ft Ever Inkraven / Sujet général le mercredi 31 octobre 2018
Le constat est assez rapide : celui des deux qui va poser problème est celui qui vient de remonter du sol en piqué, que même le terme "enragé" est trop faible pour décrire. Malgré ses dents serrées et son agacement, une ébauche de sourire s'invite au coin de ses lèvres. Tuer un dragon, ou un truc qui ressemble à un dragon, reste plus facile que de tuer un type à l'apparence humaine.
La chaleur reste étouffante, malgré tout. Presque instinctivement, elle ralentit sa respiration pour ne pas se retrouver à respirer de la fumée, mais les flammes qui semblent décidées à dévorer la tour risquent très vite de leur être fatales. Sans vraiment détacher longtemps son regard du camarade qui est encore en train de faire flamber le toit, elle tourne la tête une ou deux fois, très vite, finissant par remarquer que son voisin a ramassé son arme. Sauf qu'un flingue contre une bestiole à écailles n'aura pas grand intérêt.
» Va chercher de l'aide. Un prof, quelqu'un avec un pouvoir d'annulation, n'importe qui.
Quelqu'un qui pourra calmer la wyverne enragée ou, à défaut, qui pourra la tuer à leur place, s'ils n'y arrivent pas. Parce que quelque chose lui dit qu'il ne s'arrêtera pas à la cinglée qu'il a découpée, ni même à eux deux, et que la ville risque très vite d'être littéralement à feu et à sang. Elle n'a pas le temps de vérifier si le cas à côté d'elle a suivi son indication, cela dit, car, visiblement satisfait de son brasier, le dragon se jette sur elle. Ses chances d'esquiver une masse pareille sont faibles, pour ne pas dire inexistantes, et les flammes qui s'emparent des lieux les réduisent encore plus.
» Au moins si je meurs, ça durera pas longtemps...
Elle aligne son arbalète. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle touchera, en vérité. Avec un peu de chance, le carreau se fichera dans sa nuque, ou dans son œil, avec encore plus de chance il lui fera assez mal pour dévier la trajectoire. Mais la rage rend assez résistant à la douleur, il paraît. Quand il est assez prêt pour qu'elle soit sûre de le toucher, elle presse la détente. Puis elle ferme les yeux. S'il veut la tuer, qu'il le fasse. Elle sait qu'elle ne mourra pas pour de bon. Trop de victimes, trop de morts, trop de conséquences, pour qu'il n'y ait pas un moyen programmé de tous les ramener à la vie. Même si elle aurait préféré faire partie des survivants, question d'orgueil.
Caindell Madrevan
BS |:| Quatrième année
Caindell Madrevan
Caindell Madrevan
Sexe :
Identité de genre :
Apparitions : 154
Inscription le : 21/06/2018
Né(e) le : 16/06/2018
Age : 5
Taille / Poids : 1m77 / 65kg
Nationalité : Britannique
Situation amoureuse : Bébé mouton de Krystal
Couleur(s) de parole : #336699
Commentaire/citation : Ce monde est... compliqué.
Dim 12 Mai - 18:27
Drake Corvusia21 ans
Wyvern
Pieux
31/10/2018
Abandonnez toute espérance
Un bond en arrière, et son ennemi avait disparu Attrapé au vol, balancé au pied de la tour. Vu les cris qu'ils entendirent, probablement réduit en miettes. Le visage et la lame couverts de sang, Cain gardait la tête baissée vers le sol. Leur ennemi était mort. Leur ennemi était mort, mais Krystal n'était pas revenue. Elle ne reviendrait pas, pas vrai ? mais il n'avait plus personne à frapper. Pas assez de sang sur sa lame, pas assez de sang sur les mains. On lui avait volé sa vengeance. Evidemment. Evidemment que Drake n'allait pas la laisser partir et se faire découper par un autre alors qu'elle avait tué quelqu'un qui aimait. Mais Caindell se sentait vide. Il aurait voulu pouvoir la blesser davantage, pouvoir calmer lui aussi la pulsion de rage et la détresse qui s'assemblaient et se mêlaient dans son cœur.
