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Insomnie cérébrale [Rp Solo]

Naomi Lawford
C |:| Actrice
Naomi Lawford
Naomi Lawford
Naomi Lawford
C |:| Actrice
Sexe : Féminin
Identité de genre : Femme/Fille
Apparitions : 478
Inscription le : 26/11/2017
Né(e) le : 25/01/2001
Age : 23
Taille / Poids : 1m63 / 58kg
Nationalité : Canadienne
Situation amoureuse : En couple avec Weiss, et mes biscuits avec Juwelen
Couleur(s) de parole : #006600
Péché(s) :
  •  Orgueil 

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Sam 25 Mai - 0:30
Rp Terminé

23 mai
2019
Insomnie cérébrale

Rp Solo

La vie a un sens tout relatif selon la façon dont on la perçoit. Pour les dépressifs, c'est un vide constant, une absence totale d'envie de faire quoi que ce soit, c'est presque un besoin qu'elle s'arrête. Pour les optimistes, c'est une possibilité de nouvelle réussite, de nouvelle joie chaque jour. Pour les maladroits, un nombre de petites erreurs assez incalculable ; pour les intellectuels, des milliers de découvertes potentielles ; pour les artistes, c'est une note, un mot ou une couleur de plus à chaque minute.
Pour moi, la vie c'est un constant yo-yo émotionnel. Et c'est encore pire quand les autres décident d'y mettre leur grain de sel.

Le TDA, c'est la petite voix dans ma tête qui rythme chaque seconde de mon existence. Une pensée, constante, ininterrompue, des mots qui se suivent, s'enchaînent et ne cherchent même pas, le plus souvent, à avoir le moindre semblant de cohérence. C'est l'impossibilité totale de rester immobile, cette envie constante de mouvement, les mains qui tremblent, les tics, la jambe qui remue, la difficulté à rester assise correctement. C'est une capacité émotionnelle totalement aléatoire, toujours dans les extrêmes. Une seconde je nage dans le bonheur et je suis une boule d'énergie ambulante, la suivante j'ai envie d'éclater un mur à coup de poing et de hurler jusqu'à ce que mes poumons brûlent, et celle d'après j'ai l'impression que le monde va s'effondrer autour de moi et que je ne suis bonne qu'à mourir.
Bienvenue dans ma tête. Je vais vous faire visiter un peu.

Quand on m'a diagnostiquée, j'ai tout fait pour que ça n'influence pas ma vie. Oui je suis hyperactive, oui j'ai un trouble de l'attention, oui j'ai à peu près la même violence d'émotions qu'un bipolaire, mais ça ne m'empêchera pas de réussir. Peu importe le TDA, peu importe la dyslexie, l'instabilité, peu importe que je sois incapable de me concentrer sur un livre pendant plus de vingt minutes, peu importe que j'interrompe les gens en permanence, que je finisse leurs phrases à leur place, que je ne puisse m'empêcher de donner mon avis sur tout, de monopoliser toutes les conversations. Oui, peu importe tout ça, je peux quand même m'en sortir. C'est ce que je disais, quand j'avais douze ans et que la vie ne m'avait pas encore montré à quel point elle pouvait m'en vouloir.

Je suis nulle en relations sociales. Ma capacité à me faire des amis tombe en miette dès l'instant où je laisse percer un semblant de mes émotions naturelles. Je suis excessive, colérique, hypersensible, je peux m'effondrer en larmes pour un rien, insulter pour moins que ça encore, j'ai perdu et détruit plus de choses que je ne pourrais compter, à commencer par ma relation avec ma propre sœur. Parce que mon pouvoir a pris avantage de cette partie de moi que j'avais toujours tenté de contrôler jusque là : le besoin de frapper, frapper et frapper encore, frapper avant de parler, hurler plutôt que de discuter. C'était plus facile, quand il n'y avait pas une force capable de projeter les gens dans les murs qui répondait à mes pires pensées. Je pouvais les cacher, les maîtriser, leur laisser le temps de disparaître avant de rouvrir la bouche. Je pense que j'ai brisé à jamais ce qu'il y avait entre nous ce jour-là, et j'ai toujours été plus douée pour briser que pour réparer. Les brèches, je les élargis, mais j'ai toujours été incapable de les refermer. Alors soit. Melody me déteste, Nia aussi mais je ne me priverai pas de lui rendre, Kate probablement mais elle jubilera bientôt, la moitié de mes profs peut-être aussi. En fait, le mieux est sûrement de prendre le problème à l'envers. Weiss et Max ne me détestent pas. Ça doit bien être les seuls dans ce lycée.

