Tête à claque puissance 1000 [Drake]

Mais quelle journée de merde, je vous jure. Déjà, hier matin j'ai trouvé cette bague bizarre, totalement en toc, avec une étoile au milieu. Plus ringard tu meurs, et ça m'a rappelé de super mauvais souvenirs, ce genre d'objets "cadeaux" sortis de nulle part. Du coup j'y ai pas touché sur le moment, j'ai pas confiance dans ce genre de trucs. Et j'aurais tellement, mais tellement dû me contenter de la laisser traîner là jusqu'à ce qu'elle pourrisse au soleil mais non, ce matin, j'ai eu la bonne, l'excellente même, idée de vouloir la jeter à la poubelle. Et dès que je l'ai prise dans ma main, j'ai eu cette sensation bizarre. Depuis, impossible de redevenir immatérielle, comme si j'étais redevenue humaine, genre vivante. J'aurais peut-être dû être contente, mais ça veut surtout dire que je peux mourir, maintenant. J'ai un peu (beaucoup) perdu l'habitude d'être mortelle. Et puis franchement... une bague qui ressuscite ? Ça n'existe pas, ce genre de choses. Je l'ai balancée.
En plus de ça, il semble y avoir une nouvelle mode à deux balles dans l'école, même si c'est passé depuis hier, ou tout le monde s'habille en mode froufrous et paillettes. Enfin non, pas tout le monde, il y a quand même un bon nombre d'élève qui a décidé que rester des gens normaux, c'était bien aussi, et qui ne s'est pas laissé influencer par cette mode idiote, mais c'était quand même bizarre. Probablement un truc à la con pour le premier avril, vu que ça a diminué en nombre aujourd'hui - ou peut-être que c'est juste parce que le week-end est fini donc retour à l'uniforme. Le premier avril... encore une pratique idiote.

Bref, à part ce détail, ça aurait pu être une journée morne et inutile parmi d'autres. Des gens froids, d'autres idiots, d'autres casse-pieds et quelques uns qui faisaient l'erreur d'essayer de m'adresser la parole, comme si le fait que je ne sois plus littéralement transparente m'empêchait de l'être socialement. Franchement, foutez-moi la paix si vous voulez pas avoir mon poing beaucoup plus matériel en pleine figure. Mais bon, ça aurait été... banal, normal, chiant, agréable en fait, s'il n'y avait pas eu un... truc sorti de nulle part.
En guise de truc, une boule explosive de cinquante centimètres qui s'éclate sur le mur du bâtiment principal et qui détruit les vitres, et une partie des briques. Panique, recherche du responsable, tout ça. Vous voulez que je vous dise qui est le responsable ? Facile, je l'ai sous les yeux. C'est une espèce de grosse bestiole à roulettes avec une tête à claques dégueulasse, trois poils bleus sur le haut du crâne, des yeux qui louchent et un air de jouet pour enfant attardé. Le genre de truc que j'ai juste envie de dégager de ma route, mais il fait un peu cinq mètres de haut.

A vrai dire, je l'aurais ignoré comme je le fais si bien avec tout si je n'avais pas eu cette sensation d'urgence hyper désagréable. un genre d'instinct sorti de nulle part qui me hurlait de cogner sur ce machin et de l'éloigner des gens déjà blessés par ses boules explosives. Facile à dire, il fait presque littéralement cinq fois ma taille, mais je n'arrive pas à tourner les talons. J'ai envie de frapper ce truc, en dehors de sa tête d'abruti. Pourquoi je veux protéger cette bande d'abrutis c'est un mystère, mais soit. protégeons-les.
Facile à dire, moins facile à faire, quand je n'ai pas d'arme, ni de pouvoir surpuissant.

- Tiens.

On m'a parlé ? Je me retourne pour voir un genre de... truc. On dirait une peluche refusée au casting, un machin avec des petites ailes roses et une tête de chiot attardé. Et cette foutue bague, dans sa bouche.

- Mets-ça et dit la première chose qui te vient à l'esprit.
- T'es quoi, toi ? C'est quoi ce délire ?
- Fais-moi confiance.

