Event Halloween - Entre fuite et jalousie

Le chaos commençait à régner autour de moi. Mais, je m’en fichais pas mal. Seule une information m’atteignait et me détruisait à en souhaiter de mourir : Krystal ne me verrait jamais comme je le souhaitais. Je ne serais à jamais que sa “colocataire préférée”, son amie sans qu’elle ne veuille réellement le dire. Quels étaient ces sentiments déchirants ? Je n’avais jamais connu aucun de ma vie. Enfin… si s’en était plusieurs. Après tout, ils étaient comme liés, comme… amenés par une seule et même cause. Ils me donnaient tellement envie de pleurer que je me mis à me demander inconsciemment pourquoi je ne pouvais pas oublier cette partie de ma vie. Après tout, j’avais bien oublié la mort de mes… Non ! Nonononononon ! Ne pas pas penser à ça ! Ce n’était clairement pas le moment !!

Un cri me tira de mon état de réflexion. Il avait résonné dans toute la bibliothèque, m’empêchant totalement de l’ignorer. Je relevai donc la tête d’un coup en direction de la personne paniquée. Entre les personnes qui étaient placées devant moi, je pus voir une jeune fille assise sur un corps inerte. Elle semblait… lui sucer du sang ? D’un coup, je blêmis en me relevant doucement, tremblante. Je ne devais pas rester là. Je voulais oublier les mauvais moments, pas mourir ! Doucement, je me mis à reculer en oubliant presque Krystal et son petit ami. Après tout elle était entre de bonnes mains. … N’est-ce pas ? En tous les cas, je devais sauver ma peau !

Soudainement, je sentis une main attraper mon poignet. Mes yeux allèrent se poser sur Krystal. Elle était si belle alors que le sérieux peignait ses traits alors que la situation ne faisait que s’aggraver. Pourtant, elle n’eut pas à me demander deux fois de la suivre. Même sans préciser qu’il n’y avait pas de négociation possible, je l’aurais suivie hors de cet enfer ! Je l’aurais sans aucun doute suivie jusqu’au bout du monde.

Il va quand même pas nous suivre, lui ?

Doucement, je tournai la tête vers celui qui bécottait Krsy quelques instants plus tôt. Sérieusement, il y avait d’autre endroits pour flirter. Et puis non ! Je ne voulais clairement pas qu’il s’approche d’elle. A tel point que je voulais le frapper, lui hurler de se chercher quelqu’un d’autre car cette miss était à moi ! Heureusement, je ne me permis pas de le faire, me retenant grâce au doux contact de la peau de mon ami sur la mienne. Puis, ce fut le chaos de l’extérieur qui m’aida à ne pas me repencher sur leur relation à tous les deux. Sérieusement, mon allure ne fit que s’accélérer en même temps que la montée toujours plus rapide de la panique. Il manquait plus qu’un ou deux incendies et j’aurais l’impression d’être à nouveau dans la maison en flamme de mon enfance. Non ! Ne pas y penser !!!

Lorsque nous arrivâmes près d’une horloge rivalisant presque avec Big Ben - quoique pas tout à fait-, nous nous arrêtâmes. De toute façon, j’étais totalement à bout de souffle en plus d’avoir un point de côté. Appuyée contre le mur, une main juste en-dessous de mes côtes, je tentais de respirer. L’entreprise se fit très compliquée à cause de la peur panique qui me faisait trembler. Sincèrement, si je n’avais pas la vue brouillée, j’aurais sans doute regardé autour de nous pour vérifier que nous n’étions pas attaqués.

Le temps de quelques instants, je ne fis que penser à ma respiration. Laisser le reste de côté fut difficile, mais je n’avais pas bien le choix. J’avais de toute façon assez de mal à respirer pour ne penser à rien d’autre qu’à la tête qui me tournait. Heureusement, progressivement, mon état s’améliora et la main de Krys sur la mienne me permit de me sentir assez en sécurité pour ne pas céder à la panique. Pourtant, malgré cela, ma vue ne s'éclaircit pas tout de suite. Elle ne le fut pas plus quand mon amie me lâcha pour me faire lever le visage.

