Valse de Mephisto [ft Kaylee et Lova]

Je suis dans mon monde. J’ignore totalement tout ce qui m’entoure et surtout la réaction de Kaylee. Je sais à quoi m’attendre et je n’ai franchement pas besoin de le voir. Je détourne le regard et ferme totalement mon cœur à ce qui m’entoure. Maintenant je peux passer à autre chose. Maintenant je n’ai plus de regrets. J’ai fait ce que je pouvais pour elle, mais j’ai faillit me perdre en chemin. Il faut savoir abandonner parfois. Une part de moi est en colère contre moi-même, me hurlant dessus en me demandant depuis quand j’abandonne. Mais je l’ignore. Je n’ai simplement pas envie d’en ressortir encore plus détruite. Je me moque de ce que ce baiser va provoquer. J’avais toujours rêvé de ce moment et maintenant qu’il est réalisé de la pire façon qu’il soit, je peux aller de l’avant.

Puis, quelqu’un nous enlace alors que je ne réagis pas. Je lève les yeux et vois les deux lézards qui pleurent. Je ne comprends pas. Ils sont pas censés être nos ennemis ? Ou alors, ils sont complètement stupides. J’opte plutôt pour la deuxième option vu ce qu’ils faisaient avant. Puis ils nous lâchent, et l’un vient me tapoter le crâne pour me rassurer, et je ne réagis absolument pas, même quand Kaylee m’attrape pour m’éloigner de leurs griffes de reptiles. Je me retrouve contre elle et son odeur emplit mes narines. Et ces pensées que je hais se remettent à me torturer l’esprit. Bien sûr qu’elle ne se rend pas compte de ce qu’elle fait. Elle est sûrement juste dégoutée à l’idée que des ennemis me touche alors que je suis vulnérable. Elle me protège parce que suis sa colocataire, sa camarade d’école, rien de plus. J’ai l’habitude maintenant, ça fait un moment qu’on cohabite. J’ai compris, je l’observais beaucoup après tout. Et elle ne me regardait pas. J’ai réussit à la faire m’apprécier, c’est tout ce que j’ai pu faire…C’est déjà bien, mais je ne pense pas pouvoir aller plus loin. Elle est trop fermée à tout ça. A quoi bon se battre quand on connaît déjà la finalité… On n’est pas destinée l’une à l’autre après tout…

J’entends les lézards se faire attraper par la police et elle m’éloigne doucement d’elle. Je ne la regarde pas, je n’ai aucune expression sur le visage. Je suis fatiguée. Je veux rentrer à S’indarë. Puis une pensée me revient et je grimace. On est dans la même chambre… J’inspire profondément…je demanderais à l’administration si je peux changer de chambre…Je n’ai plus envie de la croiser tous les jours, et encore moins dans l’intimité. Je veux qu’on me laisse seule pleurer et qu’elle ne me voit surtout pas… Elle m’informe qu’on est en sécurité, qu’on peut rentrer et elle se redresse pour remercier Thomas d’avoir pris soin de moi quand elle n’était pas là. Je fronce les sourcils. C’est quoi ? Je suis comme un petit animal dont on a la garde ?! Elle s’est mise en tête qu’elle devait « prendre soin de moi ». Je ne lui ai jamais demandé de le faire ! Ça n’aurait pas été un problème si on était en couple mais ce n’est pas le cas !! Alors elle n’a pas à parler de la sorte de moi. Je veux juste qu’on me laisse tranquille et qu’elle arrête de me donner de faux espoirs !!!! C’est insupportable !! Je me relève doucement, utilisant mes ailes pour garder un équilibre et ne plus m’appuyer sur elle, sans la regarder. Je suis triste, apeurée et en colère. Et je ne sais absolument pas ce qui m’attend à partir de maintenant…

On sort de la maison et des policiers s’approchent de nous, nous enroulant dans des grandes couvertures de survie. Je m’éloigne de Kaylee et vais m’asseoir sur le rebord d’un coffre de voiture. Je me recroqueville sur moi même et les tremblements reprennent, maintenant que la tension se retire de mes épaules. Je me remets à pleurer silencieusement…si après ça, j’ai encore des larmes, c’est un miracle. Une policière s’approche de moi calmement et s’accroupie devant moi pour voir mon visage. Elle sourit doucement et m’informe que tout va bien, qu’ils vont s’occuper du reste. Je soupire de soulagement mais mon attention est attirée par la radio qui se met en route à l’avant de la voiture.

« Pandora a été libéré. Je répète, le convoi a été attaqué, Pandora a été libéré. C'était une distraction, je répète : une distraction. »

Pandora ? Qu’est ce que c’est ? L’expression de la policière change légèrement et elle me rassure encore, avant de partir à l’avant de la voiture pour écouter avec plus d’attention la radio. Je me tourne dans sa direction et reste attentive. Mais qu’est ce qu’il se passe ? C’est quoi toute l’histoire avec cette organisation ?