Bah bien sûr, faire confiance au pokémon raté du jour. Soupir. Plus jamais je vais fumer une clope dans ce parc, franchement. Je prends quand même la bague en fronçant les sourcils et je la passe à mon doigt. La première chose qui me vient à l'esprit ? Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Il y a pas un autre volontaire pour frapper ce machin ? Sérieusement...

Wow, wow, wow. Les choses s'enchaînent trop vite là. J'ai une gueule à affronter des monstres géants ? C'est con hein, mais dans la vie j'ai mieux à faire que de tabasser des têtes de con en écoutant les conseils d'une micro boule de poils moche. Mais bon ça, encore, je veux bien l'admettre, qu'on ait pu me choisir pour des raisons débiles.
Par contre.
Le type qui débarque en sautant de la fenêtre comme s'il se prenait pour un foutu super-héros, on en parle ? Il pouvait pas prendre l'escalier comme tout le monde ? En plus si c'est pour ramener lui aussi sa bestiole attardée et son bijou en toc, merci, je m'en serai passée. Et bordel, stupide monstre, arrête de balancer des choses sur les gens, ça me stresse. Ce me stresse un max. Il faut quej e trouve un moyen de les protéger... pourquoi je veux les protéger ?

- Jodie, dépêche-toi avant qu'il blesse quelqu'un.
- Qu'est-ce que ça peut me foutre ?

Je dis ça mais, en vrai, l'idée que cette chose blesse quelqu'un m'est étonnamment désagréable, comme si ça allait me briser le cœur. C'est incompréhensible cette histoire...

- I ship my fist with your face....

Ok j'ai sursauté. Ça va pas de gueuler comme ça ? il est dingue ou...
Euh... hein ?

- AND IT'S GOING TO BE CANON !

Est-ce qu'il vient de se transformer ? C'est quoi ce délire ? Je me retourne vers ma propre boule de poils pour lui jeter un regard glacial.

- C'est ça que tu veux dire par la première phrase qui me vient à l'esprit ?

Pour que j'aie une tenue ridicule comme ça et que je prenne des poses à deux balles ? Non merci ! Mais en même temps je suis tellement sur les nerfs que ça me ferait du bien de cogner sur quelque chose. Au pire je serai ridicule, au mieux personne ne me reconnaîtra pour me charrier là-dessus - et si quelqu'un le fait, eh bien j'ai toujours des poings. Alors... la première phrase qui me vient à l'esprit... Si c'est vraiment la phrase que j'ai en tête je connais une peluche qui va finir décapitée avant la fin de la journée. Mais soit...

- Let the storm rage on.

La suite ? Hm... je préfère ne pas en parler. Vraiment. Déjà, parce que passer sa main devant son visage en mode "regarde ma bague elle brille" avant de faire une danse gnan-gnan pour gamine, ça me donne l'impression d'être retournée en primaire et de regarder les filles de ma classe préparer la kermesse de l'école. Ensuite parce que bah... 1) j'ai perdu ma couleur et ma longueur de cheveux, 2) j'ai une jupe beaucoup trop courte et un décolleté beaucoup trop plongeant, 3) j'ai des petites ailes roses de fée à la con dans le dos, et 4....

- The cold never bothered me anyway.

Dites-moi que c'est fini. Dites-moi que c'est fini, pitié. Que je puisse expliquer à cette peluche à deux balles que me retrouver à moitié à poil dans la cour de l'école avec des ailes roses dans le dos ne fait pas partie de ce que j'appelle "une transformation utile". Au moins le gars à côté de moi, en plus d'avoir une punchline dix fois plus classe, a le mérite d'être couvert. De façon ridicule certes, mais il ne montre pas la quasi-totalité de son corps à tout ce qui passe, lui.

- Tu te fous de moi, peluche ? Pourquoi lui il a une catchphrase classe et des épées, et moi les répliques ridicules et la minijupe ? Et des ailes ? Sérieux ? J'ai l'air d'une fiotte de fée ?

Quel enfer, sérieux. Si ça dure trop longtemps, je profite de ma nouvelle humanité pour me jeter du toit. Enfin avant ça, j'étrangle la peluche. Elle doit d'ailleurs craindre pour sa vie parce qu'elle sautille à côté de moi comme si j'allais l'exploser d'un regard.

- J'y suis pour rien, moi. Et tu as une épée aussi, je te signale. Et des pouvoirs.