Au fond je le sais. On m'a prévenue, ça fait partie des symptômes ; mes émotions ne seront jamais normales. Pas plus que le reste. Ça me convient très bien, de ne pas être normale, la plupart du temps. Ça me convient quand ça me rend spéciale, quand ça me détache de la masse, pas quand ça souligne à quel point mon cerveau est monté à l'envers et à quel point je ne réussirais jamais rien. Parce que je ne réussirais jamais rien. En tout cas rien qui tient sur le long terme, rien qui dure. C'est le prix à payer quand on a un esprit aussi instable.

Pour vous dire la vérité, je ne sais même pas ce qui s'est passé. Une seconde j'étais avec Erik, l'autre non. Pas de cris, pas de larmes, pas de colère, même pas d'amertume. Juste... le vide. Peut-être qu'il s'est lassé de moi, peut-être que je me suis lassée de lui. Peut-être qu'on aurait juste dû ne jamais se revoir après cette première rencontre. À quoi bon toute cette colère, à quoi bon ces larmes, si c'était pour que ça finisse comme ça ? Sur... rien ? C'est comme suivre un long chemin, tomber quinze fois sur le trajet, et arriver sur un cul-de-sac. Demi-tour, retour à la case départ, sauf qu'entre-temps la case départ a sacrément changé de gueule. Au final cette relation a été l'inverse de ce qu'elle aurait dû être. Elle a commencé sur une dispute et s'est arrêtée sur rien. Je crois que c'est ça, qui me perturbe autant : le rien. J'aurais préféré pouvoir hurler. J'aurais préféré qu'on me hurle dessus. Du fracas, de la violence, de la colère, quelque chose, n'importe quoi ! Pas ce foutu silence et cette stupide fatalité, comme si on s'était tout dit.

Sans doute que j'aurais dû me cantonner à ce "je te déteste" et ne jamais laisser filtrer le reste. J'ai déjà dit que je ne supportais pas les sentiments. Il est sans doute temps d'être fidèle à ma parole. Ça fait un mois, je crois. Ouais, ça va sûrement faire un mois dans peu de temps, ou bien ça fait un mois depuis quelques temps, j'en sais rien, j'avoue que j'ai du mal à compter ce genre de chose et à retenir le résultat. Ça fait un mois et tout ce que j'arrive à ressentir, c'est un semblant de dégoût. L'idée d'être en couple, avant, même avec la souffrance qui se mettait sur mon chemin, ça m'évoquait du positif. Quand je m'imaginais avec quelqu'un, j'imaginais des moments joyeux, je passais en revue tout ce qui était compatible entre nous en délaissant tout le reste, quitte à mettre des œillères. Maintenant... Maintenant, c'est l'inverse. Même les gars ou les filles que je trouve mignons, sympa, attachants, proches de moi, ceux sur qui je pourrais développer un semblant de crush, quand mon cerveau se prend à s'imaginer avec, il ne voit que le négatif. Les mille et une façon dont je pourrais foutre ça en l'air, toutes les choses qui ne seraient pas compatibles. Il n'aime pas les mêmes choses que toi, c'est un truc qui va clasher à un moment ou un autre ; elle a un côté trop organisé pour toi, c'est le TDA qui tuera ça dans l’œuf ; franchement, tu as vraiment besoin de vouloir commencer une relation qui va durer grand maximum six mois ? Il y a toujours un petit quelque chose à soulever.

J'imagine que c'est normal, mais j'ai du mal à m'en convaincre. J'ai des amis qui ont vécu des ruptures. La moitié a trouvé un remplaçant en une semaine dans un couple qui n'a pas duré, parce que c'est le principe du rebond sentimental. L'autre était un peu amer mais jalousait quand même les autres couples et se prenait parfois à rêver de sortir avec quelqu'un de nouveau et revivre ça. Pas moi. Être en couple est une perspective qui me rebute. Je n'ai plus envie d'aimer personne. Pour quoi faire ? Jusque là, tout ce que ça m'a apporté, c'est des problèmes. Je peux largement me contenter de l'amitié, de ma famille. J'ai toujours été plus proche de ma famille que de quiconque, de toute manière, et je m'entendais mieux avec mes amis qu'avec Erik. Sans doute que je ne suis pas faite pour les sentiments amoureux. Ça doit être incompatible avec le TDA, quelque chose comme ça. Ça serait pas la première chose qui part en vrille à cause de ce stupide trouble. Il y a une bête dans ma chambre. J'ai vu une ombre sur ma lumière. Soupir.