Sur le coup, je me mis à me demander si elle allait me donner quelques punchlines pour m’encourager ou me donner une pichenette. Il n’en fut rien. Elle sembla simplement me regarder le temps de quelques secondes avant de me lâcher. Sa gentillesse me fit plaisir et mal en même temps. Pourquoi le faisait-elle si notre lien semblait s’effriter ? Non. Elle était mon amie. Encore et toujours. Le fait qu’elle aime un garçon ne changeait rien à cela. Pourtant, quelque chose n’allait pas. Je souhaitais qu’elle reste avec moi. Je voulais qu’elle ne regarde que moi. Et ces pensées me semblèrent extrêmement égoïstes.

Au lieu de penser à ce genre de choses, tu devrais songer à aller mieux pour partir de cet enfer au plus vite.

Encore une fois, elle avait raison cette fichue voix. Lentement, je m’y habituais et ce n’était pas pour me plaire. Néanmoins, je laissai ce problème pour plus tard, préférant me concentrer sur ce que me donnait Krys. Une barre de céréale et une bouteille d’eau. Elle me demanda alors de me restaurer un peu pour aller mieux, ce à quoi je hochai doucement la tête. Et, tentant d’oublier la présence de Caidell auprès de la seule qui comptait dans ma vie, j’ouvris la bouteille et bu doucement. Après trois gorgée, je fermai la bouteille malgré mes tremblements. Je n’osais pas regarder autour de moi et je faisais fi de ce qui se passait autour de moi. Je ne voulais plus voir de cadavre qui me donnait l’impression d’être terriblement impuissante. Comme avec mes parents. Comme avec cet élève vidé de son sang. Comme… toutes ces personnes dans les rues. Non !

*Il faut que je me ressaisisse !*

Plus facile à dire qu’à faire. Pourtant, cette claque mentale me força à me relever doucement de mon mur sur lequel j’avais appuyé mon épaule pour pouvoir utiliser ma main. Puis, maîtrisant mes tremblements et mes pensées (au moins un peu), j’allai rejoindre les deux autres. Mais ce que j’entendis me déplut fortement. Non ! Il ne fallait pas que Krys s’en aille seule ! Il ne fallait pas qu’elle retourne dans cet enfer ! Mais je ne pouvais rien faire à part les regarder faire. Mon mot à dire ? Sans doute qu’on ne m’écouterait pas : j’étais la plus jeune, en état de choc et j’étais trop égoïste pour penser à autre chose qu’à protéger la seule chose qui comptait à mes yeux pour ne pas être détruite. Je savais qu’on ne m’écouterait pas et mon instinct me disait de me faire toute petite à défaut de pouvoir fuir à toutes jambes. C’est ce que je fis. M’asseyant à côté de la porte, puisque les lieux étaient sécurisés, j’ouvris la barre de céréales et tentai de manger un peu malgré ma gorge serrée en écoutant ce qui se disait à côté de moi.

Malgré tout ce que je pouvais ressentir à l’égard de ce garçon beaucoup trop proche de Krys’ à mon goût, un élan de gratitude m’envahit quand il la retint. Ses raisons pour la retenir me hérissaient le poil. Autant parce que c’était pour rester avec elle et la protéger, ce que je ne pouvais pas faire dans mon état, autant parce qu’il n’en avait rien à carrer de me laisser seule dans cet enfer. Seule ici ? Alors que je ne pouvais pas me défendre ou me protéger ? Sérieusement, même dans un environnement plus calme face à cinq simples humains, je n’avais pas pu faire autre chose que les énerver et m’en prendre plein la tronche, événement dont j’avais encore les marques sur le visage. Alors ici, entourée de personnes qui me voudraient potentiellement du mal ? Non mais ça va pas ?! Jamais je ne pourrais le faire. Autant je devais bien avouer que positiver c'était pas trop mon truc, autant là c'était mission impossible ! Peu importe les solutions, le positif ou l'espoir que tout soit rapide, c'était clair et net : je ne pouvais pas survivre seule dans un tel environnement !