Eh bah, elle a changé de façon de parler la bestiole. Une épée, moi ? Où ça ? Si elle me dit qu'il faut encore balancer une phrase ridicule pour la faire apparaître, je vous jure que ma première action avec sera de lui couper sa ridicule petite queue. Mais avant que j'ai trop le temps de me poser la question, ma bague se (re)met à briller, et une longue épée apparaît dans ma main. Eh bah voilà, suffit de demander. Bon, elle a l'air en verre donc je suis sûre qu'elle se pète au premier choc, mais si je peux en invoquer à volonté ça aura bien un intérêt.

C'est moi, qu'il vient d'appeler "danseuse étoile" ? Il se prend pour qui, ce type ? C'est pas moi qui vient de prendre la pose avec des épées comme un putain d'action man. Je croise les bras en le toisant avec dédain.

- Tu peux parler. Il est où, le reste du boys band ?

Quand on hérite d'une tenue moulante avec cuissarde, étoiles et jolies décorations, on évite de se foutre de la gueule des autres. Et franchement, j'ai une gueule à me planquer pour laisser un mec prétentieux se battre à ma place ? ... Bon, peut-être, avec cette tenue débile, mais il est hors de question que je le laisse se défouler tout seul. Moi aussi, j'ai besoin de cogner sur des trucs - et s'il continue de me parler comme ça, je pense que le "truc" sera vite trouvé. Il fera moins le malin après un coup d'épée dans la gueule.

Parlant d'épée, je fais bouger celle-ci dans ma main pour en tester le poids. j'ai l'impression d'avoir fait ça toute ma vie. Elle a l'air équilibrée, pas trop difficile à manier, mais elle serait plus efficace à deux mains - la garde est de toute façon taillée pour. C'est alors que toutes ses informations se succèdent dans ma tête que je réalise que je ne suis pas censée savoir tout ça. J'ai l'impression que cette transformation m'a vissé un maître d'armes dans le crâne. Je hausse un sourcil. Bah, ça peut toujours être utile. L'autre s'est déjà jeté à pleine vitesse vers le monstre, esquivant au passage une boule de feu qui continue de filer dans ma direction. Un réflexe me pousse à placer mon épée sur la trajectoire, pour l'arrêter. Je sens la lame - plus solide que ce que je pensais finalement - s'enfoncer à travers la boule et la couper en deux avant qu'elle s'écroule sur le sol, inoffensive.
J'entends des gens courir derrière moi. Ah. Ça doit être pour ça que j'ai pas juste esquivé la boule. C'est bien gentil, mais du coup l'autre est déjà à côté de la bestiole alors que j'ai perdu du temps pour protéger deux clampins pas foutus de remarquer qu'il y a un monstre de cinq mètres de haut dans la cour. il est pas assez grand, ou quoi ? Avec un soupir excédé, je m'élance à mon tour pour rattraper Mr boys band. J'ai aucune envie de coopérer avec ce type, mais...

- T'es pas le seul à avoir envie de cogner sur ce truc.

Je serre les deux poings sur la garde de mon épée. Bon, le monstre attardé a fini par nous prêter attention, au moins il arrêtera de bousiller toute l'école. Il continue de sourire et de loucher comme un abruti, mais il y a une lumière blanche dans sa bouche. Ah, sa réserve de boules est limitée et il doit les refabriquer. Bon, ça a l'air de lui prendre trois secondes, mais trois secondes exploitables.
Et juste pour lui faire ravaler son "va te planquer, tu seras plus efficace", je suis déterminée à le foutre à terre, ce monstre.

Il est sérieux ce type ? Est-ce qu'il vient volontairement de rediriger une des attaques du monstre sur moi ? Mais quel... Quel connard. Franchement s'il n'y avait pas cette bestiole géante prête à faire exploser la moitié de l'école, je lui aurais collé mon épée en plein tronche. Mais on va faire les choses par étapes. D'abord, trancher cette boule comme la précédente histoire de la rendre totalement inoffensive et pouvoir approcher avant que le monstre débile en projette une autre et avant que le mec débile ne fasse quelque chose d'idiot, genre me casser les noix une fois de plus. À ce stade je sais pas lequel des deux m'énerve le plus. Ma patience a de toute façon volé en éclat entre la tenue ridicule, la danse et les répliques Disney, je pense qu'il n'en reste rien. Alors n'importe quoi pourrait me donner des envies de meurtre, là tout de suite.

