Psst, Kid.... [ft Kaylee Wilsonn]

Kaylee & Thomas

J'adore ma journée du vendredi. Parce que j'ai sport, déjà, et aussi un big trou de midi à 15h. Journée cool du coup. Y a juste la philo que je supporte pas mais comme elle est après le sport je fais genre j'suis fatiguée pour pas trop écouter. Tant que je me mets au fond de la classe, ça passe tout seul. Enfin, presque... Le prof est un peu chiant sur les bords quand il me voit dormir mais il est censé savoir que c'est pas toujours ma faute. Si y a pas de soleil ça arrive souvent à cause de ma race et Kay me fait même un mot de l'infirmerie parfois. Bon... après, aujourd'hui j'ai pas trop d'excuse. Le soleil tape bien, je me sens incroyablement électrisée. C'est fou comme ses rayons contre ma peau ont l'effet d'un booster sur moi. Je ne m'en lasserai jamais.

Je pousse un petit soupir d'aise. La journée vient de finir. J'ai l'impression que mes cours d'adaptation m'aident à canaliser mes bestioles. Ça me fait plaisir qu'elles commencent à m'écouter. Surtout Khéops. Lui c'est vraiment le plus terrible, à faire sa crise d'ado -j'en fais une aussi mais on va pas le dire trop fort- et s'amuser à me désobéir tout le temps! Maintenant ça va mieux, il a arrêté d'aveugler tout le monde et de griller les réserves de lumière de Khéphren. Du coup, je commence à l'apprécier un peu plus. Il a fallut le temps, hein? Bref.

Je glisse la lanière de mon sac sur une épaule et vite, direction dortoir. J'ai horreur de l'uniforme avec cette putain d'jupe, il faut que j'aille me changer. Je trace jusqu'à ma chambre pour retirer ces fringues et retrouver les miennes. Ah... ça fait du bien. J'enfile mon jean et mes doc martens avant de récupérer un débardeur blanc et mon éternelle veste en cuir. Puis la touche finale, mon foulard noué autour du cou. Là, je me sens moi-même! Du coup, comme je ne suis pas fatiguée grâce à la présence du soleil, je vais ressortir un peu pour me balader. J'ai pas salué mes colocs mais elles savent que j'ai pas forcément envie de taper la causette. Bref, me voilà à nouveau dehors. Je fais plusieurs mètres avant de tourner les talons et me rediriger vers les dortoirs. Je suis tête en l'air, j'ai souvent tendance à oublier des trucs, en l’occurrence mon portable, mais au moins j'ai des jambes. Bon après j'vais pas vous mentir, faire des allers-retours pour rien c'est chiant.

- Vous! Oui, vous! Aidez moi!

Hm? C'est à moi qu'on parle? Je hausse un sourcil en tournant la tête. Qu'est-ce qu'il veut celui là? Je plisse les yeux. C'est marrant, j'ai l'impression de le connaître. Il serait pas dans ma classe? Ouais je crois bien. Il parle pas vraiment, est super discret mais au moins je crois reconnaître son cache-œil. Ouais il doit bien être dans ma classe. Par contre je vois pas du tout comment il s'appelle. Enfin, j'ai pas la mémoire des noms, pas ma faute. Je hausse les épaules. Heu... Hey. Attends une minute... Il est en train de se faire tabasser ou je rêve? J'étais tellement occupée à essayer de me rappeler sa tête que j'ai même pas capté sa situation. Ah, c'est pour ça qu'il m'a dit "aidez-moi" tout à l'heure. Ça fait sens. Oh.. Attends une autre minute... Je connais son agresseur en plus! Je suis sûre de l'avoir déjà vu roder autour d'Iris et Lova! Je crois qu'il essayait de leur refiler des sachets de poudre hyper louches. Je m'étais déjà engueulée avec lui d'ailleurs.
Sans perdre plus de temps, je trace en courant vers lui pour le chopper et lui faire un plaquage. Il est grand, plus costaud que moi mais avec le soleil et mon élan j'ai pu le faire tomber. Bon, je suis tombée avec lui mais au moins il est à terre maintenant.

- Qu'est-ce que tu fous là Piff?! T'as pas fini de taper sur plus p'tit qu'toi?!

Bon, j'me souviens plus de son espèce de pseudo nul mais je crois que c'est un truc comme ça. Au pire, qu'est-ce que j'm'en fous! Tout ce que je vois pour le moment c'est qu'il tape sur un de mes camarades et qu'il est potentiellement dangereux pour l'une de mes seules potes et ma coloc' alors y a pas à réfléchir! Je lui fous un coup de poing dans la tête avant qu'il ne récupère ses esprits. Ça va pas l'assommer vu son gabarit mais ça me laisse le temps de me relever pour aller voir le môme.