« Les escortes ont étés tous tués, fusils sniper et Rockettes. Toutes les unités, restez sur vos gardes. A vous. »

- Ici Laura Flowers, nous avons deux suspects arrêtés, les autres sont en fuite.

Les deux suspects seraient… À ce moment, les lézards en question passent non loin de moi et je me crispe en les voyant. Ils me font quand même vachement flipper…même s’ils n’ont pas l’air très futés…

- Je veux un avocat !
- Washy, le marché est fermé !
- Je ne parle pas du fruit, je parle du type.
- Ohhhhhhh, d'accord.
- Bon sang, tu es con George.

Je leur lance un air dédaigneux en les entendant…qu’est ce que je disais…Ils sont complètement cons. Et c’est sûrement ce qui les rend si dangereux. Enfin…Je ne veux plus être impliquée dans cette affaire. J’ai fait ma connerie de l’année, maintenant je me tiendrais à carreaux… si mes parents apprenant ça, ils se demanderaient certainement si je tiens vraiment à ma vie à être si imprudente…Et je ne pourrais même pas les contredire. En tout cas, j’ai compris une chose, c’est que c’est à l’article de la mort que l’on prend conscience de l’importance de sa vie… et je me promets de ne plus jamais avoir ces idées noires.

Puis, alors que je commence doucement à me détendre, me répétant que c’est fini et qu’on va enfin rentrer chez nous et que je me recroqueville dans ma couverture en essayant de chasser toutes les images de tout ce qu’il s’est passé dans cette maudite maison, une voiture s’arrête non loin de moi. Je lève la tête pour regarder qui en sort et vois cette femme, pas très grande, aux cheveux roses. Elle a une présence folle et est un peu intimidante pour être honnête, et elle n’a surtout pas l’air cool… Et à ce moment là même, les deux derniers étages de la maison explosent et j’hurle de peur et de surprise en me recroquevillant de nouveau sous la couverture, me bouchant les oreilles.  Mais arrêtez putain !! S’il vous plait…arrêtez la violence…je suis fatiguée de tout ça… M’ayant entendu hurler, la policière qui m’avait précédemment rassurée s’approche pour recommencer à me calmer. Je la fixe avec un regard apeuré, la respiration saccadée et les larmes ayant de nouveau débordées sur mon visage. Elle me dit de respirer, que tout va bien et je m’exécute, calmant un peu mon cœur et la terreur en moi.

Les gens autour de moi s’agitent pour obéir aux ordres de la dame aux cheveux roses. C’est la chef alors ? Je déglutis et baisse les yeux. Qu’est ce qu’il va se passer maintenant ? La femme s’approche de nous et ordonne qu’on prépare de quoi nous interroger. Quand je croise son regard sévère, je baisse à nouveau les yeux sans me faire attendre. Je suis dans la merde je crois…Bien…profondément dans la merde… Les officiers s’activent et je me retrouve assise à côté de Kaylee. Je détourne le regard, mal à l’aise et écoute ce qui se dit en m’appuyant un peu sur la table.

Thomas dit tout, sans rien omettre et je me fais toute petite. C’est de ma faute si Thomas s’est retrouvé là…on aurait dû prévenir la brigade au lieu d’accourir pour se mettre dans cette situation…j’ai été complètement stupide…aveuglée par mon amour pour Kaylee. Quand il aborde ce qu’il s’est passé en juin, je frissonne. Je frissonne à la description de Mort, je frissonne quand il parle que ce qu’il a fait à Kaylee et les larmes coulent de nouveau, mais cette fois, je les essuie rapidement d’un revers de manche. Je ne la regarde pas. Elle ne m’en a jamais parlé… Je crois que je comprends encore plus le message… Je regarde le sol. C’était vraiment la meilleure solution. Puis l’officier passe à Kaylee et je reste attentive.

Je veux savoir ce qu’il lui est arrivé. Elle s’est fait enlever, puis enfermer dans une cage ? Je ne la regarde toujours pas, c’est quand je suis surprise de l’entendre demander de parler à leur chef que je tourne mon regard vers elle. Pourquoi veut-elle lui parler ? Elle a des infos ? Mais qu’est ce qu’elle a vu au juste ?! L’officier hésite mais abandonne finalement. Il me donne un verre d’eau que je regarde en haussant un sourcil et part avec Kaylee voir la meuf aux cheveux roses. Le policier a quand même pas l’air bien… Je me recroqueville sur ma chaise et attends. Puis l’autre officier s’approche de Thomas et moi et s’installe en face de nous avec un sourire se voulant apaisant mais étant surtout malaisant.

- Bon…bah je vais continuer l’interrogatoire, hein ? Ça va ?

Je le regarde du coin de l’œil et c’est à ce moment là que je comprends que c’est à moi qu’il s’adresse. Ah…oui. C’est mon tour du coup… J’hoche la tête timidement. Qu’est ce qu’il s’est passé de la Lova grande gueule sérieux…? Je ne me reconnais pas.

