(HC) Sous le lit [Weiss]

//Réalité alternative//

Je peux sentir le parfum de son shampoing, de là où je suis. Je la garde doucement contre moi, espérant la réchauffer du mieux possible même s'il est certain qu'il faudra sécher ses cheveux à un moment ou un autre. Pourtant elle refuse la serviette que je lui propose, secouant doucement la tête. Est-ce que, comme moi, elle redoute la moindre seconde de séparation ? Peut-être que je pourrais lui sécher les cheveux moi-même...
Rien qu'à l'idée, je me sens rougir. Je sais qu'elle ne me voit pas et qu'elle ne me regarde pas, mais je regarde quand même ailleurs le temps de me sortir cette idée de la tête. Cela dit, ça ne m'aura empêchée de rougir que deux secondes, vu que sa question annule totalement l'effet de calme que j'avais réussi à m'imposer.

D'un côté la réponse est logique, non ? Je ne l'aurais pas embrassée si je n'avais pas eu, même inconsciemment, envie d'en arriver là. Contrairement à Melody et Nia, je sais faire la différence entre ce qu'on fait avec une amie, et le reste. Je caresse doucement son épaule à travers la couverture.

- Je... oui... enfin si tu es d'accord...

Peut-être qu'elle n'a pas envie d'être avec moi. Elle m'a tellement vue au plus bas, tellement de défauts... Je sais pas... c'était peut-être juste un moment d'égarement...
Mais si c'était ça, elle ne resterait pas dans mes bras, si ?

ft Weiss

//Réalité alternative//

D'accord, ou pas ? Je ne sais pas trop quoi penser. Ni de son frisson, ni de son hésitation. C'est elle qui m'a posé la question, c'est elle qui m'a embrassée mais... j'ai l'impression qu'elle doute. Qu'elle doute vraiment, qu'elle n'est elle-même pas vraiment d'accord avec les mots qu'elle vient de prononcer, la question qu'elle vient de me poser. Mon cœur se serre, entre l'inquiétude et un début de tristesse en filigrane à l'idée que ce ne soit qu'une illusion. Une erreur.

- Étrange ?

Deux pensées s'opposent brutalement dans ma tête. Ma façon d'être naturelle, ce besoin constant de ne pas être "normale", de ne pas ressembler aux autres, qui détruit totalement le sens de ce mot à mes yeux. Et l'autre, l'envie qu'elle reste avec moi, qui prend trop conscience que répondre "si, mais ce n'est pas grave", risquerait de la faire fuir plus qu'autre chose.

- Ce n'est pas étrange. C'est juste... juste nous... Enfin..

Comment dire ça ? Comment lui expliquer qu'être deux filles ne changeait rien à ce qu'on ressent ? Que personne ici n'y trouverait rien à redire ? Et que, s'ils essayaient, il auraient affaire à moi ?

- Fille ou garçon, tant qu'on ressent ça... ça n'a rien d'étrange...

"Qu'on ressent ça". Je n'ai pas encore les mots pour. Enfin si, mais je ne suis pas sûre de pouvoir les prononcer. Ni même les penser.

ft Weiss

//Réalité alternative//

Je me sens un peu nerveuse. Jamais je n'aurais pensé pouvoir aimer quelqu'un d'autre que Melody, et maintenant que c'est le cas, j'ai peur que la possibilité que ce soit "étrange" gâche ma chance. Notre chance. Quant à cette idée que ça puisse détruire notre amitié... Non. Non, je pense qu'on est assez intelligentes pour ne pas se blesser assez et tout détruire si ça ne marche pas... pas vrai ? Je reste silencieuse, dans l'attente, légèrement angoissée à l'idée que cette phrase soit le signe qu'elle préfère qu'on reste amies...

Ce silence est une torture. Je sais qu'elle réfléchis, qu'elle essaye de mettre de l'ordre dans ses pensées et ses sentiments, et je devrais sûrement faire pareil, mais je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'elle va dire, d'attendre ses mots comme on attend un verdict.
Et puis finalement...

Je resserre mes bras autour d'elle. Pose ma tête contre la sienne, sent ses cheveux mouillés contre ma joue. Je respire, enfin. Avec ce petit sourire au coin de mes lèvres qu'elle est la seule à pouvoir faire naître. Je veux qu'elle reste dans mes bras. J'ai le droit, non ?

- Alors essayons de rendre ça le plus merveilleux possible... Ma petite chevalière en armure.

Je ne pensais même pas être capable de parler avec un ton aussi doux. A croire que mes inquiétudes, en partant, ont laissé une porte ouverte...

ft Weiss