Est-ce que toi aussi, tu vas finir par me détester ?
Avec
Krystal Hamilton
C'est fou comme Krys ne se venait jamais quand je lui faisais de petites piques. Je savais très bien que beaucoup seraient montés sur leurs grands chevaux à peine aurais-je fait une telle chose. Un peu comme si je les avais blessés dans leur ego. Pourtant, n'était-ce pas ce qu'ils faisaient également ?
Ne parlerais-tu donc pas de toi ?
J'ignorais la voix chiante qui ne cessait de m'en faire, justement, et fit part de ce que je pensais pour le moment du luxe. Ce à quoi elle me répondit par un de ces sourires joueurs qui me donnaient envie de connaître les pensées de mon interlocuteur. Interlocutrice ici qui me demanda à quoi pouvait donc servir l'argent si ce n'était de le dépenser. Je réfléchis réellement à la question avant de répondre en regardant le ciel dénué de nuage mais sans étoile :
-Le donner à ceux qui en ont besoin. Je ne dis pas faire une bonne action même si ça y ressemble, parce que, au fond, acheter à outrance ne fait pas le bonheur. Ça fait juste perdre de vue l'essentiel.
“L'argent ne fait pas le bonheur, mais y contribue”. Cette phrase était vraie à mes yeux, même si je n'étais pas tout à fait sûr de savoir ce qu'était cet essentiel. En tous les cas, avoir de l'argent, même si je ne pouvais pas prétendre être riche, ne m'avait pas aidée à être heureuse.
-D'une certaine façon, tu le dépense puisque tu ne l'as plus après.
Je l'écoutais me répondre, ou non, sans rien dire de plus. Sans doute n'aurions-nous jamais la même vision des choses concernant l'argent. Je ne voulais pas être une personne matérielle et superficielle. Je trouvais ça un peu péjoratif. Enfin, un peu… ce n'était même pas le dixième de ce que je pensais. Puis, de toute façon, elle me fit part que nous devions rentrer à l'académie pour ne pas louper le couvre-feu. Je n'aimais pas qu'on me dicte si je devais rentrer ou non. J'avais tellement aimé la liberté que je m'étais offerte que j'étais totalement désabusée qu'on m'oblige à respecter des horaires où autres qui soient rythmés par des horaires.
Néanmoins, je finis par me lever sans faire part de mes pensées, ma frustration ou mes soupirs. Je lui souris seulement en entamant la marche vers ce lieu que je n'avais jamais réellement aimé. Pas vraiment pas amusement de ce qu'elle avait dit, le fait de soudoyer n'étant pas quelque chose que j’acceptais. Peut-être par tendresse, mais je ne cherchai pas à comprendre les raisons de cette émotion. Si je venais à le faire, j'étais sûr de ne plus pouvoir faire attention à mon amie dont j'appréciais la présence. Peut-être même plus que toute les autres. Pourquoi était-elle si spéciale ? C'était…. étrange.
À l'académie, je me remis un peu sur la réserve. Je ne sus pas trop la raison. Peut-être parce que je savais que j'allais sans doute devoir la laisser partir, tel le soleil qui se couchait pour laisser place à la nuit. Si nous n'étions pas rentrées, alors je l'aurai encore eu pour moi au moins quelques heures. Mais cela aurait été égoïste et je l'étais déjà bien trop à mon goût. Tout comme je possédais plein d'autres défauts. Je n'avais rien à envier, après tout. Du coup, je lui demandai l'air neutre :
-Tu compte faire quoi ?
Et moi, qu'allais-je faire ? Sans doute manger un peu avant de retourner dans la chambre. Travailler un peu ou me reposer ? Aucune idée. Selon ce que je voulais.
Situation amoureuse : Bergère. Quoi ? Il y a des moutons partout chez moi
Couleur(s) de parole : #FFCC00
Péché(s) :
Orgueil
Avarice
Luxure
Commentaire/citation : « Au fait, sache que je suis riche ! »
Mar 25 Déc - 3:40
Est-ce que toi aussi, tu vas finir par me détester ?Donner de l'argent à ceux qui en ont besoin. Une pensée typique. Enfin, je ne peux pas lui en vouloir, son état d'esprit ressemble à la majorité de celui des gens que j'ai pu rencontrer. Personnes auxquelles je réponds toujours de la même façon et ma colocataire ne ferra pas exception. J'affiche mon petit air mystérieux habituel, un sourire volontairement indéchiffrable accroché aux lèvres après quoi je ferme tranquillement les yeux pour passer ma main dans mes cheveux et remettre une mèche derrière mon oreille. Par contre j'ai bien envie de répondre à la fin de sa phrase par une petite plaisanterie.
- "Dépenser à outrance fait perdre de vu l'essentiel". Effectivement, si l'essentiel est l'argent, plus on le dépense, plus on le perd de vu! Même si me concernant j'ai toujours mon essentiel sous les yeux.