Voir le positif ? Au moins je ne culpabilise pas. En fait, je n'arrive à blâmer personne. Ni moi, ni lui, ni qui que ce soit. Je ne ressens rien de spécial. Le vide, je vous dis. Parfois j'ai des petits bouts de souvenir qui reviennent et qui me serrent le cœur, alors je les éloigne. C'était peut-être idiot, mais j'ai jeté la moindre chose qu'il m'a offerte. Je suis impulsive. Ça aussi, c'est un défaut de mon cerveau mal connecté. Mais bon, tant pis.
:copyright: Naomi
paroles en #006600


Dernière édition par Naomi Lawford le Sam 25 Mai - 0:44, édité 1 fois
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Naomi Lawford
C |:| Actrice
Naomi Lawford
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Sam 25 Mai - 0:31
Rp Terminé

23 mai
2019
Insomnie cérébrale

Rp Solo

Mes jambes balancent encore toutes seules. Je suis là, assise sur ma chaise de bureau, reconnaissante intérieurement que les cours ne soient pas encore finis et que Melody soit encore dans sa chambre des dortoirs. Contente, aussi, qu'elle ne soit plus colocataire de Weiss et que je puisse côtoyer mon amie sans la croiser, qu'Erik ne soit pas au même étage que Max. Mais ils restent dans ma classe, l'un comme l'autre, la sœur et l'ex petit ami. Je suis obligée de les croiser, de les voir. Sans compter Nia. Vivement la fin de cette année infernale. Alors je pourrais voir Weiss et Max sans avoir à supporter tout le reste. Je devrais peut-être jouer à quelque chose, trouver un moyen de m'occuper. Mais c'est déjà le troisième jeu que j'ouvre et dont je regarde l'écran d'accueil avant de réaliser qu'y jouer m'emplit d'indifférence et d'un soupçon d'agacement. Regarder un film, peut-être, alors.

Je me lève, m'allonge sur mon lit, laisse ma tête s'enfoncer dans un oreiller. Là, si je voulais, je pourrais hurler. Mais ce n'est pas un cri inarticulé dans un coussin que j'ai envie de pousser. Je la sens, cette stupide rage qui vient de nulle part et qui a envie de se décharger sur quelque chose. Sauf que je n'ai rien ni personne à haïr, pour l'instant. Je ne suis pas en colère contre eux. Je suis juste énervée. Sans raison, sans aucun semblant de justification, c'est la magie de mes émotions stupides. Dans cinq minutes, je serais peut-être en train de pleurer sans même savoir pourquoi. Je sens déjà que ça me comprime la poitrine.

Je m'assois. Mes mains bougent de façon totalement erratiques comme si elles essayaient de faire passer toute l'énergie qui se balance d'un côté à l'autre de mon cerveau et d'un côté à l'autre de mon corps sans trouver quoi que ce soit pour la contenir ou l'exprimer. J'ai trop d'énergie. J'ai toujours eu trop d'énergie. Je devrais peut-être faire du sport, sortir, marcher un peu. Enfin je dis ça, mais sortir la nuit à Londres, c'est un coup à me faire agresser. Sans compter que mes parents se demanderaient sans doute où je vais... quoique je pourrais juste me téléporter dehors. Mais je n'ai pas envie de sortir, non plus. Sortir, ça implique de croiser des gens. Je ne veux croiser personne, je n'ai envie de parler à personne. Même la perspective de voir mes amis me laisse un goût amer. Est-ce que je peux juste être un fantôme l'espace d'une journée ? Au moins je serais sûre de ne blesser personne.

Je me lève, me réinstalle à mon bureau, masse mes tempes pour calmer un début de mal de crâne. Ça fait deux semaines que je suis incapable de dormir. Les insomnies sont aussi un symptômes. Ça fait beaucoup, hein, pour une condition naturelle à laquelle je ne peux rien changer ? Ouais, on est d'accord. J'aurais préféré naître avec un cerveau fonctionnel, bordel. Mes yeux se posent sur ma feuille de cours, lissent un pli sur le papier, reviennent à mon écran. Peut-être que je devrais regarder la dernière saison d'Insane. Je n'ai joué que dans un épisode de la saison 2, mais j'aimais bien cette série. Et vu que j'ai un esprit fabriqué par un savant fou, j'imagine qu'elle me correspond un peu. Est-ce qu'on peut être interné pour un TDA ? Sûrement pas, c'est considéré comme un handicap et pas comme une maladie. Et un sacré handicap, invisible et omniprésent. Mes mains sont en train de taper sur le bureau sur le rythme d'une musique invisible. J'arrête. Pourquoi je fais toujours ce genre de choses sans m'en rendre compte ? Manquerait plus que je réveille mes parents.

