Vous ici ? [PV : Ever]

La musique se faisait entendre. Le bal commençait. La fête commençait. Niels en faisait un peu trop. Les gens buvaient, riaient ensembles. Certains dansaient. Mais tous s’amusaient.
Alors pourquoi pas lui ?
Il avait le sentiment qu’il ne devrait pas être là. L’année dernière sa venue était une erreur. En y pensant, le jeune homme leva les yeux vers la foule, se demandant si sa partenaire était de nouveau ici, mais elle ne semblait pas faire partie de la fête. Même si les sentiments amoureux n’étaient plus, là, ou bien amoindrir s’il en restait encore, il s’inquiétait pour elle. Il s’inquiéterait toujours pour elle de toute évidence.

C’est sur cette pensée presque nostalgique que son tour dans l’orchestre fut terminé. Il le regrettait presque. Lui qui ne se sentait pas le droit de s’amuser. Les personnes ici étaient venues avec leurs amis, leur amoureux, amoureuse, ou la personne avec qui ils veulent conclurent. Les silhouettes devant ses yeux étaient flous avec une aura graineuse comme des trainées de peintures. Mais aucun visage ne sortait du lot. Aucune silhouette n’était nette. Ces robes de soirées, ces costards bien taillés … rien n’était original. Lui-même ne l’était pas. Il était cet accord perdu dans une partition auquel on ne fait pas attention. Cette trace de peinture recouvert par d’autre. Cette tache humide sur un mur de brique.
Léandre ne savait pas si ce sentiment de mélancolie était dû au souvenir d’une valse sous le clair de lune ou bien au fait qu’il était réellement seul. Un sentiment dont il ne parlait pas mais qui le troublait bien plus qu’il ne voulait le croire. Peut-être s’était-il habitué à un peu de chaleur humaine avec Chuemon qu’il voyait tout les jours, ou bien Yumiko dont il s’était énormément rapproché ? Peut-être que ce n’était rien de ça et qu’il devait sa mélancolie au fait qu’il était incapable d’être heureux ?
Peut-être ?
Léandre alla prendre un verre d’il ne sait quoi et commença à marcher vers un coin isoler de la pièce, se disant qu’on ne viendrait pas le bousculer s’il était en retrait et qu’il pourrait ainsi contempler le monde dans lequel il ne se sentait pas vraiment à sa place.

De la citronnade.

Un peu forte d’ailleurs. Ils y sont allés sur le citron.
Perdu dans des pensées qui n’appartenaient qu’à lui au fond de son verre, Léandre ne fit pas vraiment attention à son axe de marche et bouscula légèrement quelqu’un. Il redressa immédiatement la tête et tendit la main au cas où il faille rattraper la personne victime de sa maladresse, mais heureusement pour lui elle ne tomba pas.

_Excusez mo…

Hein ?

_Moi ?

Ever ?

Léandre ne l’avait pas trop reconnu.
En fait si, il l’avait reconnu, elle était vraiment reconnaissable, mais elle était différente. Elle se démarquait de ces dames par un pantalon de costard. Evidemment, à par son uniforme scolaire, Léandre voyait très mal sa jeune amie mettre une robe ou une jupe. Mais elle semblait avoir fait un bel effort vestimentaire. Quoique, les baskets qui dépassaient illustraient bien le coté rebelle de la demoiselle.

Léandre eut un sourire qui se dessina sur son visage, comme si les tourments qui le hantaient tantôt avaient disparu à l’apparition de cette petite irlandaise. Son petit rayon de soleil.

_Je pensais que ce serait le dernier endroit où je te trouverais.

Léandre regarda un peu autour d’eux avant de l’inviter à le suivre pour avoir une conversation en dehors de la foule. Ils allèrent se poser près du mur où il n’y avait personne. Cela lui permit d’observer plus amplement sa camarade.
Ever n’avait pas de beauté subjuguante comme 90% des filles de l’école. Il avait l’impression que toutes les filles qu’il a pu croiser dans ces murs avaient été bénies par la nature. Mais c’était parce qu’Ever était différente qu’elle était jolie. Il ne fallait pas se mentir, Ever ne ferait pas Miss monde, mais elle avait un charme à elle et le charme était bien plus beau que la beauté extérieur. Le finlandais n’a pas pu faire connaissance avec toutes les filles de son école mais certaines manquaient réellement de charisme. Superficiel, trop portée sur leur apparence, sur le regard des autres. C’était une chose qu’il a pu reprocher à Edelweiss, mais restant un homme, c’était aussi malheureusement ce qui l’avait attiré chez elle ; sa féminité, le fait qu’elle prenait soin de paraitre élégante et raffinée. Elle l’était oui, raffinée. Evidemment il n’a pas aimé que cela chez elle, heureusement, mais il voulait éviter de penser à ça, surtout maintenant.

