Sin Theatre


 
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Car la vie est sombre et pleine de terreur [Solo]

Elijah Desames
S |:| Licence 1
Elijah Desames
Elijah Desames
Elijah Desames
S |:| Licence 1
Sexe : Féminin
Identité de genre : Homme/Garçon
Apparitions : 225
Inscription le : 19/04/2019
Né(e) le : 12/03/2003
Age : 21
Taille / Poids : 1m60 / 48kg
Nationalité : Française
Situation amoureuse : Non, on n'est pas ENSEMBLE !
Couleur(s) de parole : #A4CD27
Péché(s) :
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Sam 20 Avr - 2:43
Rp Terminé
Rp Solo
16/04/2019
Car la vie est sombre et pleine de terreurs
« Il est des âmes dans ce monde qui n'ont pas les épaules pour tout affronter. »
A vrai dire, je ne sais pas à quoi m'attendre dans cette école. J'ai quitté la France, la Normandie et mon ancien lycée sans un regard en arrière, mais j'ai peur que cet endroit soit pareil. On m'a dit que j'allais partager ma chambre avec deux autres garçons ; c'est à la fois une bonne nouvelle et une source d'angoisse. Je ne sais pas du tout à quoi ressemble une chambre de mecs, et Julien n'a pas le chic pour me rassurer. La plupart des mecs dorment torse nu, il paraît, nu parfois même si je pense qu'ils n'iront pas jusque là dans un internat. C'est l'une des seules choses qu'il m'a dites avant que je parte, et ça me fait un peu stresser, j'avoue.

Enfin bon. Je suis là, avec ma valise et assez de vêtements pour tenir jusqu'à ce que ma famille arrive, cet été. La grille se trouve devant moi et j'attends, là, avec ma lettre d'acceptation, l'heure et la date de mon arrivée. On m'a dit que quelqu'un viendrait me récupérer, alors je ne bouge pas, en attendant qu'une personne finisse par se pointer au portail. Un œil à ma montre m'apprend que je suis arrivé en avance de la gare, je suis parti pour attendre cinq minutes. Je soupire, m'assois sur ma valise, le regard fixé sur le mur qui me sépare de ma future école. Pourquoi les murs sont si hauts, d'ailleurs ? Je sais que le programme Blue Bird est assez connu pour que son existence ait filtré jusqu'à la France, mais je ne sais pas grand chose de plus de cet endroit.
Enfin, ça ne pourra pas être pire que mon ancien lycée...

- Elijah ?

Je relève la tête, me redressant presque d'un bon pour me retrouver debout. J’époussette mon jean alors même que rien ne l'a touché, gêné de n'avoir pas été... je sais pas, irréprochable ? pour ma première impression.

- Ou... Oui.

La femme qui se tient de l'autre côté hoche la tête, puis elle glisse une clef dans la serrure et elle ouvre la grille, se décalant pour me laisser entrer. Avec une inspiration pleine d'appréhension, je fais un pas en avant, puis un deuxième, jusqu'à ce que je franchisse la barrière des hauts murs, que je pose vraiment le pied dans l'école où je passerai l'été, et les deux prochaines années.
J'ai une sensation bizarre qui remonte de mes orteils à ma gorge, me serre la poitrine un instant, mais il ne se passe rien. Qu'est-ce que c'était que ça ? Un mauvais pressentiment ? Non... je n'ai jamais vécu ça avant.

- Suis-moi. Nous avons des papiers à remplir, des documents à te donner, et il faut que tu récupères tes clefs.

Mes clefs ? Ah... Sûrement celles de ma chambre, j'imagine. Toujours un peu stressé, je la suis à travers la cour, la main serrée sur ma valise. Non, je ne suis pas "un peu stressé". J'ai... peur ? Quand je baisse les yeux vers mes doigts, je les vois trembler. Ça ne me ressemble pas. Enfin je sais ce que c'est d'avoir peur, oui, mais la nervosité ne m'a jamais fait un effet pareil et les palpitations, pour le coup, ça n'est pas dans mes habitudes. Je me fige au milieu de l'allée, retirant la main de mes bagages. Elle s'agite beaucoup trop, ce n'est pas normal je... je la serre dans l'autre en essayant de contenir la sensation de malaise qui me noue les entrailles. Pourquoi... J'ai... J'ai l'impression d'être en danger. Comme si quelque chose me menaçait, rôdait autour de moi.

- J'ai...

J'ai mal. J'ai peur. J'ai faim. Quoi ? Comment ça, f...

Ombres. Malaise. Angoisse.
Le paysage devant mes yeux semble se brouiller. Les bâtiments disparaissent. J'ai... l'impression d'être cerclé par de la fumée noire, enveloppé dans une boule de ténèbres. Quand je rouvre les yeux, il fait sombre. Plus que ça. Je ne vois rien, du tout, à part une uniformité d'ombre. Je plisse les yeux pour essayer de percer l'obscurité. Je vois une silhouette, mais je n'arrive pas à discerner de qui il s'agit. Des hanches en sablier. Une forme de poitrine. Une taille fine. De longs cheveux châtains. Des yeux verts finissent par trancher les ténèbres. Et mon cœur se serre. Mes mains qui tremblent, ma respiration qui se bloque. Je reconnais les traits de ce visage, mais ils sont déformés. Trop féminin, comme ce corps trop plantureux digne d'une femme adulte. Je vois le regard qu'elle pose sur moi. Les longs cils légèrement maquillés, les boucles d'oreilles en diamant, la tresse qui descend sur son épaule. Une nudité dérangeante dont je n'arrive pas à détacher le regard. Elle s'approche de moi. Elle fait la même taille que moi. Évidemment. Je sais qui c'est. Elle est celle que j'ai méprisée toute ma vie. Celle dont j'ai volé le nom et l'identité pendant des années parce qu'on ne m'a pas laissé le choix. Héloïse Desames.