- Pourquoi tu te faisais taper dessus toi?

Kaylee & Thomas

J'attrape la main qu'il me tend pour le tirer vers moi et l'aider à se relever. Mais quelle idée de se faire taper aussi? Surtout quand on fait cette taille et que, visiblement, nos capacités physiques laissent à désirer. J'ai presque pu entendre ses os craquer. Youh.. Comment est-ce possible d'être aussi fragile? Surtout pour un garçon? J'trouve ça bizarre... Mais ce qui est encore plus bizarre c'est sa façon de parler. Je comprends mieux pourquoi il desserre pas les dents en règles général. Il essaye de répondre à ma question en bredouillant. Non, pire, il bute à chaque mot. J'ai juste compris "Hodd" et "Cheveux mouton". Je hausse un sourcil. Mais encore? C'est pas comme ça que j'vais comprendre ta situation p'tit père...

- J'vais te faire payer toi!

Je me tourne vivement vers le serpent pour anticiper ce qu'il va faire. Je savais que j'allais pas l'assommer tout à l'heure, ça parait logique qu'il veuille frapper. Je prends une position défensive en le voyant s'approcher. Par contre, petite parenthèse, le sang qui coule de son nez et sa tête de pas content vaut tout l'or du monde! Ha ha ! Mais qu'est-ce qu'il a l'air con, voyons! Il fonce sur moi comme un sauvage. Grosse erreur mon gars. Franchement, une attaque frontale comme ça, ça s'esquive les doigts dans le nez. Je fais un pas de côté juste avant qu'il n'arrive sur moi et en profite pour lui sauter sur le dos. Aller, rodéo! Ha ha! C'est marrant en vrai. J'pourrai m'y habituer!

- Lâche moi bordel!

Il essaye de se dégager avec son bras mais j'tiens bon. C'est pas un petit mouvement qui va me faire lâcher aussi facilement. Et j'adore faire l'inverse de ce qu'on me demande. S'il me dit de le lâcher, je lâche pas. En plus, vu de l'extérieur il doit avoir l'air con avec moi sur le dos tandis qu'il se débat. Bon... Par contre.. J'aime pas sa manière de reculer. Mon dos heurte violemment le mur et j'étouffe un cri de douleur avant de le libérer. Je retombe et me réceptionne à quatre patte, le souffle court. Putain.. Il a frappé fort cet idiot.. Ma respiration s'est coupée un moment, mes poumons et mon dos me font mal. Quel con.. J'vais le buter.

Il me laisse même pas le temps de bouger qu'il me lance un coup de poing dans la joue. J'ai presque l'impression qu'il me l'a arraché tant il a tapé fort. Sonnée, je tombe sur le sol en me tenant la joue.

- Ah..! Enculé..

Après j'ai pas trop suivis. Je crois avoir entendu un cri rageur. J'ouvre un œil. Le p'tit moustique charge sur Piff comme un pokémon. Putain.. Il sait se battre lui? Il aurait pas pu le faire avant de m'appeler? Je resserre les paupières en grimaçant sans parvenir à me relever. J'ai mal.. Mais j'essaye de respirer plus profondément pour calmer cette sensation désagréable. Le soleil sur ma peau me fait du bien. Je peux déjà sentir la douleur s'estomper et ma joue dégonfler. C'est quand même pratique... Pourquoi y a si souvent des nuages? Hyper chiant... Donnez-moi du soleil tout les jours!
Je tousse un peu en appuyant une main sur ma poitrine. J'ai l'impression que ma cage thoracique s'est faite aplatir par un boulet de démolition. Mais ça va.. ça se calme.. Je me redresse en ouvrant un œil et observer la scène. Puis je sursaute en arquant les sourcils de surprise. Ah bah... Le môme vient de créer une flamme dans sa main qu'il avait plaqué contre la joue de Jean-Michel du chiant. Okay... Je savais pas qu'il pouvait faire ça. Je pousse un soupir agacé. C'est bien ce que je disais plus tôt, il avait pas besoin d'mon aide, il aurait pu l'faire avant..
Enfin, ça a l'air efficace son truc vu que Piff hurle tandis que le p'tit essaye de se décoller la main. Puis les flammes s'arrêtent. Les deux se séparent. Eurk. Il a vraiment la face carbonisée. Mais au moins ça lui servira de leçon.

Je me relève avant de m'adosser contre le mur, toujours une main sur ma joue, pour le regarder détaler comme un lapin alors qu'il nous menace de revenir.

- Ouais c'est ça! Et on t'cramera l'autre joue!

Je souffle. Puis je regarde l'autre qui panique avec ces morceaux de peau collés à sa main. Je viens près de lui et pose une main sur son épaule pour le secouer un peu.

- Hey. Arrête de paniquer!

