Si le silence pouvait parler [Ft Ashley Walsh]

Kaylee & Ashley

J’ai entendu dire que c’était normal d’avoir mal au crâne. Je grince un peu des dents. La douleur a du mal à passer. Un long soupir s’échappe de mes lèvres alors que je pose un main sur mes yeux. Apparemment, tous ceux présent à ce combat ont finit avec une putain de migraines voire plus en fonction des coups reçus. Moi ça va. Je ne suis pas dans les pires, au final j’ai pu esquiver la plupart  des coups. Par contre certains ont morflé… L’image de Lova me vient en tête alors que je repose mollement ma main sur le matelas. Le pire dans l’histoire, c’est que la plupart des coups qu’elle a subit venaient de moi… C’est pas possible d’être aussi stupide. C’est pas possible d’être aussi nulle. J’ai blessé Lova physiquement et psychologiquement. J’ai rompu mes promesses. J’ai vraiment tout gagné.

Putain…

Je tourne un peu sur mon lit. Techniquement de suis encore en observation mais les médecins me laissent circuler assez librement depuis hier. Je me remets vite grâce à mes bestioles et la lumière du soleil. Et puis, je fais partie des plus épargnée… C’est vraiment un carnage cette histoire. Je remercie déjà assez nos pouvoirs bizarres d’avoir absorbés une partie des blessures sinon, certains seraient sûrement mort. Comme… Ashley…
Je m’assois sur le lit en regardant la porte de ma chambre. Elle, elle a vraiment reçu de sales coups. La flambeuse aussi. L’archer de mon camp aussi. Mais eux je m’en fous un peu à la limite et puis sur les deux, y en a une qui a fait que se soigner avec les cupcake de Ruby. Mais Ashley… C’est en grande partie ma faute. Et la destruction de son objet est entièrement ma faute. Et puis je la connais. Je la déteste pas… Je l’aime bien même. C’est la meilleure amie de Lova, elle est importante pour elle… J’aurai dû la protéger elle aussi. Ça serait bien si j'arrivais à aller la voir cette fois. Je me suis déjà approché quelques fois de sa chambre sans réussir à passer la porte. A chaque fois j'ai fini par faire demi-tour.

Doucement, je finis par me lever pour rejoindre le couloir. D’un pas un peu lent, je cherche sa chambre et, quand je me retrouver devant, je pose ma main sur la poignée mais me fige. J’appréhende. Je sais pas quoi lui dire. Elle doit me détester… Elle a aucune raison de m’apprécier de base. On a pas vraiment de lien. Je suis juste la fiancée de sa meilleure amie. On a pas entretenu une amitié ou quoi. Je suis presque sûre qu’on a jamais parlé seule à seule. Et après ce qui s’est passé… Après ce que j’ai fais, elle doit me détester.
Combien de temps je suis restée immobile face à la porte, la main sur la poignée ? Ça va faire comme les autre fois alors ? J’arrive pas à la pousser. J’ai tellement honte de mon comportement… Je sais même pas ce que je pourrai lui dire. J’en viens presque à espérer que Lova soit déjà dans la pièce pour me cacher derrière elle et la laisser faire la conversation… Mais elle est encore alitée. Je suis allée la voir hier. J’ai pas pu parler. Elle m’a juste dit qu’elle était contente que je sois là et j’ai vraiment cru que j’allais m’effondrer sur place. Mais j’ai fais en sorte de le contenir. J’avais pas envie d’être comme ça. C’est moi la méchante dans l’histoire. C’est moi qui ait mal agit. Ce n’est pas à elle de ne consoler.

Enfin… Qu’est-ce que j’suis censée dire à Ashley alors que je n’ai même pas pu parler à ma fiancée ? Ma main se resserre sur la poignée. J’ai l’impression de forcer énormément pour la pousser et en même temps de retenir mon mouvement. C’est étrange… Je suis pas trop sûre de si je l’ouvre vraiment ou si ma main ne bouge pas réellement.
Mais finalement mon bras se fait emporter doucement par la porte. Elle s’ouvre pour me laisser voir Ashley sur son lit. Elle me… fixe. Et d’un coup je me sens vraiment bête. J’ose pas entrer. Je sais pas comment la saluer. Putain je stresse. Je stresse tellement que j’ai mal au cœur.  

