Lueurs cristallines [Krystal]

Sortir de ses considérations existentielles était difficile. Impossible, peut-être, mais il pouvait au moins les laisser de côté un moment, le temps de perdre ses sens dans le contact et les sourires que lui permettait ce petit instant d'égarement. Pas de photographe pour les voir, pas de regards pour les juger, pas d'image à maintenir. Il avait juste besoin d'elle, de ne l'avoir que pour lui pour quelques instants. Du goût de ses lèvres, de l'émeraude insaisissable de son regard, du parfum de ses cheveux, de la douceur de sa peau, du son de sa voix. De quoi distraire son esprit trop volatile et trop étouffé par les questions. Il sourit en réponse à celui de Krystal, laissant aller sa tête contre sa main pour profiter de ses caresses, fermant les yeux quand ses lèvres vinrent à leur tour se poser sur les siennes. Le petit instant hors du temps, ces petites secondes dans sa tête secouée d'angoisses, prirent fin sur une petite remarque  laquelle il répondit d'un hochement de tête. Parler n'était pas son point fort, en ce moment, mais tout ça était trop important.
Mais il avait quand même envie de se blottir contre elle.

Sa petite blague parvint à lui tirer un nouveau sourire amusé et il haussa un sourcil. Elle avait l'air de bonne humeur - ce qui était logique considérant la soirée et l'environnement - et il ne passa pas tout de suite son propre doigt sur ses lèvres pour effacer la fameuse marque de rouge à lèvres.

- Il faut bien qu'on soit accordés.

C'était la seule couleur qu'ils avaient en commun, ce soir, même si elle n'était originellement pas censée être là. Avec un petit sourire malicieux, il sortit le bout de sa langue avant qu'elle ait le temps d'enlever son pouce, et la récupéra aussitôt en prenant une mine innocente. Il avait terriblement besoin de se changer les idées, même si c'était en faisant des blagues qui, d'ordinaire, n'étaient pas vraiment dans son registre. Tant que son esprit restait focalisée sur la soirée et sur elle, tout irait bien.

Alors il vint prendre sa main dans la sienne. Malgré son envie de se blottir contre elle et de se laisser bercer loin de ses idées noires, il ne tenait pas non plus à la priver - ni à se priver - du décor et du spectacle qu'était censé être puis devenir ce bal. il se contenta de laisser aller sa tête contre son épaule un petit moment, fermant doucement les yeux.

Avait-elle légalement le droit d'être aussi parfaite ? Chaque petit sourire et chaque petit clin d'œil espiègle faisait accélérer les battements de son cœur. Il ne voulait pas disparaître de ce monde. Jamais. La magie n'avait pas le droit de lui arracher Krystal, pas le droit de l'arracher à elle non plus. La main croisée à la sienne, il se laissa aller dans ses bras pour y chercher toute la chaleur et le réconfort qu'il ne voulait jamais perdre. Comment avait-il pu vivre aussi longtemps avec seulement deux sens ? L'ouïe et la vue étaient loin d'être suffisantes pour profiter pleinement du monde.

Caindell se laissa entraîner sans protester jusqu'au buffet. C'était sa soirée, son bal, elle avait tout organisé avec la perfection qui la caractérisait ; par conséquent, elle était la reine des lieux et des événements et il était disposé à la suivre où qu'elle l'entraîne, juste pour la voir étinceler encore davantage sous ce décor qui lui allait si bien. Il ne fut pas surpris de la voir prendre un cocktail. Après tout, c'était dans ces circonstances qu'ils s'étaient rencontrés. Et, comme à leur rencontre, elle lui offrit un café. Il sourit.

- Tu me connais beaucoup trop bien.

Tendrement, il déposa un baiser sur le coin de ses lèvres.

- Bien sûr, que je vais t'inviter à danser. Je ne peux pas refuser ça à la plus belle femme de cette soirée.

Il détacha doucement sa main de la sienne le temps de récupérer un café. Avec le temps, et dans ses cours de cuisine, il avait appris à préparer un macchiato correct ; c'était probablement l'une des premières choses qu'il avait appris à faire lui-même. Cette boisson avait conquis son palais aussi sûrement que Krystal avait conquis son cœur. Caindell revint près d'elle, posa sa tête contre la sienne en fermant les yeux. L'avantage de faire la même taille ou presque, c'était qu'il pouvait se reposer contre elle sans que l'un ou l'autre en soit gêné. Il se se redressa finalement que pour prendre une gorgée de café, un peu moins chaud que quand il l'avait récupéré.