Je me masse la tempe avant de regarder sa main. On va avoir des problèmes nous, si on nous choppe. C'était de la légitime défense mais je crois bien qu'on a pas le droit d'utiliser ses pouvoirs contre un autre élève. Moi j'ai rien fais, j'ai juste tapé. Lui par contre... Je resserre ma main sur son vêtement pour le tirer avec moi.

- Aller viens, on s'casse.

Les cris de l'autre pau've type risquent d'attirer des surveillants et j'ai pas envie de devoir encore me justifier auprès d'eux. Je passe la porte du dortoir avec le garçon, la referme et commence à monter les escaliers.

- Au fait... t'es qui déjà?  

Kaylee & Thomas

Il arrive vraiment pas à parler c'est fou. Tout à l'heure j'ai mis ça sur le compte de la peur ou la panique après ce qu'il avait vécu. Mais bon. Maintenant ça devrait aller non? Du coup... Il parle vraiment comme ça au quotidien? Ça doit être hyper chiant! Je soupire en roulant des yeux au ciel. 40 ans pour dire son nom c'est fou... Très vite, je m'impatiente et souffle du nez. Ouais c'est ma façon de dire que c'est beaucoup trop long pour ce que c'est. Sérieux..

- M...Marche satanée voix!!!

Je hausse un sourcil. C'est qu'il a presque l'air de souffrir en plus.. Problème de bégaiement? J'sais pas mais en tout cas ça a l'air de l'handicaper. Il finit par se ressaisir -enfin, si je peux vraiment utiliser ce terme- et commence à agiter les mains pour accompagner ses paroles. Pourquoi il gesticule comme ça? J'le regarde faire, moyennement convaincue par sa méthode. Thomas Lynch. Comme la méthode d’exécution. Y a une méthode d'exécution qui porte son nom? Bon... On va dire que je le crois. Je hausse les épaules en hochant la tête pour lui dire que j'ai compris.

- Kaylee Wilsonn.

- C'est jo...

Sa phrase s'interrompt dans une grimace de douleur alors qu'il se tient son œil. Heu... Qu'est-ce qui lui arrive? 'Fin j'sais pas, j'ai pas souvenir de l'avoir vu se prendre un coup là. Ou peut-être avant que j'arrive. Je repose une main sur ma hanche en haussant un sourcil.

- Qu'est-ce que t'as?

Je comprends pas trop ce qu'il a. Il était normal y a deux secondes, non? Enfin mis à part le fait de parler comme un enfant de 4 ans.

J...Je vais bien, c'est temporaire..... Ghhhh.... ça va passer... Bientôt...


Hmhm. Étrangement je suis pas convaincue par ce qu'il me dit. Il a plutôt l'air de mourir à moitié avec son œil. D'ailleurs j'y pense. Tout à l'heure il a fait des espèces de flammes... Peut-être qu'il est en train de cramer en mode torche humaine? ...
Je fouille rapidement dans mon sac pour en sortir ma bouteille que j'ai vidé de moitié. Je l'observe avant de poser mon regard sur l'eau puis lever les yeux vers lui une nouvelle fois. Bon. Je dévisse le bouchon et lui balance le contenu à la figure sans expression particulière sur le visage. J'espère que ça va lui remettre les idées en place.

- C'est juste mon oeil.... Juste mon oeil.... tout va bien...

Juste son œil, tout va bien. Ouais fais moi croire ça. Si j'étais une connasse je l'aurai pris au mot et l'aurais laissé en plan. Mais bon, j'l'ai pas sauvé pour l'abandonner. Sinon je me serais faite casser le dos pour rien et ça serait un peu con. Alors je soupire mais reste et attends. Bon... C'est quand tu veux gamin, c'est pas comme si y avait potentiellement les surveillants qui nous cherchent.
Il agrippe un truc sous sa chemise. J'ai l'impression que c'est une espèce de croix mais je suis pas sûre. Et puis il murmure des trucs que j'entends pas. Il parle pas assez fort. Je tapote du pied en regardant atour de moi. Si on se fait chopper comme ça, ça serait super con... Mais après un bout de temps il a l'air de se calmer même s'il respire encore assez fort. Puis il me regarde et me demande pourquoi l'eau.

- Parce que t'as fais cramer à moitié un gars y a deux minutes. J'sais pas, t'étais peut-être en train de brûler de l’œil, lançai-je en haussant les épaules, Bon aller, maintenant on bouge, j'veux pas me faire chopper.

Je tourne les talons en lui attrapant le poignet pour qu'il me suive. Il a pas l'air très réactif ce garçon, maintenant qu'il va "mieux" j'veux pas prendre de risque. Je monte les marches des escaliers en trottinant avant d'arriver devant ma porte de chambre. J'ai faillis, je dis bien faillis, entrer directement mais je me stoppe pour me tourner vers le môme et parler moins fort.

