Back to the past {with Drake, Dana & Niels}

Ce n'était pas moi...

C'est la phrase que je n'ai cessé de me répéter depuis tant de jours, tant d'heures, tant de minutes. Et pourtant même si j'en ai bien conscience, je n'arrive pas à me pardonner, je n'arrive pas à pardonner. Je n'arrive pas à le supporter. C'est le fil du passé qui se noue de nouveau. Ou bien est-ce encore la sensation ineffaçable des liens sur mes poignets ? Ceux, que les hommes qui m'avait achetée pour une nuit, adulait dans leur jeu mesquin, tandis qu'impuissante, je subissais ce qui s'apparenterait à des violences conjugales. Sauf que je n'étais qu'un objet entre leur mains sans aucun ressenti, aucune affection, sur lequel ils pouvaient se défouler avec autant de hardeur, que de dégoût. Tout me ramène à cette époque que je souhaite oublier de toute mon âme...Je pensais avoir changée, je pensais m'être libérée de cette cage, de cette impression d'être la poupée de chiffon, la marionnette à qui on fait dire papa ou maman. Jusqu'à ce jour....ce fameux jour, qui aura autant marqué mon esprit, que mon corps...tandis que je jouissais des nouveaux plaisirs de me sentir exister ou un du moins un semblant en vie.

Je la sens encore, cette impression de ses doigts qui parcourent ma peau nue. La pression de son corps sur le mien, mon extase mensongère dans le moment le plus inavouable. J'entends encore ma voix qui avait gémit son nom, je sens encore la douleur avec laquelle il m'a prise...comme n'importe qui quand j'étais dans l'okiya. Et puis j'ai finis par réaliser l'ampleur de tout ce que ceci allait m'apporter : Le désarroi...l'envie de mourir, l'envie de prendre mes mains, les presser sur ma gorge et m'empêcher de respirer. Juste...partir...
Être libérée de cette souffrance éternelle...Avant que devant mes yeux comme une évidence, revient l'image de Drake, comme une punition.
C'est à cet instant que je me suis souvenue de ce que m'avait dit l'une des filles la maison close pour laquelle j'ai été forcée à travailler.

La tristesse est momentanée, la douleur est toujours éternelle. Souvent je me couche avec le désir, avec l'espoir, de ne plus me réveiller. Le jour renaît, mes yeux se rouvrent à la lumière, et mon âme à la douleur...

Aujourd'hui je suis devenue assez mature pour comprendre ce qu'elle a essayé de m'expliquer, me rendant compte trop tard que ses paroles n'étaient qu'un appel à la détresse, et qu'aujourd'hui...personne ne peut me délivrer, me sauver de cet enfer de tourments dans lequel je vis actuellement. Mes yeux sont vidés de toute joie naissante, enfermée dans la pénombre en espérant un peu plus chaque jour que ma faim incessante m'emporte...Je n'ai plus la notion du temps, j'ai juste envie que le mien s'arrête une bonne fois pour toutes, ou que les images de mon cerveau s'estompe, comme s'il ne s'était rien passé. Non rien...

Je me suis enfermée dans ma chambre, je n'ai ouvert à personne, et quand quelqu'un m'a posée la question, j'ai tout simplement répondu comme un automatisme que j'étais malade, que c'était sans doute contagieux pour que personne ne découvre mon état. Et ce n'était pas faux. J'ai vu des changements à l'intérieur de moi après cette fatalité. Ma vision s'est ternie, tout était gris, âpre, mes larmes avaient le goût de l'amertume, et l'ont toujours. J'ai été accablée par une forte fièvre, ce qui m'a permis de ne plus y penser l'espace de quelques journées. Et une faim dévorante s'est installée dans mon corps, une faim qu'aucune tablette de sang artificiel n'a pu rassasiée, me rendant dangereuse, me faisant faire des crises d'hystérie au poing de me griffer les bras jusqu'à me brûler chaque centimètres qu'il avait effleuré, m' arracher des cheveux, de me mordre moi même à ne plus rien en ressentir. La démence avait commencé à s'installer dans mon cerveau, j'avais brisé, broyé, déchirer tout les objets que j'avais eu à portée de main, rendant cette chambre, un lieu de vie cauchemardesque. Chaque caresses, j'ai essayé de les effacer que ça soit avec de l'eau traitée ou bien en frottant au point de me faire encore plus mal. Mais je n'y pouvais rien, je sentais encore ses attouchements perceptibles. Le miroir de la salle de bain ? Je l'avais brisé à m'en faire saigner pour en boire mon propre sang, ce qui ne m'a toujours pas satisfaite. Je hurlais à m'en briser les cordes vocales, que ça soit dans ma folie nouvelle, ou bien dans les moments où j'expirais ma peine à plein poumons.