- Tu as fait fort avec ce bal. Ce décor est magnifique.

À sa mesure, en somme. Le résultat serait difficile à surpasser ou même à égaler pour les années suivantes.  

La petite taquinerie de Krystal lui tira un rire discret. "J'en connais un qui est amoureux". Oui, depuis longtemps et elle le savait. Il en était toujours à ne pas croire la chance qu'il avait d'être avec elle, d'avoir su rester à ses côtés tout ce temps, de garder la même Krystal dont il était tombé amoureux. Ça faisait presque deux ans qu'il se connaissaient, déjà. Dire qu'à leur première rencontre, il l'avait prise pour une princesse. Selon certains points de vue, il n'était pas si loin de la vérité.

Parti quelques secondes le temps de se préparer un café, il revint bien vite à ses côtés. Ce soir plus que jamais, il avait besoin de sa présence, de l'ancrage dans ce monde qu'elle représentait. Elle était son point de repère dans cette réalité et, depuis les événements d'avril, il en avait désespérément besoin. Il se laissa un instant bercer par son rire, la tête contre la sienne, pour contenir et chasser le temps d'une soirée la montagne d'angoisses qui se propulsaient sous son crâne.

- C'est un peu injuste pour ton futur successeur, commenta-t-il en riant. Comment tu veux que quelqu'un surpasse un décor pareil ?

C'est vrai qu'elle parait à l'université l'année prochaine. Bien sûr, ce n'était pas bien loin, il suffisait de prendre un ascenseur pour s'y rendre, mais ça restait deux années où il ne pouvait plus la croiser dans les couloirs. Est-ce qu'il était encore obligé de vivre à S'Indarë ? Sûrement... Il commençait à avoir envie d'être ailleurs. Apparence mise à part, il ne se sentait pas vraiment l'âme d'un adolescent et de l'âge officiel qu'on lui avait attribué ; ce qui était logique, compte tenu de son existence. Vivre en dortoir était... parfois épuisant.

Il reprit une gorgée de café en observant la scène où les musiciens commençaient à jouer. Il voulait rester au moins jusqu'au moment magnifique que Krystal avait promis pour cette soirée, lui donner l'occasion de profiter pleinement de tout ce qu'elle avait installé et mis en place, pour qu'elle garde le meilleur souvenir possible de ce dernier bal. Il attendit tout de même qu'elle ait terminé son cocktail, et lui son café, avant de prendre doucement sa main.

- M'accorderez-vous cette danse, princesse ?

Son sourire se fit plus malicieux. C'était plus une directe référence à leur première rencontre qu'un véritable surnom qu'il comptait utiliser, mais si c'était son dernier bal, son dernier jour dans cette école, autant faire les choses bien jusqu'au bout.

Rester jusqu'au coucher de soleil valait la peine. Elle avait bien choisi son endroit, son décor, pour rendre les choses bien plus magnifiques qu'elles ne le seraient jamais. Posée contre elle et perché à son bras, Caindell observa le coucher de soleil en se fondant dans leur contact jusqu'à ce que le spectacle s'achève et que Krystal l'entraîne à l'écart, jusqu'à rejoindre l'hôtel justement réservé pour leur soirée.

Il s'attendait à ce genre d'endroit, mais il ralentit quand même l'allure après avoir franchi les portes, perdu dans l'admiration du décor. Elle avait fait fort, en terme de lieu. Il la suivit à l'intérieur en s'efforçant d'ignorer le paparazzis pour simplement observer les lieus, et se laissa entraîner jusqu'à leur chambre, enregistrant tout ce qui se trouvait autour de lui dans sa mémoire comme pour ancrer cette réalité dans son esprit. Il n'eut que peu le temps de regarder quoi que ce soit dans la chambre : la main de Krystal, en se posant sur son torse, captiva toute son attention et il recula sans la lâcher des yeux, détaillant chaque ligne de son visage, chaque courbe de son corps, frissonnant autant de l'attitude que du contact. Elle était... toujours aussi parfaite, aussi attirante, aussi déterminée à le faire tourner la tête. Impossible de séparer ses yeux des siens alors qu'il se retrouvait poussé contre le canapé, trop près et trop loin d'elle à la fois. Un instant, il loucha sur son genou, ses veines s'enflammant brusquement devant cette simple promesse de contact. Elle avait beaucoup, beaucoup trop d'effet sur lui.