La meilleure amie de Lova me regarde de façon assez normale en fait. Puis elle me salue en m’adressant un sourire. Heu… Je… Putain je sais pas quoi dire. Pourquoi je suis venue si je suis incapable de bouger, parler et réfléchir ? Mais maintenant qu’elle m’a vu, je peux pas vraiment m’enfuir. Et c’est pas mon genre en plus. Putain j’suis conne !
Doucement, je finis par oser faire un pas à l’intérieur de sa chambre avant de refermer derrière moi. Puis je m’adosse contre la porte. J’arrive pas à avancer plus. Comme si l’approcher pourrait la blesser. Le souvenirs des ténèbres qui émanent de moi est encore trop encré. J’ai peur de faire du mal sans le vouloir. J’ai peur qu’il y ait un restant qui se déchaîne d’un coup. J’ai la sensation que mon aura est encore toute noire. Et je veux pas imposer ça…

- Heum… Salut.

Je détourne un peu le regard. Je fais mine de le balader dans la pièce. Mais en vérité, je n’arrive juste pas à soutenir ses yeux. Pas alors que je me souviens du moindre détails de son air fatigué alors qu’elle s’abandonnait à mes ordres. Puis à la flèche. Juste repenser à son visage à ce moment là me serre le cœur. Comme si elle avait totalement laissé tomber et qu’elle savait bien que son objet serait détruit peu importe ce qu’il se passait. Et rien que de me dire que c’est à cause de moi me donne la nausée.

- Et… Du coup… ça va va ta migraine, toi ?

Putain c’est si nulle ! J’ai envie de m’enterrer. Pourquoi je suis venue ?

Kaylee & Ashley

Je sais pas quoi dire. Je sais pas quoi faire. Je sais même pas de quelle manière la regarder. Dès que je pose les yeux sur elle, la seule chose que j’arrive à voir c’est sa fatigue juste après que mon ordre l’ait forcé à s’asseoir. J’ai déjà du mal à regarder Lova, comment je suis censée gérer avec Ashley ? Je la connais mal, elle a aucune raison de pas m’en vouloir. Elle a même toutes les raisons du monde d’être en colère contre moi. J’arrive pas à comprendre son sourire. J’ai l’impression qu’il sonne faux et qu’elle me l’adresse seulement pour pas mettre le soucis sur la table. Elle doit être crevée, forcément qu’elle a pas envie de se prendre la tête. Putain j’arrive pas à croire que je fais partie des plus épargnée ! J’aurai presque préféré qu’elle ou Lova me frappe beaucoup plus fort. C’est pas normal qu’elles ait plus de séquelles que moi alors que j’étais la méchante…

- Oooh tu sais, c’est pas si différent des migraines que je me tape quand j’ai mes règles… Tu viens t’asseoir ?

J’entends un tapotement et relève la tête. Elle me désigne le siège à côté de son lit avec ce même sourire. Je détourne une seconde les yeux encore une fois avant de m’avancer doucement jusqu’à elle. J’aime pas m’approcher. J’ai encore l’impression que mon aura est sombre. J’arrive pas à savoir si c’est des résidus étranges ou seulement moi et mes pensées mais je veux pas la contaminer avec ça... C’est sûrement désagréable pour ceux qui m’entourent.

- Bon ben… Tant mieux alors si ça va.

Merde, je sais vraiment pas quoi dire. J’ai envie de m’excuser et en même temps je sais pas comment le formuler. Dès que j’essaye de former des phrases dans ma tête, j’ai l’impression que tout est noir. Et dès que j’essaye de parler, une boule se forme dans ma gorge et j’arrive pas à sortir un son.
Je finis par m’asseoir en levant les yeux vers elle. Puis je baisse la tête. Je sens une émotion qui monte et qui me fait mal. Mais je veux pas la laisser sortir. D’abord je dois faire les choses correctement. Du moins, essayer… J’ai jamais été la méchante à battre dans l’histoire. J’ai jamais fais intentionnellement du mal. Comment je suis censée gérer ce genre de situation si nouvelle et si déstabilisante ? D’une certaine manière, j’ai envie de dire que c’était pas mal. Au début, mon cerveau avait complètement vrillé. Mais après j’ai aucune excuse. Dès que j’ai compris que je n’étais pas face à des doubles et que c’était ma Lova et son amie que je combattais, j’aurai dû me comporter différemment. Je n’aurai pas dû les emprisonner dans mes ordres. J’aurai dû trouver une façon de les protéger.

