Je ne dis rien sur le moment, le regardant juste bouche-bée face à sa réaction. Autant être honnête, je n'ai absolument pas compris ce qu'il vient de se passer. Puis lorsqu'il se met à parler dans le vide, je regardant la même direction que lui afin de savoir à qui il s'adresse réellement. Un chat. Un simple félin qui semble provoquer une panique totale au vampire. C'est bien la première fois que je vois ce genre de scène. Mais en même temps, je ne peux pas me moquer. Tout le monde a une peur.

- Mais non. Il est calme, il est juste intrigué par ta réaction. Regarde, s'il était énervé ses oreilles ne seraient pas droites comme maintenant.

J'accepte néanmoins de nous éloigner encore un peu plus. Peu importe ce que je lui dirai, on ne se connaît pas assez pour qu'il ait suffisamment confiance en moi. Cette Naomi pourrait sans doute réussir à le rassurer et peut-être même à lui faire oublier sa phobie mais...pas moi. Je m'éloigne alors du chat avec Max.

- Au fait, tu voulais me demander quoi tout à l'heure ?

J'admets que sa question m'intrigue plus que sa phobie. Et puis de toute manière, je ne suis pas certaine qu'il ait vraiment envie de parler de sa crainte des chats.
 

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La taquinerie reste bien souvent notre meilleure alliée pour se sortir d'une situation embarrassante. C'est le cas ici. Un baiser effectué de façon très involontaire, un gros embarras et la raillerie qui nous aide à oublier cet instant de gêne. Max semble pourtant craindre ma réaction lorsqu'il me parle de héros. Celui-ci s'excuse même aussitôt. En plus il panique rapidement aussi. J'ai l'impression de me voir mais en version masculine. C'est à la fois drôle et bizarre.

- Pas vraiment. Le seul héros que j'aime bien en fait c'est Batman. Les autres c'est pas trop ma tasse de thé. Je les trouve trop clichés avec leurs pouvoirs infaillibles, le fait qu'ils ont plein de personnes à leurs pieds juste parce qu'ils sont forts, doués, etc.

Batman entre aussi dans les divers clichés des super-héros mais il a une différence avec les autres. Son identité héroïque est celle d'une chauve-souris. Ca fait presque une référence aux vampires des légendes. Ceux qui, comme Dracula, peuvent se métamorphoser en ce petit animal volant. À la seule différence que Batman ne suce pas le sang des gens, il est humain et ne se transforme en chauve-souris qu'au sens figuré. Bref, Max peut se rassurer, je ne suis pas du tout outrée par son avis sur les héros.

La suite est plus calme. Autant pour lui que pour moi. Du moins ça l'est jusqu'à la rencontre d'un chat. À partir de là, je découvre un vampire complètement apeuré face à une adorable boule de poils. Au lieu de me foutre de sa gueule – contrairement à ce que la plupart ferait – je lui explique simplement la différence entre un chat agressif et un chat qui est seulement intrigué. La bête aurait feulé, grogné, miaulé de façon bien explicite s'il avait vraiment voulu attaquer. D'ailleurs ceux-ci préfèrent même généralement éviter les confrontations dans la mesure du possible. Ils avertissent leur ennemi et si celui-ci insiste, ils attaquent. Ou ils prennent la fuite selon le caractère de l'animal. Tandis que celui qui nous fait face est juste curieux. Il ne montre aucun signe d'agressivité.

- S'il était agressif, ses oreilles seraient couchées. Et puis il feulerait aussi.

Nous nous remettons tout de même en route pour que Max puisse se détendre loin du chat.

- D'ailleurs on prend bien souvent leurs signes pour de l'agressivité pure et dure mais en fait, la plupart du temps c'est juste un moyen de défense pour eux. C'est comme nous quand on fait les fiers alors qu'au fond on flippe à mort. Ben eux, c'est un peu pareil. Ils ont peur alors ils se montrent hargneux.

Evidemment, certains le sont réellement mais ça, c'est la nature. Des humains sont plus hargneux que d'autres aussi. Et souvent sans raison d'ailleurs. Les chiens, c'est pareil. Toutes les races en fait. Puis je change finalement de sujet afin de savoir ce qu'il comptait me demander un peu plus tôt. Avant d'être interrompus par l'arrivée du matou, Max semblait avoir une question à me poser et ça m'a rendue curieuse.

- Ah...euh...

Comment dire... ? Est-que je devrais compté l'abus dans mes premiers baisers ? Malheureusement oui. Je me suis toujours dite que le premier baiser ne compte pas réellement tant que l'on n'est pas amoureux de la personne. Cependant lors d'un abus sexuel, ça compte même si l'on tente d'oublier. Et malheureusement ça reste dans les mauvais souvenirs, souvent les plus traumatisants. Du coup pour être resté marqué, oui mon premier baiser l'est. Il l'est même beaucoup trop.

- Euh...ben je suppose qu'on peut dire que oui, même si ce n'était pas voulu non plus. Enfin je me dis que tant qu'on n'est pas amoureux, ça ne compte pas. 'Fin ça reste marqué dans la mémoire mais ce n'est pas un vrai baiser.

Je ne sais pas si c'est très clair mais l'idée est là. Après quelques minutes de discussion, il est finalement temps de rentrer. Il a sûrement des devoirs à faire, j'en ai aussi et puis il vaut mieux rentrer avant le couvre-feu. L'heure du repas approche aussi. Je salue donc Max avec un sourire puis m'éloigne en direction des dortoirs. J'en profite pour faire un saut dans la chambre prendre quelques affaires puis pars me doucher. Après cela, je vaque un moment à mes occupations.
 

️️️ REIRA DE LIBRE GRAPH