Alors que chaque seconde accentuait son envie de se coller contre elle, il s'efforça de rester immobile, de l'écouter quand bien même chaque effleurement de ses doigts accélérait les battement de son coeur. Il déglutit maladroitement. Comprendre et appréhender ce qu'elle disait dans ses circonstances aurait tenu du miracle mais il plissa les yeux pour se concentrer, déglutit en sentant son noeud papillon se défaire, se mordit la lèvre en la regardant. Impossible : totalement impossible de rester sérieux et cohérent dans ces circonstances. Il savait que les mots se feraient un chemin dans son esprit et reviendrait y prendre un sens le lendemain mais, pour l'instant, la seule chose qui avait un semblant de signification, c'était la main qui s'amusait à le taquiner. Il hocha maladroitement la tête, même s'il savait qu'il ne faisait pas vraiment illusion : elle se douterait sûrement qu'il était plus prudent de lui répéter tout ça quand son esprit ne serait plus obnubilé par son attirance pour elle.

Sa nuque bascula légèrement en arrière quand elle vint poser ses lèvres dans son cou et il passa une langue sur ses propres lèvres, fébrile. Il ne peut que hocher la tête, la bouche sèche, jusqu'à s'être assez humidifié les lèvres pour réussir à prononcer un simple "oui", conscient dans son fort intérieur que, peu importe le nombre de problèmes qu'elle lui avait exposés, aucun ne saurait surpasser les raisons qui l'avaient poussé, lui, à faire cette proposition. Caindell remonta presque timidement ses doigts pour effleurer les siens. Il avait envie d'un contact, mais ce contact seul l'électrisa plus encore et il inspira plus longuement, presque un peu difficilement, pour essayer de garder la tête froide. Mission totalement impossible.

Elle ne pouvait pas décemment vouloir qu'il se concentre, c'était impossible. Pas alors qu'il sentait ses mains et ses lèvres le titiller, juste un peu, juste assez pour que son cœur vienne cogner à ses tempes. Elle était juste... hypnotisante. Toujours plus hypnotisante, surtout dans cette robe, surtout avec cette attitude, surtout à l'instant, avec son esprit qui recherchait la moindre occasion d'échapper à ses pensées et qui en trouvait une parfaite dans les petites sensations qui remontaient sur sa peau. Comme le long frisson qui y courut lorsqu'elle vint mordiller son oreille ; ses dents imitèrent le mouvement sur sa propre lèvres alors qu'il plissait un peu plus les yeux, envahi par les petits picotements qui prenaient possession de leur nouveau terrain de jeu. Elle se plaisait à jouer de ses réactions et ça lui aller très bien, de relâcher un peu de contrôle pour le lui céder, de la laisser mener la danse. C'était elle qui la lui avait fait découvrir, après tout, et il ne doutait pas une seconde qu'elle fasse partie des meilleurs. Il n'avait, de toute façon, pas envie d'aller évaluer la concurrence ; elle le rendait suffisamment dingue à elle seule.

Lentement, envoûté par les petites caresses qu'elle promenait sur sa peau après avoir ouvert le premier bouton de sa chemise - et la sensation un peu inédite et étrange sans être désagréable de ses gants sur sa peau - il vint remonter doucement ses mains sur ses hanches, survolant le tissu délicat de sa robe tandis que son regard venait se perdre sur ses mouvements à elle, invitation et tentation pas déguisée le moins du monde qui le firent déglutir une nouvelle fois. C'était normal, d'avoir l'impression qu'elle s'insinuait jusqu'aux tréfonds de son esprit pour trouver précisément où appuyer pour brouiller sa raison ? Parce que c'était exactement ce qu'elle faisait.

Il se leva sous son impulsion, effleurant ses lèvres de son souffle avant qu'elles se dérobent, faisant briller malgré lui une flamme de frustration et de protestation dans son regard, déterminé à alimenter l'envie qui lui serrait la poitrine. C'était presque douloureux, de la voir s'éloigner. Il prit tout juste le temps de secouer la tête pour reprendre ses esprits avant de s'avancer vers elle, entrant totalement dans son jeu sans trouver la moindre raison valable de ne pas le faire. Il n'y avait pas de compétition dans leur dynamique et, s'il y en avait eu, il était de toute façon trop conscient d'avoir perdu d'avance pour essayer de l'emporter.