Et je pleurais un seul prénom, avec ce mot "désolée" incessant
Juste parce que j'en avais besoin...même s'il ne soulageait rien...

Allongée dans le noir, recroquevillée sur moi même, sur ce qui restait de quelque chose communément appelé "lit", j’espérais encore que la faucheuse arrive, qu'elle frappe à ma porte et m'emporte avec elle. Je ne pourrais plus jamais me regarder en face, comme je ne pourrais jamais plus le regarder non plus...
Je l'ai trahi....J'ai trahie son amour, sa confiance...Il va me détester, doit me détester ...alors que j'avais enfin pris réalisation du bonheur que j'avais de l'avoir. De repérer enfin les sentiments que j'avais à son égard, d'avoir envie de les lui communiquer...

J'ai tout brisé...autant que Niels Äkning m'a brisée...  

La vérité c'est que je sais que je suis morte intérieurement. La démence à cause de la faim aura raison de moi, et on devra déplorer ma perte. J'ai tellement faim qu'en entendant quelqu'un toquer à la porte, mon instinct se réveille soudainement. Mais ce n'est pas tout, la personne venait de briser le verrou de la porte et de rentrer chez moi. Peu importe qui est-ce ! Je suis trop affamée pour m'occuper d'un quelconque détail. Tandis qu'il ouvre la porte de la chambre, mon regard écarlate se fait brillant, contemplant avec délices toutes les veines qui parcourent le corps de mon futur repas . Et puis sans attendre, tandis qu'il n'avait pas encore repéré ma présence, je lui saute dessus, crocs sortis, regard rubis écarlate, de la bave sortant de ma bouche à l'idée de vider ce gibier de tout son sang. Il n'y a plus rien d'humain chez moi, mon instinct a pris le dessus, voulant à tout prix se nourrir ! Des cris animal, alors que je luttais avec lui, avant de me retrouvée plaquée sur le sol, maitrisée, alors que je me débattais avec toute la force que je pouvais...

Dans cet état, je ne peux pas faire appel à mon pouvoir ! C'est bien trop risqué....je suis sous anémie, et ne consommer qu'une seule goutte de mon sang, risquait de tuer. Avec toute la rage possible, je continuais de tenter de prendre le dessus alors qu'il me parlait.

Leika, écoute-moi s'il te plaît! C'est moi, Drake!

Mes forces s'amenuisèrent alors que ce prénom résonnait dans mon âme comme pour essayer de me réveiller, et cela fonctionna mon regard rubis devint plus terne, et je ne me débattais plus. Drake....Ce prénom je l'ai déjà entendu quelque part ! Le pacte résonne en moi, le lien de sang...c'est encore ce contrat qui me permet de garder mon humanité...et loin de lui je l'avais complètement oublié...Qu'ais-je fait ? Je suis un monstre....un véritable monstre....j'ai failli m'attaquer à la personne la plus chère à mes yeux...Mon côté vampire est terrifiant....Je ne sais pas si un jour je serais capable de le contrôler...J'ai peur que la bête en moi me dévore à petit feu si le pacte n'est plus...Mon corps se met soudainement à trembler. Je suis toujours affamée, j'essaye de parler mais il n'y a que des sons désespérés qui sortent de mes lèvres. Des gémissements de douleur, alors que les larmes reviennent de nouveau couler sur mes joues griffées. Cela pique, me fait mal, mais ce n'est rien comparée à la douleur psychologique qui me traverse depuis une semaine...