J'approche juste assez vite pour le voir lancer son épée à l'aveugle dans la bouche de la bestiole – j'espère pour lui qu'il peut la récupérer, même si au fond qu'il se retrouve désarmé je m'en tape un peu. J'esquive la troisième attaque du monstre sans même y penser et je passe derrière l'autre idiot pour lui coller un coup de poing dans le dos, à peu près là où il a été touché.

- Renvoie-moi encore un truc à la gueule, et c'est mon épée qui finira dans la tienne.

Et si j'ajoute pas "connard", c'est juste parce que j'ai plus urgent à gérer, genre cinq mètres de stupidité. Fichés au sol, certes, par une épée ; mais vu sa taille, ça doit lui faire aussi mal qu'un cure-dent dans l'orteil – douloureux mais sans plus, le genre de chose qu'on chasse d'un mouvement de bras. Sauf qu'il n'a pas de bras, mais c'est encore autre chose. D'ailleurs il a bougé, c'est bien pour ça que je n'ai pas fini ma phrase. Enfin bougé est un bien grand mot, mais il a soulevé un pied pour faire un pas en avant. Un demi-pas, parce qu'il n'a pas l'air décidé à bouger son pied blessé pour l'instant.

Bouboule numéro quatre est quasiment matérialisée, sauf qu'elle est verte au lieu des rouges qu'il nous balançait jusque là dans la tronche, et mon instinct me dit que le changement de couleur n'apportera rien de bon. Pourquoi je sens venir le truc gluant façon slime ? Remarque ça reste mieux que de l'acide, parce que me faire dissoudre, c'est pas vraiment un projet d'avenir.

Je
vais
le
buter.
Ce petit con a... osé... Il vient de m'utiliser comme bouclier humain. Il vient de... Gnn... Je vais l'étriper. Pour la boule explosive qu'il m'a envoyé dans la tronche, pour ses commentaires, pour l'idée de se cacher derrière moi. C'est la dernière fois qu'il m’appelle "danseuse". J'essuie la substance sur mon visage et mon décolleté d'un geste rageur. J'en ai rien à battre de ce monstre abruti, franchement. Qu'il dégomme les gens et les bâtiments si ça lui chante. Je m'en tape. De toute façon soit je les connais pas, soit j'en ai rien à foutre de leur gueule, alors pourquoi je me prendrai la tête à les défendre ? Démerdez-vous, ça vous changera un peu, de pas être des boulets.
Quant à lui... je vais lui faire ravaler ses foutus sarcasmes.

- Tu vas me payer ça...

Je crois que je n'ai jamais serré les poings aussi fort de ma vie. Si j'avais pas cette épée, je me serais ouvert la paume, à ce stade. Parlant d'épée... Je la nettoie d'un mouvement sec du bras pour en éjecter ce slime vert dégueulasse, puis je donne un coup dans sa direction. Il me tourne le dos ? Qu'est-ce que j'en ai à faire ? Au pire il a des réflexes et il se retourne, au mieux il prend le coup de plein fouet et il douille. C'est le but, de base. Le faire saigner me ferait un bien fou, maintenant que j'y pense.
Et puis, soyons honnête... j'avais prévenue, non ? Que mon épée finirait dans sa gueule au prochain coup du genre.

- Je vais te buter.

J'ai l'habitude de faire ravaler leur fierté à des mecs plus impressionnants que cet abruti en collant, et j'ai trop les nerfs pour laisser passer ça. Quitte à le démembrer.
Je crois que j'entends vaguement la boule de poils moche qui essaye de parler. Qu'est-ce que je m'en tape. Si elle m'approche, je la dégage. Elle a qu'à le dégommer toute seule, son monstre. De toute façon, franchement, il est à peine dangereux ce truc, il est con comme ses pieds. N'importe quel blaireau peut s'en charger à ma place. À notre place.
Moi j'ai quelqu'un d'autre à réduire en cendres.