Une sueur froide court le long de mon dos. Non. Non, je ne veux pas voir ça. Je ne veux pas savoir que c'est dans son corps que je vis, savoir que je ressemblerais à ça, un jour. Jamais. Plutôt mourir. Plutôt la noyer encore et toujours dans le sang. Je regarde ses bras. Ils sont blancs comme la nacre, sans les stries rouges qui parcourent les miens. Elle et moi. Nous n'avons jamais été la même personne. Elle tend sa main vers moi, et je vois la mienne s'y poser, superposer nos doigts. Non... Non c'est... autre chose. Chaque geste que je fais, elle le fait. À moins que ça ne soit l'inverse ? Un frisson d'angoisse remonte sur ma peau, me prend à la gorge. Je sens des larmes brûler dans mes yeux. J'ai... mal.

"Tu n'existes pas. Tu n'as jamais existé.

Elle ne répond pas. Elle ne parle pas, ses lèvres bougent juste en même temps que les miennes. Pris d'un doute, un doute terrible qui me ronge au plus profond de mon être, je baisse la tête. Elle la baisse en même temps que moi. Sous mes yeux, je vois les mêmes mèches longues qui tombent délicatement sur mes côtes, la même poitrine trop volumineuse, les mêmes hanches trop bien taillées en sablier pour être autre chose que des hanches de femme. La même nudité dérangeante, atroce sur moi, qui me donne subitement la nausée. Je m'effondre, elle aussi. Je frappe dans sa direction et des dizaines d'éclats de verre volent autour de moi. Un miroir, vraiment ? Une miroir si déformé, si...
Un miroir qui suit, beaucoup trop, l'évolution de mon corps.
Je cri en sentant un éclat se planter dans mon bras. Comme s'il déchirait un voile présent jusque là, la pâleur lisse de mes poignets révèle sa véritable nature, les coupures omniprésentes en travers de mes veines. Ma peau qui devient rapidement sanguinolente, comme si tout se rouvrait.

"Tu as peur ?"

Je suis terrorisé. Enfermé dans ce corps qui a refusé de m'obéir. Entouré de ce sang que j'ai fait couler pour faire payer à la nature son erreur impardonnable. C'est à ça que je ressemble, je le sais.
C'est ce que je serais, toute ma vie. Petit, maigrelet, engoncé dans des vêtements trop larges pour cacher l'excroissance au niveau de mon cœur qui refuse de cesser d'exister. Pour cacher ce vide entre mes cuisses, celui qui m'a forcé dès la naissance à vivre dans une peau qui n'est pas la mienne. À quoi bon, hein ? Pourquoi ne pas mourir directement ? Je ne veux pas voir ce que je vais devenir. Je ne veux pas le devenir. Je ne veux pas...
J'entends un rire dans l'ombre. Une spirale de fumée s'enroule autour de ma gorge.

"Tu t'habitueras au goût de la peur. Il est déjà tellement ancré dans ton âme..."

Tu as un talent indéniable pour briser des choses, détruire des vies. J'espère que ta famille ne t'en voudra pas trop, tu avais si bien caché ce petit secret, je suis désolé. Ça m'a échappé. C'était ma voix. Ma voix plus aiguë encore que la façon dont je l'entends. Une voix indéniablement féminine. Et des mots si emplis de haine qu'ils me donnent des frissons. J'avais voulu qu'elle ait mal, qu'elle ait peur.

"Oh oui, tu t'y habitueras..."

La fumée se colle à ma peau, comme si je l'aspirais. Non... comme si c'était moi qui la produisait. Recroquevillé au sol, je trouve finalement le courage de rouvrir les yeux. Plus de ténèbres, plus de sang, plus de corps de femme nu prostré au sol. Juste mot, recroquevillé, à genoux par terre et m'enserrant de mes bras. Moi, mon cœur battant la chamade sous l'effet de la terreur, mes membres tremblants comme jamais auparavant dans ma vie, ma bouche plus sèche qu'un désert aride et cette fumée, noire, flottant au-dessus de ma peau, comme pour me certifier que tout cela était réel.

"Tu n'as pas un peu... faim ?"

Si... J'ai une sensation de vide au creux de l'estomac, alors que j'ai mangé il y a moins d'une heure. Comme si je m'étais affamé depuis des jours. Je lève vers la femme chargé de m'accueillir un regard chargé d'ombres. Je ne le vois pas, mais je peux presque sentir que mon regard est noir comme de l'encre, couvert d'un voile d'ombres peu rassurantes. Et pourtant, c'est d'un ton calme qu'elle s'adresse à moi.

- Nous verrons ça, aussi. Ne t'en fais pas. Quoi que ce soit, tu apprendras à vivre avec.

Et je sens un rire au fond de mon âme. Un rire qui vient de moi, un rire qui n'est pas moi. J'ai l'impression qu'une porte s'est ouverte dans mon esprit, une porte vers des pensées sombres et des instincts qui n'étaient pas là il y a quelques minutes, quand j'attendais devant les grilles de cette école.
Je me lève en tremblant, m'appuyant sur ma valise de peur que mes jambes me lâchent. Marche, Elijah. Marche, oublie, et prie pour que ce ne soit qu'un cauchemar.

#A4CD27
Martel
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