Dr......a....ke.....

J'avais la sensation d'être à l'agonie. Obligée de lutter moi même contre mon instinct primaire. La faim me met tellement mal, que ça me dévore le ventre, me torture intérieurement, mais je ne peux rien y faire. Je me trouve ridicule à gémir ainsi comme une malade psychologique, à tenter de prononcer des mots sans même qu'ils ne veuillent l'être. Je suis si pitoyable, et pourtant je souffre tellement....que ça m'en donne envie de vomir. Quand je sens sa poigne se relâcher, je le pousse pour m'éloigner de lui, terrifiée, avant de vomir sur le sol des sucs gastriques, mélangés à du sang....puis je m'effondre à côté sur le sol, toujours aussi tremblante....

Je ne dois pas le regarder....Je ne peux pas le regarder....Si je le fais je vais commettre un irréparable...et je refuse de vivre avec un tel regret. Mon côté humain arrivait à contenir la créature démoniaque pour l'instant, mais qui dit que je pourrais la retenir indéfiniment....Tant que la faim est toujours présente, je reste trop dangereuse pour m'approcher de lui....Il faut qu'il s'en aille...Sinon je.....

Fa.....i....m.....si.........f....aim

Avec le peu de lettres que j'arrivais à articuler, je l'exhortais à rester à l'écart. Je n'ai jamais été dans cet état....jamais...ce qui doit lui faire comprendre que je suis actuellement néfaste pour sa santé.  

Je suis pitoyable, je suis dans un tel état que moi même je ne sais même plus ce que je ressens. La douleur physique, elle a quitté mon corps depuis trop longtemps....Je n'arrive même pas à sentir les brûlures sur ma peau, ou encore celle  de mon cuir chevelu. Si j'avais pu je me serais arrachée l'entièreté de la tête, mais je n'avais pas cette possibilité. Pas d'armes à portée pour pouvoir le faire. Et trop fébrile de mettre fin à mes jours. Je me grattais encore la tête là où il manquait une partie de ma tignasse, puis je me grattais encore et toujours les bras, comme un toc répétitif. Sauf que cette fois, Drake était là pour m'empêcher de me faire plus de mal. Il me prit dans ses bras, approcha mes lèvres de son cou. J'entendais sa voix comme un murmure, comme une rédemption. J'avais envie de pleurer...

Mais la faim prit le pas sur tout, si bien que je ne me fis pas prier et planta mes crocs sans lécher la partie de son coup pour l'anesthésier ! Je suis trop affamée pour prendre en compte ce détail qui me semble avoir peu d'importance en cet instant. Peu importe la douleur que j'allais causer, que j'avais causer ! J'ai besoin de boire....Et si Drake ne m'avait pas forcée à enlever mes crocs, je l'aurais vidé ! J'aurais vécu avec les regrets oui...mais j'aurais été rassasiée....
Quand je disais que j'étais un monstre....je ne mentais pas ! Je suis une vampire....je suis une bête assoiffée vouée à se détruire et à être détruite. C'est pour ça que j'ai refusé de m'attacher...pour ça que je ne savais pas quoi répondre aux sentiments de l'homme qui est à mes côtés en ce moment même.
Parce que j'ai peur....Oui je suis terrifiée à l'idée que mon instant primaire prenne ne dessus et m'oblige à ce qu'il m'achève.
Le pacte est là pour empêcher cela, mais si un jour Drake s'éloigne de nouveau....
Ma perte sera inéluctable....je le sais ! Il devra me tuer... Il n'aura pas le choix !

Pour l'heure ce moment n'es pas arrivé, et petit à petit ma conscience reprit le dessus, me faisant rappeler des choses que je préfère oublier de toute mon âme...Je ne peux pas le regarder, ça m'est impossible. je fais en sorte que les cheveux qu'ils me restent aide à cacher mon regard. Il me demande comment je me sens, si j'ai toujours faim...Si je peux réussir à parler....
Les mots se bloquent dans ma gorge....Qu'est-ce que je peux lui dire....