Je n'aurais jamais pensé détester autant le son de deux lames qui s'entrechoquent. Pourquoi fallait-il qu'il ait le réflexe de se retourner ? Honnêtement, ça fait peut-être de moi une garce intersidérale, mais j'aurais adoré le frapper directement. Dans le dos, peu importe. Il m'a utilisée comme bouclier humain, j'ai pas vraiment la foi de faire des états d'âme.
Mais bon, c'est une de ses épées qui a heurté la mienne.
Fais chier.
Je le déteste. Je hais ses stupides sarcasmes, son air prétentieux, et ses foutus réflexes.
Me laisser te coller un coup d'épée dans le dos, c'était trop demander ?

- Tss.

Serrer les dents et ne pas réagir. Bien sûr que je perds mon calme, comme si je pouvais le garder face à sa tête à claques. Surtout quand il persiste à m'appeler danseuse. De tous les surnoms qu'il aurait pu trouver...
Wow... D'où il la sort, cette lance ? Je vais lui faire bouffer, à la peluche, son histoire de transformation équitable. Même avec des nouveaux pouvoirs j'ai toujours moins bien que les autres.

- On va voir si tu sais danser, pour aller avec ta tenue.

Connard.
Recule.
Un réflexe ou un instinct plus qu'une réelle pensée, juste assez pour me mettre hors de portée de son coup. Merde. C'était pas prévu, ça. Les deux épées je les gère mais une lance...
Peu importe. J'ai encore assez de ce foutu slime sur moi pour que ça ne m'affecte longtemps. Lance ou pas lance, hors de question que je le laisse s'en tirer après ça. Il m'a trop tapé sur les nerfs.

- Jodie...
- Ta gueule, toi.

J'ai besoin de me concentrer, alors la peluche va la fermer cinq minutes. Hors de question qu'il se foute encore de moi. Mais je peux pas porter un coup maintenant... pas avec cette lance... Si j'avais un semblant d'arme équitable contre ça, au moins. Quelque chose qui me donne une portée suffisante...
Une tempête de neige, par exemple.
Je ne sais pas pourquoi c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit, par contre ce que je sais, c'est que ma main libre a soudain l'air nettement plus froide. J'ai l'impression d'avoir un mini-blizzard au creux du poing. Ah, c'était prévu ? Ça fait quoi, si je lui lance au visage, comme ça ?
À défaut de le blesser, ça devrait au moins faire diversion assez longtemps pour que j'échappe un peu au champ d'action de sa lance et que j'en retrouve un plus facile pour donner un coup d'épée.
Vise n'importe où. L'épaule, c'est bien, par exemple. Tant qu'il a de la brume dans les yeux...
Fourbe ? Peu importe.

- Alors quoi la danseuse ? Me dis pas que tu fatigues déjà ?

Difficile de ne pas réagir à ça. A vrai dire, si je n'avais pas été aussi occupée à esquiver ses attaques et à chercher un moyen d'arrêter de reculer, je pense que je l'aurais insulté. Encore. Je sais, je manque d'imagination quand je suis en colère. Mais j'ai eu mieux que ça : j'ai eu un vrai pouvoir. Pour autant qu'une minable poignée de neige puisse être un pouvoir, mais ça aurait au moins été utile.

Ma technique fourbe à souhait a visiblement fonctionné. J'ai réussi à l'aveugler l'espace d'un instant, vu qu'il n'a pas l'air de réagir à mon mouvement d'approche et à mon coup vers son épaule. Parfait. Même s'il bouge maintenant, je le toucherait quand même. Cette transformation aura eu un semblant d'utilité, en fin de compte, et la neige qui va avec aussi.
Un mouvement, dans les dernières secondes. Tentative d'esquive ? Pas très efficace, vu que je sens quand même de la résistance au bout de ma lame. Il semblerait que j'aie touché son bras au lieu de son épaule. Pas grave, il saigne. Je lui ai fait mal, ça détend. Ça fait même un bien fou.