Cette chose avait tué Krystal. Elle lui avait arraché l'une des seules personnes à qui il tenait, la seule qui avait pris soin de lui depuis le début, la femme qu'il aimait, ici, dans ce monde. Ça n'aurait jamais dû arriver. Il voulut essuyer le sang qui maculait sa joue et ne fit qu'en poser davantage sur son visage. Alors, s'il ne pouvait pas se venger, s'il ne pouvait pas exterminer le monstre qui avait fait tout ça, qui avait tué tous ses camarades, qui avait probablement aussi tué des dizaines de personnes en ville, il lui restait quoi ? Je suis un héros. Un héros qui n'avait sauvé personne. A quoi bon être un héros, alors ?
Il sentit la chaleur des flammes, n'y prêta même pas attention. Maintenant que la rage s'épuisait faute de cible, il ne lui restait qu'une atroce sensation de désespoir, d'inutilité. Il ne tourna la tête qu'en entendant le claquement d'une arbalète, vit qu'une des rares survivantes de cette soirée subissait une attaque. Alors Drake avait pété les plombs, lui. Devait-il s'en étonner ? Il avait toujours agi sous l'influence de la colère, et le besoin de vengeance n'avait sûrement pas fait désenfler la rage. Ils avaient tous les deux perdu quelqu'un d'important ce soir. Mais Drake s'était laissé envahir par l'appel du sang, celui qu'il avait arraché à Caindell en même temps que son ennemie. Le garçon baissa les yeux vers sa lame imbibée de sang. Les releva vers son ancien colocataire. La rage ne s'en irait pas avant qu'il ait exterminé tout le monde, il le voyait presque dans la tension qui pulsait sous les écailles. Et la rage ne laisserait que le désespoir.
Les doigts de Cain se resserrèrent autour de ses armes. Il n'avait plus rien à perdre. Ce monde n'était pas le sien, et la seule personne qui lui importait ici venait de mourir sous ses yeux. Peut-être que le sang le ferait se sentir mieux. Peut-être que sauver quelqu'un le ferait se sentir mieux. Peut-être qu'il allait mourir sur ce toit, à côté de celle qu'il aimait. Peut-être. Mais s'il mourait, il n'aurait plus mal. Raffermissant sa prise sur ses épées, il se précipita en avant. Il n'aurait peut-être pas le temps de sauver la fille à l'arbalète, mais il pouvait sauver les autres. Tous les autres, qui mourraient sinon dans les flammes, dans l'élan de rage qui avait remplacé la moindre parcelle de conscience humaine. Et il pouvait sauver Drake du poids du désespoir. Parce qu'il était un héros, non?
L'arme dans mes mains pesait lourd. Je savais comment m'en servir, en théorie, mais je ne m'attendais pas à un poids pareil. Et je ne suis pas du genre à blesser les gens... ou en tout cas pas comme ça. Le plus violent que j'ai été dans ma vie, ça a été de taper ma sœur ou des gamins ; la première l'avait cherché, les autres c'était parce que ma mère ne comprenait que ça. Une blessure potentiellement mortelle c'était... c'était au-dessus de mes forces. Même pour me protéger, même pour protéger quelqu'un d'autre. Et pourtant je tenais une arme à feu, je l'avais ramassée dans le but de tirer sur quelqu'un s'il s'en prenait à moi. Un dragon enragé, peut-être, mais il restait un de mes camarades de classe, et on en avait perdu tellement aujourd'hui... avais-je vraiment besoin d'en ajouter un à la liste ?