Ça ne l'empêcha pas de se pencher vers elle, passer une main sur sa joue et l'attirer pour récupérer le baiser qui lui avait été refusé. Son cœur s'emporta peut-être un peu trop sur ce simple contact et il se retrouva sans même l'avoir prévu à se maintenir au matelas d'une main, l'autre toujours posée sur son visage, la surplombant sans savoir si c'était pour longtemps. Sa jambe rétablit son équilibre d'elle-même en venant poser un genou sur le lit tandis qu'il luttait pour réussir à séparer leurs lèvres le temps de reprendre son souffle tant qu'il le pouvait encore.

Elle était si envoûtante… Chaque geste qu'elle faisait, chaque petit mouvement, était comme une souffle chaud sur les braises qui s'agitaient dans sa poitrine. Les doigts qui glissaient contre sa nuque, entre ses cheveux, les petits frissons qu'elle semblait presque calculer, le regard constamment accroché au sien. Comment aurait-il pu vouloir s'éloigner d'elle ? Elle agissait comme un aimant. Quand elle se pencha en arrière, il suivit le mouvement sans même en avoir conscience, les yeux clos, puis mi-clos, se tenant en équilibre sur le lit comme il le pouvait.

Il finit par être forcé de reprendre son souffle, la respiration haletante alors qu'il entrouvrait les paupières pour laisser son regard courir sur la ligne de sa gorge, le col de sa robe, le décolleté qu'elle dévoilait, les courbes de son corps. Il déglutit alors qu'elle s'attaquait peu à peu aux boutons de sa chemise ; sa main appuyé sur le matelas tremblait légèrement mais le gardait en équilibre, solide sans être imperturbable. Caindell le laissa attirer, embrasser, sans la moindre hésitation ni le moindre doute, totalement en accord avec les battements effrénés de son cœur. Cette femme était parfaite, et il voulait se perdre éternellement dans ses baisers, ses caresses, ses sentiments. Tout simplement.

Fébrile, il la regarda se reculer vers l'intérieur du lit, ne bougeant pas tout de suite pour laisser son regard glisser le long de ses hanches, du début de ses cuisses à peine dissimulées par les contours de sa robe. Puis il répondit à son invitation et se rapprocha d'elle, uniquement pour sentir le monde pivoter autour de lui et son dos s'enfoncer dans le matelas, une Krystal toujours plus hypnotisante installée à califourchon sur lui. Une sensation électrisante courut sur sa peau lorsqu'elle se saisit de ses poignets et les immobilisa contre le lit. Une seconde, il leva les yeux ; la vision des doigts qui enserraient ses bras ne diminua pas la chaleur qui lui creusait le ventre, bien au contraire.

- Ça… m'intéresse…

Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle avait en tête mais il connaissait assez ses propres réactions pour savoir que les prémices avaient visiblement un effet assez intense sur lui et il était beaucoup trop curieux de savoir exactement à quoi elle pensait. De vraiment découvrir tous ses aspects, tout ce qu'elle aimait, tout ce qu'elle pouvait imaginer.

- Qu'est-ce que tu as en tête… ?

Parler était extrêmement difficile, entre son souffle court et l'incohérence de ses pensées. Il était déjà content de pouvoir former une phrase construite sans se mettre à bégayer ou à perdre ses mots. Mais vu comme elle le regardait et vu comme il avait envie de la dévorer du regard, sa pseudo-contenance ne durerait pas longtemps.

Elle ne répondit pas à sa question, bien évidemment. Venant d'elle, l'inverse aurait été surprenant : Krystal n'avait jamais été du genre à avouer aisément ce qu'elle avait en tête, et c'était très bien comme ça. Il observa le mouvement de ses doigts, suivant au millimètre près la main qui glissait le long de son bras jusqu'à approcher son interface. Elle était la seule personne, à part lui, à savoir comment la déverrouiller ; visiblement, elle n'avait pas l'intention de s'en priver. Il plissa les yeux, tentant vainement de deviner à quoi elle pensait, mais il ne connaissait de ce sujet que ce qu'elle lui avait appris et montrer, et le jeu dont elle semblait se réjouir d'avance ne faisait pas partie de la liste.