Je vais mettre de la musique, ça canalisera un instant mes pensées. Je sais pas pourquoi cette technique marche, mais elle marche. Il est trois heures du matin, je devrais dormir, et je suis là dans ma chambre à danser avec mon casque sur les oreilles en regrettant de ne pas pouvoir chanter faux de toutes mes forces pour éjecter l'énergie que mon cerveau s'obstine à m'envoyer au lieu de considérer la possibilité de dormir.
Je déteste ces foutues insomnies.

J'ai cours demain, non ? Sûrement. Je dormirais sûrement en classe. Est-ce que j'aurais pas oublié un devoir, d'ailleurs ? C'est possible, oublier ce genre de chose c'est courant... plus chez moi que chez les gens normaux. Et en ce moment, j'ai l’impression que cette partie du trouble que j'avais réussi à contrôler a décidé de se libérer de ses chaînes. Elle est venue avec ses copines, les insomnies et l'hyperactivité. Ah, oui, j'ai un truc de maths à rendre. Parfait, ça m'occupera ma nuit. Si j'arrive à me concentrer plus de deux minutes. Monte le volume. Claque des doigts. Je vais décharger un peu l'énergie avant. J'ai pas envie de le faire, ce truc de maths, en fait. Mais bon, sinon je vais faire quoi de ma nuit ? Danser ? Allons, on sait que je m'en serais lassée dans deux minutes. Même si pour l'instant je bouge en rythme sur ma chaise, avec un stylo dans la main et un exercice de maths vide sous les yeux. Peut-être que je devrais auditionner pour une comédie musicale. Je chante relativement bien et j'aime bien jouer les scènes des chansons comme si c'étaient des scripts et des textes pour un rôle. Le jour où j'arrêterai de faire ça, j'aurais sûrement peur que ma vie s'effondre. Déjà que ça m'arrive de ne pas avoir "la force" de faire du théâtre, d'apprendre mes textes pour mes cours. Une horreur, ce genre de chose. Ne pas avoir la force et l'envie de faire la seule chose qui me passionne. C'est comme me retrouver amputée du jour au lendemain.

Ça fait combien de fois que j'écoute les trois mêmes chansons en boucle ? Il est quatre heure, maintenant. Une heure, déjà... Soupir. J'ai pas écrit une ligne sur ce fichu truc de maths. Mais si je le fais pas, je vais encore me faire engueuler. D'un autre côté, c'est pas noté. La prof est peut-être colérique, mais techniquement elle n'a le droit de rien d'autre que de me gueuler dessus et éventuellement me coller un avertissement ou une heure de colle. Je range ma feuille. J'arriverais à rien, de toute façon. Comme souvent, en fait. Je coupe la musique, je me lève. Il y avait une bête tout à l'heure, non ? Elle est sortie ? Je regarde autour de moi pour essayer de la retrouver, mais je ne vois rien. Bah, elle a sûrement trouvé un moyen de partir.

J'ai une chanson en tête. Super. Une nouvelle raison pour que mon cerveau n'arrive pas à dormir. Je vais prendre une douche froide, il paraît que ça aide à faire le vide dans ses pensées. C'est ce que m'avait dit mon coach, au début du lycée. Quand la marée mentale devient assommante, gèle-là. Ça marche un temps, mais ça peut pas me faire de mal. On crève de chaud ici de toute manière. Peut-être que j'arriverai à dormir si je me transforme en glaçon telle une petite Mei. Et puis ça sera mieux que de rester toute seule dans ma chambre à attendre qu'il se passe quelque chose. Ou à attendre que par miracle, les branchements se refasse et que mon cerveau découvre la merveilleuse joie que c'est de se mettre en pause.

- Est-ce que c'est trop demander d'avoir un peu de silence ?