Je me mets à fondre en larmes de nouveau....ma voix brisée par les sanglots. Que faire de plus à part m'excuser ? Lui demander de me pardonner ? Je ne me pardonne déjà pas moi même de ce qui s'est passé...

Je.....Je suis.....Pardonne moi.....j'ai....ce n'était pas moi.....je ne voulais pas....

Quand je pris conscience dans l'état exsangue que je l'avais laissé ! Je me sentis encore plus mal...S'il reste avec moi je vais finir par le détruire aussi....je ne veux pas....Je ne peux pas lui infliger un tel châtiment...

Tu dois partir......Tu ne peux....pas rester à mes côtés....je ne vais que te faire souffrir....regarde....j'ai.....je ne sais même pas ce qui s'est passé moi même....je me souviens de sa peau....contre la mienne.....j'ai envie de me brûler tellement son toucher je le ressens encore.....je ne voulais pas......je n'ai jamais voulu....mais je ne comprends pas....ce n'était pas moi....j'étais une autre qui acceptait ce qu'il voulait faire de moi.....je.....je....

Et de nouveau je fondais en larmes, en ne cessant de répéter intensément ce simple mot : "Pardon"
Je ne mérite rien, pas sa tendresse, ni sa sollicitude à mon égard...  

Ça ne change rien
Tu es toujours mienne

Si seulement je pouvais me forcer à y croire...
Mais pas après ce que j'ai fais, car même si ce n'était pas moi, les actes sont là, les faits sont ici. Je ne veux plus y penser, pourtant je ne peux pas oublier comme si on me condamnait à avoir ce souvenir éternellement afin que j'en souffre inlassablement. Ma peau brulée me rappelle à quel point je me suis grattée pour en oublier la sensation de son toucher. Je ne vais pas bien. J'ai envie de disparaître, envie de hurler au monde entier ma peine, même si elle restera silencieuse et muette. Quoi que sans importance à leur yeux.

Mais lui...cet homme qui me prend dans ses bras, il est tout ce que j'ai de plus cher. Il est l'essence même de mon humanité, du pourquoi je tiens à rester encore en vie après tout ce que j'ai vécu. C'est parce que je ne pense qu'à son sourire que j'arrive encore à montrer le mien...même si le moment n'y est pas propice, je ne peux pas m'empêcher d'en esquisser un faible quand il m'a dit que je suis toujours sienne. Je suis vraiment stupide de sourire après ce qui s'est passé ! Je n'y ai pas le droit ! Je suis toujours coupable de ce que j'ai fait...même si je ne comprends pas quelle est la force qui s'est exercée sur mon esprit pour me faire coucher avec quelqu'un que je n'aime pas.

Aimer....
Ce mot qu'est-ce que c'est...je me souviens de l'avoir entendu quelque part, d'avoir essayer d'en comprendre la signification comme si c'était une évidence chez l'humaine qui est en moi...
C'est Drake qui m'a dit quelque chose de similaire...il m'a dit...qu'il m'aimait....mais qu'est-ce qu'est vraiment aimer...

Ha....c'est donc ça....Tout devient si limpide maintenant....
En vérité moi aussi j'ai aimé depuis le début pas vrai...?
Est-ce que ce n'est pas aussi la raison de mon mal être ? L'achèvement de ma souffrance ? Si aimer fait si mal...j'aimerais alors me broyer le coeur pour ne plus avoir à rien ressentir...comme cette poupée de chiffon que j'étais enfant, à satisfaire les hommes contre ma volonté. Je ne ressentais rien...j'étais si bien...je ne ressentais ni la faim qui me dévore le ventre inlassablement, ni même cette sensation de ne jamais être rassasiée, d'être toujours affamée...

Je veux mourir....
......
......