Alors oui, sans doute avais-je considéré cette demande d'appeler à l'aide comme une excuse appropriée pour ne pas avoir à tirer sur quelqu'un. Après tout, cette fille aux tentacules avait raison, non ? Un professeur ou quelqu'un avec un pouvoir approprié pourrait peut-être empêcher d'autres morts... J'avais quand même de la réticence à la laisser là, à les laisser là, elle et le gars aux épées. Même avec leurs armes, ils avaient peu de chance de survivre à cet affrontement et... ne serais-je pas responsable ? Parce que je ne vous avais pas sauvés, parce que je n'avais pas amené d'aide assez vite ? Je n'avais pas la moindre idée d'où trouver un prof, ni même de quels profs étaient venus avec nous. Je serrai l'arme dans mon poing. Elle ne me répéta pas d'aller chercher de l'aide, elle semblait s'être désintéressée totalement de moi. Je ne pouvais pas l'en blâmer, avec la situation. Les flammes et l'attaque dont elle semblait être la prochaine cible me rendaient moins prioritaire.
Mais elle avait raison. Avec une dernière hésitation, je finis par m'écarter d'elle, mettre un premier pied dans l'escalier sans lâcher mon arme. J'en aurais besoin si je me faisais agresser en ville, même s'il était hors de question que je tue qui que ce soit. J'entendis le claquement d'une arbalète et je dus résister de toutes mes forces à la tentation de me retourner pour voir si le carreau avait touché sa cible, si la situation s'était calmée. Résister pour descendre cet escalier jusqu'au pied de la tour, pour courir et rejoindre la ville. Je devais trouver un prof, n'importe qui, quelqu'un capable d'arrêter ce carnage, ou de le réparer. Dana pouvait ressusciter les morts, non ? Sûrement pas autant. Mais elle était sûrement mieux placée que les autres pour trouver une solution. Elles nous en voudrait, j'avais déjà vu sa réaction quand elle devait soigner quelqu'un mais... c'était la seule solution qui me venait à l'esprit, la seule pour laquelle j'étais sûre qu'elle n'était pas morte avec les autres.
J'ai mis le feu à la tour et aux bâtiments environnants. Massacré et mis en pièces la démone responsable de tout ça. J'aurais pu m'arrêter là. Mais non. Je suis toujours fou de rage, je veux encore tuer. Et ma prochaine cible est toute désignée.
Une gamine me tire dessus avec son arbalète, du haut de la tour. C'est risible. Elle espère faire quoi au juste, avec son jouet? Elle ne peut rien face à moi, c'est une certitude. Et je vais lui prouver.
Depuis les airs, je fonce droit sur la tour, droit sur la gamine. Elle ne bouge même pas, comme si elle s'était résignée. En fait, non. Elle se tient droit sur ses appuis, me visant avec son arme ridicule sans peur. Elle me plaît. C'est dommage pour elle. J'entend la claquement de l'arbalète, et je sens le carreau s'enfoncer dans mon thorax, m'arrachant un rugissement et me faisant chuter. Elle a bien visé la garce. Mais je vais lui apprendre.
Je m'écrase sur la tour, faisant monter la poussière. Cumulé à la fumée, c'est compliqué de voir quoi que ce soit. Mais je sais où est ma cible. J'attends 2 secondes, reprenant forme humaine, avant de me jeter sur la gamine. Je surgis devant elle, trop proche pour qu'elle puisse espérer s'échapper, et je l'attrape au visage, la soulevant de sol. Et sans attendre, je l'abats violemment au sol.
Il n'en faut pas plus pour entendre les os craquer. Si elle est morte, c'était direct. Si elle est encore en vie... Elle agonisera. Il reste 2 personnes sur cette tour. Dont un danger.
J'ai à peine le temps d'entendre le sifflement de la lame et de me retourner en levant un bras pour éviter de me faire décapiter. La lame rentre dans la chair, sans réussir à me trancher entièrement le membre grâce aux écailles. Ça fait mal, mais je réplique d'un crochet en dégageant mon bras et en prenant de la distance.
Madrevan... Je me souviens de lui. Je ne l'aime pas, mais je ne le déteste pas. Au moins je le respecte. Mais il m'énerve. Toujours noble, toujours courageux, prêt à voler au secours des autres. Un vrai petit héros quoi.