Je me mets à rire. Cette petite me donne tellement de matière à la taquiner, c'est incroyable! Mais visiblement ce soir, elle a décidé de ne pas prendre la mouche. Dommage. Sa tête boudeuse et agacée est plutôt adorable. Je me demande si je ne peux pas la titiller encore un peu.
- Et oui, je suis superficielle, j'assume totalement. De toute façon, tout ce qui compte aux yeux des gens c'est la surface. Ce qu'ils voient de nous. Simplement parce que tout le monde juge tout le monde. Et je suis sûre que tu a fais pareil me concernant. Tu dois me voir comme une petite peste, gosse de riche et matérielle, je me trompe? lançai-je avec mon petit sourire mutin et mon regard joueur mais je l'arrête d'un geste de main avant qu'elle ne puisse parler, Non ne réponds pas, je sais déjà ce que tu vas dire. Maintenant tu m'aimes bien parce que ton regard sur moi à changé, je connais la musique.
Ça marche souvent comme ça. J'ai l'habitude. De toute façon, j'avoue que je fais exprès de montrer ce que je veux qu'on voit quand je le décide. Que voulez-vous, ça m'amuse ce petit jeu de rôle. Mais je connais ma p'tite crevette, elle risque de vouloir répliquer. Quand on commence à l'apprivoiser, on se rend compte du débit de parole qu'elle peut avoir. Si elle est tout le temps silencieuse et coupe court aux conversations d'habitude, en réalité c'est une pipelette. Un véritable moulin à paroles! Je lui prends donc la main pour la tirer avec moi, prétextant qu'elle ne marche pas assez vite.
Il nous fallut peu de temps pour atteindre les grilles de l'école puis notre chambre. Plantées devant la porte, ma colocataire finit par me demander ce que je compte faire, le visage sans aucune émotion apparente. Oh... Toi tu veux que je reste avec toi toute seule encore un peu! Inutile de me le cacher, notre conversation par texto suivie de cette soirée me permet de tirer cette conclusion et je suis presque sûre de sa véracité. Mais je ne vais pas accéder à sa requête, je lui ai déjà accorder beaucoup de temps et j'ai quelques petites choses à faire.
- Je vais aller draguer des 4ème années!
Je suis en couple. Évidement que je plaisante! D'ailleurs je lui lance un clin d’œil mutin ainsi qu'un sourire légèrement exagéré pour lui faire comprendre ma blague. Mais j'aime bien ne pas dire ce que je fais. Et puis de toute façon ça ne la concerne pas. Cela dit, ses études me concernent. Alors je pose mon index sur son front en prenant une mine plus sévère sans pour autant perdre la légèreté dans ma voix.
- Et toi vas bosser! Je ne t'ai pas vu ouvrir tes livres d'exo une seule fois depuis le début d'année. Et pas de protestation possible, les facilités ne font pas tout. Aller, hop hop hop!
Je reste là à la surveiller en croisant les bras jusqu'à ce qu'elle soit rentrée bien sagement dans notre chambre. Bon. Et moi je vais aller me balader un peu dans l'établissement. J'ai un livre à chopper à la bibliothèque, des appels à passer et un petit tour à faire dans les airs.
***
Je flotte doucement, couchée sur le dos, les mains derrière la tête et le visage tourné vers le ciel. Mes ailes sont dépliée et mes vêtements ondulent légèrement au gré du vent. Je soupire face aux étoiles. Quelle journée... Plus je grandis, plus j'ai l'impression de voir de choses... D'être consciente et au courant. Heureusement que j'ai mon petit havre de paix. Maintenant que je peux voler, j'arrive à me détendre plus efficacement. C'est très plaisant. Et puis ça me permet d'esquiver le couvre-feu de temps en temps sans me faire repérer. Suffit de rentrer par la fenêtre, de ne pas croiser le surveillant donc, et hop, ni vu ni connu j'tembrouille. Enfin, j'ai peut-être un peu abusé ce soir... Je devrai rentrer.
Est-ce que toi aussi, tu vas finir par me détester ?
Avec
Krystal Hamilton
Krys’ avait le don pour retourner ce que je disais contre moi. C’était extrêmement déplaisant. Mais, d’un autre côté, même si j’avais extrêmement envie de pouvoir lui fermer le clapet et que je venais plus souvent à lever les yeux au ciel qu’autre chose, je voyais tout autre chose dans ce comportement. Je n’y avais encore jamais pensé, mais ne cherchait-elle pas à fuir quelque chose ? Certes, elle était matérielle et l’assumait pleinement. Jamais je ne pourrais la changer, apparemment. Je ne pouvais pas prétendre que cela ne m’énervait pas un peu puisque j’essayais moi-même de changer ma façon de penser pour m’intégrer. Mais là n’était pas la question : j’avais la très nette impression de plus en plus pesante qu’elle ne voulait pas que je creuse dans sa vie, que je n'aille pas plus loin que son image. C’était dommage puisqu'elle était une belle personne, au fond. Son âme devait se pervertir pour se protéger. C’était ce que je pensais de plus en plus. Mais de quoi ?