Mais les mots ne franchissent pas mes lèvres, mon désir qu'il mette fin à toute ma peine...Non à la place voilà que des images défilent devant mes yeux comme une rétrospective de ma vie. Je vois Halloween....ce sombre moment où j'ai compris que je n'étais pas toute puissante, ni immortelle...pourtant je l'ai crue, c'est ce qui me rendait forte...puis....il y a dans le Jardin des Cotonneuses....ce moment passé avec lui...après avoir compris que je pouvais le perdre à tout moment...je me sentais si bien....à ses côtés....je veux retrouver cela...je veux arrêter de souffrir....je veux pouvoir voir son sourire à chaque instant de ma vie....

C'est ce que je désire le plus au monde...et ce que j'ai toujours désiré...

Tu es une partie de moi, de mon âme
Toi aussi tu l'es à mes yeux...
Avec toi, ce monde peut avoir un sens
Avec toi "mon monde" peut avoir un sens....
Mais si tu n'es pas là, alors plus rien ne mérite d'exister
Je préfère même n'avoir jamais pu avoir cette possibilité
Tu es la femme que j'aime
Aimer....?

Je ne veux pas être juste ton amie, une partie de toi par le pacte moi aussi
Alors qu'est-ce que je souhaite...?

Il m'interromps alors du flot de mes pensées multiples, car ce qui m'y réveille c'est de sentir que son étreinte faiblit, comme s'il était sur le point de m'abandonner de nouveau...La peur me serre de nouveau les entrailles...Non je ne veux pas qu'il s'en aille....je ne veux plus rester seule dans cette chambre à me morfondre et à me blesser constamment...Je ne veux pas qu'il m'abandonne...
Il m'a dit qu'il va revenir....ça va aller ?
Et si c'était un mensonge....?
Papa m'a dit la même chose après tout....

Je ne veux pas qu'il me considère jetable comme mes parents maintenant que j'ai été un jouet utilisé par un autre enfant...
Je ne veux pas....
Mon corps tremble doucement....me faisant réaliser que j'ai besoin de lui plus que de quiconque. C'est pourquoi mes mains brûlées, griffées, mordues, meurtries serre la chemise de son uniforme comme si ça suffisait à le retenir....

Ne m'abandonne....pas.....je....

Je sèche mes larmes pour essayer de me calmer, de retrouver le sens de la parole, car j'ai besoin de lui parler, de lui exprimer ce qui me dévore depuis des mois...
Depuis que je l'ai rencontré...

Si tu m'abandonnes....je n'ai plus aucune raison de vivre...je n'en ai plus la force...tu m'as dis qu'avec moi ton monde avait un sens....le mien peut en avoir un si tu là...mais si tu pars....si tu me laisses comme ma famille...alors ce monde peut courir à sa perte, cela ne me fait ni chaud....ni froid....

Je tente de calmer aussi les sanglots dans ma gorge, mais cette tâche est plus ardue....  

Tu as compris ce que je veux dire ? Mon monde ne mérite pas d'être encore debout si Drake Corvusia n'est pas à mes côtés....ce que je veux te dire c'est que....aujourd'hui je le réalise....je l'ai même réalisé depuis longtemps mais je me mentais à moi même...Celui qui fait battre mon coeur c'est toi....Quand tu m'as dis que tu m'aimais....je ne savais pas comment réagir....j'avais peur de m'attacher et d'être abandonnée de nouveau....mais....tu es toujours là....et pourtant cela ne m'empêche pas de t'aimer...

Ne le lui laissant pas la possibilité d'exprimer le moindre son, je scelle bien plus qu'un pacte entre nous, j'apporte un constat de la force de notre amour dans ce simple et seul baiser que je laisse sur ses lèvres en cet instant.
Voilà....je lui ai enfin dévoilé mes sentiments....
Et maintenant ? Que va t-il se passer ? Cela ne change pas que j'ai toujours l'impression, la désagréable perception de l'avoir trahi....

Je mets fin à ce baiser....
Je me sens toute drôle...comme si ce dernier avait posé un peu de baume sur mon cœur meurtri...

Je t'attendrais....parce que tu es celui que mon âme a choisi...

L'euphorie qui me transporte est comme un rêve...
Éveillé, immobile, et pourtant si éphémère.  