Allez Caindell. T'as plus rien à sauver, non? Alors ramène toi. Le gagnant est celui qui ne meurt pas.
Avec les flammes qui dévorent la tour, on dirait un paysage de fin du monde. Le dernier gars qui était avec eux a apparemment pris la fuite. C'est pas un problème. Je m'en occuperais après. D'abord... j'ai un héros à mettre en pièce. J'ai beau être blessé de partout, j'en ai encore assez pour lui.
Je m'élance avec un cri semblable à un rugissement, faisant apparaître un pieu. Je n'ai besoin que d'un coup pour lui, pas plus.
Et même s'il me touche, je l'emporterai avec moi.
Gau
Caindell Madrevan
BS |:| Quatrième année
Caindell Madrevan
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Commentaire/citation : Ce monde est... compliqué.
Mar 18 Juin - 0:31
Drake Corvusia21 ans
Wyvern
Pieux
31/10/2018
Abandonnez toute espérance
Il aurait dû y avoir du silence. Du néant. Plus rien du tout, même. Krystal était morte, tout le monde était mort, en fait, il n'avait pas pu sauver les autres. Alors pourquoi y avait-il encore du bruit ? Encore des morts ? La fille aux tentacules n'avait même pas crié, avant de mourir. C'était comme si une partie du silence avait décidé de se faire, mais pas l'autre. Il n'y avait pas assez de silence.
D'une main, Caindell essuya le sang qui avait maculé son visage, ne fit que le répandre davantage. Il laissa échapper un grognement désabusé. Le gagnant est celui qui ne meurt pas ? Il n'était pas sûr d'être d'accord avec cette phrase. Est-ce que s'il survivait, il gagnait au change ? Il devrait survivre dans un monde qu'il ne connaissait pas, en ayant perdu la seule chose qui lui importait, et sans Krystal. Un héros sans bataille à mener, qui n'avait pu sauver personne. Non, il gagnerait s'il mourait, bien plus que s'il survivait. Mais il devait sauver Drake, avant tout.
Il raffermit sa prise sur son épée. un combat à mort, alors ? C'était tout ce qu'il lui restait. Mais il n'avait pas droit à l'erreur. Drake était dans un état pire que lui, mais il savait se battre. Ç'aurait été une erreur de le sous-estimer. il leur suffisait d'un coup, chacun. Si Drake visait juste, Cain n'aurait pas de seconde chance. Il fallait qu'il atteigne un point faible. Un endroit déjà blessé. Ça ne serait pas bien compliqué.
Avant même que Drake arrive à son niveau, Caindell sur qu'il n'avait qu'une très petite fenêtre pour frapper. Et qu'il ne s'en sortirait pas. Tant mieux. Il fit un pas de côté pour ne pas se prendre le jeune homme de plein fouet mais son regard avait louché sur le pieu. Il ne l'esquiverait pas. Il ne pouvait pas faire un mouvement assez large pour éviter ça. Un quart de seconde pour se concentrer, et il s'arrangea pour que sa lame atteigne la blessure déjà ouverte dans son torse. Moins de résistance que s'il avait visé un endroit intact, moins de chances de le rater. Il enfonça son épée autant que possible, serra les dents en sentant le pieu le toucher et son sang s'échapper de la blessure. Non, aucun ne s'en sortirait. C'était mieux comme ça.
#336699 Ⓒ ️ Cain
Dernière édition par Caindell Madrevan le Dim 29 Déc - 3:54, édité 1 fois
Drake Corvusia
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Drake Corvusia
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Colère
Ven 21 Juin - 2:31
Abandonnez tout espérance
Avec la gamine poulpe de morte et l'autre qui s'est barré, il n'y a plus qu'une seule personne avec moi, Madrevan. Je sais qu'il est fort, qu'il sait sûrement ce qu'il fait. Ce n'est pas un ennemi à prendre à la légère. Mais bon... peu m'importe du résultat, au fond. Je cherche juste à satisfaire ma soif de sang, même si c'est le mien qui coule. En fait... ce sera sûrement mieux que je meure. Je ne veux pas vivre dans ce monde, plus maintenant. Mais je ne me laisserais pas faire. Si Madrevan pense être capable de s'en sortir... je vais lui faire regretter. Je fonce sur avec un rugissement, toutes griffes dehors. Je sais que ça sera rapide.