Comme elle l'avait sans doute souhaité, elle parvint à me focaliser silencieusement sur un seul fait : j’avais horreur des personnes qui jugeaient et se focalisaient sur l'image renvoyée par les autres. Si j’en faisais partie, alors ma haine envers moi-même n’en était que plus justifiée. J’avais moi aussi jugée, je l’étais encore, et j’en souffrais sans vouloir l’avouer. Je feignais l'ignorance pour pouvoir prétendre que je n’étais pas visée. Mais comment nier que mon silence et ma froideur m’avaient isolée parce qu'on ne m’appréciait pas ? Je faisais fuir les autres en donnant des conseils qui m’avaient aidés. J’avais réussi à m'attirer la haine d’une personne juste en voulant faire des efforts et, possiblement, lui tendre la main. Ma relation avec un aîné était compliqué parce que nous ne nous comprenions pas. … Dans tout cela, seule Krystal semblait ne pas s’être arrêtée au fait que je l’avais sans cesse repoussée. Je ne voyais toujours pas ce qu’elle avait vu en moi, mais il était certain que notre amitié tenait du miracle. Si pour elle ce n’était pas le cas, il ne faisait aucun doute que je le voyais de cette façon. Elle était ma seule amie, la seule vers qui je me sentais capable de me tourner en cas de problème, même si je n’en avais pas encore le réflexe.
Lorsqu'elle me tira vers l'avant en prétendant que je ne marchais pas assez vite, je vins à me demander la raison. Je ne cherchai néanmoins pas longtemps, préférant lui tirer la langue. Cela ne m’empêcha pas d'accélérer le pas. Avais-je peur ? Possible, bien que ce sentiment puisse être profondément enfoui sur le moment. J’étais beaucoup trop focalisée sur ma colocataire pour réfléchir plus loin. Je voulais la comprendre afin de pouvoir la soutenir. On pouvait penser que je voulais rembourser une quelconque dette, je m’en fichais royalement. Je voulais lui montrer que je pouvais donner autrement que de façon matérielle. Je voulais faire quelque chose pour elle, lui montrer que je n’étais pas une personne ingrate ou hypocrite. “Donnant-donnant” et “on n’a rien sans rien”, c’était des devises à laquelle je croyais grandement, entre autres.
Puis, arrivées à l’école, bien trop rapidement à mon goût, je finis par lui demander ce qu’elle allait faire. Inconsciemment, il avait semblé que j’avais souhaité qu’elle m'accompagne à la chambre pour qu'on passe plus de temps ensemble puisque je me sentis terriblement déçue de sa réponse. Draguer… Je connaissais la définition même du mot, mais je n'avais aucune idée de comment on faisait ça. L'idée même de pratiquer ou répondre à ce genre d'exercice me semblait totalement dénué de sens. Mais peut-être que le pire fut sa… “requête” ? Quoique cela ressembla plus à un ordre qu’autre chose, ce qui me déplaisait encore plus ! Travailler ? Ouais, mais clairement pas sur ce qu’elle pensait. Je lui jetai donc un regard empli de défi, entre autres beaucoup de choses qui me rendaient froide et distante.
*Tu t’prends pour ma mère ou quoi ? Va donc draguer et fiche-moi la paix puisque j’suis qu’un boulet à tes yeux !*
Même si mes pensées furent ainsi, je ne fis que hausser les épaules avant de m’en aller en direction de la chambre. Je n'avais pas prévu d'aller ailleurs de toute façon. Mon ordinateur était là-bas, donc mon entreprise aussi. J’y passai ma soirée sans vraiment être concentrée. Malgré moi, mes pensées se tournaient sans cesse vers cette sortie avec Krys’ et ce qui s’était dit. Je ne voulais pas vraiment m'attarder dans des magasins faits juste pour soigner une image superficielle à la con, mais je souhaitais de tout mon cœur comprendre mon amie. … Je n’étais vraiment pas à l’aise avec cette appellation.
Finalement, je me couchai tôt. L'absence de la seule pouvant me comprendre au moins un peu m’inquiétait. Je m’étais exhortée à lui faire confiance, à me dire qu’elle rentrerait saine et sauve, sans bouger de mon lit pour tenter de la retrouver. Mais sérieusement, je devenais barge depuis que cette fille était entrée dans ma vie tel un bulldozer sans tact. Heureusement, dès que je l'entendis revenir, le soulagement me permit de m’endormir sans bouger. Il allait falloir que je me détache un peu : je me faisais peur…