Ouais, parfois je parle à voix haute. Ça m'aide à entendre la pensée cohérente que j'essaye d'exprimer dans le fouillis bordélique qui me sert de méninges. C'est comme essayer de réfléchir avec quelqu'un qui vient constamment parler par-dessus votre épaule en vous racontant sa vie, le dernier film qu'il a vu, en imaginant une conversation avec quelqu'un, en essayant de créer un monde, en parlant pour ne rien dire. Au bout d'un moment, vous avez juste envie de parler plus fort que lui pour vous entendre penser au moins une seconde. Et le reste du temps, vous avez envie de lui dire de fermer sa gueule. J'avais dit bienvenue dans ma tête. C'est le bordel, non ? Ça, multiplié par 365, et par quoi... 80, 100 ans ? Si j'ai de la "chance". Je plains quelqu'un qui aurait la malchance de finir immortel avec un trouble comme le mien. Une éternité sans le moindre soupçon de silence dans sa propre tête. Je pense qu'on devient fou, à force.
:copyright: Naomi
paroles en #006600


Dernière édition par Naomi Lawford le Sam 25 Mai - 0:48, édité 1 fois
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Sam 25 Mai - 0:33
Rp Terminé

23 mai
2019
Insomnie cérébrale

Rp Solo

J'avais oublié à quel point ça fait du bien... Je devrais prendre des douches froides plus souvent... C'est... les frissons, le froid, je sais pas... J'ai pas l'habitude d'avoir froid... Mais à chaque fois, j'ai l'impression que mes pensées ralentissent, comme si je pouvais vraiment les apaiser à défaut de pouvoir les arrêter complètement. Au final, à part la chanson que j'ai toujours en tête et qui partira quand elle en aura envie, j'ai l'impression d'être au calme. Pas de silence, les pensées ne s'arrêtent jamais, mais le "quelqu'un qui parle constamment", j'ai l'impression qu'il parle à travers une vitre, maintenant. C'est un peu... cotonneux, comme sensation. Difficile à expliquer. Je vais quand même prendre un cachet contre le mal de crâne, parce que c'est pas avec ma migraine que j'arriverai à dormir. Un verre d'eau, un comprimé, j'entends du bruit dans le couloir.

- Qu'est-ce que tu fais debout, ma puce ?

Je lui montre mon verre. Le comprimé est en train de se transformer en un amas de petites bulles. C'est quand même une invention bizarre, les trucs effervescents. Je me demande qui en a eu l'idée et comment ça marche. Je devrais peut-être faire des recherches là-dessus à ma prochaine insomnie. Enfin, soyons réalistes, j'aurais oublié d'ici-là.

- J'ai mal à la tête. Je t'ai réveillé ?
- Non, je dors juste mal. Ça va ? J'ai l'impression que tu dors peu, en ce moment.
- Ça va...

Je fais bien semblant. Je n'ai pas envie d'inquiéter mon père, il n'a pas besoin d'avoir un aperçu du bordel qui se déroule en permanence sous mon crâne. Je me demande s'il est au courant, pour Erik. Je ne l'ai dit à personne au final, à part à mes amis et encore, c'est parce qu'ils s'en sont plus ou moins rendus compte d'eux-mêmes. Peut-être que mon père a compris. Quand j'ai dit que j'aimerais rentrer au Canada et que la seule raison pour laquelle je ne saute pas dans le premier avion quand j'aurais dix-huit ans, "ce sont mes amis". Mes amis, pas mon copain. Oui, il a sûrement compris. Il quitte la cuisine sur un signe de tête pour retourner dans sa chambre et je bois mon médoc avant d'attraper un cookie au passage. Oui, je sais, manger avant d'aller se coucher c'est pas la meilleure idée du monde pour bien dormir mais bon, j'ai jamais été très douée pour résister à ma gourmandise. Et j'ai faim.

Pose le verre dans l'évier, finis ton cookie, va te coucher. J'éteins mon pc et je m'allonge en travers du lit, la couette serrée dans mes bras. Si je reste comme ça, c'est sûr que je dormirais pas. Alors je grogne et je rampe pour m'allonger correctement. Maintenant on est parti pour... allez, deux heures ? Peut-être une seule, à ne pas trouver de position confortable, à ne pas réussir à garder les yeux fermer ou à contenir la marrée de pensées qui vont bien finir par revenir, aussi lentes soient-elles pour l'instant. Bonne nuit, j'imagine. Je vais dormir une heure, ça va être fun.
C'était ma tête. Un amas de pensées discontinues et sans lien logique, qui se succèdent sans fin. Quand on sait ça, on se dit que c'est peut-être pas si mal d'être "normal". Manque de bol pour moi, alors.
:copyright: Naomi
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