Inconsciemment, je tripote mes doigts. Parfois j’enfonce mon ongle dans ma peau pour pas trop me perdre dans mes propres pensées. Je déglutis et lève une nouvelle fois les yeux vers elle. J’ai envie de parler, vraiment, mais j’arrive juste pas à articuler des excuses. J’ai tellement honte que je peux même pas mettre des mots sur ce que je voudrais exprimer. Alors je tourne la tête et aperçois la plante sur la table de chevet. Je l’observe un long moment, essayant de faire le vide. Puis une pensée me vient. Sa race est en lien avec les plantes, non ? Je crois que j’avais déjà entendu un truc du genre. Peut-être que…
Délicatement, je touche une feuille du bout de l’index. Je veux pas lui faire mal. Il paraît que les plantes sont capable de ressentir même nos intentions dès qu’on est à leur contact. Peut-être qu’elle ressent un peu tout ce qui me traverse sans que j’ai besoin de parler ? C’est parfois tellement plus simple de communiquer avec les animaux ou les plantes que les humains parfois… Pourquoi c’est toujours si compliquer de juste parler entre nous ?

- Il paraît qu’une plante ressent beaucoup plus de choses que nous parfois...

Doucement, je retire ma main, continuant de la regarder en évitant scrupuleusement les yeux d’Ashley. C’est peut-être un peu lâche, mais c’est plus simple pour moi de parler de cette plante. Un peu comme un moyen détourner de parler d’Ashley elle-même… Putain c’est nulle. Elle va sûrement pas comprendre. A part Lova, peu de gens ont compris ma logique bancale…

- Ma présence ne la dérange pas ?

Si je la gène, je m’en irai. J’en ai marre de causer du tord autour de moi. Et me voilà à même l’appliquer à un végétal alors qu’avant j’y faisais pas vraiment gaffe. Je suis vraiment si déprimée que ça ? Ça craints… Tu parles d’une bonne ambiance que j’arrive à mettre. Sérieux Kaylee, tu crains.

Kaylee & Ashley

J’arrive pas à comprendre comment elle fait pour sourire sans aucun soucis. Est-ce qu’elle fait semblant ? Est-ce qu’elle se force ? Et même si c’est pas le cas, je sais qu’elle ment pour sa migraine. C’est pas ça des douleurs de règles. Sauf si ses règles sont magiquement douloureuses pour elle mais je n’y crois pas trop… Moi, pour le moment, j’arrive pas trop à faire semblant d’aller bien. C’est bête… J’étais venue pour m’excuser à la base. Et voilà que je parle des plantes et change le sujet dès que je peux. C’est nul… Ashley n’est pas Lova. Elle ne lira pas mes excuses entre les lignes. Elle ne me connaît pas assez pour comprendre ma façon bizarre de communiquer… Il faudrait que je dise clairement les choses. « Je m’excuse Ashley ». C’est pas compliqué… C’est juste une phrase. Trois petits mots. Alors pourquoi dès que j’y pense, ils se coincent au fond de ma gorge pour la tordre si fort que je renonce à parler ? Pourquoi trois petits mots sont si difficiles à dire… ? J’en viens presque à espérer qu’elle me dise que je la gênes pour partir et ne plus être confrontée à cette situation délicates. C’est pas mon style… C’est vraiment pas ouf comme pensée…

- Tu ne nous déranges absolument pas Kaylee. Tu ne déranges personne.

Je… hein ? Surprise, je tourne la tête vers elle. Elle a bien dit… « nous » ? Est-ce qu’elle a compris ce que j’insinuais ? Est-ce que c’est la plante qui lui a dit ce que j’ai dans la tête ? C’est… télépathe une plante ? J’avoue que pendant un instant, je me retrouve totalement démunie face à elle. Je ne les dérange absolument pas. Je ne dérange personne. Alors que je la regarde, silencieuse, je sens l’émotion que j’essaye d’étouffer monter. Je sens mon nez qui me picote. Mes yeux aussi. Et je cligne un peu des yeux en les détournant alors que je souffle le plus discrètement possible pour essayer de me calmer et faire redescendre cette sensation.
Un contact sur mon épaule me fait tourner la tête. Et je vois sa main, posée contre mon vêtement. J’ai l’impression qu’une chaleur et une onde de bienveillance se diffuse à partir de sa paume.

- Meuf. T’y es pour rien. Personne ne t’en veut. T’as juste pas eu de chance parce que c’est tombé sur ton objet.

J’ai juste pas eu de chance. J’ai juste pas eu de chance… J’ai juste…
Comme une vague, l’émotion remonte d’un coup. Je sens les larmes commencer à chatouiller mes yeux et j’ai le réflexe presque immédiat de renvoyer ma tête vers l’arrière pour les empêcher de couler. J’inspire. J’expire. Je veux me calmer. Et pourtant, j’ai beau rabaisser doucement la tête pour contrôler encore cette émotion… le bord de mes yeux reste humide. Et une larme finit par s’échapper et je regarde un peu en biais.