Calme ! Il ne veut pas te laisser seule, au contraire. Il veut juste que Krystal ne parte pas seule.

Totalement aveuglée par ce sentiment indéfinissable, il semblait que je ne sois plus vraiment capable de penser convenablement. Quoique là, plus que penser, il s'agissait d'écouter. La panique ne devait absolument rien arranger malgré mon apparence calme. A vrai dire, je ne savais pas trop quelle image je pouvais donner alors que le refus de mon amie d'écouter l'homme du groupe me déchirait. Hors de question que je la laisse s'en aller ! Je comprenais bien qu'elle ait des devoirs… Je faisais également partie du conseil des élèves, mais personne ne l'a forçait à… Non mais ce que je pouvais être horrible !! Je ne savais pas pourquoi, mais j'étais prête à sacrifier les autres si cela me permettait de sauver la vie de Krys’. Pire, j'étais même prête à venir au secours de son copain si ça pouvait la faire sourire… même si je voulais au fond qu'elle reste exclusivement à mes côtés.

Entendre ma colocataire donner des mots d'amour devant moi me fit mal au point de vouloir pleurer. Au point de ne pas pouvoir réagir quand elle s'en alla. Elle ne m'avait pas non plus adressé un sourire, un regard où un geste. Rien. Ma solitude était aussi grande qu'un gouffre sans fond tandis que je la regardais s'éloigner sans parvenir à prononcer le moindre mot. Je voulais être à ses côtés… Toujours. Mais elle ne me laissait pas la chance de le faire. Mon soleil… où se trouvait-il alors que j'avais tant besoin de lui ?

Il me fallut un moment avant de réagir enfin. Ne laissant pas mes larmes sortir, je fis tout pour maîtriser mes tremblements et, ignorant autant que possible la boule obstruant ma gorge, je demandai à Cain, puisque tel était son nom :

-Vous vous connaissez depuis longtemps avec Krys’?

Je ne savais pas si je voulais réellement une réponse. D'un certain côté, je savais que la réponse allait sans doute le blesser. D'un autre côté, j'avais besoin qu'on me change les idées, que ce soit en m'occupant ou en discutant. On n'avait pas grand-chose à faire en attendant le retour de mon amie alors autant parler. Quant au sujet… Je ne le connaissais pas mais nous avions une personne qui nous liait. J'avais fait au plus simple et rapide au détriment de mes propres sentiments. Sérieusement… Leur idylle me blessa it déjà de base. Pourquoi se sentaient-ils obligés de de bouffer l'un l'autre devant moi ?

Je ne compris pas vraiment la réponse de Caindell. Depuis qu’il était dans ce monde ? Que voulait-il dire par là ? Combien de temps cela représentait-il ? J’avais envie de savoir, de comprendre, afin de me rendre compte de ce qu’il me manquait pour que Krys’ me regarde et reste à mes côtés, que je ne devienne pas invisible dès lors qu’un autre était à ses côtés. Mais je craignais énormément la réponse qui pouvait m’être données. Terriblement peur. La réponse n'allait sans doute pas me plaire. Si elle m’oubliait en étant à côté de lui, c’était sans aucun doute qu’il possédait tout ce que je ne possédais pas et ne pourrais jamais acquérir.

Comme le fait d’être un homme. Tu y a pensé ?

Je mis quelques secondes pour comprendre, mais dès que ce fut le cas je piquai un fard. Totalement troublée par les insinuations de Constance la conscience, je secouai la tête pour essayer de penser à autre chose. Heureusement, mon aîné me sortit de mes pensées en essayant apparemment de reprendre la conversation là où je l’avais laissée. Toujours rouge et troublée, je le regardai un instant interdite avant de regarder l’encas que m'avait donné Krys’ et répondre sur un ton faussement détaché :

-Je suis sa coloc’, mais également son amie. Enfin… si elle n’a pas changé d'avis sur la question entre temps… marmonnai-je par la suite avant de manger un morceau de barre.