- En fait.. J'peux m'incruster dans ta chambre juste le temps que je me régénère? J'veux pas inquiéter mes colocs.

Ma joue a dégonflée pour reprendre une forme normale mais elle est toujours rouge. Et j'ai encore ce goût de fer sous la langue. Sous le coup de l'adrénaline tout à l'heure j'ai pas trop capté mais je crois bien que l'attaque de l'autre m'a fait saigner un peu de la bouche. Grâce au soleil ça devrait se résorber tout seul mais il me faut un petit temps. J'ai pas envie d'attendre comme une abrutit dans les escaliers et je veux pas entrer dans ma chambre parce que Lova va me casser les couilles à vouloir m'envoyer à l'infirmerie alors que j'en ai pas besoin. Qui ne tente rien n'a rien.

Kaylee & Thomas

Bon. Oui? Non? On va pas rester plantés là des plombes… Thomas a l’air d’hésiter. D’une certaine façon je peux comprendre, je suis pas sûre qu’une fille ait le droit de squatter la chambre d’un mec mais bon, au pire, on peut toujours dire qu’il m’aide à bosser sur… un sujet quelconque.
Il hoche la tête avant de m’indiquer la direction. Pas trop tôt. Je le suis sans trop faire la causette. De toute façon j’ai pas forcément d’inspiration pour alimenter une conversation. Arrivés devant sa porte de chambre, il pousse un soupir avant de préciser qu’il n’a pas de colocataire. Parfait, ça me va. Ça m’arrange même. On sera tranquille, je pourrais me régénérer sans qu’une tierce personne ne me pose de questions et éviter par la même occasion Lova et Sara. Oh tient maintenant que j’y pense.. Il a parler normalement là, non? Ouais je suis presque sûre qu’il a pas bégayé. Bon ben… C’était peut-être la panique finalement. Je hausse les épaules puis il ouvre la porte pour m’inviter à entrer. Plus en désordre que je ne l’aurais cru comparé à sa tête. Ça dénote un peu, c’est bizarre. J’imaginais un truc tout sage et rangé. Comme lui. Bref. J’entre en regardant autour de moi, je suis de nature curieuse, c’est un réflexe. Et puis j’aime bien connaître mon environnement. C’est con hein mais dans un combat c’est super important donc j’ai commencé à prendre le pli même quand y a rien. Après je vais pas mentir, j’ai pas trop assuré tout à l’heure, j’aurai dû prévoir le mur et pas sauter sur le dos de Jean-Michel du Piff. Ça m’aurait évité un dos qui craque. Bref.
Le lit est fait, les vêtements pliés pour la plupart même s’ils s’étalent à peu près dans toute la pièce, et il y a des ampoules cassée ou grillées. Et j’vais pas parler du bureau bricolé avec des tables de chevets parce que bon… disons que c’est pas ce que j’appelle le plus optimal pour bosser. Y a pleins de trucs dessus, des fiches, des bouts de parchemins, un cadre photo et autres babioles. De toute façon j’ai pas le temps de m’y attarder dessus.
Une fois qu’il a fermé la porte, il me remercie pour l’avoir sauvé. Je lui fais un signe de main pour lui faire comprendre que c’est bon. Je suis plus à ça près de toute façon. C’est arrivé combien de fois que je “vole au secours” de quelqu’un? Hm… Je sais pas. Y a eu Iris. Ma coloc’, d’autres à insérer à cet emplacement et puis lui maintenant. Même si je finis souvent avec un bobo, j’aime bien pouvoir casser la gueule à des connards légalement. Y a trop de sales gosses dans ce monde, faut bien que quelqu’un leur donne une bonne leçon. Et pour le moment j’m’en sors pas trop mal dans ma tâche. J’ai toujours gagné après tout!

- Qu'est ce que je peux faire? Veux-tu du thé?

Il me sors de mes pensées avec sa proposition. Pour ce qui est de faire un truc ben je vais d’abord me contenter de me régénérer tranquillement et pour le thé je dis pas non. Je m’étire pour essayer de débloquer un peu mon dos avant d’aller à sa fenêtre pour mieux capter ses rayons sur mon visage. Thomas, quant à lui, va récupérer une petite boîte sous son lit, des tasses et une bouilloire. Moi je reste là sans bouger, les yeux fermés face aux rayons du soleil. Ça me fait du bien. Vraiment du bien. Je pousse un petit soupir d’aise. Je peux sentir la coupure dans ma bouche se résorber et le feu de ma joue s’apaiser. Qu’est-ce que j’aime le soleil… J’aimerai qu’il y en ait tout le temps.  