- Ok alors raconte moi ce qu’il s’est passé de ton côté.

Il me regarde avec un petit sourire tendre et rassurant et j’ai juste envie de vomir d’un coup. Ce mec est chelou. Enfin… Je vais parler… Plus vite je parle, plus vite on pourra s’en aller.

- J’étais dans ma chambre quand Myké- enfin…une des bestioles de Kaylee est venue me voir toute paniquée…Je l’avais jamais vu comme ça alors je l’ai suivie et elle m’a amenée sur le lieu du kidnapping…dans l’école. C’est là que j’ai trouvé une carte de visite…

Je sors la carte en question de la poche de ma jupe et la pose sur la table…

- Et j’ai compris qu’elle s’était fait kidnapper. J’ai suivi la bestiole jusqu’en dehors de l’école et j’ai croisé Thomas…Il avait un morceau du foulard rouge de Kaylee dans ses mains alors je lui ai demandé s’il avait vu quelque chose mais c’était pas le cas…Puis il a commencé à s’agiter et à suivre des traces de pneus. Je l’ai suivi puis Myké nous a guidé jusqu’à la maison… Et après bah… ça suit l’histoire de Thomas… Par contre, je ne me souviens pas avoir entendu de bruit aigu…

- D’accord je vois. Tu as remarqué quelque chose ?

Je secoue la tête. Non, je n’ai rien remarqué. J’étais juste tellement focalisée sur le sauvetage de Kaylee puis sur ma propre survie que je n’ai pas pensé à récupérer des informations qui pourraient être utiles à la police. Il soupire doucement, visiblement déçu mais enchaîne avec les autres questions. Un petit air d’espoir dans le regard. C’est quoi, il espère que je vais tout savoir ?

- Tu as une idée d’où pourrait être les leaders ?

- Non.

- Et à quoi ils ressemblent ?

- Non plus.

- Ah. …Je vois…merci de ta franchise.

Il est visiblement très, très déçu. Bah je ne suis pas omnisciente et puis…Kaylee à l’air d’en savoir beaucoup plus que nous… Je lui fais un signe de tête et prend mon verre d’eau pour en boire une gorgée…je vais pas être dans la merde avec ça j’espère…je veux juste rentrer chez moi et dormir…

Maintenant que mon interrogatoire était terminé, je pensais qu’on allait enfin rentrer chez nous mais celui de Kaylee ne l’était pas, bien sûr, et c’était logique qu’ils nous ramènent tous ensemble à S’indarë. J’essaye de faire abstraction le plus possible de tout ce qui m’entoure mais toutes les choses plus ou moins violentes me font trembler de peur et me crispent. C’est donc, bien sûr, le cas quand la voiture s’envole dans un grand fracas pour s’écraser dans un arbre plus loin. Je me recroqueville encore sur la table et m’enroule bien dans la couverture pour couvrir mon visage caché dans mes bras. Je ferme les yeux et j’essaie de faire le vide, sanglotant.

Je me concentre sur ma respiration, les battements de mon cœur que je n’ai jamais si bien entendus que maintenant. Je me sens mal. J’arrive pas à savoir en détails ce qu’il se passe dans mon corps mais je sais juste que c’est très désagréable… Envie de pleurer, de vomir, de hurler, le thorax pressé... pleins de sensations horribles mélangées. Je grimace et j’essaye de rentrer mes ailes comme je l’ai appris pendant les cours d’adaptation raciale. C’est toujours aussi lent et désagréable mais doucement, la bosse que formaient mes ailes repliées sous la couverture disparaît et mes yeux redeviennent noisettes. Je… je ne me souviens pas m’être transformée…comment ça se fait que je sois sur forme cupidon…Je…Thomas avait parlé d’un bruit très aigu… Oh non… Ça y est, je me souviens… Je grimace et sors ma tête de la couverture pour regarder Thomas.

- Je… Je crois que le bruit aigu venait de moi… Je…je m’excuse si tu en as été victime… et…je m’excuse pour tout…

Je me sens tellement coupable… Je n’ai vraiment été qu’un boulet et en plus j’ai attaqué mes alliés sans le vouloir… Il faut que je suive les cours avec plus de rigueur…je ne veux pas que ça se reproduise… Je veux les contrôler. Je veux pouvoir me défendre moi et mes proches si quelque chose d’autre se produit. Je ne suis pas du tout prête pour ce genre de chose. Je ne suis qu’un petit cupidon inutile, si cliché. Je soupire et ré-enfouit mon visage dans mes bras. Je veux être plus forte. Je rentre de nouveau dans ma bulle, ignorant tout ce qui m’entoure et fermant les yeux. Je pense à mes parents, à la Suède et à mon boulot… Si ça se savait, je me ferais virer direct… On m’a bien demandé de ne pas faire de vagues et qu’est ce que je fais ? Je me jette dans la gueule d’une putain d’organisation malsaine et complètement barrée… Et tout ça pour une fille qui ne m’aime même pas… Je suis stupide…