La douleur qui résonnait dans mon corps entier me rendait vulnérable. Moins rapide, moins efficace. C'est sans doute pour ça que l'épéiste réussit à me toucher de plein fouet. Ça fait moins mal que ce que je pensais. En fait, j'ai l'impression que c'est une épée de glace qui s'enfonce dans la poitrine. Le choc est violent et me fait cracher du sang, mais je ne m'écroule pas.
Avec la fureur comme seul moteur de mon corps, j'attrape à pleine main l'épée plantée mon torse, et la brise, libérant la lame de la poigne de Caindell. D'un coup de boule, je le fais reculer. Et avec un rugissement digne d'un dragon, j'attrape l'acier brisé pour à mon tour le planter dans le torse de mon adversaire. Personne ne me fera plier, et jamais je ne tomberai seul.
Avec un grognement je recule, ma main couvrant ma blessure. Malgré ça, le sang coulait abondamment, et je titubais. Je ne pense réussir à survivre à ça. Ce n'est jamais que ce que j'ai mérité, j'imagine. En tout cas... ce monde sans Leika n'a aucun sens.
Leika... où-est-elle? Elle était là, en haut de la tour... La fumée a gagnée les airs, si bien que je vois de moins en moins loin. Ou alors c'est ma vision qui se brouille... j'arrive de moins en moins bien à voir mon environnement, et malgré la chaleur des flammes, j'ai l'impression d'être glacé.
Où-est-elle... mes pas sont lourds, alors que j'appelle son nom. Et ce qui devait arriver arriva, mes jambes me lâchent et me font lourdement tomber par terre, couvrant le sol d'une flaque de sang qui grandissait au fur et à mesure. Je veux au moins la revoir une fois... avant de sombrer.
Je rampe avec le peu de force qu'il me reste, difficilement. C'est de pire en pire. Je ne ressens même plus le sol sous mon corps, alors que je me traîne. J'ai l'impression que je parcoure une distance inimaginable, alors qu'en vérité je n'ai pas fais 2 mètres... J'arrive à distinguer une silhouette, à la lisière de la fumée. Leika... c'est elle, ce doit être. Je veux parler, essayer de l'appeler, mais aucun son ne sort de ma gorge. Je n'arrive même plus à bouger à présent.
Je tends le bras, dans un dernier espoir d'atteindre le corps. Je ne sais même pas si c'est elle. Ça n'a plus d'importance maintenant. Plus rien n'en a. La seule chose que j'espère... c'est qu'elle soit heureuse, peu importe où elle est.
Mon bras retombe lourdement sur le sol, et mes yeux se voilent. C'est fini maintenant. C'est sûrement l'Enfer qui m'attend. La vie me quitte, au sommet de cette tour en feu, emportant avec moi tout mes regrets.
“Mourir, c'est être sur le point de renaître sous une autre forme.” [Eugène Cloutier]
Mercredi 31 octobre 2018
J'ai toujours été quelqu'un de qualifiée d'étrange. Je le sais et j'en joue. Néanmoins, il y a pas mal de choses que je supporte mal. Ce n'est pas parce que je ne le montre pas que j'aime ça. Le sang, les cris, les hurlements... Je ne suis vraiment pas fan. Enfin... Il y a des fois où on ne me demande pas mon avis. Comme là. J'étais censée... « CENSÉE » être une prof standard lors d'une sortie banale. C'était vraiment censée être une après-midi détente.