- Le thé à la camomille calme les nerfs et aide contre les coups et blessures. Le gout est comparable à du miel. Sucre? Nuage de lait?

Hm.. Calme les nerfs? Ouais j’en aurais bien besoin. Et j’aime le miel donc c’est parfait. Je n’ouvre les yeux que lorsque je l’entends s’approcher et me dire qu’il insiste pour que j’en prenne une. Je vais pas me faire prier. Moi et la bouffe c’est une grande histoire d’amour. J’aime le thé, j’aime le miel. Pas plus compliqué que ça. Je prends la tasse entre mes mains avant de boire une gorgée.

- Au fait... Le type n'a pas fait tomber un cahier rouge tout à l'heure?

Je m’adosse contre le mur, enroulant un bras sous ma poitrine pour soutenir mon coude dans ma main, la tasse dans l’autre, juste devant ma bouche. Je le regarde avant de lever les yeux au ciel en signe de réflexion.

- J’sais pas. Pourquoi? Même si c’était l’cas j’ai pas forcément envie d’aller le récupérer pour le lui ramener. Au pire on s’en fout, non?

Le môme énonce un truc qui m’interpelle par contre. Jean-Michel du Piff était en train de vendre une poudre louche à Ch’veux mousse. Et ça me fait tiquer. Il me semble qu’il a essayé de faire la même à Lova et Iris. Ça me plait pas… On s’était engueulés par rapport à ça, j’lui ai fait comprendre de plus recommencer et de plus approcher mes potes. Sauf que, visiblement, il s’en fout. Et ça me dérange cette histoire, ça ressemble un peu trop à de la drogue à mon goût. Petit carnet rouge à vérifier donc. Soupir. Je me redresse en buvant mon thé quasiment du traite pour le finir avant de poser la tasse sur le bureau. Pendant que je fais ça, Thomas commence à se changer et je le tire par le tee-shirt.

- Bon aller, on va voir c’que c’est.

Il proteste en me rappelant qu’il est trempé. Je me tourne pour le regarder. Ah ouais c’est vrai. Bon. J’le lâche. Mission, moi je vais chercher le carnet et lui il se change de fringues. Je passe la porte, descends en vitesse pour atteindre la cour et chercher des yeux un carnet rouge. Hm… Ah voilà. Je m’approche et le prends dans mes mains avant de le feuilleter en retournant côté dortoir. Qu’est-ce qu’il écrit mal on dirait un docteur qu’aurait bu. Mais du peu que je comprends on dirait une liste de nom et de chiffre. Avec des p’tits commentaires. Et puis je lis “LAG”. C’est quoi ça? Une sorte de drogue alternative? Oh… C’est pas bon ça. Y a trop de noms et de chiffres pour être rassurant. Pas très légal ça. Mais je comprends pas grand chose déjà parce que j’ai du mal à déchiffrer et en plus parce que j’ai jamais mis le nez dans ce genre de chose. Je remonte jusqu’à la chambre de Thomas, entre sans toquer -j’ai oublié, me jugez pas-, et balance le petit carnet sur son lit.

- Voilà. J’crois que ça parle de drogue mais j’arrive pas à lire. Si tu veux avoir le cerveau pour nous deux j’t’en prie.

Kaylee & Thomas

Je retourne m'adosser contre le mur. Ma mission est accomplie. A son tour maintenant. Moi je comprends pas forcément certains trucs basiques, je préfère taper. Lui a l'air plus cérébral que moi. Et puis de toute façon c'est pas moi qui veux voir ce que contient ce truc à la base. Alors il se débrouille avec. Je pousse un soupir en glissant mes mains dans mes cheveux. Je sais pas pourquoi mais je sens que cette histoire va me prendre la tête. Déjà ce con de Jean-Michel du Piff est un peu trop souvent à roder dans les parages avec son air louche. Ça présage pas grand-chose de bon. C'est pénible quand même…
Doucement, je glisse une main sur ma joue pour constater que la douleur est partie puis je chercher de la langue la coupure que j'avais dans la bouche. Hum… Hum? Elle était où déjà? Bon… Si je la trouve même pas je suppose qu'elle est en train de guérir, c'est bien ça.  

Mais….. Mais il est stupide, ma parole!

Je lève les yeux vers le môme. Qu'est-ce qu'il a trouvé dans ce bouquin? Je me gratte la tête. On dirait pas comme ça mais cette affaire commence à m'interpeller plus le p'tit parle. Déjà, chapeau à lui, moi je comprends rien tellement ce con écrit mal. Et concernant sa question… Hum.. Je réfléchis un instant. Peter Sons? Je m'approche de lui pour observer ce qu'il me montre. Effectivement y a ce nom qui revient souvent dans le carnet.

- Pas souvenir de ce nom. Mais je me souviens qu'un type a pété un plomb y a quelques temps. Après de là à savoir si c'est lui ou pas… lançai-je dans un soupir.