Joueur et docile à la fois, il ferma les yeux quand elle le chuchota à son oreille, la peau constellée de frissons. Même son souffle à son oreille était envoûtant, quant aux lèvres qu'elle faisait courir sur son cou… Même s'il l'avait voulu, rouvrir les yeux dans ces circonstances lui aurait été difficile.

Une chaleur nouvelle lui noua l'estomac quand il sentit le tissu passer autour de sa tête, surmonter ses yeux. Là, il eu la tentation d'ouvrir les paupières, peut-être par curiosité, peut-être par instinct, pour se retrouver face à l'obscurité feutrée et quasi-totale qu'elle lui avait imposé en une fraction de seconde. Il sentit tout son corps frémir, terriblement conscient de chaque effleurement sur sa peau, chaque contact, chaque son, en particulier les inspirations et les soupirs tremblants qui franchissaient ses lèvres. Les mains serrées autour de ses poignets, le glissement du tissu sur sa peau, de son ventre jusqu'à ses bras… Il se mordit la lèvre, réprimant à grand peine un petit gémissement qui fit s'agiter légèrement sa jambe.

Ses mans bougèrent par réflexe, comme si une part inconsciente voulait tester l'opportunité de s'échapper, la possibilité de se libérer de ces liens alors même que leur présence faisait tambouriner son cœur dans sa poitrine. Il déglutit difficilement, s'efforça de contrôler sa respiration sans la moindre chance d'y parvenir. Comment aurait-il pu ? Il la sentait bouger ; elle se redressa au-dessus de lui et il dut lutter et ouvrir la bouche pour inspirer et espérer garder un semblant d'air dans ses poumons.

Il sentit ses cheveux chatouiller son visage bien avant qu'elle ne s'en saisisse pour l'embrasser et un tremblement courut dans sa chair et remonta sur sa peau dans un frisson qu'il ne put qu'exprimer dans un gémissement étouffé entre ses lèvres. Tout paraissait tellement plus… intense que d'habitude. Il dut reculer un peu son visage pour rompre le baiser et essayer désespérément de retrouver de l'oxygène. Ses mains s'agitèrent par réflexe, sans qu'il sache vraiment si elles cherchaient à se libérer ou juste à faire passer quelque part la chaleur qui l'envahissait. Sans qu'il ait spécialement, non plus, la tête à essayer de savoir. Réfléchir commençait à devenir une fonction secondaire un peu difficile à garder en place face à toutes les autres.

Elle était... hypnotisante. Terriblement hypnotisante et envoûtante. Il déglutit difficilement. Elle avait toujours eu beaucoup d'effet sur lui mais c'était... différent. Il prit une inspiration maladroite en sentant ses lèvres glisser contre sa mâchoire, puis dans son cou, avant de se mordre la lèvre inférieure dans un frisson. Sa respiration s'agita quand elle vint passer sa main sur sa jambe, ses côtes, sa hanche, consteller sa peau d'encore plus de frissons.
Son coeur battait-il si vite que ça ? Sûrement... Il avait l'impression de l'entendre cogner à ses tempes. Ses lèvres étaient si proches... mais elles lui semblaient tellement inaccessibles. Inaccessibles et tentatrices. Était-il censé y résister ? Il n'était même pas sûr, dans l'état actuel des choses, de pouvoir se redresser assez pour s'en emparer.

- N... Non...

Arrêter ? Ralentir ? Non... L'idée même lui comprimait la poitrine. Son regard glissa vers la main posée contre son torse ; sa jambe s'agita légèrement, en petit tremblement qu'il tenta vainement de contenir en fermant les yeux quelques secondes. Elle jouait avec lui, et il n'avait aucune envie de s'en plaindre. C'était Krystal. Sa Krystal. Elle avait toujours été comme ça, et elle pouvait l'être autant qu'elle le voulait... Ça faisait partie des choses qui le rendaient dingue chez elle.

- K-Krystal...

Il relâcha une longue expiration, essayant par réflexe de bouger ses mains pour les poser contre sa cuisse, mais le lien qui les privait de leurs mouvements se rappela à lui et il reposa rapidement ses bras contre le matelas avec un plissement de paupière, avançant doucement son visage.

- Embrasse-moi...

Elle était trop proche pour que la tentation ne lui brûle pas la gorge. il avait terriblement envie de sentir ses lèvres contre les siennes, et pas la seule chaleur de son souffle. Juste quelques secondes, même un court instant pour faire temporairement cesser sa torture.

- S'il te plaît...