Et me voilà, quelques heures plus tard, en haut d'un bâtiment. J'observe la déchéance autour de moi, essayant de garder dans mon estomac mon repas. Les morts m'entourent et, en haut de la tour, j'observe de loin les hurlements qui me parviennent, parsemer de temps en temps par des bruits que j'ai du mal à identifier. Du métal qui s'entrechoque au loin. Depuis quelques heures, j'attends. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui se passe. Je sais que j'ai envie de sexe. De whisky. Non... j'en ai besoin. Mon estomac se serre et se comprime un peu plus. Depuis plusieurs longues heures, je fume. Je drogue mon corps qui ne veut pas assumer ce qu'il voit. J'ai tenté de réanimer des gens. Je l'ai fais. Mais réanimer deux personnes pour les voir s'entretuer une minute plus tard... Ça calme. Alors je fume. J'attends quelque chose. J'ignore quoi.
Mon regard est dirigé vers le ciel. Si je regarde le sol je vais voir ces élèves que je n'ai pas su protéger. Je ne l'ai pas vraiment fais non plus. J'aurais pu insister. J'aurais pu tenter. Mais non... Un nouveau joint allumé, j'entends une sorte de détonation. Je suis dans l'incapacité de savoir si elle vient de devant moi ou derrière. Et franchement ? Je m'en fous. Rien n'est important. Tout ce que je peux faire c'est regarder. Je n'ai pas assez de magie en moi pour réanimer tout le monde. Je le sais. Contrairement aux gamins, je connais mes limites. Et mes limites ne me permettent pas de réanimer l'équivalent d'une ville.
(Milo) - Dana ? (Dana) - Hum ? (Milo) - Ça s'est calmé. Ya un truc que tu dois voir. (Dana) - Hum hum.
Je ne parle pas. Je me relève, observant les corps morts qui parsèment les rues ensanglantées de Londres. Pourquoi nous fait-Il subir ça ? Je ne questionne pas mon frère. S'il me dit que je dois voir quelque chose, je le crois. Après tout... Ici il n'y a que deux immortels. Milo qui n'existe pas vraiment et moi. Je retourne dans le bâtiment, descendant les marches une par une, essayant de sentir ma drogue et non pas le fer environnant. Le sang qui chatouille mes narines. C'est une odeur que je ne peux pas oublier. Déjà parce que je réanime trop pour mon propre bien mais surtout parce que beaucoup d'années se sont passées lorsque mon meilleur copain buveur de sang traînait avec moi. Je réalise lentement un enfant avec nous. Cheveux bleus, yeux dorés. Connor ? Il est en vie ?
Mon regard alterne entre la chevelure rousse et la bleutée de mes accompagnants. Milo a écouté, trouvé Connor. J'ignore pourquoi. Je ne l'ai pas entendu. J'ai essayé mais je n'ai pas retenu. Ils me font grimper dans une tour. Je ne sais même pas qui je croise ou si juste je vais croiser quelqu'un. Milo a une idée. Alors que je fumais tranquillement, lui faisait le tour. Il a vu ce que je n'aurais supporter. Après tout, j'étais faible. Je le savais. Je ne m'étais pas exclue loin de tout par plaisir. Je sens une main sur mon épaule.
(Dana) - Quoi ? (Milo) - Tu devrais regarder.
Mon regard semblait mort. Lentement... J'ai d'abord vu le ciel rouge sang. Ensuite, j'ai daigné baisser le regard.
- - - - - -
Il n'y avait pas de bruits. Pas de sons spécifiques. Le vent qui apportait les odeurs de sang entremêlés, il semble, de douleur. C'était étrange. Milo observait chaque élève, devinant les morts. Empalé. Empalée. Écrasée. Tué d'une lame. Et un hurlement coupa ses pensées. Sa sœur hurlait. Les larmes, qu'elle avait gardé en elle tant d'heures, ruinait ses joues. Sa voix se brisait. Sa respiration n'était plus importante. Dana avait le regard qui vacillait entre ses élèves. Là où Milo cherchait à deviner les morts, elle voyait ses élèves. Ever. Maëlys. Niels. Leïka. Krystal. Drake. Caindell. Elle était leur professeur non ? Alors pourquoi cinq élèves de sa classe étaient là. Morts. Vidés de leur sang ou juste éteints ? Pourquoi ?!