C'est peut-être la satisfaction de l'avoir blessé, ou le fait qu'elle soit plutôt inédite dans ma vie, mais je n'ai pas vu le coup venir. Pas assez attentive.
Je ne sais pas par quel miracle j'ai réussi à garder l'équilibre. Il frappe fort, ce con ! Ça aussi, ça lui vient de ses pouvoirs de super-héros en collants, ou c'est naturel ? Tu parles de capacités équitables, il m'a fait reculer sur beaucoup trop de distance. De tous les connards de cette école, évidemment, il a fallu que je tombe sur celui qui a le meilleur crochet du droit. Putain, ça fait mal... Et je crois que je saigne.
Une minute...
Depuis quand je peux saigner, moi ?

Pas le moment. Vraiment pas le moment. J'essuie ma bouge d'un geste rageur. Rafermis la prise sur mon arme. Je vais lui faire regretter ce coup de poing. Je l'ai blessé au bras, ça devrait au moins le ralentir, non ?
J'ai mal.
Peu importe. Concentre-toi ou tu auras encore plus mal.
Il n'est pas assez blessé pour que je fonce sans réfléchir, même si ça me démange, ou pour que j'espère l'avoir sonné. J'ai l'ai tellement ridicule à côté de lui. Niveau force, arme, peut-être même pouvoir. Ça m'énerve encore plus. J'en ai marre de tous ces gens qui se pensent au-dessus des autres. Au dessus de moi. De ceux qui le sont vraiment.
Peut importe si je me prends le retour de bâton derrière, je veux lui faire mal. Je me précipite vers lui en visant là où je peux, tout ce qui peut sembler un endroit vulnérable. Parer ? Pas la peine. Esquiver ? Le minimum vitale.
Il n'y a pas assez de son sang sur ma lame.

Il a l'air beaucoup, beaucoup, beaucoup trop en forme pour quelqu'un qui s'est pris une épée dans le bras. Déjà, faire bouger son bras et sa lance comme ça, c'est la preuve que la blessure n'est pas assez profonde pour l'handicaper. Je n'ai pas tapé assez fort. Ça ne peut être que ça. Merde. Ça veut dire qu'il peut encore frapper sans soucis, et moi ça me fait un mal de chien, ce coup en pleine gueule. Le retour qui vaut pas le coup, quoi.

- Va falloir faire mieux que ça, reine des neiges. C'est pas une piqûre de moustique qui vont faire grand chose. Ramène-toi, on fait que commencer !

Comment il m'a appelée, là ? Ok, ok... Je crois, je crois juste, que je préfère danseuse. C'est insultant, mais ça me donne juste un peu moins envie de lui trancher la jugulaire. Là, je pense que le peu de patience qu'il me restait est parti loin, très très loin. J'ai même pas la force de répondre, tellement j'ai les nerfs. Les poings et les dents serrées. Et puis j'ai comme la sensation que j'aurais mal si j'essaye de parler.

Il m'a carrément jeté sa lance à la gueule. Un trop bon tir. Soit je l'évite, soit je me la prends, je suis même pas sûre de pouvoir bouger mon épée assez vite. Fait chier.
Je me décale autant que possible sur la droite mais, même comme ça, j'ai l'impression qu'elle passe trop près. Je ne sais pas comment j'ai eu ce réflexe, juste après. Du coin de l’œil, je l'ai vu approcher. Trop vite pour que je l'esquive, assez pour que je ne me prenne pas le coup en plein dans l'estomac mais juste sur le flanc.
Avec le mouvement de recul sous le coup du choc et de ma tentative d'esquive maladroite, j'ai juste eu le temps de voir mon épée partir en mouvement circulaire, une ligne droite au niveau de son torse. Ça a l'air d'avoir tracé un coupure dans ses vêtements, peut-être que ça l'a vraiment touché, j'en sais rien, je regarde pas assez pour m'en assurer. J'ai juste ma main libre appuyée sur ma hanche pour passer le contrecoup du choc.
Putain, ça fait mal. Quel c...

Plus il me frappe, plus je recule, plus je suis en position de faiblesse. Il faut que je retourne la situation. Si je frappe ses jambes, il courra moins vite. C'est là que je vise, du coup. Si je lui laisse tout le temps l'offensive, à part reculer et avoir mal, je ne ferai pas grand chose. Un coup d'épée direct dans la cuisse.
Avec un peu de chance, il ne l'évitera pas.
Avec beaucoup de chance, il n'en profitera pas pour me coller un coup au passage.
Ouais. C'est beau de rêver.