- J’en ai marre… de pas avoir de chance.

Est-ce qu’il y a une sorte de malédiction qui me porte la poisse ? Avec tout ce qui se passe dans ma vie je commence à sérieusement me poser la question… Même sans compter Jormungand ou les Anges, j’ai déjà manqué de mourir noyée. Certains naissent avec une bonne étoile. D’autres ont peut-être juste des miettes. J’en sais rien… J’ai presque envie de trouver un coupable. D’imaginer une force mystérieuse qui m’en veut pour je ne sais quelle raison plutôt que de me dire que je subis pour rien.

Doucement, je repousse la larme du bout de l’index sans vraiment réussir à regarder Ashley. Je pleure pas d’habitude. Y a que Lova qui m’a réellement vu aller mal. Parfois mes potes mais c’est rare. Kay une fois. Mais Ashley… Je la connais pas vraiment. C’est étrange pour moi. Je me sens presque vulnérable.
J’ai besoin d’un peu de temps avant de réussir à me sortir de ce sentiment ou du moins pour trouver le courage de l’affronter. Pendant le temps où je regarde le sol, je pose tout de même ma main sur celle toujours sur mon épaule. Je ne veux pas qu’elle ait l’impression que je rejette le pas qu’elle a fait vers moi. Mais j’ai juste besoin de quelques secondes. Peut-être une minute.

- Écoute Ash… Même si tu m’dis que j’y suis pour rien… Je me suis mal comportée. Et j’ai eu des pensées… J’sais même pas distinguer si elles étaient à moi ou pas.

Il a des fois où ça se mêlait tellement à mon esprit, que tout semblait indissociable. Tout semblait venir de moi. Comme un instinct incontrôlable mais venant du plus profond de mon corps et de mon âme. Comme si c’était encré depuis toujours. Et je sais même pas… si c’était des pensées appartenant aux ténèbres ou si les ténèbres me les a fait ressortir. Comme si elle exposait au jour mes facettes les plus sombres. Et dans les deux cas… ça m’effraie. Parce que ça veut dire que mon esprit est assez faible pour que des pensées étrangères prennent la place ou bien que c’est juste… moi.

- J’suis désolée.

Kaylee & Ashley

Normalement, je sauve les gens. J’ai cet instinct naturel qui me pousse à aller au devant du danger pour protéger mes amis ou même des inconnus. Alors pourquoi je n’étais pas avec Lova ? Pourquoi mon instinct est devenu totalement opposé à celui que j’ai en temps normal. Ça me perturbe tellement que je ne sais même pas comment réagir. J’ai juste envie de me rouler dans un coin sombre et attendre. J’ai envie de rien faire. J’ai pas faim. J’ai juste envie qu’on m’oublie. Et en même temps je me sens une responsabilité envers Ashley que j’ai blessée. Envers Lova qui aura sûrement besoin de moi. Je sais que je suis son pilier. Je n’ai pas le droit de m’effondrer alors que j’ai bien vu son regard inquiet quand elle me regarde. Même si elle a dit qu’elle était contente que je sois près d’elle, je le lis dans ses yeux : elle a peur que je rechute et que l’obscurité me reprenne. Il faut que je sois forte… Il ne faut pas qu’elle s’inquiète. Mais maintenant que je ne suis pas avec elle, j’ai l’impression que toute l’émotion que j’empêche de s’exprimer remonte le long de ma gorge.

Une pression sur mon épaule me fait tourner les yeux vers la main d’Ashley. Elle l’a resserré, sûrement pour interpeller mon attention mais je n’arrive pas à relever les yeux vers elle. C’est bizarre pour moi de faire des excuses. J’ai une certaine fierté et c’est vrai que je le fais rarement. Et je me sens vulnérable. Alors je n’arrive pas à soutenir son regard.

- Dans ce cas… Je m’excuse aussi. De t’avoir balancé des tigres à la gueule.

C’est pas grave… Si tu l’avais pas fait, on serait peut-être encore parasités par les ténèbres. Je devrais plutôt te remercier…

- Sache une chose, je ne pense pas qu’on soit à plaindre. Enfin… S’ils ressentaient tous la même chose que moi en tout cas… On ne s’est pas simplement défendu. On avait envie de se battre. De détruire ton objet. Je voulais t’attaquer… Alors qu’en temps normal, je ne l’aurais pas fait. Et ce qui me permet de savoir que ce n’était pas réellement mes pensées, c’est qu’actuellement, là, tout de suite, je n’ai pas envie de t’attaquer.