Milo avait le cœur serré. Il n'aimait pas voir sa sœur dans cet état. Et elle... Elle hurlait. Son corps tomba, la laissant à genoux alors qu'il savait que parler ne servait à rien. Lorsqu'elle finit par se taire, Milo ouvrit les lèvres pour parler. Et les ferma en observant sa sœur. Elle... Elle n'était plus elle-même. Lentement, il la regarde se diriger, silencieuse, les larmes perlant sans s'arrêter, vers le premier corps qu'elle vit. Elle s'agenouilla, religieusement, observant les mèches collés par la sueur et le sang. Elle dégagea le front du bout de ses doigts. Son irlandais revint, la laissant murmurer des excuses. Qu'on la pardonne d'être faible. Qu'on lui pardonne d'avoir fuit le combat. Elle semblait prier par instant. Prier un dieu auquel croire était difficile. Elle ne réalisait pas que son corps s'élevait doucement. Lorsqu'elle réanimait, son corps luisait faiblement. Assez pour ne pas être normale... Aussi normale que quelqu'un qui réanime une autre personne. Là, elle était scintillante. Pour Milo, il lui sembla revoir sa sœur. Pas la Divizya. La O'Neill. Avec ses longs cheveux roux, son regard semblant aussi vert que possible avant de varier sur de l'or. Elle s'éleva de quelques mètres. Elle ne voyait rien. Ne sentait rien. Elle allait mourir non ? C'était bien comme ça. Qu'on prenne sa vie. Qu'on lui rende ses élèves. Une immortelle, seule, à qui on retirait ses élèves ? Non. Qu'on prenne sa vie contre celles de ses élèves. Autant les autres morts ne l'importaient pas. Autant ses élèves...
Son corps luit. Longuement. Intensément. Et autour d'elle, de petits halos de lumière semblent apparaître et envelopper les corps ambiants. Lentement, la lumière s'intensifie un peu plus alors que le visage de Dana se crispe sous une sorte de douleur silencieuse. Elle a l'impression de mourir en boucle. De donner ses vies pour qu'ils revivent. Elle souffre sans pouvoir l'exprimer, pleurant un peu plus. L'opération semble lente. Bien trop pour comparer avec ce qu'elle connaissait. Entre autre parce que cette fois, elle ne contrôle pas ses pouvoirs. Elle observe la multitude de rayons naissants. Tout ça de morts ? Elle ne veut pas les réanimer. Ou alors si mais qu'on lui retire sa malédiction avant. Et arrive un éclair. Il traverse sans son le corps de Dana qui se plie sur lui-même. D'elle, l'éclair se disperse sur une dizaine de corps aléatoire. Et un nouvel éclair la transperce. Et un autre. Encore et encore. Sous la lumière stroboscopique que cela produit, le corps de Dana tremble et, finit par résonner, bien plus fort que ce qu'elle imaginait, un nouveau cri.
Combien sont morts ? Combien vont revivre ? Ça va durer longtemps ? Est-ce que la douleur ne grandit pas ? Toutes ces questions tournent en boucle. Juste avant de se sentir tomber. Elle ne cherche même pas à se rattraper. Milo la rattrape de justesse et il n'a pas le temps de lui dire qu'elle a probablement réanimé tout le monde qu'elle entrouvre son regard pour sourire tristement et articuler quelques mots avant qu'elle ne sombre, épuisée.
« Dis... J'ai ... enfin... gagné... le droit... de mourir maintenant hein... ? »
Et Milo de répondre tout bas.
(Milo) - Un héros ne devrait jamais parler de mourir.
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Sam 11 Mai - 18:53
Gau
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