Moi et la mémoire des noms, faut pas trop en demander. Les seuls dont j'me souviens c'est en histoire.  

- William-Francis Lovegood… Il travaille pour un groupe qui se dénomme Jormugand. C’est le nom du serpent qui se mange la queue dans la mythologie Germanique. Il est prédit que lors de la fin du monde, le serpent dévore Midgard: la Terre.

- William-Francis Lovegood… ?

J'ai répété en articulant chaque syllabe comme pour m'assurer que je ne me trompais pas. Et puis j'éclate de rire. Alors c'est le vrai nom de Jean-Michel du Piff ? C'est encore plus nul ! Oh mon dieu ! Je vais l'appeler comme ça tout le temps. Vraiment, ça fait tellement peeeeeeeur oh la la ! Tu parles d'une racaille. Pff. Puis je retrouve mon sérieux en voyant celui de Thomas.

- Il y a beaucoup de noms.

Il a braqué son regard dans le mien, l'air inquiet, avant de fermer le carnet.

- Fais voir.

Je récupère l'objet entre mes mains avant de l'ouvrir pour le feuilleter avec un nouvel œil. C'est vrai qu'il y a beaucoup de noms… Et si toutes ces personnes sont touchées par ce type ou ce réseau, c'est grave. Je pensais qu'il faisait son p'tit racailleux avec 3-4 personnes. Pas plus.. Là je ne compte même pas le nombre qu'il y a. Et les petits commentaires me déplaisent dès que j'arrive à en déchiffrer. On devrait…
Je me fige. Je n'arrive pas à parler pendant une seconde et fixe un nom. « Lova Lindberg »… Il est dans les derniers de la liste. Y a pas de chiffres écrit à côté. Juste des petits commentaires. « Effet du Lag sur un corps fragile ?» C'est quoi cette merde ?! Je sens une énergie de colère monter en moi et je balance le livre contre le sol comme si ce geste était adressé au propriétaire du livre.

- Connard ! J'vais te faire bouffer tes putains de sachets de drogue ! Tu toucheras pas à ma coloc.

C'est vrai qu'elle est toute finotte et pas bien costaud. Et ce salaud veut tester ce que sa merde pourrait avoir comme effet sur elle ? Genre il la prend pour un cobaye ou ça se passe comment ?! C'est pour ça qu'il a déjà fait une première approche soldée par un échec. Mais vu ce que j'ai lu, il a pas envie de s'arrêter là.. Ça me met hors de moi. J'ai très très envie de lui exploser la tronche. A la base j'aurai sûrement remis le carnet à des surveillants ou au directeur. Mais j'en fais une affaire personnelle maintenant. C'est mort, je laisse pas les adultes gérer. En plus je leur fais pas vraiment confiance.
Je me tourne vers Thomas, agacée.

- Est-ce que t'as lu un truc qui ressemblait à un emplacement ? T'as une idée d'où se trouve leur QG ?  Moi j'ai pas pigé la moitié de son écriture pourrie. Mais j'ai très envie de leur casser la gueule. A tous.


J'suis sérieuse, là je suis vraiment remontée. C'est pas normal… Pourquoi le simple fait de voir le nom de Lova sur ces pages me met dans cet état ? C'est nul, j'la connais pas tant que ça.. Mais je sais pas. Elle est pas méchante, au final je pense que je l'aime bien. Et son côté toute fine me donne une certaine envie de la protéger. J'suis vraiment bizarre moi… Je devrais même pas penser ça.