La tenue d’Ever laissait à penser qu’elle avait de plus longue jambe qu’elle n’en avait réellement. Son buste n’était pas caché par des sweat ou des hauts trop grands pour elle et on pouvait y voir un petit bout de femme aux épaules joliment tombantes, loin de la racaille qu’elle essayait d’illustrer. Elle avait même un peu de forme, qui l’eut cru ? Le blanc lui allait bien. Il faisait ressortir son beau regard de crépuscule et ses cheveux tout aussi orangés.
Léandre étira son sourire avant de dire de manière sincère :

_Tu es mignonne, ça te change. Tu es venue entre amis ?

_Tu es mignonne, ça te change. Tu es venue entre amis ?

Ever semblait agacée par les coutures de son vêtement puisqu’elle se grattait régulièrement. Certainement qu’elle n’était pas habituée au tissu ? Léandre n’était pas expert mais ce qu’elle avait sur le dos ne semblait pas contenir matière à avoir envie de se gratter.

_T'y habitue pas trop.  C'est vraiment pas mon genre de fringues.

Léandre retint un « je sais », s’amusant plutôt de la mine boudeuse de sa jeune élève. Il se disait simplement que c’était dommage qu’Ever cache sa féminité par des vêtements qui faisaient deux fois sa taille. Mais qui était-il pour juger, lui qui aimaient les vêtements du XIVe siècle ?
Léandre passa une main dans ses cheveux pour que les quelques mèches rebelles surplombant son front retournent avec leurs compatriotes en arrière pour dégager complètement son visage parfaitement immaculé. Il n’avait pas l’habitude qu’on voit ainsi ses traits mais pour que sa coupe de cheveux aille avec le reste de sa tenue, la muse passait régulièrement sa main dans ses cheveux, comme une jeune fille qui tirerait sur sa jupe qu’elle trouve trop courte, par malaise. Oui, c’était un geste de malaise puisqu’il se sentait à découvert, même pour Ever. Visiblement, aucun des deux ne se sentait bien dans ces vêtements.

_Non, je suis venue pour la musique.

Léandre fronça légèrement les sourcils d’étonnement. Il n’avait pas vraiment compris. Elle venait pour écouter de la musique ailleurs que dans son téléphone ou pour danser ?
Finalement, la muse décida de passer outre et lui poserait cette question plus tard. Alors, Léandre arqua légèrement un sourcil et fit un sourire taquin à l’irlandaise avant de demander :

_Verdict ? Tu apprécies ?

Peut-être que cela allait répondre à ses questions intérieurs. Sans vouloir se vanter, Léandre était satisfait des musiques et chansons de son club. Ils se sont bien entrainés une bonne partie de l’année pour ce moment, ils méritaient tous leur heures de gloire sur scène. Léandre tourna la tête vers l’estrade où la musique naissait. Oui il était même très satisfait. Le son était de bonne qualité et contrairement à l’année passé ça ne sortaient pas d’enceintes déformatrices. La musique pure était un régale pour les oreilles, autrement on n’aurait pas inventé les orchestres.

Léandre se mit sur le coté pour s’adosser au mur et porta son verre à ses lèvres. Le gout de la citronnade avait un effet vivifiant à cause de l’acidité mais une acidité trop marqué pour Léandre. Il hésita un instant à le poser et aller prendre autre chose, mais il ne voulait pas couper court avec Ever pour un simple verre qui ne lui plaisait pas.

_Je t’avoue que moi aussi je suis là pour la musique, sinon je ne serais jamais venu ici.

L’an dernier il ne serait jamais venu si Edelweiss ne l’avait pas appelé par mal-être. D’ailleurs, était-elle ici à l’heure actuelle ? Léandre ne savait pas vraiment et se maudissait intérieurement d’espérer que non. Evidemment qu’il ne laisserait pas tomber sa partenaire, mais il était bien avec Ever et savait qu’il passerait un bon moment avec elle, plus qu’avec aucune autre personne dans cette pièce. Alors s’il pouvait éviter d’aller au secours d’une demoiselle en détresse, il s’y accommoderait volontiers.

