Un don bénéfique [pv : Weiss]

Début Mai.
La fin des cours sonnait et le jeune homme se hâta de sortir. Il voulait rattraper Edelweiss avant de devoir se rendre au club de musique. Et il distingua rapidement sa partenaire parmi tous les élèves qui étaient impatients de pouvoir trouver le soleil. Il marcha à sa hauteur pour ne pas attirer son attention par un geste et lui demanda :

_Edelweiss, tu as dix minutes ? J’aimerais te donner quelque chose.

Léandre désigna du menton les fenêtres pour lui faire comprendre qu’il aimerait un endroit calme. De toute façon, qu’il voulait parler ou offrir quoique se soit, il n’aimait pas faire ce genre de chose dans les couloirs. Il aimait le calme et avoir son intimité.

Léandre acquiesça et ouvrit la marche vers la cours, un petit coin ombré par la façade du bâtiment qui n’était occupé par personne.

_Je ne sais pas si tu en as entendu parler, mais j’ai appris que les personnes qui étaient liés avaient, pour la plupart, un « catalyseur » avec eux. Apparemment cela aurait l’avantage d’être à 30% de nos capacités. Je n’en voyais pas l’utilité autrefois, mais avec ce qui s’est passé le mois dernier, il serait plus sage de pouvoir utiliser nos pouvoirs communs. Surtout que nous ne sommes pas siamois.

Le jeune homme ouvrit son sac et en sortit une petite boite bleu marine qu’il tendit à l’adolescente. Bien que Léandre n’y montrait aucun attachement, n’ayant pas emballé la boite, il avait tout de même choisit le bijou avec soin. Il n’allait tout de même pas offrir une horreur à Edelweiss, ni même quelque chose qui serait gênant, lourd, qui ne correspondrait ni à ses gouts ni à son physique. Il savait bien qu’il n’était pas le mieux placé en matière de mode mais il espérait tout de même que ça lui ferait plaisir.

_J’ai pris ça pour toi. Mais on peut toujours le changer si tu n’aimes pas.

Le bijou :

Léandre était plutôt rassuré en voyant que l’objet plaisait sincèrement à sa partenaire et que ce n’était pas un sourire de façade. Même Juwelen semblait apprécier. Il fallait dire que Léandre avait choisit celui-ci plutôt qu’un autre par l’oiseau gravé.

Léandre tendit la main pour prendre l’objet qui était maintenant la propriété de la demoiselle et l’ouvrit. Les aiguilles ne fonctionnaient pas, c’était fait exprès, elle n’aurait pas besoin de lire l’heure avec ce qu’il comptait faire.

_Pour le catalyseur, il faut quelque chose qui vienne de moi. Un cheveu, un ongle, ce genre de chose. Je pense que le plus efficace serait mon ADN directement et donc mon sang.

Sans crier gare, le jeune homme se piqua avec les aiguilles du cadran et laissa son sang glisser à l’intérieur de l’objet. Il ne cilla aucunement et pressa même sur les parois du cadrant pour que le sang coule d’avantage. Il comptait remplir l’objet comme une fiole, pour être certain que la demoiselle bénéficierait des 30%, et peut-être plus avec de la chance.

_C’est un peu glauque, j’en suis désolé. Je ne te demanderais pas ça, un cheveu devrait suffire.

Lorsque la montre fut remplie, Edelweiss prit la main de Léandre avec une douceur dont il n’était pas habitué. Même Serah semblait être une brute de décoffrage à coté de l’allemande, mais cela avait avec l’histoire, ils étaient comme frère et sœur, la finlandaise ne se montrait maternelle avec lui que lorsqu’il en avait besoin.
Puis, toujours avec cette même douceur qui le perturbait légèrement, Edelweiss fit disparaitre sa coupure.
Avant qu’il n’ait le temps de répliquer, la demoiselle se piqua à son tour. Elle aussi pouvait être bornée, il ne fallait pas se mentir.

_ Où est ton catalyseur ?

Léandre ferma la montre fermement et l’enroula autour de son poigner. Il fallait qu’il « casse » le bouton qui permettait l’ouverture pour éviter les accidents mais ne voulait pas le faire alors que sa partenaire attendait, le doigt en sang.
Il sortit de sa poche une petite fiole, aussi petite que son auriculaire, et agrippa de sa main libre la main d’Edelweiss pour recueillir son sang.

_Tu n’étais pas obligé. Je ne suis même pas certain que ça fonctionne. Les personnes liées sont rares alors je ne suis pas allé les voir pour savoir si ce que j’avais entendu était vrai.

La fiole se remplis aussitôt, en vu de sa taille. Léandre la referma et caressa l’infime plaie de l’allemande de son pouce comme si ça pouvait faire disparaitre la coupure. Mais bon, des deux, c’était elle la guérisseuse.