Kaylee & Thomas

Je sais pas pourquoi cette histoire me fait autant péter un plomb mais j'arrive pas à maîtriser la colère que je sens monter. Peut-être que le soleil me rend plus irritable ou impulsive? A fleur de peau? Je sais pas. Tout ce que je sens c'est cette énergie de feu qui monte doucement mais sûrement dans ma poitrine. J'ai vraiment très envie de coller une raclée aux connards qui pensent qu'ils peuvent tranquillement faire leur marché et expériences impunément.
Et le môme a absolument aucune idée d'où pourrait se trouver le QG. Ça m'énerve. On est pas avancés et ça me frustre. Je peux pas juste rester là, à en savoir beaucoup trop, sans pouvoir rien faire. Je souffle du nez. Lui va vers son bureau pour fouiller dans ses fiches avant de me demander de lui passer le carnet. Je tapote du pied pour signifier mon agacement avant de ramasser le livre pour l'apporter à Thomas. Je le plaque sur son bureau bricolé avant de reculer de quelques pas en croisant les bras. J'espère qu'il va trouver une piste. J'espère vraiment qu'il va trouver une piste rapidement. Je veux profiter d'avoir encore du soleil pour taper efficacement.
Je le regarde feuilleter le carnet en soufflant du nez en signe d'impatience puis finis par m'approcher pour regarder par dessus son épaule. Il marmonne, je l'écoute à peine. Ce qui capte mon attention c'est une fiche qui.. porte mon nom ? C'est moi « Kaylee W.», pas vrai? J'espère que je me trompe parce que c'est ultra creepy. Et comme c'est écrit lisiblement, je peux tout lire sans problème. Y a… beaucoup trop de détails à mon goût. Il parle même de Lova. Je grimace en laissant mes yeux se balader sur les lignes. Heu.. Est-ce que je dois m'inquiéter? C'est pas normal de prendre des notes sur les gens non ? J'allais dire un truc mais il tourne sa tête au même moment et se met à paniquer. Je hausse un sourcil en le regardant. Ouais. Vraiment bizarre ce garçon. Je pousse un soupir agacé quand il recule en m'indiquant par des gestes qu'il veut une distance entre nous. Je fais un pas en arrière avant de tapoter mon index contre ma jambe. Lui commence à s'expliquer sur ses fiches même si ça ne me convainc pas de ouf. Je roule juste des yeux pour lui faire comprendre d'enchaîner. J'ai plus à faire que de m'attarder sur ses fiches. Je veux juste qu'on puisse trouver le QG du réseau.

- Ces personnes là semblent être des clients récurrents. On peut s'en servir pour obtenir des informations, peut-être même comparer pour voir les effets de la drogue sur eux.

- J'ai pas compris.

Il recommence à parler comme si j'étais débile. Mais bon au moins je comprends. Ça me vexe juste un peu sa façon de le dire. Il aurait pu seulement le formuler d'une autre manière. Je me gratte la nuque.

- Ça me va.
Niquel.

Parfais, on est d'accord. Je hoche la tête en croisant les bras. Je vois bien qu'il a son plan en tête, je vais le laisser me l'expliquer. Ses notes sont hyper bizarres mais si elles peuvent nous aider pour ça alors pourquoi pas.



On a dû attendre un peu pour passer à l'action parce que les dealers ne vendent pas de drogue aux gars que Thomas a sur ses fiches le samedi. Du coup nous voilà dimanche avec notre petit plan près à être mis à exécution. Grossièrement, je suis censée chopper un des gars qui achète de la drogue et le taper jusqu'à ce qu'il nous donne des infos. Et Thomas il ferra ce qu'il veut. J'attends donc planquée dans un arbre, à un endroit apparemment stratégique d'après Thomas et ses observations. J'espère qu'il a raison parce que ça fait un bout de temps que je suis là et je commence à m'impatienter.
Mais au bout d'un moment, je vois un type se ramener dans le coin. Je crois bien que c'est ma cible, il vient d'acheter un paquet de poudre clignotante. J'attends un peu qu'il passe plus près de moi. Oh purée la veine ! Il marche juste en dessous de ma branche et je me laisse tomber sur sa tête. Littéralement. Il heurte le sol, se retrouve face contre terre et moi je me retrouve assise à califourchon sur son dos. Puis j'attrape son bras pour l'immobiliser dans son dos et plaquer un genoux entre ses omoplates. Je sais pas si ça fait parti du plan du môme mais j'allais pas laisser passer cette occasion. Il est passé pile en dessous. Je me devais de saisir l'occasion. Maintenant il est sonné par ma chute et la sienne.

- Toi! Qu'est-ce que tu sais sur les gars qui te vendent ta drogue?! Parle! Tout de suite !

S'il bouge, je le frappe. S'il se moque de moi, je le frappe. S'il veut pas parler, je le frappe. Dans tout les cas je le frappe alors il a vraiment intérêt à cracher le morceau rapidement. J'suis pas d'humeur. Déjà que j'ai pas vu le soleil hier, je suis vraiment pas d'humeur à patienter.

Kaylee & Thomas

J'ai immobilisé le mec et je lève le poing pour me préparer à taper à tout moment. Je suis un peu trop énervée pour avoir de la patience. Bon, il veut pas parler? Ok mon poing part. Il est légèrement sonné puis se montre étrangement plus coopératif. Je préfère ça.

- Tu...Tu le tiens bien, hein? lança une petite voix timide.
- Ouais t'inquiète.

J'appuie un peu plus fort mon genoux contre son dos pour m'assurer de ma prise. Pas question qu'il m'échappe. Je sais pas si on a d'autre alternative que ce type donc je n'ai pas intérêt à le lâcher. Pendant que je fais en sorte de bien le tenir, Thomas se penche pour commencer ses observations. Des yeux rouges par exemple. Perso j'm'en fous. Tout ce que je veux c'est avoir les infos qu'on cherche, rien d'autre.
Thomas commence à le questionner, l'autre a pas l'air de vouloir parler. Je tords un peu plus son bras pour lui faire comprendre que je suis pas d'humeur à attendre et sa langue se dénoue soudainement. On a déjà une adresse. Enfin, une rue surtout. Mais bon, c'est déjà ça. Et apparemment y a un autre type qui vendait de la drogue aussi.