Mâchonnant doucement ce que j’avais en bouche, je ne fis plus vraiment attention à ce qu’il se passait autour de moi. Je réfléchissais bien trop pour cela… jusqu'à ce qu'on me parle sur un ton qui me fasse des frissons d'horreur sur tout le corps. Un homme qui me prenait de haut avec un petit quelque chose que je ne pouvais supporter. Puis ces mots… J’avais beau être nulle à chier concernant les relations humaines, je savais pertinemment qu'on ne commençait pas une conversation avec une inconnue de cette façon ! Néanmoins, je n’eus pas le temps de vraiment réagir: tendue comme un arc et acculée contre le mur de l’horloge, je pu voir mon camarade sortir une épée de nulle part et la placée sous la gorge du nouvel arrivant. La menace qui suivit m’empêcha de me sentir en sécurité. La mort… elle était toute proche et allait sans doute être amenée par la personne qui restait à mes côtés. Rien que me rendre compte de cela me donna l’envie folle de m’envoler loin de là. Qu'est-ce qui me retenait ? Pourquoi ne laissais-je pas mon instinct me porter ? Peut-être pour Krys’ ? À moins que je ne sois paralysée au même titre que mes pensées bloquées sur ce qu’il se passait sous mes yeux ?

Ce n'est que lorsque la situation revint à peu près comme avant, que je parvins enfin à respirer un peu mieux. Quoique je restais tendue et méfiante, même envers Caindell qui me proposa de rentrer dans l'horloge pour nous mettre en sûreté. Silencieuse, je mis un petit temps avant de hocher doucement la tête. Pâle à nouveau, je me levai doucement en laissant le reste de la barre que j’avais entamée sur le sol. Puis, la bouteille d’eau fortement serrée entre mes doigts crispés, je me levai et passai la porte de l'horloge pour aller m'asseoir dans un coin. Mieux valait ne pas le contrarier pour ne pas me retrouver du mauvais côté de son épée… De là où j’étais, je pouvais voir la porte et les fenêtre, donc tout danger arriver et tenter de m’en défendre. Hors de question qu'on me prenne par surprise !!

Dans mon coin, je me faisais la plus petite possible sans prononcer le moindre mot, surveillant chaque coin de cet endroit inconnu. Je n’étais pas sûre de pouvoir faire confiance au jeune homme. Après tout, il n'avait rien tenté avant de venir aux menaces de mort. Je n'aimais pas ça. Cela m’effrayait. Comment Krys’ pouvait-elle s'attacher à une personne ayant autant le sang chaud ? À moins qu’il ne lui ait pas montré ce côté de lui ? Devais-je lui en parler ou pas ? Après tout, je n’étais même pas sûre qu’elle apporterait un minimum de crédit à ce que je lui dirais. Un peu comme à chaque fois que je lui disais quelque chose.

Vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets.

Sans doute que la voix qui semblait vouloir me guider avait raison, mais cela ne me donnait pas assez de courage pour dire quoi que ce soit à Krys’. Encore moins quand elle arriva avec au moins une dizaine de personnes de l’école. Elle était blessée, mais vu la conversation que nous avions eu à l’hôpital, je décidai de me concentrer sur les autres. Ainsi, doucement, je me levai et allai voir chaque personne en leur demandant s'ils étaient blessés. Lorsqu'on me répondait à l’affirmatif, je posais ma main sur la leur et les guérissait. Il me fut étrange de ne pas avoir de contrecoups, mais c’était mieux ainsi. Alors, j’en profitais simplement, laissant les tourtereaux tranquilles. J’étais de trop avec eux. Mon soleil avait laissé place à la nuit, pour le moment…