Ce baiser est un nouveau pacte entre nous, il est l'essence même, l'incarnation de notre amour, et pourtant même si ses lèvres sont douces, agréables, sucrées comme un miel d'été, mon coeur n'arrive pas à se réjouir.
Car celui qui a gouté aux miennes avant lui est celui qui m'a fait devenir ce que je suis en cet instant.

Un monstre...
Une bête de foire
Une poupée de chiffon dans le but d'assouvir une vengeance.
Mes larmes ne peuvent s'empêcher de couler, donnant alors un goût salé, amer à cette embrassade. Lorsque que nos lèvres se séparent, un terrible manque envahit ma poitrine, comme si j'avais encore besoin de nouveau de l'embrasser pour me sentir bien...

J'aimerais de nouveau être heureuse, mais cela ne m'a jamais été permis, pas même depuis mon enfance. Je suis un monstre assoiffé de sang, un vampire dont la faim n'est jamais rassasié.
Si Drake n'avait pas été là...qu'est-ce que je serais devenu ?
Serais-je une tueuse de sang froid à détruire tout ce que je touche tout comme Hanashuiro celle que j'étais ? Et si ça arrive un jour...je ne veux pas qu'il en subisse les pots cassés. Pourtant je n'arrive pas à lui faire comprendre qu'il ne doit ni m'aimer, ni m'approcher, ni s'attacher à moi...

Il est bien trop tard pour ça ! Et la haine s'est mêlée à la douleur.

Tandis que je bois ses paroles comme si je buvais le plus merveilleux des poisons, j’acquiesce doucement, ne voulant plus dire quoi que ce soit, n'arrivant pas à faire taire les rougeurs de mes joues après tout ce que je lui ai avoué, tout ce que j'avais sur le coeur. Et c'est alors que fébrilement mais délicatement, je relâche la poigne sur sa chemise, avant de m'écarter de ses bras, les yeux baissés, cachés par les cheveux encore présents sur ma tête...

Tout est de ma faute...
Si Drake est blessé à cause de moi, je ne pourrais jamais m'en remettre...
J'attrape le coussin que j'avais jeté par désespoir avant de le serrer contre ma poitrine.
Il m'a fait une promesse...Il m'a dit que je suis sienne, je dois y croire, je veux y croire...
Il m'a dit qu'il allait revenir....

Je dois y croire...

Dans un dernier regard, je lui fais comprendre que je le laisse s'en aller même si cela me fait mal de rester de nouveau seule dans cette chambre brisée, détruite à cause de la monstruosité que je suis. Lorsque j'entends alors la porte en mauvais état se claquer, mon corps s'alourdit, me faisant tomber recroquevillée sur moi même. Le sol est dur, peu agréable, mais ce n'est qu'une simple affliction comparé aux tourments que j'ai vécu durant cette semaine. Je serre dans une étreinte forte, presque animale, le pauvre oreiller que je tiens entre mes bras frêles, brpulés. Puis je me laisse de nouveau aller aux larmes, en espérant peut être que celles ci, soulagerait quelque peu ma peine ?

Drake est partie, me laissant de nouveau seule dans ce froid sombre, dans cette immensité ténébreuse.
Mais je n'ai plus faim, j'ai terriblement sommeil...
Il faut croire que les insomnies ne réussissent pas au corps humain faible que je possède.
L'anxiété de celui ci non plus.

A force de pleurer, j'en suis fatiguée, que je sens les bras de Morphée venir me cajoler et me dire

"Tu as été brave, repose toi maintenant"

J'ai eu le courage de lui dire mes sentiments, même si je pense encore que ce n'était pas une bonne idée...pas après ce que je suis devenue, pas dans cette situation...mais j'ai peur de le perdre, j'avais peur qu'il s'éloigne....je devais lui dire ce pourquoi mon coeur saigne depuis des jours.
Ce qui me rongeait jusqu'à l'intérieur des entrailles.

J'attends qu'il respecte sa promesse
Faute de quoi....je n'aurais plus qu'à me laisser mourir...une bonne fois pour toutes.