- Si tu veux le trouver, va dans la pharmacie locale, demande un truc qui s'appelle de la vaseline et ça va t'aider à ALLER TE FAIRE FOUTRE!

Il commence à me taper sur les nerfs l'autre drogué là!

- J'peux aussi t'enculer et je t'assure que tu vas le sentir passer!

Et je ponctue ma phrase d'un coup de poing dans sa face. Parle putain! Parle! Et j'ai horreur de me sentir insulté par un connard. Enfin, mon coup semble l'avoir motivé un peu. Donc, un asiat' presque chauve qui se fait appeler serpent. Bon... On va devoir sortir de l'école. Mais du coup ça veut dire qu'on peut utiliser nos pouvoirs. C'est que dans l'école qu'on a pas le droit de se servir de la magie contre d'autres élèves. Du coup je vais pas me retenir. Thomas prend ses p'tites notes.

- Je....Je crois qu'on a tout ce qu'il nous faut. On....On fait quoi? On le lâche? On l'assomme?

Je regarde le môme puis le mec que je tiens avant de me redresser pour me lever et lui balancer mon pied dans la gueule. Assommé, je préfère. Sinon il pourrait aller chercher un prof avant même qu'on ait pu sortir de l'école.

- Il va falloir qu'on sorte de l'établissement. L'homme que nous recherchons est probablement à cet endroit comme Fred nous l'a indiqué, dit-il en me montrant une petite carte sur son carnet, Tu viens toujours?

- Bien sûre que je viens! Par contre laisse moi un instant passer dans ma chambre pour récupérer deux-trois affaires.

Si on se retrouve dans une situation délicate, j'aimerai au moins avoir ma lampe de poche et couteau-suisse. Et autres bricoles que j'improviserai sur place j'imagine, selon mon inspiration dans ma chambre.


Dans les rues de Londres, j'observe les gens avec attention. J'ai pas envie de louper notre homme. Et je me fiche un peu de la rue et ses alentours, mon esprit est juste focalisé sur la description du drogué de toute à l'heure. Puis Thomas repère notre homme. Je m'apprête à avancer. J'ai envie de le frapper. J'ai très envie de le frapper. Mais le môme me bloque avant que je ne puisse même faire un pas.

- On le suit discrètement, on veut trouver la cachette non?
- J'allais pas foncer dans le tas.

Bon. C'est faux. Mais j'aime pas qu'il présume que je sois une brute épaisse. J'ai l'impression qu'il me prend pour une tête vide et ça m'agace. Il se cache derrière un escalier et je fais de même.

- Je sais que tu veux le tabasser, mais si on sait où il va tu pourras en tabasser plus, ok?

Je fais pas de commentaire à ça. J'ai envie de taper mais je veux pas trop lui donner raison. Et puis pour le moment j'ai un très léger coup de fatigue à cause du manque de soleil. Je secoue un instant la tête pour me remettre les idées en place. Ok.. Ça va un peu mieux. A ce moment le gars bouge et on commence la filature. Dès qu'il regarde autour de lui, on se planque. Et on fait en sorte de garder une distance pour ne pas se faire repérer.
On continue comme ça un petit moment avant que le dealer arrive devant une maison, vachement ordinaire qui plus est, et toque à la porte. Mais c'est la cave qui s'ouvre. Qu'est-ce que... Hm. Il a peut-être fait un code en toquant pour qu'on lui ouvre ici.  

- Je crois qu'on a trouvé leur planque.

Je hoche la tête. Bon, maintenant il faut rentrer. Je m'approche doucement de la maison en prenant soin de rester à couvert. J'ai pas envie que quelqu'un me voit depuis une fenêtre. J'arrive près de l'une d'elle, je suis à genoux pour restée planquée. Puis je lève très légèrement la tête pour regarder à l'intérieur. Je vois personne pour le moment. Je fais signe à Thomas de venir. Dès qu'il est près de moi, je chuchote.

- Je crois que c'est vide. On peut pas rentrer par la porte de la cave, il risque d'y avoir trop de dealer. Par contre on peut rentrer par une fenêtre. Si quelqu'un à ouvert à l'autre alors qu'il a toqué à la porte, il doit y avoir une ou deux personnes max à l'intérieur pour l'avoir entendu. Je peux les gérer. Et après on trouvera bien une autre entrée depuis la maison. Il doit forcément y en avoir une. Qu'est-ce que t'en pense?