Catalyseur de Léandre:

Léandre acquiesça, le visage toujours sans émotion sur ses traits. Edelweiss avait quelque chose de changé, sans qu’il ne comprenne vraiment quoi. A moins que ça ne soit lui qui ait changé ? Il se rendait bien compte que l’allemande avait doucement baissé la barrière qu’il avait autour de son cœur. Évidemment, son passé empêchait qu’elle y entre mais son avancé le terrifiait de moins en moins. Mais il ne savait pas lui-même ce qu’il ressentait mais savait qu’il aimerait être là pour elle et peut-être devenir son ami.

Le jeune homme reporta son attention sur le bijou d’Edelweiss et bidouilla avec rapidité et facilité le clic de la montre à gousset. Il en avait déjà démonté et remonté une lui-même alors il connaissait bien la mécanique de ces petites choses.

_Voilà, il ne s’ouvrira pas.

L’adolescent tendit le bijou pour le rendre à sa propriétaire, mais réfléchit un instant avant de dire :

_Attend, ne bouge pas. Toi non plus Juwelen.

Léandre se mit derrière la demoiselle et lui passa le bijou autour du coup en évitant de toucher l’oiseau. Edelweiss aurait pu le faire elle-même évidemment, mais c’était certainement plus compliqué avec un ami ailé sur l’épaule, au moins, il pourrait voir si ça lui allait bien. Il se remit devant elle, sa main sur son menton, méditant.

_Il n’est pas trop grand ? Je peux enlever des maillons si tu veux.

Léandre acquiesça et s’avança de nouveau vers la demoiselle, cette fois il resta devant elle, ne se laissant pas intimider par la proximité qu’il venait de réduire entre eux, pour détacher son collier. Une fois en main, il recula de deux pas pour retrouver un confort social adéquat.

_Je vais le faire maintenant, j’ai du temps avant le cours de musique. Je te le donnerais demain.

Puis, le jeune homme commença à s’en aller, rangeant le bijou dans sa poche. Mais finit par s’arrêter au bout de deux pas avant de se retourner vers sa partenaire, n’affichant toujours aucun sourire mais sa voix semblait plus douce qu’à l’accoutumé :

_Ou si tu veux, tu viens avec moi, ça ne durera pas longtemps.

Alors, un sourire moqueur se dessina sur son visage d’un blanc énigmatique :

_De toute façon, c’est moi le professeur, le cours ne peut pas commencer sans ma présence.

Léandre garda encore un instant son sourire par la phrase de sa partenaire, avant d’ouvrir la marche. Ils arrivèrent rapidement à la chambre du jeune homme. Ce dernier hésita un moment d’ouvrir la porte, se demandant si Daniel était là, lui qui aimait bien faire des siestes. Mais personne. Parfait. Il était surement en vadrouille.

_Entre, je t’en prie.

La chambre était simple, Daniel était moyennement organisé dans son rangement. Surtout à coté de Léandre où tout était rangé et au carré sur son bureau. Son coin de chambre semblait minimaliste. Mais il n’aimait pas qu’on fouille ou regarde ses affaires alors il en montrait le moins possible, même si Daniel s’en fichait royalement.
Léandre posa son sac de cours au pied de son bureau et ouvrit un tiroir pour y sortir une pince de bricolage et s’asseoir sur la chaine de son bureau. Instinctivement, il desserra sa cravate et déboutonna les premiers boutons de sa chemise, se mettant à l’aise dans son uniforme scolaire qu’il aurait aimé retirer. Il regarda la demoiselle et lui désigna son lit soigneusement mit au petit matin :

_Tu peux t’asseoir, ça sera rapide, ne t’en fais pas.

Comme dis, Léandre fut rapide et avait retiré deux maillons à la chaine. Son travail était net et précis. Il se leva pour faire les quelques pas afin de rejoindre Edelweiss sur son lit et lui tendit le bijou, la laissant l’agripper.

_Je te laisse l’essayer, je vais me changer rapidement. Je n’aime vraiment pas l’uniforme de l’école.

Puis, il se redressa et alla ouvrir son placard où il piocha rapidement une chemise, un veston et un pantalon avant de commencer à se rendre vers la salle d’eau. Mais, comme tantôt, il revint sur ses pas, allant vers son bureau, il sortit un paquet de friandises écrit en finnois et le posa à coté de Weiss.

_Vous pouvez en prendre. Je fais vite, promis.

Et il fila finalement vers la salle d’eau de sa chambre, se changeant le plus vite possible. Malgré les couches de vêtement qu’il avait, Léandre avait toujours été rapide à se changer, par habitude.

En sortant, il plia rapidement son uniforme avant de le poser au pied de son lit, demandant au passage :

_Encore deux maillons ou ça ira ?