Léandre regardait Niels qui chantait sur scène. Il en faisait un peu trop, mais c’était Niels, ça devenait habituel à la longue. Léandre lui trouvait un coté excentrique, il avait besoin d’être sous le feu des projecteurs. Mais il avait une belle voix donc ce n’était pas illogique. La muse espérait seulement ne pas avoir à faire à une … bon, au sosie masculin d’une personne dont il aimerait oublier l’existence. Derrière, les musiciens étaient à fond et semblait apprécier être sur scène. Ils semblaient tous bien s’amuser et n’avaient pas besoin de l’œil organisé de Léandre, ils se débrouillaient très bien tout seul et n’avaient pas besoin de lui. Cette réalité avait un gout amer. Finalement Léandre sentait qu’il n’avait vraiment rien à faire ici. Mais c’était une réalité qu’il ne voulait pas vraiment avouer, ça lui plaisait d’avoir un but parmi tout ce gens. Certains essayaient de conclure, d’autre voulait danser jusqu’au bout de la nuit, d’autre jouer au casino et beaucoup étaient là pour s’amuser entre amis. Donc oui, il voulait avoir un but dans cette soirée parmi tous ces adolescents.

Tournant la tête vers Ever, Léandre eut un sourire. Peut-être qu’il était là son but ?
Etre un réel ami pour Ever ?

_Au fait Ever où aimes-tu aller mise à part la mer ? Les cours étant finis je n’ai plus de raison de te séquestrer dans ta chambre pour te faire apprendre les maths, alors on pourrait peut-être faire une activité sympa ensemble ?  

_Au fait Ever où aimes-tu aller mise à part la mer ? Les cours étant finis je n’ai plus de raison de te séquestrer dans ta chambre pour te faire apprendre les maths, alors on pourrait peut-être faire une activité sympa ensemble ?  

Léandre eut un sourire discret mais agréable pour sa jeune amie. Alors qu’elle réfléchissait, il prenait conscience qu’elle s’était habillée et déplacée pour entendre son club jouer et ça le touchait beaucoup. Il aurait surement du lui dire merci mais il n’avait pas les mots. Il se sentait bien trop serein en compagnie de la demoiselle pour des maladresses. Léandre préférait se taire pour le moment et la remercier d’être venue en fin de soirée ou avant qu’elle ne parte.

_J'aime beaucoup de choses. Tant que je peux voir des trucs à dessiner, et que je n'ai pas besoin de m'habiller comme ça.

Léandre élargit son sourire en acquiesçant pour lui montrer qu’il avait compris. C’était dommage, il la trouvait toute mignonne ainsi vêtue et elle s’approchait plus de son style de fille qu’en temps normal … Euh … c’était une pensée comme une autre, il avait bien trop d’affinité avec Ever pour la comparer aux filles qui lui plaisaient. Pourquoi y pensait-il d’ailleurs ? Etait-ce le fait d’être entouré majoritairement de couple qui le mettait dans une ambiance au-delà de l’amitié ?
La muse chassa rapidement ses pensées. C’était Ever quand même, comment pouvait-il la voir autrement que comme une amie ?

_Faire du sport, aussi. Même si l'eau c'est quand même le must.

Léandre la regarda un instant sans rien dire avant de sourire tendrement.
Comme une amie oui, mais pourquoi ne pourrait-il pas voir Ever comme une femme ? Il l’avait vu jusque là comme une jeune fille, peut-être même comme une enfant, mais ils avaient pratiquement le même âge, elle était intelligente, débrouillarde, plus mature qu’elle ne le laissait penser et même si elle n’avait pas la grâce et l’élégance de certaine, elle avait son propre charme et une classe qui forçait le respect. Il y avait beaucoup de « canons » dans cette école, mais en vieillissant ils perdraient leur beauté, alors que le charme lui, est éternelle.
Léandre se promit d’essayer d’arrêter de voir Ever comme une enfant à l’avenir, même si sa présence au premier jour d’avril lui avait pourtant prouvé le contraire.
Après un moment entre ses songes et ses réflexions, la muse finit par dire :

_Avant de partir, je t’emmènerais faire du roller dans Londres.

La proposition était innocente malgré les apparences. Léandre savait qu’Ever n’avait pas grand nombre d’amis et ils ne se reverraient pas avant la rentrée scolaire. Mine de rien, elle allait lui manquer, même s’il pouvait toujours lui envoyer des messages, Léandre s’était tout de même habitué à la voir au minimum cinq fois par jour, toute les semaines. Deux mois allaient être longs sans son petit soleil d’Irlande.

_Mais je ne te dirais pas quand et où on ira, ça sera une surprise.

Léandre leva les yeux vers la scène. Ce n’était pas encore son tour, il avait encore un peu de temps avec la demoiselle. Il ne s’inquiétait pas de savoir si elle savait faire du roller, et dans le pire des cas il lui apprendrait, elle semblait beaucoup aimer le sport, ça ne serait pas insurmontable et ça leur ferait peut-être de bons souvenirs.
La musique était agréable et sans chanson, simplement une agréable mélodie qui donnait à cette soirée un ton plus calme et léger qu’au début. Les danses folles viendront bien plus tard, en cette instant la musique était choisit pour les conversations et les pas lents de valses.

_Dites mois mademoiselle Inkraven, savez vous danser ?