Je l’écoute sans bouger ni répondre. Pas à plaindre… Pas simplement défendu… Ils voulaient m’attaquer et détruire mon objet… Non elle ne comprend pas. Ce n’est pas ça le problème. Je suis sûre qu’à la différence ils voulaient faire ça pour protéger tout le monde. Moi, dans mon cas, je voulais leur faire du mal gratuitement. Je voulais qu’ils souffre. Je voulais tout casser. Et tout ça pour aucune raison précise. Eux ils avaient un but… Celui de défendre les innocents et nous ramener à la normale. Donc ce n’est pas la même chose.

- Si ses pensées...

Elle ne comprend pas. Elle ne pourra jamais comprendre. Pourquoi je suis venue ici ? J’ai beaucoup trop de mal à penser… Je reste toujours autant immobile, engluée par des flashs.

-...étaient réellement les tiennes… Tu voudrais me détruire là. Non ?

Ma respiration commence à accélérer.



- Si c’était vraiment toi...

Je transpire de plus en plus. J’ai chaud.


-...tu ne t’excuserais pas.

Tu as peur ? Utilise cette peur. Transforme la en colère.

- Mais Kaylee… Si tu veux pleurer. Vas-y.

J’ai mal dans la poitrine.




Mon cœur bat à tout rompre.

Fais couler le sang. Tu en a déjà sur les mains de toute façon. Un peu plus, un peu moins, qu'est-ce que ça change ?

- Ça restera entre nous. Je te le promets.


- Je ne dirais pas à Lova que tu es venue me voir, ni pourquoi.


J’ai la nausée.  

Ce n’est pas grand-chose d’arracher la vie aux gens. Juste quelques cibles à abattre.

Je plaque soudainement mes mains sur mes oreilles en serrant les paupières alors que je me recroqueville. Je veux juste que la voix se taise !
Et c’est seulement quand j’essaye d’inspirer que je me rends compte comme ma respiration est une catastrophe. J’ai tellement chaud… J’ai l’impression de suffoquer. Je n’arrive plus à entendre Ashley. Comme si tout avait disparu autour de moi. Qu’est-ce qui m’arrive ? Je ne contrôle plus rien… Je revois juste les images en boucle. J’entends mes propres paroles encore et encore. Et plus tout se superposent, plus je comprends… J’ai déjà eu tellement peur au point de tuer pour survivre. J’ai déjà eu aucune hésitation à appuyer sur la gâchette. Ses pensées… Ses phrases que j’ai entendu… Elles sont de moi. Elles étaient de moi bien avant cette histoire de magical. Et ça me dégoûte. J’ai une bouffée de chaleur. Un haut le cœur. J’ai la sensation que mes poumons se compressent de plus en plus au point de tuer ma respiration.

Je veux que ça s’arrête ! Je suis où pour commencer ? Je…

Mon mal de crâne commence à se calmer petit à petit. Qu’est-ce que… ?

- 2+2 ?

La voix est claire. Posée. Et je ne sais pas pourquoi mais mon seul réflexe…

- 4...

J’ai l’impression que la migraine disparaît totalement et, doucement, je rouvre les yeux même si ma respiration et encore anarchique.

- Tu es en sécurité.

Il y a une fille devant moi. Avec les cheveux châtains. Elle ne sourit pas mais elle a l’air calme… Presque… sereine.

- Fais comme moi.

Elle inspire par le nez en levant doucement les bras. Puis elle expire par la bouche en abaissant les bras. Et, presque comme un mécanisme naturel, mon regard suis le mouvement de ses mains pour caler ma respiration dessus.

- Tu es venue voir Ashley ?

Ashley… Ashley… ? Je lève un regard un peu perdu vers la meilleure amie de Lova et mon esprit commence à se décrocher petit à petit des flashs pour se mettre à réfléchir. Je hoche la tête.

- Heu… oui...
- Vous avez un peu discuté ensemble ?
- Oui… Je… Je voulais m’excuser… Et elle a voulu me rassurer…

Mon cerveau essaye de refaire de l’ordre dans mes idées en listant les événements dans l’ordre.

- Et il y a eu les flashs...

Je resserre les paupières avec une inspiration tremblante.

- On est là. Même si les flashs reviennent, Ashley et moi sommes là. On restera autant de temps dont tu as besoin.

Même si les flashs reviennent… ? Je…

Je redresse doucement la tête vers elle alors que mes mains se décollent très lentement de mes tempes. Mes yeux papillonnent un peu. Je comprends pas tout… Et puis pour commencer…

- T’es qui ?